Cher lecteur,
Voici la toute dernière analyse Crash Speculator…
L’article publié récemment par Ray Dalio par « Paradigm Shifts » (en français, les changements de paradigme) a énormément attiré l’attention.
Ray Dalio est le fondateur de Bridgewater Associates, l’un des plus grands hedge funds du monde. Ses connaissances des cycles de crédit historiques, et sa capacité à identifier les changements de politique monétaire, ont énormément profité aux investisseurs de Bridgewater.
Le fait qu’il ait anticipé la crise financière de 2008 – que très peu de gérants de hedge funds avaient vu arriver – signifie que les investisseurs devraient tenir compte de ses opinions concernant le cycle actuel.
Dans son article, Dalio définit ainsi le paradigme de marché « la manière dont le marché agit sur une période de temps déterminée » :
« Au cours de mes quelque 50 ans de carrière d’investisseur « global macro » [NDLR : qui investit sur tous les marchés], j’ai observé qu’il existait des périodes relativement longues (environ 10 ans) au cours desquelles les marchés et les relations de marché agissent d’une façon spécifique (que je nomme « paradigmes ») à laquelle la plupart des gens s’adaptent, et qu’ils finissent par extrapoler au point qu’elles deviennent excessives, ce qui aboutit à un passage à de nouveaux paradigmes où les marchés affichent un comportement qui est plus contraire que similaire à celui qu’ils affichaient lors du précédent paradigme. »
Jim Rickards abordait déjà les changements de paradigme dans son livre paru en 2011, Currency Wars. Jim considère que les paradigmes sont plus puissants et persistants que les 10 ans estimés par Dalio.
Toutefois, Jim et Dalio s’accordent sur un point : un « bull » (marché haussier) de l’or significatif a commencé. La puissance de ce bull de l’or va probablement surprendre la plupart des investisseurs institutionnels, dans la mesure où ils agissent selon un paradigme monétaire qui est en train de se dissiper.
Vous pouvez vous préparer à un changement de paradigme monétaire en conservant un compartiment or significatif ainsi que des actifs liés à l’or.
Mais les paradigmes des systèmes monétaires ne sont pas les seuls thèmes abordés dans l’article de Dalio.
Que signifie le changement de paradigme décrit par Dalio, pour le futur environnement du « short selling » (la vente à découvert) ?
Qu’est-ce que cela signifie pour les options put que nous recommandons dans le cadre de Crash Speculator ?
Vers la fin de son article, Dalio fait une remarque tout aussi importante que celles concernant le système monétaire. Elle concerne ce qu’il désigne comme « l’effet du taux d’actualisation » que les rendements souverains de plus en plus bas exercent sur tous les actifs financiers :
« En ce moment, environ 1 300 Mds$ de capitaux sont investis dans des instruments de dette rapportant zéro intérêt, ou dont les intérêts sont négatifs. Cela signifie que ces investissements n’ont aucune valeur, s’agissant de produire un revenu (sauf s’ils sont financés par des dettes dont les taux d’intérêt sont encore plus négatifs). Donc, ces investissements peuvent être, au mieux, considérés comme des lieux sûrs où conserver un principal [NDLR : capital emprunté], jusqu’à ce qu’ils ne soient plus sûrs car ils offrent de très mauvais rendements réels (ce qui est probable) ou bien parce que les taux augmentent et que leurs cours baissent (nous doutons que les banques centrales l’autorisent).
Jusqu’à présent, les investisseurs se sont satisfaits de cette baisse de taux/rendement car ils s’intéressent plus aux hausses de cours des actifs financiers provoquées par la baisse des taux d’intérêt qu’à la future baisse des taux de rendement… Lorsque les taux d’intérêt baissent, cela fait grimper la valeur actuelle des actifs, ce qui crée l’illusion que ces investissements offrent de bons rendements, alors qu’en réalité les rendements ne sont que des performances « empruntées au futur » mais transférées au présent par l’effet du taux d’actualisation. Par conséquent, les futurs rendements seront plus bas.
Cela prendra fin lorsque les taux d’intérêt auront atteint leurs limites les plus basses (légèrement en-dessous de 0%) ; lorsque les rendements prévisionnels des actifs risqués seront presque aussi bas que le rendement sans risque des bons du Trésor ; et quand la demande de capitaux pour faire face aux engagements liés aux dettes, aux retraites et aux soins de santé augmentera fortement. Même s’il reste encore un peu de marge pour que l’assouplissement monétaire produise un effet supplémentaire d’augmentation de valorisation par effet du taux d’actualisation, et fasse baisser un peu plus les primes de risques, cette marge est très faible.
Dans le même temps, les sommes à payer au titre des engagements (retraites, dettes, etc.) vont devenir exigibles, et il est peu probable que suffisamment d’argent soit injecté dans le système pour satisfaire toutes ces obligations. Et là, une lutte va probablement avoir lieu sur :
1) le nombre de promesses qui ne seront pas tenues (ce qui mettra en colère ceux à qui l’on doit quelque chose) ;
2) le volume de hausse d’impôt nécessaire pour les honorer (ce qui va appauvrir les riches et les mettre en colère), et ;
3) dans quelle proportion elles seront honorées en augmentant considérablement les déficits qui seront monétisés (ce qui dépréciera la valeur de l’argent et les rendements réels des investissements, ce qui pénalisera ceux qui possèdent des placements, et particulièrement ceux qui détiennent des instruments de dette). »
Ce que Dalio désigne sous le terme « d’effet du taux d’actualisation » a puissamment stimulé le cours des actions depuis le plus bas atteint par le marché, en 2009. Lorsque les investisseurs ont intégré l’impact que l’assouplissement quantitatif aurait sur les rendements souverains, ils ont commencé à faire grimper les obligations d’entreprise, l’immobilier et les actions.
L’effet du taux d’actualisation s’est à nouveau massivement fait sentir mi-2012. L’ex-président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a décrit ce phénomène comme une modification du « canal du rééquilibrage des portefeuilles », lors d’un discours marquant, à Jackson Hole, en août 2012 (vous pouvez en lire la transcription ici).
Depuis août 2012, nous assistons à une quête perpétuelle de rendement et à un engouement pour le risque uniquement interrompus par des crises passagères. Ces crises n’ont pas duré plus de quelques mois.
Désormais exposés et détenteurs d’actifs très risqués offrant de faibles rendements, les investisseurs semblent plutôt à l’aise. Ils pensent que la prochaine tournée très médiatisée d’abaissement des taux, débutant le 31 juillet, fera encore davantage baisser les rendements des bons du Trésor et grimper les actions.
Mais comme Dalio le souligne, les investisseurs sont aveuglés par une illusion. Les actions et obligations n’offrent vraiment pas de bons rendements soutenables. Au contraire, ces rendements sont simplement des rendements empruntés au futur par l’effet du taux d’actualisation. De plus, ces dix dernières années, cet effet du taux d’actualisation est une dynamique dominante, en ce qui concerne les rendements du marché actions.
S’attendre aux deux situations suivantes n’est pas cohérent, sur le plan de la logique :
- Des taux d’intérêt perpétuellement bas ;
- Un flot de hausses des gains pour l’ensemble du marché actions.
Le fait que les bénéfices des entreprises vont probablement chuter est l’une des raisons significatives expliquant que la Fed a annoncé un cycle d’abaissement des taux.
Alors, même si la baisse des rendements, sur toute la courbe des rendements des bons du Trésor, (en théorie) fait grimper la valeur actuelle des futurs bénéfices du marché actions, voici ce qui se passe, traditionnellement, en pratique : souvent, les futurs bénéfices auxquels on attribue une valeur actuelle élevée sont inférieurs aux attentes durant les cycles d’abaissement des taux.
Regardez ce qui est arrivé aux actions japonaises et européennes. Malgré des taux d’intérêt bien plus bas dans ces deux zones monétaires, les indices boursiers sont en berne. C’est parce que les bénéfices sont eux-mêmes en berne.
Des bénéfices décevants effacent largement les bienfaits de faibles taux d’intérêt. En outre, l’expérience des banques japonaises et européennes montre que la politique perpétuelle des taux d’intérêt à zéro fait sans cesse baisser les profits des banques, les capitaux bancaires et les prêts bancaires. C’est dangereux pour les économies surendettées qui exigent une injection régulière de nouveaux prêts.
Dans le cas de nos recommandations Crash Speculator, nous choisissons des options put concernant des entreprises qui vont probablement décevoir sur le front des bénéfices. Et à mesure qu’elles déçoivent, cela peut avoir un impact grandissant sur le cours des actions, considérant le niveau d’endettement élevé qu’elles affichent.
Gaël, notre analyste, vous a recommandé des trades spécifiques sur options afin de tirer parti de la baisse des actions de PG&E Corp. (NYSE : PCG), American Airlines Group (NASDAQ : AAL) et Tenet Healthcare Corp. (NYSE : THC).
A long terme, la valeur de ces trois actions a une grande chance de tomber à zéro.
En attendant, surveillez les alertes de Gaël qui vous indiqueront comment gérer ces positions sur options.
Bien à vous,
Dan Amoss