« De la baleine à la sardine et du poisson rouge à l’anchois dans le fond de l’eau chacun dîne d’un plus petit que soi. »
– Francis Blanche
Chère Lectrice, cher Lecteur,
00:00 L’info est toute fraîche : la Zone euro sait désormais la sauce à laquelle elle va être… accommodée. Christine Lagarde va quitter le FMI à l’automne pour venir remplacer Mario Draghi aux commandes de la BCE.
Les marchés sont ravis – la politique très « colombe » de Mario devrait se poursuivre. Dans le sud de l’Europe, notamment, on pousse un soupir de soulagement : pas d’Allemand (Jens Weidmann était l’un des candidats pressentis, et aurait été nettement moins souple que Mme Lagarde) pour venir tempêter et menacer en cas de budget non respecté.
Mathieu Lebrun examine cela de plus près dans La Bourse au Quotidien :
« Après les propos très accommodants tenus par le futur ex-patron de l’institution Mario Draghi depuis Sintra le mois dernier, la perspective de l’arrivée de l’ancienne ministre française de l’Economie aux commandes à l’automne prochain a littéralement euphorisé les indices du sud de l’Europe hier. Et pour cause : l’ancienne patronne du FMI est perçue comme au moins autant accommodante que le gouverneur italien.
Ces deux bonnes nouvelles annoncées coup sur coup ont ainsi permis au Footsie MIB, l’indice de référence de la Bourse de Milan, d’accélérer au-delà des 21 500 points. […] Par effet de domino, l’Ibex espagnol a lui aussi nettement accéléré, en franchissement des 9 300 points. »
00:45 Il pourrait y avoir une possibilité de jouer la continuation de la hausse , explique encore Mathieu :
« En prenant un peu de recul, en ‘dézoomant’ pour passer en vue hebdomadaire, ces deux indices pourraient même encore conserver une marge de rattrapage résiduelle. En direction de la résistance horizontale des 24 000 points pour le premier (visible en rectangle bleu clair) et en franchissement de la résistance, descendante cette fois, pour le second.
Ne reste plus qu’à viser des rendements négatifs pour les Bonos espagnols voire nuls pour les BTP italiens (auquel cas, je vous laisse imaginer où serait alors le rendement du Bund…) pour que la fête soit totale. »
Hmmm… A-t-on vraiment là une si bonne nouvelle ? Cette crainte panique d’une normalisation monétaire est-elle le signe d’une économie solide, en croissance et prête à affronter les tempêtes ?
Mais ma foi, tant que les marchés sont contents… il n’y a pas de souci… n’est-ce pas ?…
02:15 Et si vous vous inquiétez pour Mario Draghi – que va-t-il faire, le pauvre, une fois qu’il aura quitté son poste ? –, sachez qu’il a une ouverture en or de l’autre côté de l’Atlantique.
Bill Bonner dans La Chronique Agora :
« Le président des Etats-Unis affirme qu’il préférerait qu’un Européen – et même un Italien – soit à la tête de la Réserve fédérale. De Bloomberg :
‘Le président Donald Trump a déclaré que les Etats-Unis devraient avoir Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, aux commandes de leur politique monétaire – ‘au lieu de notre personne à la Fed’ – et a réitéré qu’il avait le droit de rétrograder ou renvoyer le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell’.«
02:45 Que Donald Trump se rassérène – il est en d’aussi bonnes mains avec Jerome qu’avec notre Mario continental : son économie est tout aussi condamnée que la nôtre. Explications de Bill :
« Powell ? Draghi ? Aux Etats-Unis comme en Europe, en italien comme en anglais, le phénomène est le même. Je dis ‘inflation’, vous dites ‘inflazione’. Où est la différence ?
Mais on ne parle pas de l’inflazione de grand-papa. Il s’agit d’inflation du prix des actifs, non des prix à la consommation. Et Mario Draghi est aussi doué en la matière que Jay Powell. Du site Speculators Anonymous :
‘La Zone euro (comme les Etats-Unis) est confrontée au risque bien réel de subir la rétrogradation de centaines de milliards de dollars de dettes d’entreprises. A ce stade du cycle du crédit – cela les met dans une position très fragile.
Les compagnies d’assurance, les fonds de pension et les sociétés d’investissement détiennent toutes de grosses quantités de ces CLO [collateralized loan obligations, obligations structurées adossées à des emprunts, NDLR] qui pourraient rapidement perdre toute valeur.
Tous les grands krachs boursiers récents ont été construits sur de tels ‘engins’ qui ont été mal compris et ont explosé au mauvais moment‘.«
A quel moment l’explosion se produira-t-elle ? Nul ne le sait, évidemment (ce serait trop facile)… mais les signaux d’alerte s’accumulent, petit à petit – et viendra forcément un jour où les banques centrales, aussi accommodantes et imaginatives soient-elles – ne pourront plus rien faire.
S’il vous faut un « tableau de bord » pour surveiller ces signaux et en tirer les bonnes conclusions au bon moment, Jean-Pierre Chevallier est votre homme avec sa Stratégie, disponible ici. (Et, sur le thème de la responsabilité des banques centrales et des autorités dans la situation actuelle, cet article de Bruno Bertez en dit long…)
03:30 Il faut aussi être vigilant sur le fait que les réactions des marchés au quotidien, à très court terme, peuvent cacher des tendances de fond plus inquiétantes : raréfaction des IPO, décollecte… des choses qui ont tendance à être noyées dans l’actualité « à la minute » mais qui viennent enrichir les « signaux d’alerte » dont je vous parlais il y a quelques lignes.
Illustration de la part d’Eric Lewin dans le dernier numéro de Mes Valeurs de Croissance (que vous pouvez vous procurer en cliquant ici ) :
« A moins d’être familier du monde des petites capitalisations boursières, le nom d’Arcure ne vous dira sans doute rien. Les observateurs les plus attentifs de l’actualité financière savent cependant que ce spécialiste des capteurs intelligents destinés au renforcement de l’autonomie des engins sur les sites industriels est le seul groupe français à s’être introduit à la Bourse de Paris au cours du premier semestre.
Car oui, il n’y a eu qu’une seule IPO au cours des six premiers mois de l’année sur le marché parisien, avec de surcroît une levée de fonds modeste de 7,9 M€. Autant dire que cette opération menée à bien en février dernier est passée largement inaperçue.
Le contraste est saisissant avec les Etats-Unis, où de grands noms comme Lyft et Uber, les deux colosses de l’autopartage, Pinterest ou encore la plateforme de communication collaborative propriétaire Slack sont venus grossir les rangs de la cote.
Et si cette quasi-absence d’IPO à Paris n’a pas empêché l’indice CAC Mid & Small de grimper de plus de 15% sur le semestre, il convient tout de même de garder à l’esprit que de nombreux gérants sont restés à l’écart de la reprise, consécutive à un exercice 2018 des plus éprouvants. Plus largement, les souscriptions ont du mal à revenir dans les fonds et pas moins de 65 décollectes ont été dénombrées sur les 67 dernières semaines ! »
Ne vous laissez donc pas forcément « balayer » par l’enthousiasme des marchés pour telle ou telle nouvelle. Leur mémoire de poisson rouge (une vile calomnie, au passage) pourrait vous pousser à prendre de mauvaises décisions : gardez plutôt la tête froide… et si vraiment les IPO vous intéressent, faites plutôt confiance à un spécialiste pour vous guider !
04:30 Terminons sur un tout autre sujet – cet article de Robert Kiyosaki a retenu mon attention parce qu’il y parle de la gig economy, cette nouvelle forme d’emploi consistant à multiplier les petits contrats en freelance afin de se constituer un flux de revenus.
Robert élargit le débat au statut d’entrepreneur lui-même, ses avantages et ses pièges… et notamment cette approche d’une nouvelle activité :
« Généralement, [les personnes qui sollicitent mes conseils] me disent qu’elles ont une excellente suggestion pour un nouveau produit ou une nouvelle idée. Habituellement, je les écoute pendant une dizaine de minutes avant d’être en mesure de dire sur quoi elles se concentrent – un produit ou un système. Pendant ces 10 minutes, j’entends souvent la même chose :
‘C’est un bien meilleur produit que celui de XYZ’.
‘J’ai cherché partout, et personne ne propose ce produit’.
‘Je vais vous souffler l’idée de ce produit ; tout ce que je veux, c’est 25% des bénéfices’.
‘Je travaille sur ce produit depuis des années’.
A ce stade, je ne pose qu’une question : ‘êtes-vous personnellement capable de concocter un meilleur hamburger que McDonald’s ?’
Jusqu’à présent, je n’ai eu que des réponses positives. Les gens sont tous capables de préparer un meilleur hamburger.
Ensuite, je pose la question suivante : ‘êtes-vous personnellement capable de bâtir une meilleure entreprise que McDonald’s ?’ Certaines personnes perçoivent immédiatement la différence… et d’autres non.«
De quelle catégorie de personnes faites-vous partie… et qu’est-ce que cela signifie pour votre avenir financier et personnel ? La réponse est dans la suite de l’article !
Sur ce, je vous souhaite une très bonne soirée, rendez-vous demain !
Françoise Garteiser
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