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e-SJP #1 – Pourquoi l’euro est-il donc absent des débats sur l’Europe ?

Par 22 mai 2019Alertes

Cher lecteur,

Les alertes hebdomadaires par e-mail entre deux lettres mensuelles me permettront de vous entretenir de l’actualité. Elle est caractérisée cette semaine par les élections européennes de dimanche prochain 26 mai. Elles auraient dû être l’occasion de débats disputés et argumentés sur l’euro au cours desquels auraient dû s’affronter ses partisans et ses adversaires irréductibles.

Or il n’en est rien.

Les débats ne sont que purement politiques dans un remake des dernières élections présidentielles avec une foultitude de listes de partisans proches des camps majoritaires qui ne font qu’affaiblir finalement la cause qu’ils défendent.

Rien sur l’euro ni sur ses effets catastrophiques.

Certes, si c’est un problème fondamental, la création monétaire dans la zone euro est difficilement compréhensible pour la plupart des électeurs qui n’ont aucune culture monétariste.

Pourtant, certains aspects de l’euro-système auraient dû faire réagir au moins les épargnants qui cherchent à sauvegarder leur patrimoine face à une situation qui risque de leur faire perdre une grande partie de ce qu’ils ont amassé durement et patiemment au fil du temps, comme ce qui s’est passé à Chypre.

Pour faire simple, la seule et simple lecture du bilan de la BCE aurait dû faire réagir tout citoyen normalement constitué !

 


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Doc. 1 : Actif du bilan de la BCE au 17 mai 2019.
La rubrique 1 de l’actif de la BCE montre que l’or de la France n’appartient plus à la France (c’est-à-dire aux autorités françaises, à savoir l’Etat) mais à la BCE !

En effet, la BCE intègre dans ses actifs les 402,095 milliards d’euros d’or détenus par les banques centrales nationales qui n’ont plus aucune autonomie ni aucun pouvoir de décision sur la gestion de ce qui a été leur or.

La France (c’est-à-dire des hommes politiques non identifiés alors qu’ils étaient au pouvoir) a accepté d’abandonner la propriété de l’or de la France alors que cet or aurait dû rester la pleine et entière propriété de l’Etat (par l’intermédiaire du gouvernement qui est en charge de sa gestion).

En effet, cet or est la propriété de l’Etat français. Il est le résultat d’achats au cours d’années passées qui étaient caractérisés par des excédents de la balance commerciale de la France en dollar (USD) changés en or.

 


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Doc. 2 : Bilan de la Banque de France (2018).
Traditionnellement, cet or était géré auparavant (à tort) par la Banque de France dont l’Etat est l’un de ses principaux clients.

Donc, comme tout client de banque, l’Etat était en droit de déposer cet or dans une banque, en l’occurrence à la Banque de France qui ne faisait que lui mettre à sa disposition, non pas des coffres comme pour les particuliers, mais des chambres fortes pour le stocker.

L’Etat aurait donc dû payer le droit d’utiliser ces chambres fortes en gardant évidemment la propriété de cet or comme le font les particuliers qui payent le coût de location d’un coffre pour y déposer leur or (l’or dont ils sont propriétaires).

C’est simple. Tout est simple.

La Banque (centrale) du Canada et la Bank of England ont fait la même analyse que je viens d’exposer et elles ne comptabilisent pas l’or national dans leurs actifs.

 


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Doc. 3 : Actif du bilan de la Banque du Canada.
 


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Doc. 4 : Actif du bilan de la Bank of England.
Aux Etats-Unis, le sujet étant sensible et les parlementaires américains étant du même niveau d’inculture monétaire que leurs homologues français, les autorités ont préféré ne pas soulever ce problème de l’or national qui est stocké à Fort Knox (donc en dehors de la Fed), sa comptabilisation étant arrêtée à celle du… 15 août 1971 (pour un montant maintenant symbolique de… 11 milliards de dollars en tant que Gold certificate account) lorsque le président Richard Nixon a décidé de supprimer la conversion du dollar en or.

 


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Doc. 5 : Actif du bilan de la Fed au 15 mai, derniers chiffres publiés à ce jour.
Depuis cette date historique, les monnaies ne sont (enfin) plus liées à un métal précieux !

En effet, toute monnaie est une quote-part cessible d’unités ayant pour contrepartie les richesses créées au sein de la nation qui l’a émise.

Les dirigeants successifs de la BCE ont donc réussi le plus gigantesque hold-up de tous les temps sans que les victimes aient réagi !

Les Français, comme les autres Euro-zonards, sont bien des veaux comme le disait de Gaulle et la vocation finale des veaux est de terminer prématurément leur vie à l’abattoir…

Pour l’instant, personne ne réclame des modifications notables des stocks d’or détenus par ce qui reste des banques centrales nationales (à l’achat ou à la vente), mais le problème de la propriété de l’or national des Etats membres de la zone euro se posera nécessairement un jour, et ce sera alors trop tard pour que les gouvernements puissent le récupérer…

 


***
Pour terminer sur une note amusante, une devinette : que signifient les chiffres de la rubrique A8 de l’actif de la Banque de France (Cf. document 3) ?

Quelle est votre réponse ?

La mienne la semaine prochaine…

L’avenir est par définition incertain, mais une bonne culture monétariste alimente la spéculation gagnante…

JEAN-PIERRE CHEVALLIER

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***
Sources :

Rapport annuel de la Banque
Rapport annuel de la Banque du Canada
Rapport annuel de la Bank of England
Page de l’actif courant de la Fed

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