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e-SJP #2 – Réflexions pour les investisseurs après les élections européennes

Par 29 mai 2019Alertes

 


Réflexions pour les investisseurs
après les élections européennes
 



Madame, Monsieur, bien le bonjour,

Dans l’e-mail de la semaine dernière (au 22 mai), j’ai écrit que les élections européennes du dimanche 26 mai auraient dû être l’occasion « de débats disputés et argumentés sur l’euro au cours desquels auraient dû s’affronter ses partisans et ses adversaires irréductibles ».

Effectivement, en France comme dans les autres pays de l’Union européenne, les seuls enjeux et débats ont concerné les rivalités entre les partis voulant poursuivre l’intégration des nations européennes et ceux qui s’y opposent sans remettre en cause l’existence de cette monnaie unique contre nature qu’est l’euro.

Les hommes (et les femmes !) politiques sont manifestement inconscients des dangers qui planent sur l’Europe continentale comme je l’ai exposé dans ma Lettre mensuelle, ma Stratégie numéro 1 de juin.

Les Européens ont le très gros inconvénient de discuter des problèmes économiques et financiers sans se baser sur des données qui sont censées donner une image fidèle de la réalité. Ils en deviennent totalement incapables de résoudre les problèmes réels qui se posent.

Ainsi, par exemple, une bonne démarche consiste à examiner les bilans de la BCE et de la Banque de France, ce qui évite de raconter n’importe quoi sur l’Europe.

 

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Doc. 1 : Bilan 2018 de la Banque de France.

J’ai abordé la semaine précédente le problème de l’or national des pays de la zone euro qui montre que cet or appartient maintenant à… la BCE et non plus aux nations membres, ce qui aurait dû faire réagir beaucoup d’électeurs !

 

J’ai soulevé aussi un autre problème : celui de la rubrique absconse A8 Relations au sein de l’Euro-système du bilan 2018 de la Banque de France.

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Doc. 2 : Rubrique A8 Relations au sein de l’Euro-système.

Cette rubrique signifie que fin 2017, la Banque de France avait une créance de 127,953 milliards d’euros sur l’Euro-système alors que fin 2018 cette créance ne portait plus que sur 99,469 milliards, ce qui fait donc apparaître une perte de… 28,484 milliards en 2018 !

A ma connaissance, personne ne parle de cette perte qui est en fait plus précisément de… 30,001 milliards d’euros comme indiqué dans la sous-rubrique A8.4 Autres créances sur l’Euro-système !

Cette perte de 30 milliards d’euros en 2018 correspond au déficit des règlements de la France vis-à-vis des autres pays de la zone euro au cours de cette année 2018, ce qui est une information importante occultée évidemment par la Banque de France, ce qui aurait dû faire réagir les Français.

Cette perte de 30 milliards d’euros correspond aux chiffres publiés dans le cadre du Target 2 (avec de petites différences négligeables du fait des modalités de comptabilisation) qui ont dépassé 100 milliards en avril 2018.

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Doc. 3 : Target 2.

Cependant, la situation s’est améliorée au cours des trois derniers mois.

Conclusion : tout épargnant doit impérativement étudier les problèmes économiques et financiers, non pas à partir des déclarations des uns et des autres, mais à partir des données de base.

***

Autre exemple : vendredi 24 mai, le cours de CASA (l’entité cotée de Crédit Agricole Groupe) a chuté de 4 %, information importante qu’aucune dépêche n’a reprise. Aucune explication n’a été donnée dans la presse, y compris spécialisée.

Idem lundi 27 mai : le cours de Société Générale a chuté jusqu’à 8,44 % en séance !

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Doc. 4 : Cours de Société Générale le 27 mai 2019.

Là encore, personne, c’est-à-dire aucune dépêche, n’en a fait part. Aucune explication n’a été donnée à cette baisse très importante du cours d’une des plus grandes banques européennes.

Pire, le site de Boursorama (qui fait partie de Société Générale) a publié que le cours a… pris 2,63 % par rapport à la veille, ce qui constitue une information totalement fausse en vue de tromper les investisseurs !

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Doc. 5 : Cours de Société Générale sur le site de Boursorama le 27 mai 2019.

Une fois de plus, ma conclusion précédente s’impose : tout épargnant doit impérativement étudier les problèmes économiques et financiers, non pas à partir des déclarations des uns et des autres, mais à partir des données de base.

Il ne faut faire confiance à personne. Tout investisseur doit toujours se méfier de toute information publiée en vérifiant les sources et en établissant des concordances afin de ne pas se faire piéger, c’est-à-dire pour ne pas perdre d’argent.

***

Cette baisse du cours de Société Générale serait due au détachement du dividende de 2,20 euros brut le 27 mai 2019.

En conséquence, un tel mouvement de cours peut affecter le titre de Natixis en pareilles circonstances. Une solution est alors de spéculer à découvert en achetant cette action après le détachement de son dividende et en la vendant auparavant.

Cependant, avec un cours à 4,795 euros ce mardi 28 en fin de séance, le dividende total de 0,78 euro donne un taux de distribution de 16 %.

L’avenir est par définition incertain, mais une bonne culture monétariste alimente la spéculation gagnante…

JEAN-PIERRE CHEVALLIER

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