« En politique comme en amour, il n’y a point de traités de paix, ce ne sont que des trêves ».
– Duc de Lévis
Chère Lectrice, cher Lecteur,
00:00 Le G20 s’est déroulé sous le signe de la reprise des discussions entre la Chine et les Etats-Unis.
Air connu : déclarations et rodomontades des deux côtés… battage médiatique et populace remontée à bloc… suspense insoutenable… et puis – surprise !! – revirement, « excellentes discussions », trêve, nouvelles négociations… et on recommence.
De quoi alimenter la machine à voix d’ici l’élection présidentielle de 2020.
En tout cas, nous explique Eric Lewin dans La lettre PEA, certains sont contents :
« C’est l’euphorie sur les marchés actions, soutenus par la trêve dans le conflit commercial qui oppose les Etats-Unis et la Chine. Un soulagement pour les investisseurs qui, à Paris, se traduit par un CAC 40 qui vient de toucher un plus haut annuel à 5 611 points.
Si le soufflé est légèrement retombé depuis, l’indice vedette évoluant autour de 5 583 points au moment où j’écris ces lignes, peu après midi, le biais haussier perdure. Les opérateurs attendent en outre de nouvelles mesures de soutien de la banque centrale chinoise, alors que les dernières statistiques confirment le ralentissement de l’économie de l’Empire du Milieu ».
00:45 Mais… vous entendez cela ? Ce léger bruit, au fond de la salle ? On dirait qu’il y a tout de même quelques grincements de dents persistants au milieu de l’allégresse générale…
Eric reprend :
« On peut tout de même se demander si le temps de la consolidation n’est pas venu, alors que le CAC 40 enregistre désormais une hausse de l’ordre de 18% depuis le début de l’année. A cet égard, il faudra sans doute attendre les chiffres du chômage américain pour le mois de juin, lesquels seront publiés vendredi après-midi, et les premiers résultats semestriels des entreprises américaines, d’ici une dizaine de jours, pour voir si une pause sera marquée ou non.
Pour l’heure, les investisseurs ne participent pas tous à la fête, comme en témoigne la nouvelle décollecte de 900 M$ enregistrée la semaine dernière, avec tout de même un retour de la collecte sur les actions européennes à hauteur de 100 M$« .
01:30 Zach Scheidt résumait parfaitement ce paradoxe crainte/euphorie dans la dernière alerte du Nouveau Rentier – et répondait à une question que vous vous posez peut-être vous aussi : le moment est-il venu de vendre ?
Dans le camp « oui, prenez vos gains », il y a les arguments suivants, nous dit Zach :
« A ce stade, vous êtes sans doute déjà au courant de tout ce que les investisseurs surveillent. Guerres commerciales… drames politiques… tensions internationales… taux d’intérêt… signes de ralentissement mondial… et plus encore.
Chaque statistique, tweet et commentaire officieux sur ces sujets fait immédiatement la Une, et les marchés s’envolent ou s’effondrent en fonction de la réaction des investisseurs« .
A l’inverse, dans le camp « non, conservez encore », Zach explique que :
« Le soufflé retombe toujours relativement rapidement, cependant, et pour une bonne raison : l’économie américaine est encore en bonne santé.
L’emploi reste élevé… les dépenses de consommation restent élevées… les investissements des entreprises restent relativement élevés… et l’économie continue de se développer.
Il n’est donc pas surprenant que les grands indices boursiers – sans parler de certaines valeurs individuelles – continuent de toucher de nouveaux plus-hauts ».
02:30 Thèse, antithèse… et puis, logiquement, synthèse :
« […] Les Américains ont tellement de cash actuellement qu’ils pourraient maintenir leurs niveaux de dépenses en dépit des hausses de prix.
Pour l’instant, je ne vois guère de preuves que les familles réduisent leur train de vie – qu’on parle des courses quotidiennes ou de dépenses non essentielles, voire de vacances.
À mon avis, il n’y a pas de raison que ces tendances ralentissent de sitôt non plus. Donc non seulement je recommande de conserver nos grandes valeurs tandis qu’elles atteignent de nouveaux sommets… mais je pense que certaines d’entre elles sont encore d’excellents achats même à des prix encore plus élevés ! »
(Ah, et si vous voulez savoir quelles sont exactement les actions recommandées par Zach, c’est par ici.)
Personnellement, je conseillerais tout de même un minimum de vigilance. Ne vous endormez pas sur vos positions, et restez attentif aux évolutions et aux seuils techniques des principaux indices – nos spécialistes de La Bourse au Quotidien sont d’ailleurs là pour vous y aider : c’est quotidien et c’est gratuit, par ici.
03:15 Maintenant que nous avons parlé vigilance, parlons opportunités… et notamment un thème qui commence à faire pas mal de bruit sur les marchés : les terres rares.
Avec les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, ces métaux indispensables à bon nombre de nos objets du quotidien (batteries, téléphones portables, industrie pétrolière et j’en passe) sont devenus un enjeu majeur au niveau mondial.
Olivier Delamarche nous livre une analyse approfondie sur le sujet dans le dernier numéro de Delamarche en Liberté :
« La production d’oxydes de terres rares de la Chine s’est élevée à environ 105 000 tonnes en 2017 sur une production mondiale de 130 000 tonnes, constituant ainsi un quasi-monopole mondial.
L’Australie, deuxième producteur, n’en a extrait que 20 000 tonnes.
En 2018, sur les 170 000 tonnes produites, 120 000 tonnes (70,6%) l’ont été par la Chine, selon l’United States Geological Survey (USGS). Les autres producteurs sont l’Australie pour 20 000 tonnes et les Etats-Unis pour 15 000 tonnes. Rappelons qu’au début des années 2010, 95% de l’offre de terres rares provenait de la Chine.
La Chine dispose de 37% des réserves mondiales. Les Etats-Unis et l’Australie disposent de réserves importantes, respectivement 15% et 5%. L’Australie possède, selon l’USGS, seulement 3,4 millions des 120 millions de tonnes de réserves de terres rares identifiées dans le monde« .
Voilà pour les forces en présence…
04:00 … Mais pourquoi la Chine en est-elle arrivée à une domination aussi absolue ? Après tout, les terres « rares » ne le sont que de nom !
Olivier reprend ses explications :
« Les Chinois dominent cette production vitale en raison de la guerre des prix imposée par la Chine pour tuer la concurrence dans l’œuf, et des inquiétudes environnementales.
L’impact environnemental désastreux de l’extraction et du raffinage des terres rares ont amené les autorités à cesser cette activité, hormis en Chine où ce sujet n’a pas été jusqu’alors un frein.
[…] Si la Chine extrait et raffine l’essentiel des terres rares alors qu’elle ne possède qu’un tiers des réserves mondiales, c’est [aussi] grâce à une politique de contrôle des prix qui freine le développement de producteurs concurrents.
La mine de Mountain Pass, seul grand gisement aux Etats-Unis, est un bon exemple de cette difficulté. Elle est désormais contrôlée par le groupe chinois Leshan Shenghe Rare Earths qui a profité de la faillite de l’exploitant américain Molycorp pour mettre la main dessus en 2017. La production a redémarré début 2018« .
La demande de produits contenant des terres rares continue d’augmenter… et les tensions entre la Chine et les Etats-Unis sont loin d’être résolues, malgré la trêve mise en place lors du G20 : cela fait deux excellentes raisons de vous intéresser au secteur – soit en faisant vos propres recherches, soit en suivant les conseils d’Olivier, disponibles ici.
Très bonne soirée,
Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes
★★★ Le chiffre du jour ★★★ |
1 815 000
C’est le nombre d’actions de cette entreprise achetées par les insiders de la finance – certains d’entre eux les plus réputés au monde. Pourquoi un tel enthousiasme ? Eh bien, je dirais que les perspectives de la valeur parlent d’elles-mêmes : tout est expliqué ici. |