Cher lecteur d’Altucher Crypto Trader,
La meilleure et pire période de ma vie, cela a été le boom puis le krach Internet. En ce moment, Bitcoin me rappelle cette époque.
En 1999, si j’avais rebaptisé mon chien JuJu en « JuJu.com », je parie que j’aurais pu l’introduire en Bourse pour un milliard de dollars. Cela aurait bien cadré avec les IPO complètement dingues de l’époque.
En 2000, j’ai lancé une entreprise, Vaultus. Nous avions conçu un logiciel de sécurité permettant aux gens travaillant pour des banques de se connecter à leurs sites bancaires privés lorsqu’ils étaient en déplacement.
Génial, n’est-ce pas ? Et près de 10 ans trop tôt, hélas. Cela n’a pas empêché toutes les banques de nous proposer d’entrer en Bourse. Toutes.
Des petits juniors arrivaient avec leurs classeurs et leurs dossiers. Leur supérieur, qui n’y connaissait rien, sortait un truc du genre : « Dave, la présentation ! »
Dave : « Euuuh, je m’appelle Bill. »
A quoi le directeur, impassible, rétorquait : « Bill ! La présentation ! »
Il récitait son discours dans l’ordre, mais, en ce qui me concerne, je passais directement à la dernière page.
Et là. Mon nom ! Ma nouvelle valeur nette une fois la société cotée. 900 millions de dollars.
Yessss ! Allons acheter un avion. Et un tas de maisons. Peut-être même des œuvres d’art.
Ensuite, bien sûr, le krach s’est produit et a entraîné tout cela dans sa chute. Y compris mes ambitions financières. Y compris les trois maisons et l’avion. Y compris les petits chaussons pour mon nouveau-né. Effondrement général.
A l’époque, je gérais un fonds de capital-risque. J’avais trois partenaires ; nous étions tous investis dans un certain nombre de dot.com.
L’un de mes partenaires – appelons-le Mark – était si contrarié qu’un jour, après avoir perdu une partie tandis que nous jouions à Defender, un jeu d’arcade, dans mon bureau, il a hurlé « Bon sang ! », puis a donné un coup de poing dans l’écran, l’a réduit en miettes et s’est tourné vers moi en disant : « Ce foutu internet n’était qu’une mode, une passade ! »
Il a quitté mon bureau, est rentré dans l’ascenseur et je ne l’ai plus jamais revu.
Enfin, pas tout à fait. Je l’ai croisé dans la rue il y a un an. Il a souri, m’a serré la main et nous avons tous deux continué à marcher dans des directions opposées.
Mais voilà… Internet n’était PAS qu’une mode.
La vraie passade, c’était le battage entourant toutes les sociétés internet – tellement de battage médiatique.
Chaque fois que l’industrie financière trouve un nouveau jouet, ils sont surexcités, une bulle se produit, puis un krach.
Internet n’était pas une bulle ou une mode – les IPO dot.com, si. Aujourd’hui, Amazon, Apple et Google ont environ 1 000 MILLIARDS de dollars de valorisation. Quasiment plus que quiconque aurait pu l’imaginer. Amazon domine le e-commerce, Google domine l’information, et Apple domine le divertissement.
De même, l’immobilier n’était pas dans une bulle – en revanche, les CDS garantis par des titres adossés aux prêts hypothécaires, eux, l’étaient. Aujourd’hui, les prix de l’immobilier sont plus élevés que jamais.
De même, Bitcoin n’a jamais été dans une bulle, bien entendu – mais l’industrie financière et la Silicon Valley ont refourgué des coins de pacotille à tout le monde, et lorsqu’ils ont chuté, tout a chuté. Bitcoin reste le roi des cryptos.
Je maintiens ma théorie sur le Bitcoin
En septembre 2017, je suis passé sur CNBC : j’y ai dit que 95% de ces monnaies feraient faillite – c’est essentiellement ce qui se passe en ce moment. Résultat, l’intérêt des consommateurs pour le Bitcoin a chuté lui aussi.
Ma théorie initiale sur le Bitcoin reste valable :
EVOLUTION
Tous les secteurs au monde évoluent.
La médecine :
A. Théisme : lorsqu’on tombait malade, on priait Dieu, on allait voir un chamane, etc.
B. Humanisme : lorsqu’on tombait malade, on allait voir le médecin, on prenait deux aspirines, on le rappelait le lendemain si ça n’allait pas mieux.
C. Data-isme : lorsqu’on tombe malade aujourd’hui, on passe une batterie de tests et, de plus en plus fréquemment, l’IA interprète ces tests, pose des diagnostics et va jusqu’à opérer. Ce secteur continue d’évoluer – cela se terminera par le fait que l’IA et la génomique domineront complètement la santé.
La guerre :
A. Théisme : avant une bataille, chaque partie sacrifiait à ses dieux. Le meilleur dieu gagnerait la guerre.
B. Humanisme : lorsqu’on avait le plus grand nombre de troupes au sol, on gagnait la guerre.
C. Data-isme : de nos jours, des guerres sont menées au quotidien dans le « cyberespace » au moyen de la sécurité, du piratage, etc.
Argent :
A. Théisme : « In God We Trust » – « en Dieu nous croyons », la devise figurant sur tous les billets de banque américains.
B. Humanisme : « Nous croyons aussi en George Washington » – qui figure quant à lui sur les billets d’un dollar.
C. Data-isme : eh bien, il se trouve qu’en fait, nous ne pouvons faire confiance qu’aux données si nous voulons la sécurité, des tarifs plus bas, pas d’interférences gouvernementales, pas de contrôle centralisé, etc.
HISTOIRE DE LA MONNAIE
Chaque nouveau type de devise résolvait les problèmes liés au précédent.
Troc :
A. Problèmes : trop de taux de change. Combien de riz pour une paire de chaussures ? Combien d’oranges donner à mon psychiatre ? etc.
B. Solution : une devise standardisée, adossée à une ressource rare, comme les métaux (or, argent, bronze).
Métaux :
A. Problèmes : comment transporter de grandes quantités d’or si notre pays est attaqué ? Comment payer les gros éléments ? Est-il équitable que certains pays soient plus riches que d’autres simplement parce qu’ils ont des mines d’or sur leur territoire ? Comment un pays peut-il générer un gros budget durant une période de grande innovation demandant de l’argent ?
B. Solution : d’abord, une monnaie papier appuyée sur l’or, puis, depuis 1972, une monnaie fiduciaire – de l’argent émis par une banque centrale mais exigeant la confiance de la population (tout comme l’or, en fin de compte, demandait la confiance de la population).
MONNAIE FIDUCIAIRE
A. Problèmes : contrefaçon, pas de confidentialité (votre banque, la banque centrale et autres organisations gouvernementales peuvent voir toutes vos transactions, et vendent souvent vos données), contrôle centralisé (la banque centrale peut imprimer des millions et, sans que vous vous en rendiez compte, le billet de banque dans votre poche vient de perdre de la valeur à cause de l’inflation), frais supplémentaires (lorsque vous transférez de l’argent, encore plus de frais), etc.
B. Solution : une monnaie numérique qui utilise la cryptographie pour la confidentialité, dont l’offre est limitée ou soumise à quotas, et décentralisée de sorte que personne ne peut prendre de décisions sur la valeur de la monnaie que vous détenez. On peut ajouter à cela des frais moins importants, dans la mesure où les transactions se font d’égal à égal, sans passer par cinq intermédiaires (la boutique, une taxe gouvernementale, la société de carte bancaire, la banque locale, la banque centrale – qui prélèvent chacun des frais).
Le Bitcoin est cette solution ultime.
Le Roi des Cryptos
Est-ce que le Bitcoin a des problèmes ? Bien sûr. Il existe des devises numériques alternatives qui résolvent les problèmes existant encore pour le Bitcoin : des questions de confidentialité, de vitesse de transactions, de contrats intelligents, etc.
MAIS… le Bitcoin lui-même a les outils nécessaires pour résoudre lui aussi toutes ces questions. Ceci étant dit, j’apprécie les devises alternatives qui traitent les principaux obstacles au sein de l’écosystème Bitcoin.
La bonne chose, c’est que le Bitcoin reste roi.
Amazon est-il la meilleure boutique pour tous les produits ? Absolument pas. J’ai découvert un magasin de vêtements en ligne qui m’a pris en photo, a automatiquement calculé mes mensurations et m’a envoyé une chemise à la coupe parfaite. Amazon en est incapable.
Pourtant, je vais sur Amazon pour la plupart de mes achats parce que c’est le plus grand site, je lui fais confiance et il est SÛR.
On peut dire la même chose de Bitcoin.
Chaque fois qu’il y a de la volatilité politique quelque part – Iran, Argentine, Venezuela, Brexit, etc. – la valeur du Bitcoin grimpe. Les gens fuient leurs devises pour se réfugier dans le Bitcoin à chaque fois que l’actualité secoue un peu.
Il y a 150 Mds$ de Bitcoins dans le monde – et 150 000 Mds$ de devise fiduciaire.
Cela signifie que si Bitcoin remplace réellement tout ou partie de la devise fiduciaire (ce qu’il est en train de faire), le potentiel de rendement sur votre investissement est de x1 000.
Ce principe reste parfaitement intact.
L’Histoire ne se répète pas. Elle rime
Bitcoin a commencé l’année à 3 700 $. A l’heure où j’écris ces lignes, il est à 7 500 $. Plus de 100% plus élevé. Même s’il a baissé par rapport à ses sommets historiques, il s’agit de la classe d’actif enregistrant la meilleure performance par rapport aux actions, à l’or, au pétrole, aux obligations et aux autres devises. Rien ne lui arrive à la cheville.
Evidemment, les baisses et les hausses ne me plaisent pas. Il a grimpé à 20 000 $… chuté à 3 000 $… repassé les 10 000 $… et il est désormais à 7 500 $.
Mais, entre le sommet de la bulle Internet et le moment où tout le monde a poussé un soupir de soulagement en disant, « aaaah, Internet n’est vraiment PAS juste une mode », six à sept ans se sont écoulés. Tandis qu’Amazon continuait à augmenter ses ventes e-commerce, l’IPO de Google était un succès retentissant et tout le monde réalisait que Facebook allait dominer la planète.
Je ne dis pas que nous devrons attendre encore quatre ans avant que Bitcoin y parvienne (deux ans se sont écoulés depuis le sommet du BTC). Ce genre de consolidation tend à se produire de plus en plus rapidement (cela a pris environ quatre ans pour l’immobilier).
Mais les gens prennent peur, et ils se ferment pendant un temps.
Voici la preuve en un graphique. Google Trends mesure le nombre de fois où un terme est recherché. Comme vous pouvez le voir, le terme « Bitcoin » a grimpé en flèche sur Google à la fin 2017. En fait, c’est l’unique fois où un mot était plus tendance que « Trump » depuis l’élection présidentielle américaine.
Les recherches Google sur le terme « Bitcoin » s’envolent
Google Trends, « Bitcoin »
Cela signifie que les consommateurs sont tombés amoureux, l’industrie financière en a profité, et tout le monde a perdu la tête. Même chose que pour Internet en 1999.
Maintenant que la poussière retombe, le Bitcoin entame sa remontée.
Il reste des points qui font peur aux gens. C’est inévitable. Mais ces craintes se résolvent, et le Bitcoin remonte. Ce n’est pas le seul dans ce cas. Tous les booms légitimes doivent franchir des obstacles.
Avec Internet, les obstacles/questions étaient les suivants :
- L’usage va-t-il vraiment décoller ? N’oubliez pas que, en l’an 2000, beaucoup de gens n’avaient pas encore Internet. Ce n’est que quelques années plus tard qu’on a pu être certain qu’Internet était parti pour durer.
- Les gens vont-ils donner leur numéro de carte bancaire en ligne ? En 2000, la réponse était peut-être. En 2006, c’était devenu absolument !
Si vous regardez les sites d’actualité consacrés au Bitcoin, les obstacles/questions sont :
- L’ordinateur quantique va-t-il faire exploser la cryptographie du Bitcoin ? Ma réponse : non ! Mais c’est une question que je posais moi-même aux experts Bitcoin en 2013, lorsque j’ai créé la seule boutique Bitcoin vendant des livres.
- Les gens vont-ils l’utiliser pour des transactions ? Tout comme la question de la carte bancaire ci-dessus, la réponse va de peut-être à oui, mais cela prend du temps.
- Quelle est la réglementation ? C’est encore en travaux. Au bout du compte, la réglementation est une très bonne chose, comme elle l’a été pour Internet, mais cela prend du temps.
En résumé…
- Le principe de base demeure. Si vous pensez qu’il y a 3% de chances que le Bitcoin domine la monnaie fiduciaire (soit un rendement de x1 000 pour votre argent), alors vous devriez mettre 3% de votre portefeuille en Bitcoin.
- Bitcoin suit l’itinéraire normal suivi par d’autres booms et krachs.
- Gardez un œil sur l’intérêt des consommateurs. Il a une importante corrélation avec les futures augmentations de prix.
- Le Bitcoin est manifestement une « réserve de valeur », ce qui signifie que chaque fois qu’il y a de la volatilité en politique, les gens fuient leur devise en achetant du Bitcoin.
- Chaque jour apporte son lot de bonnes et mauvaises nouvelles. Prenez l’actualité du jour : l’ordinateur quantique va-t-il affecter les cryptos ? J’aborderai cela – et les réponses qui vont avec – dans de futures mises à jour de ce service.
- Il vaut la peine de se tenir au courant de ce qui se passe du point de vue de la réglementation. Par exemple, de récents problèmes avec Libra, la devise de Facebook, affectent actuellement le prix du Bitcoin. J’en parlerai également dans de futures mises à jour.
- Les devises alternatives traversent encore le bouleversement initial que nous avions prédit. Ceci étant dit, aucune des devises que nous avons recommandées n’ont connu de problème. Certes, elles ont baissé avec le reste du marché, mais sans atteindre le zéro comme les escroqueries et les faillites.
A suivre… mais observez l’histoire globale du Bitcoin, de la monnaie et des cycles de marché sur les 500 dernières années.
L’Histoire ne se répète pas. Elle rime.
Bien à vous,
James Altucher
Rédacteur en chef
Altucher Crypto Trader