« Le vieux balai connaît les coins. »
– Proverbe irlandais
Chère Lectrice, cher Lecteur,
00:00 Il se passe des choses intéressantes dans tous les coins, aujourd’hui, parmi toutes nos lettres et services, si bien que cette édition ira elle aussi un peu dans tous les sens – mais c’est pour la bonne cause, promis…
… D’autant que les marchés connaissent une journée en demi-teinte : un peu de repos après leur folle envolée ces derniers jours ? Ou plutôt le signe d’un retour sur terre après des annonces assez peu encourageantes de la part de la BCE ?
Ainsi, en attendant de voir la direction que prennent les cours dans les jours qui viennent, voyons un peu ce qui fait réagir nos rédacteurs en ce moment.
00:30 Commençons par Stéphane Dubois, qui nous fait part d’un point de vue intéressant dans Delamarche en Liberté : à l’heure où l’on reparle municipales, second tour et autres ballottages, Stéphane nous donne ses impressions d’insider sur l’épineuse question des élections cette année.
Le milieu électoral ne lui est pas inconnu, puisque Stéphane a lui-même été candidat aux municipales de sa ville il y a quelques années de cela. Il peut donc apporter quelques nuances au tableau qu’en dressent les médias en ce moment :
« Petite piqûre de rappel : le 14 mars à minuit, les bars et restaurants étaient officiellement fermés. Pour de scabreuses raisons de continuité démocratique, le premier tour des élections municipales programmé le lendemain a en revanche été maintenu.
Et si nombre de nos concitoyens ont cru la raison officielle, je pense pour ma part que cette confirmation est avant tout une triste affaire de gros sous. »
01:00 Des gros sous, comment ça ? Une triste affaire de corruption, une fois encore ? Eh bien non ! C’est beaucoup plus « réglementaire » que cela. Stéphane continue :
« Dans les communes de moins de 9 000 habitants, les candidats n’ont aucune obligation et aucun remboursement public n’est prévu. Il existe néanmoins un barème de dépenses maximum dans celles qui en comptent plus de 9 000, avec un contrôleur des comptes chargé de veiller au respect de la comptabilité des règles démocratiques.
A mes yeux, c’est le poids de ces contraintes qui a incité un grand nombre d’élus qui avaient déjà financé leur campagne de longue date à faire pression sur le gouvernement. Les salles étaient prêtes, les personnels réquisitionnés et repousser l’échéance aurait entraîné une hausse des coûts impensable.
D’une manière générale, les élus recourent à des prêts pour le financement de leur campagne, prêts évidemment octroyés par des banques. Ils sont ensuite remboursés ou non, selon la performance réalisée dans le cadre de ce scrutin. Dès lors, si le premier tour des élections municipales avait été reporté, ces élus auraient dû payer des frais supplémentaires qui ne sont pas forcément à la portée de toutes les bourses – tout le monde n’est pas millionnaire ! – et composer avec de nouvelles contraintes bancaires.
Reste un scrutin pipé, avec un taux d’abstention record de l’ordre de 66%, d’où une légitimité très contestable des vainqueurs. »
Pas sûr que le second tour vienne corriger cette impression de gâchis : de quoi aggraver encore la crise de confiance entre les Français et leurs hommes politiques…
01:45 Et puisque l’on parle crise de confiance et affrontements (admirez l’art de la transition…), je passe la parole à Jim Rickards, qui nous fait changer radicalement d’échelle – puisque l’on passe des municipalités françaises à la partie d’échecs que jouent les deux premières puissances mondiales.
On n’en est pas encore à sortir les avions de chasse, mais les relations se tendent de jour en jour – et les batailles ne se livrent pas que sur les bords des tranchées. Explications de Jim :
« Qu’un conflit armé éclate ou non entre la Chine et les Etats-Unis, la guerre financière est déjà là.
Cette guerre financière dure depuis longtemps, mais elle s’exacerbe et certains grands chocs systémiques pourraient suivre.
Entre 2007 et 2010, la Chine a dévalué sa monnaie pour favoriser ses exportations et engranger autant de dollars que possible. Les Etats-Unis ont riposté et, finalement, les deux camps se sont mis d’accord sur un taux de change stable d’environ sept yuans pour un dollar. La Chine a triché à deux reprises (en août 2015 et à nouveau en décembre 2015).
A chaque fois, le marché actions américain a plongé. La stabilité est revenue en février 2016, avec ‘l’accord de Shanghai‘ orchestré par Janet Yellen.
Puis sont arrivées les guerres commerciales de 2018-2019. Là encore, la stabilité est revenue en janvier 2020, avec l’accord commercial de ‘Phase I’.
A présent, dans ce contexte de pandémie mondiale, de nouvelle Grande dépression, où les Etats-Unis et la Chine se blâment mutuellement, tout est possible. »
02:30 Le dernier facteur aggravant en date ? La crise de Hong Kong, qui passe un peu inaperçue compte tenu du climat social actuel aux États-Unis… mais qui n’en a pas moins des conséquences extrêmement profondes.
Jim reprend :
« Comme le décrit cet article, la Chine vient juste de violer le traité régissant ses obligations vis-à-vis de la population de Hong Kong en y imposant une loi communiste stricte. Les Etats-Unis vont probablement retirer les privilèges commerciaux de Hong Kong, car ce territoire n’est plus ‘autonome’ tel que le statut spécial actuel l’exige.
La Chine déprécie à nouveau sa monnaie (qui a déjà baissé à 7,5 yuans pour un dollar) et menace les Etats-Unis d’utiliser une autre monnaie que le dollar si les Etats-Unis imposent des sanctions à Hong Kong. La phase une de l’accord commercial est déjà mise en pièces.
C’est en partie du bluff et en partie sérieux, mais c’est un terrain dangereux, pour les investisseurs.
Nous avertissons depuis longtemps nos lecteurs qu’il vaut mieux prendre ses distances avec les investissements chinois et, désormais, cela s’applique également à Hong Kong.
Le véritable choc concernera le dollar de Hong Kong. Il s’agit d’une monnaie indépendante, soutenue par une caisse d’émission et adossée à des réserves. L’idée est de maintenir un taux de change stable face au dollar américain.Mais la Chine adorerait mettre la main sur ces réserves de devises fortes et pourrait bien faire fi du taux de change si les Etats-Unis rompent leurs relations commerciales. Elle pourrait même avoir envie de se débarrasser du dollar de Hong Kong car ce serait un moyen de plus de priver Hong Kong de ce qui lui reste d’indépendance. »
Si vous avez des investissements à Hong Kong, conseille Jim, n’attendez pas trop pour vous en débarrasser.
Et surtout… n’oubliez pas qu’en cas de turbulences géopolitiques, l’or est votre meilleur allié !
03:15 Autre allié potentiel pour « sortir votre argent du système » : le Bitcoin – bien qu’il doive encore faire ses preuves, ses perspectives sont intéressantes.
En ce moment, cependant, le BTC bute sur une résistance tenace, révèle toutefois Mathieu Lebrun dans Cryptos Trading :
« Mardi matin, la plus célèbre des cryptomonnaies poussait au-delà du cap rond des 10 000 $, en s’attaquant alors à la borne haute du range de consolidation latéral dont je vous parlais vendredi dernier (visible en grisé ci-dessous).
Cliquez sur le graphique pour l’agrandir
Malgré une configuration matinale propice à un déclenchement haussier puissant, celle-ci a été mise en échec, dans l’après-midi, en raison d’une incapacité des cours à poursuivre l’accélération au-delà de la résistance horizontale des 10 500 $ (cf. cercle noir ci-dessus).
Que faut-il en penser ?
Constatons d’un côté que plus il y a de vendeurs sous ce cap et plus – si franchissement il doit y avoir – l’accélération qui s’ensuivra sera impulsive, en raison d’un effet boule de neige habituel sur les stops loss qui sautent en même temps. En effet, nous pouvons émettre l’hypothèse qu’un grand nombre d’ordres d’achats ou de ventes stops sont situés au-delà des plus hauts de mardi. »
Restez prudent quand même : les volumes d’échanges sont en baisse, ce qui pourrait augurer d’une période un peu compliquée pour le Bitcoin – potentiellement une occasion d’acheter un peu moins cher… mais ne vous lancez pas à l’aveugle ! Si vous avez besoin d’aide pour vous positionner sur les cryptomonnaies, cliquez simplement ici.
04:30 Je vais terminer en vous laissant sur une « lecture du week-end » un peu anticipée. Il n’y aura en effet pas d’édition demain, votre correspondante étant absente (je prends le train, imaginez un peu l’aventure !).
Vous êtes en de bonnes mains, cependant, avec Robert Kiyosaki – qui vous donne matière à réfléchir pour deux jours au moins dans Investissements Personnels, en s’intéressant aux lois de l’argent… par le biais des trois petits cochons :
« Vous avez très probablement déjà entendu l’histoire des trois petits cochons et du grand méchant loup. C’est un conte de fées très instructif avec des leçons adaptées aux gens de tous horizons. Comme le dit l’histoire, il y avait trois petits cochons. L’un d’eux a construit sa maison en paille, un autre l’a construite en bois et le troisième en briques.
Les deux premiers cochons avaient terminé leur maison avant le troisième, qui construisait une maison en briques et dont la finition prenait plus de temps. Ils riaient et jouaient, profitant de la vie pendant que le troisième cochon travaillait. Il finit par terminer son ouvrage et alla rejoindre les deux autres cochons pour rire, chanter et jouer.
Puis, un jour, un grand méchant loup est arrivé et a vu trois délicieux repas. Il a rapidement fait tomber les maisons faites de paille et de bois. Heureusement, les cochons ont pu courir jusqu’à la maison en briques, que le loup – malgré tous ses efforts – n’a jamais pu abattre. Les deux cochons ont appris la leçon et ont fini par construire leurs propres maisons en briques. Ils vécurent heureux pour toujours.
Aujourd’hui, malheureusement, beaucoup de gens ont des maisons financières en paille et en bois, et il y a toutes sortes de loups qui vivent dehors, dans l’obscurité, prêts à détruire ces maisons. »
Comment vous assurer que votre « maison financière » est en brique plutôt qu’en paille ? Robert vous donne des conseils concrets et efficaces dans la suite de son article, disponible ici.
Bonne lecture… bon week-end… et à lundi !
Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes
|
★★★ Le chiffre du jour ★★★ |
+56% C’est la performance moyenne de ce service en pleine crise du coronavirus : comment ce spécialiste a-t-il réussi à accumuler les gains alors que les marchés étaient en pleine débâcle… et comment en profiter à votre tour ?Cliquez ici pour tout savoir…
|
