« Cotation en Bourse : possibilité de vendre à des gens qu’on ne connaît pas un produit qu’ils ignorent. »
– Philippe Bouvard
Chère Lectrice, cher Lecteur,
00:00 Le monde – en tout cas le monde boursier et monétaire – s’enfonce toujours plus loin dans l’excès et l’absurdité. Une sorte de fuite en avant qui dure depuis bien plus longtemps qu’on aurait pu l’imaginer… et qui nous mène à d’« intéressantes » nouveautés politiques et financières.
Pour mieux les comprendre, commençons par une importante distinction. Il va falloir prendre un petit détour… mais patience, cela vous permettra de mieux comprendre ce qui nous attend par la suite.
00:15 L’explication, très claire, nous vient de Jim Rickards, dans le dernier numéro d’Intelligence Stratégique. Jim a assisté à la réunion de Bretton Woods en juillet dernier, à laquelle participaient plusieurs représentants des banques centrales de la planète. L’une des leçons à en retenir est la suivante :
« […] Les banquiers centraux ont souligné la distinction entre ‘taux d’intérêt nominaux’ et ‘taux d’intérêt réels’. Ils ont insisté sur le fait que les taux réels étaient ce qui comptait, en termes de croissance et d’inflation. Là-dessus, ils ont tout à fait raison. Le taux réel, c’est tout simplement le taux nominal (celui dont on vous parle à la télévision) moins l’inflation.
Les intervenants voulaient dire que l’on ne peut affirmer qu’un taux d’intérêt est élevé ou faible sans prendre en compte le taux d’intérêt réel. En 1980, j’ai emprunté de l’argent pour acheter un appartement à un taux d’intérêt de 13%. Mais, à cette époque, l’inflation était de 15%, alors mon taux d’intérêt réel était de -2%. En termes réels, mon taux d’intérêt de 13% était plus faible que le taux actuel de 1,65%, en raison de l’inflation.
Le taux d’intérêt réel est le moteur de l’emprunt, de l’investissement, de la croissance économique et de bien d’autres choses. Les intervenants ont donc déclaré que, même si les taux nominaux étaient bas (ils le sont), les taux réels ne l’étaient pas particulièrement (ils ne le sont pas).
Aujourd’hui, l’objectif de la politique des banques centrales est de parvenir à une baisse des taux réels. Mais les objectifs que fixent ces politiques se heurtent à un casse-tête : l’inflation elle-même est en baisse. Si vous maintenez la stabilité des taux alors que l’inflation baisse, les taux réels grimpent. Si vous abaissez les taux réels mais que l’inflation chute plus bas que la baisse des taux, alors le taux réel grimpe à nouveau. Cela veut dire que les taux nominaux doivent être nettement abaissés pour suivre la baisse de l’inflation et produire des taux réels plus faibles, voire négatifs.«
Voilà. Désolée, c’était un peu long, mais c’est un point important, qui mérite d’être pris en compte pour mieux comprendre les décisions des banques centrales – mais aussi, en fin de compte, pour vos propres décisions d’épargne et de finance.
02:30 Dans le cas de la future politique de la Fed, la BCE et autres, en tout cas, les conclusions sont claires. Jim reprend :
« Face à nous, d’éminents banquiers centraux d’Amérique et d’Europe nous disaient que les taux d’intérêt devaient nettement baisser afin de produire des taux réels bas en vue de stimuler l’économie pour qu’elle cesse de ralentir. Cette feuille de route de la future politique des banques centrales n’aurait pu apparaître plus nettement s’ils l’avaient écrite en lettres de feu.
Voici ce qu’il faut retenir : la Fed va abaisser les taux de 0,25% en septembre, et probablement à nouveau en décembre. Si l’inflation baisse plus vite que prévu, il ne faut pas exclure une baisse des taux de 0,50% en décembre. »
Selon Jim, il faut vous attendre à une période de turbulences boursières dès le 12 septembre : je vous recommande vraiment de lire tout le dernier numéro d’Intelligence Stratégique, en vous inscrivant ici, pour découvrir tous les tenants et les aboutissants de ces décisions… et comment y ajuster vos investissements.
03:00 Il est à noter que la BCE ne sera pas en reste : l’assouplissement quantitatif est déjà quasi-acquis… et des mesures (encore) moins conventionnelles seraient au programme. Philippe Béchade nous en parle dans La Bourse au Quotidien :
« Selon des indiscrétions rapportées par le Süddeutsche Zeitung, des responsables de la BCE s’interrogent sur la nécessité d’acheter des actions pour soutenir les marchés en cas de coup dur.
[…] Des achats d’actions, c’est depuis longtemps bien plus qu’un espoir : la suite logique des stratégies non conventionnelles qui vont chaque fois plus loin en matière d’interventionnisme et de contrôle du prix des actifs.Il n’y a presque plus rien à racheter du côté des dettes souveraines dans l’Eurozone, un choix de plus en plus limité du côté des dettes d’entreprises… alors, il ne reste plus qu’à imiter la BoJ qui a déjà franchi le pas des achats d’actions via des ETF… et qui possède désormais les trois quarts des instruments en circulation, s’assurant le contrôle sans partage de la Bourse de Tokyo. »
Toujours plus loin, donc – et même… toujours plus vite.
03:45 Il vaut sans doute la peine de garder en tête les leçons de bon sens de Bill Bonner dans La Chronique Agora :
« […] Ce qui se déséquilibre finit tôt ou tard par se rééquilibrer.
Même si on ne sait jamais ce qui va arriver, lorsqu’on constate que les choses deviennent déraisonnables… bizarres… déséquilibrées… il y a de très bonnes chances qu’elles finissent par ‘revenir à la moyenne’. »
04:00 Et lorsque c’est le cas… c’est généralement douloureux. Bill nous donne un exemple historique dans la suite de son article :
« En 1980, les actions s’échangeaient à un plancher historique, en termes d’or : on pouvait acheter les 30 actions du Dow pour moins de deux onces d’or. En 1999, elles atteignirent un sommet sans précédent, à 40 onces d’or.
En termes de temps, l’évolution était moins radicale – mais elle contait la même histoire.
Le travailleur américain moyen devait accumuler 100 heures pour acheter les actions du Dow en 1980. En 1999, il lui fallait trimer 821 heures.
Il semblait que le marché était déséquilibré dans ces deux cas.En 1980, les actions étaient trop bon marché. En 1999, elles étaient trop chères. C’est alors que le marché boursier a entamé une ‘correction’. Le Nasdaq a commencé à chuter en janvier 2000. Un an et demi plus tard, il avait perdu près de 80% par rapport à son sommet.
En termes de temps, il fallait au travailleur US moyen 350 heures de labeur pour acheter le Nasdaq en 1999. A la mi-2001, il n’en fallait que 85.«
Si vous réussissez à « attraper » la phase de hausse, tant mieux pour vous. Mais n’oubliez pas qu’il faut aussi réussir à anticiper et se prémunir contre la phase de krach !
04:45 Pour terminer, je vous laisse sur un excellent article d’Etienne Henri, qui continue de creuser le cas WeWork – pour en tirer des leçons plus larges :
« Dans quel monde des investisseurs offriraient-ils leur argent sans espoir de le retrouver sur les seuls propos de la personne qu’ils financent ? Dans le monde merveilleux de Wall Street, où les projets les plus idiots sont valorisés plus de 1 Md$, et où l’argent peut être ouvertement dépensé sans espoir d’être récupéré.
Le tout est de trouver des pigeons prêts à acheter les titres, et pour ce faire, il faut deux éléments qui vont souvent de pair : l’ignorance et la communication.
Ces IPO ne peuvent avoir lieu que parce que le grand public répond présent, soit directement, soit par le biais de fonds dont la mission est d’être exposés au secteur high-tech. Lorsque les valorisations dépassent le milliard de dollars, il devient compliqué de faire durer la surenchère sur le marché non coté.
C’est pour cette raison que nous voyons fleurir les introductions en Bourse d’entreprises dont les particuliers ne parviennent pas à comprendre le business model. Savez-vous comment Uber est censé gagner de l’argent ? Comment un bailleur professionnel comme WeWork dégage des bénéfices ?
Probablement pas, et c’est pour cela que vous les intéressez. »
Une lecture vraiment salutaire, disponible ici – sur les IPO fracassantes… mais aussi sur le fait que la « résistance » commence à s’organiser : un retour au bon sens, comme le disait Bill un peu plus haut !
Excellente lecture… et bonne soirée.
Françoise Garteiser
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