« On peut laver son corps, mais comment lave-t-on son esprit ? En transpirant ! »
– Haile Gebrselassie
Chère Lectrice, cher Lecteur,
00:00 « Tout de même », me suis-je dit en abordant, le souffle court, la montée du petit pont non loin de chez moi, « WeWork, on aurait pu se douter que ça allait se planter. Je ne sais pas comment SoftBank a pu se laisser prendre ».
Je me suis également demandé comment je m’étais laissée prendre à faire du jogging plus d’une fois par an, mais c’est un autre débat.
Une chose est sûre : courir aide à la réflexion (sur ce sujet, je recommande d’ailleurs l’excellent Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, de Haruki Murakami – serein, apaisant et très rapide à lire… même si vous ne courez pas !).
Les cadres de SoftBank, en tout cas, auraient peut-être dû s’y mettre avant de décider d’engloutir près de 20 milliards de dollars dans l’entreprise d’Adam Neumann.
00:30 Oui – Bill Bonner l’avait vu venir, les faits sont en train de lui donner raison –, ça va plutôt mal pour SoftBank en ce moment… et notamment pour son fonds d’investissement spécialisé dans les nouvelles technologies, Vision Fund.
Etienne Henri nous en dit plus dans Opportunités Technos :
« Le fonds a essuyé, lors du dernier trimestre, une perte de 970 Mds¥ (soit -8 Mds€). Sur l’année, le résultat net est désormais de -538 Mds¥ (soit -4,44 Mds€).
Si WeWork est la cause principale de ce trou d’air, elle n’est pas pour autant la seule responsable de ces mauvaises performances. D’autres titres ont également subi de sévères corrections. La valeur de la participation dans Uber, par exemple, a fondu de -40 % depuis le 1er juillet. »
La descente aux enfers d’Uber depuis l’été a déjà coûté cher à SoftBank
et se poursuit sur le trimestre en cours.
01:15 Uber, WeWork… le déclin des licornes semble enclenché, et avec lui, c’est tout un pan du marché des technos qui pourrait s’effondrer. Etienne explique le défaut fondamental de ce genre d’investissement – l’expérience du Vision Fund peut s’appliquer à de nombreux autres fonds et intervenants :
« Le Vision Fund originel est à un moment charnière de son existence. Son fonctionnement initial, qui consistait à participer à des tours de table de private equity avec des valorisations toujours plus hautes, ne semble pas transposable aux marchés cotés.
[…] Les gains ‘sur le papier’ du Vision Fund, affichés fièrement depuis sa création, n’ont pu jusqu’ici être transformés en véritables plus-values. Il faudrait pour cela que les actions soient cotées suffisamment longtemps et à des prix suffisamment hauts pour que le fonds puisse se désengager dans de bonnes conditions.
La Bourse, malgré tous ses défauts, reste un lieu de confrontation irremplaçable entre acheteurs et vendeurs, et les actions surévaluées sont parfois balayées par un revers de la ‘main invisible’ du marché.Si les investisseurs institutionnels, hedge funds et autres particuliers ne jouent pas le jeu lors des IPO, il deviendra difficile de justifier les valorisations théoriques retenues dans les comptes de Vision Fund, sauf à appliquer des méthodes de comptabilité créatives façon Enron. Sachant que le Vision Fund avait été capitalisé à hauteur de 100 Mds$, il ne faudra pas beaucoup de trimestres comme celui qui vient de s’achever pour effacer la totalité des actifs sous gestion.«
02:00 Faut-il pour autant dédaigner complètement toute nouvelle venue sur les marchés ?
Non, bien entendu. Tout comme pour les dot.com, certaines licornes finiront par se transformer en animaux moins chimériques… mais beaucoup plus profitables. Dans le cas de SoftBank, conclut Etienne, même un catastrophe pourrait être intéressante :
« Le conglomérat mélange désormais de superbes valeurs (Sprint, ARM Holdings, Yahoo! Japan) et de véritables bombes à retardement comme le Vision Fund.
Pour les investisseurs technophiles, mieux vaut attendre que la vérité se fasse sur la valeur des participations de Vision Fund. Si SoftBank ne survit pas au poids de sa dette et à la revalorisation de ses actifs contestables, nul doute que ses joyaux seront saisis par ses créanciers et vendus à la découpe.
Un démembrement de SoftBank serait pour nous une excellente nouvelle : nous serions alors en position d’acheter ces entreprises technologiques à bon compte sans pour autant devoir être exposés aux paris mégalomanes de Masayoshi Son. »
En matière de nouvelles technologies, mieux vaut rester mesuré – à la hausse… comme à la baisse. Un peu de patience (et de résistance aux gros titres) peut vous aider à éviter les désastres, mais aussi à cibler les valeurs qui ont le plus de chances de durer dans le temps.
(L’intégralité de l’article d’Etienne – avec une analyse complète de l’état actuel de SoftBank – est disponible ici.)
02:45 Quoi qu’il en soit, pour l’instant, les marchés tiennent (très) bon – SoftBank ou non. C’est tout juste si le CAC 40 reprend son souffle aujourd’hui, après un gain de plus de 5% en à peine un mois. Dans La Bourse au Quotidien, Philippe Béchade se penche sur ce qui est devenu « la nouvelle norme » :
« En voici quelques caractéristiques :
– quatre semaines de hausse sans aucune consolidation supérieure à 0,6%.
– des records qui s’enchaînent alors que les volumes d’échanges s’effondrent depuis le 7 novembre : -25% en moyenne par jour, mais trois records battus en une semaine.
– de nombreux records récents ont été battus avec parfois davantage de replis que de hausses et de nombreux titres ont inscrit des plus bas en même temps que les vedettes – toujours les mêmes – enchaînaient record sur record.
– le S&P 500 est devenu un ‘S&P 20’ et le CAC 40 un ‘CAC 8’, avec concernant ce dernier huit valeurs qui pèsent à elles seules plus de la moitié du gain annuel de 25,5% du CAC 40 et de 29,5% pour le CAC 40 ‘GR’.
– la moitié de cette hausse sur le marché parisien s’est matérialisée depuis le 15 août.
– plus vertigineux encore, le CAC 40 a pris 22% depuis le 18 novembre 2018, malgré des profits globalement en baisse de 5% depuis cette période.
– la volatilité s’effondre et le taux de couverture des portefeuilles (aversion au risque) est retombé au plus bas depuis deux ans (il y a 48% d’achats de calls en plus par rapport aux puts).«
Une liste spectaculaire… mais qui devrait vous inciter à la prudence. Monter trop vite et trop haut n’est jamais bon, en matière de finance, et la chute en est généralement d’autant plus douloureuse.
Philippe vous explique tout cela en détails dans son article, juste ici. Il a aussi d’excellentes recommandations à vous faire, parfaitement adaptées à la conjoncture actuelle – vous pouvez les découvrir en cliquant ici.
03:30 La lucidité quant à la poursuite de la hausse s’impose d’autant plus que de grosses échéances attendent les investisseurs d’ici la fin de l’année. Jim Rickards a détecté deux dates à surveiller de particulièrement près, qu’il expose dans La Chronique Agora :
« Si l’on analyse les 60 derniers jours de 2019 et les premiers mois de 2020, un grand nombre d’incertitudes économiques et politiques se détachent nettement. Cela nous offre une solide plateforme pour prévoir le comportement du marché jusqu’à la fin de l’année et au début de la suivante.
Deux événements en particulier se détachent pour les jours qui viennent :
Le 21 novembre : un shutdown provoque un choc sur les marchés
Un shutdown (blocage budgétaire) est désormais programmé pour le jeudi 21 novembre, à l’expiration de la ‘résolution de continuité’ temporaire relative aux dépenses.Les observateurs pensent qu’elle va être prorogée, même si un accord budgétaire n’est pas conclu… mais c’est loin d’être une certitude, considérant l’animosité régnant entre Trump et Nancy Pelosi, et les vicissitudes entourant la destitution.
Trump pourrait décider qu’un shutdown offre un excellent moyen de montrer à Pelosi ‘qui est le patron’ et d’enflammer sa base électorale. Cela pourrait aussi être dévastateur pour le marché actions. »
Cela pourrait aussi faire naître une opportunité spectaculaire – +550% de gains potentiels, pour être exacte… mais nous vous en reparlerons très bientôt : restez à l’écoute…
… Et, en attendant, rendez-vous avec Jim pour analyser la deuxième date à surveiller : le 22 novembre et la destitution potentielle de Donald Trump. Tout est ici.
04:15 Je vais vous laisser avec une petite dose de pragmatisme à la James Altucher – qui explique à ses lecteurs, dans le dernier numéro de ses Dossiers, comment devenir riche.
Vaste programme ? Eh bien… oui et non. Selon James :
« Être riche nécessite de maîtriser trois compétences :
– gagner de l’argent ;
– le garder ;
– le faire fructifier.On croit souvent que la première est la plus complexe. Pourtant, les deux autres sont tout aussi difficiles, si ce n’est plus. »
04:45 James termine en livrant ce qui est, selon lui, une piste solide pour faire fortune actuellement – mais aussi des principes à garder en tête tout au long de votre route vers la prospérité :
« Voici le business model du XXIe siècle :
A) Des personnes ont quelque chose en trop : des places dans leur voiture (Uber), des chambres libres dans leur maison (Airbnb), des connaissances à partager (dans une newsletter ou une formation), etc.
B) D’autres personnes veulent y accéder ou en bénéficier.
C) Le business : créer une plateforme qui relie les personnes qui ont des choses en trop à celles qui veulent y accéder. La plateforme gère la mise en relation, les évaluations, les transactions, les problèmes, les messages… C’est comme ça que vous deviendrez riche.
Mais sans énergie ni créativité, il est impossible d’appliquer ce business model. ‘Donner d’abord’ vous permet de découvrir ce que vous avez en trop. Votre énergie et votre créativité vous aideront à trouver les personnes qui veulent y accéder.
L’idée n’est pas de ‘presser’ ou ‘d’écraser’ les autres. Ni d’échapper au lundi matin. L’objectif est d’aider celles et ceux qui en ont besoin.«
Vous pouvez retrouver toutes les idées de James sur la richesse – ainsi que des conseils pour une activité bien précise, que vous n’avez peut-être jamais envisagée – dans le nouveau numéro des Dossiers d’Altucher, disponible ici.
Excellente soirée,
Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes
★★★ Le chiffre du jour ★★★ |
27/11/2019
Cette date devrait marquer une véritable flambée, dans un secteur inattendu… et sur une valeur bien précise. Des gains spectaculaires pourraient être à la clé – à condition de ne pas laisser passer la fenêtre de tir : tout est expliqué ici, agissez sans attendre ! |