Madame, Monsieur, bien le bonjour !
J’ai écrit dans mes articles des deux semaines précédentes qu’une certaine incohérence régnait en ce moment sur les marchés bien qu’il y ait aussi certaines cohérences, ce qui signifie que les marchés étaient dans l’attente du dénouement de certaines incertitudes mais tout a (enfin !) changé depuis ces derniers huit jours : tout est maintenant clair, logique et cohérent…
1- USA : retournement du cycle
En effet, aux Etats-Unis, il s’est confirmé en fin de semaine dernière que le cycle baissier s’est effectivement retourné pour passer dans une phase ascendante comme l’a dit plus ou moins clairement Jerome Powell, le président de la Fed, et comme le montre le spread 10y-2y. L’écart entre les rendements des bons à 10 ans et ceux des bons à 2 ans du Trésor commence à repartir à la hausse, ce qui apparaît en particulier sur le graphique fourni par notre ami Fred de Saint-Louis, c’est-à-dire la banque de données de la Fed de Saint-Louis.
Doc. 1 : Spread 10y-2y
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Depuis que les statistiques américaines sont disponibles, c’est-à-dire depuis le début des années 1970, les bons spéculateurs (ceux qui voient juste et loin) placent préférentiellement leurs capitaux sur ce refuge traditionnel que constituent les Treasurys (les bons du Trésor des Etats-Unis) quand ils craignent une récession.
Ils placent donc leurs capitaux disponibles surtout sur les titres les plus liquides, à savoir les bons (Notes) à 10 ans dont les prix montent, leurs rendements baissant logiquement, ce qui conduit à l’inversion de la courbe des taux qui se manifestait par ce spread 10y-2y, baissier.
Or, cette inversion de la courbe des taux s’est surtout manifestée dernièrement par le spread 5y-3m, c’est-à-dire par l’écart entre les rendements des bons (Notes) à 5 ans et des bons (Bills) à 3 mois qui a atteint un plus-bas à -67 points de base le 3 septembre dernier.
Ces craintes provenaient du risque d’exacerbation de la crise larvée qui sévit dans la vieille Europe continentale du fait de l’adoption de cette monnaie unique contre nature qu’est l’euro (et non de la guerre commerciale lancée par Donald Trump contre la Chine !).
Cette €-crise va s’accentuer en dégénérant peut-être en €-crash, ce qui aura des répercussions négatives aux Etats-Unis sous la forme d’une courte récession… après la réélection de Donald Trump.
2- Début de la fin de l’assurance-vie
Autre conséquence de cette €-crise pour les investisseurs européens et en particulier français : le désordre y est tellement élevé que toutes les issues sont perdantes, surtout pour les épargnants qui ont imprudemment investi dans l’assurance-vie qui est leur placement privilégié.
En effet, avec des taux négatifs, ce type de placements n’est évidemment pas rentable.
Ainsi par exemple, le journal financier Les Echos a rapporté le 9 octobre que la filiale d’assurance-vie Suravenir du Crédit Mutuel Arkéa a dû être recapitalisée dans l’urgence pour… 540 millions d’euros avant la fin de ce troisième trimestre !
Doc. 2 : Extrait de l’article des Echos du 9 octobre 2019 sur un premier sauvetage d’assurance-vie
C’est la première manifestation du naufrage de l’assurance-vie française et des épargnants qui ont fait confiance aux banksters et aux hommes politiques qu’ils ont élus comme l’a rapporté Pierre Jovanovic dans sa revue de presse.
Cependant, le pire est à venir, car avec la remontée des taux provoquée par la baisse des prix des contrats de ces mauvais bons de ce mauvais Trésor, les pertes seront vertigineuses et elles seront supportées par les seuls pauvres épargnants comme le prévoit… la loi dite Sapin II !
3- L’or encore perdant !
Pire encore pour les épargnants qui ne maîtrisent pas ces problèmes financiers et monétaires : ceux qui placent leur épargne en or sont une fois de plus perdants…
Ainsi par exemple, ceux qui ont imprudemment investi dans l’or sous diverses formes début septembre (le 4) face aux craintes d’écroulement des marchés financiers qui se sont manifestées en août, ont perdu à ce jour 5,2 % de leur capital…
Doc. 3 : Cours de l’or depuis fin août
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… alors que des investissements à bon escient dans les pires banques comme Société Générale ont généré dans le même temps des plus-values de l’ordre de 20 % en utilisant les fluctuations de cours à court terme dépendant des décisions des banques centrales !
Doc. 4 : Variations du cours de Société Générale depuis début septembre
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Les variations du cours de Société Générale depuis le début septembre étaient prévisibles…
Le cours de Société Générale a bondi logiquement avant la réunion de la BCE du 12 septembre confirmant qu’elle allait tout faire pour les sauver (flèche 1), puis son cours a baissé (sur sa tendance longue) car de toute façon les fondamentaux de cette banque sont trop mauvais (flèche 2) et, enfin, son cours est remonté à partir du moment où il est apparu que le cycle des taux des Etats-Unis s’était retourné (flèche 3), ce qui a signifié que les marchés allaient repartir positivement, sauvant provisoirement ces banksters.
Sur la base de ces analyses, il était donc (relativement) facile d’anticiper ces variations et de gagner au moins 20 % du capital investi sur ce titre en plaçant des ordres à la hausse et à la baisse.
Pour rappel, le cours de l’or est clairement baissier sur cette période (droite de tendance sur le document 2) malgré des fluctuations à très court terme non prévisibles.
Comme je le répète à la fin de chacun de mes articles, l’avenir est par définition incertain, mais une bonne culture monétariste alimente la spéculation gagnante… pour les investisseurs qui l’ont assimilée.
JEAN-PIERRE CHEVALLIER