Cher(e)s abonné(e)s,
Les choses semblent se préciser enfin dans cet interminable feuilleton que l’on appelle la « guerre commerciale » et qui pollue les marchés depuis des mois et des mois.
Il ne vous aura pas échappé que j’ai prudemment ajouté un point d’interrogation à la suite du titre. D’abord par ce que rien n’est officiellement arrêté et encore moins signé.
Néanmoins, à ce jeu du chat et de la souris entre les Etats-Unis et la Chine, on sent bien que des stratégies commencent à se mettre en place avec, dans le rôle du « chat » en l’occurrence, les Etats Unis et son Président Donald Trump. Nous avons ainsi assisté des mois durant à une véritable démonstration de force.
La force de celui qui a le pouvoir de faire bouger les marchés financiers à la hausse ou à la baisse au gré de son bon vouloir. De quoi flatter un ego déjà bien surdimensionné avide de montrer au monde entier sa toute puissance.
Cela a bien fonctionné. Les marchés ont réagi au doigt et à l’œil. Le marionnettiste a bien fait son travail. La dextérité déployée dans le « tirage de ficelles » a fait merveille. La docile marionnette nous a offert un spectacle flamboyant mais pathétique.
Des millions et des millions de dollars ont dû changer de poche avec une facilité déconcertante. Quel bonheur de jouer au loto lorsque l’on connaît les bons chiffres à l’avance.
Du côté chinois, ce petit numéro a dû finir par paraître bien agaçant.
Certes, une partie du monde n’était sans doute pas mécontente de voir la Chine, cet « envahisseur commercial déloyal », subir les foudres de la toute puissante Amérique.
D’ailleurs, qui d’autre aurait eu le courage de se le permettre ?
Seulement voilà, la souris, pardon je veux dire la Chine, ne va pas se laisser dévorer comme cela. Au jeu de la manipulation, elle n’est certainement pas la moins douée.
Ce weekend la Chine vient d’avancer ses pions en donnant un gage de bonne volonté aux Etats-Unis. Elle vient de prendre la décision d’augmenter les pénalités concernant les violations de la propriété intellectuelle.
Souvenons-nous que sur ce point précis, la Chine était montrée du doigt par l’ensemble de la communauté internationale.
Celle-ci lui reprochait sa complaisance à l’égard de ses entreprises sans scrupules qui pillent allègrement et en toute impunité les droits de la propriété intellectuelle et industrielle émanant des Etats-Unis, de l’Union européenne et d’ailleurs.
En faisant preuve de bonne volonté dans ce domaine, elle montre au monde entier et aux Etats-Unis en particulier l’envie d’avancer très concrètement vers une résolution du conflit.
Il est donc question « très sérieusement » (?) d’arriver à la conclusion d’un accord de « phase 1 ».
Ce serait donc un premier pas sérieux vers une résolution plus globale de cette fameuse « guerre commerciale » qui pollue les marchés depuis bien trop longtemps.
Seulement voilà il n’est pas du tout certain que les Chinois recherchent un accord à tout prix ou plutôt devrais je dire à n’importe quel prix.
Ils sont parfaitement conscients que les mesures imposées par les Etats-Unis ont aussi des répercussions négatives pour bon nombre de grosses entreprises américaines car la Chine, ne l’oublions pas, n’a pas hésité une seconde à riposter.
Si tout le monde dans cette affaire a intérêt à négocier un accord équitable, on est en droit de penser que le temps joue en faveur de la Chine. Pourquoi ?
Les prochaines élections présidentielles américaines de 2020 et la longue campagne électorale qui va les précéder représentent un enjeu majeur pour le Président sortant qui a d’ores-et-déjà montré sa détermination à être réélu.
Un accord favorable aux Etats Unis serait un atout majeur pour assoir sa réélection pour un second mandat. A contrario une absence d’accord constituerait une « épine dans le pied » du Président sortant.
La vengeance étant un plat qui se mange froid, le calendrier a de bonnes chances de jouer en la faveur de la Chine. Jouer la montre ne fait que renvoyer la pression sur un Donald Trump candidat qui pourrait voir ses chances de succès bien amoindries.
Les Chinois ont d’ores-et-déjà laissé entendre que rien ne presse de leur côté pour la signature d’un accord de « phase 2 », histoire de remettre un peu de pression.
La partie d’échec ne fait donc que commencer. Les marchés financiers n’en ont pas fini d’être ballotés au gré de ce « sitcom » interminable.
La tâche des investisseurs n’en est que plus compliquée. La volatilité devrait être au rendez vous de façon durable. Pour l’instant les indices mondiaux se font un point d’honneur à montrer leur optimisme.
Au jeu du chat et de la souris, le chat gagne le plus souvent la partie mais cette fois qui sait ? Le doute est permis.
A suivre…
Très cordialement,
Antoine QUESADA.