Madame, Monsieur, bien le bonjour,
Dans ma première Lettre mensuelle, j’ai écrit : « Ne jamais oublier qu’un €-crash et un tsunami bancaire peuvent se produire à tout moment ! »
Effectivement, depuis le 20 mai, l’écart entre les rendements (le spread 10y-3m) des bons du Trésor des Etats-Unis à 10 ans (les Notes) et ceux à 3 mois (les Bills) plonge en s’enfonçant même nettement en territoire négatif !
Doc. 1 : Spread 10y-3m du 1er juin 2018 au 3 juin 2019
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Cet indicateur est très important car il signifie que les bons spéculateurs, c’est-à-dire les investisseurs qui voient juste et loin, sortent leurs capitaux disponibles des marchés d’actions pour les placer sur les bons du Trésor des Etats-Unis (les treasuries) qui sont le refuge traditionnel en pareilles circonstances.
La demande de ces treasuries sur les échéances longues (de 2 ans à 30 ans) étant forte, les prix des contrats montent et, inversement, leurs rendements baissent au point de passer sous les rendements des taux courts (de 1 mois à 6 mois) qui sont arrimés (pegged) au taux de base de la Fed, ce qui produit une inversion de la courbe des taux annonciatrice d’une récession aux Etats-Unis.
Doc. 2 : Spread 10y-3m du 1er janvier 2000 au 3 juin 2019
L’évolution des rendements des treasuries de base (3 mois, 2 ans, 5 ans et 10 ans) depuis la mi-décembre 2018 montre d’une part que leur baisse s’accentue à la fin de chaque trimestre et, d’autre part, que ces rendements ont tous une tendance très nette à baisser, sauf le 3 mois qui est arrimé au taux médian de la bande de fluctuation du taux de base de la Fed (2,375 %).
Doc. 3 : Rendements des treasuries depuis la mi-décembre 2018
Ces deux mouvements s’expliquent par les risques de tsunami bancaire en Europe comme le montrent les cours des big banks too big to fail telles que Deutsche Bank, Société Générale, BNP Paribas dont les cours ont plongé vers leurs plus-bas record car elles ne respectent pas les règles prudentielles d’endettement (leur leverage dépasse largement les normes de 10, voir ma première Lettre mensuelle).
Ainsi par exemple, du 3 mai au 31 mai, le cours de BNP Paribas a perdu 17 % (avec un gain de 21 % en investissant à découvert), -25 % pour Société Générale (+31 % à découvert), -27 % pour Natixis (+38 % à découvert !).
Le cours de Deutsche Bank a touché son plus-bas record le 3 juin, BNP Paribas a perdu 10,1 milliards d’euros et 5,2 milliards pour Société Générale depuis le 20 avril !
La situation de ces big banks européennes est comparable à celle qui prévalait en 2012 : elles sont au bord de la faillite.
Les titulaires de capitaux en Europe les placent préférentiellement sur le Bund pour récupérer de bons deutsche marks après l’€clatement. Cette demande est tellement forte que ses rendements sont… négatifs et encore et toujours en baisse !
Doc. 4 : Bons à 10 ans des Trésors de la France, de l’Allemagne et de la Suisse depuis 2015
La probabilité pour que des banksters majeurs de la zone (euro) ne puissent pas boucler leur bilan fin juin, c’est-à-dire pour qu’ils fassent alors faillite est donc très forte, ce qui conduit à un €-crash imminent !
Donc, comme je l’ai écrit dans ma première Lettre mensuelle, tout investisseur averti doit prendre au plus tôt ses dispositions pour échapper à une situation qui sera pire que celle qu’ont vécue les Grecs et les Chypriotes à partir de 2011.
Des big banks européennes too big to fail vont faire faillite. Leurs clients ne pourront pas récupérer la totalité de l’argent qu’ils y auront placé.
Beaucoup de courtiers (brokers) disparaîtront. Leurs clients ne pourront pas récupérer leur capital. Mes analyses (que j’exposerai dans ma prochaine Lettre mensuelle) me conduisent à ne faire confiance à aucun broker, même ceux qui sont recommandés par Agora !
L’avenir est par définition incertain, mais une bonne culture monétariste alimente la spéculation gagnante…
JEAN-PIERRE CHEVALLIER