« Pour surmonter les obstacles, fais appel à la raison. »
– Sénèque
Chère Lectrice, cher Lecteur,
00:00 Mauvaise journée sur les marchés à l’heure où j’écris ces lignes.
L’actualité – indices manufacturiers en chute libre en Europe, déclarations peu optimistes de la part de Donald Trump aux Etats-Unis et toujours pas de signe vraiment concret d’un ralentissement de l’épidémie de Covid-19 – a visiblement ébranlé quelques certitudes boursières qui tenaient encore hier.
N’oublions pas que le bal des trimestriels, avec la publication des résultats de nombreuses entreprises, s’ouvre prochainement… et il tiendra sans doute plus du « Masque de la mort rouge », d’Edgar Allan Poe, que de la joyeuse noce villageoise.
Le Masque de la Mort Rouge, Harry Clarke
00:30 Allez, une petite bonne nouvelle quand même. Si les économie occidentales sont encore dans le plus fort de l’épidémie, la Chine, de son côté, commence à s’en sortir – et cela se voit, comme l’explique Eric Lewin dans La Bourse au Quotidien :
« [On constate] une forte hausse du PMI manufacturier chinois, passé de 35,7 points en février à 52 points ce mois-ci.
De même, le PMI non-manufacturier s’est établi à 52,3 points au titre du mois qui s’achève, soit un bond de près de 23 points comparativement à son niveau de février.
L’économie chinoise n’est donc plus en récession, mais ‘simplement’ en contraction et c’est encourageant. A contrario, l’Europe n’a de toute évidence pas fini de boire la tasse et une chute de plus de 5% du PIB en Allemagne serait à attendre au premier trimestre à en croire certains instituts connus pour le sérieux de leurs estimations.«
La sortie de crise ne s’annonce donc pas facile – et surtout, sa progression se fera « par échelons », pays par pays, en fonction de la courbe d’évolution de l’épidémie. Ne vous attendez pas à une reprise généralisée à l’ensemble de la planète… ou en tout cas pas dans l’immédiat.
01:15 Avant de commencer à anticiper une reprise en V, en L, en U ou toute autre lettre de l’alphabet (en B ??), cependant, il faut aussi être bien conscient que les tensions préexistantes à l’épidémie n’ont pas disparu… voire qu’elles sont en train de s’exacerber
Jim Rickards analyse dans Intelligence Stratégique ces mécanismes interconnectés :
« Pour mieux comprendre la pandémie actuelle et son impact économique et politique, il convient de considérer ces éléments comme des systèmes dynamiques complexes indépendants qui se télescopent.
La propagation du virus est un système dynamique complexe.
L’économie est un système dynamique complexe, également.
Le paysage politique – surtout lors d’une année d’élection présidentielle – est un système dynamique complexe de plus.
Il est difficile d’analyser l’un quelconque de ces systèmes car les systèmes complexes produisent des ‘propriétés émergentes’ impossibles à induire, même si l’on connaît très bien le système.
Mais à présent, la pandémie fait sombrer l’économie, ce qui affecte l’élection, ce qui conditionne la réaction face à la pandémie.
C’est similaire à ce qui s’est passé à Fukushima, en mars 2011 : un séisme a provoqué un tsunami qui a endommagé la centrale nucléaire dont le réacteur est entré en fusion, ce qui a provoqué un krach boursier à la Bourse de Tokyo. La sismologie, la dynamique des fluides, la radioactivité et les marchés financiers sont quatre systèmes indépendants, mais à Fukushima, ils ont interagi et produit une série d’événements cataclysmiques.
La même chose se produit aujourd’hui.«
02:00 En l’occurrence, précise encore Jim, la situation entre la Chine et les Etats-Unis se tend un peu plu après la guerre commerciale ces derniers mois :
« Cet article met le doigt sur une propriété émergente inattendue, au sein de cette crise. Le virus est venu de Chine. Il y a eu des négligences dans la gestion de l’épidémie (au mieux) ou peut-être même une contamination accidentelle provenant d’un laboratoire fabricant des armes biologiques (au pire).
Trump a critiqué la Chine dès le départ. La Chine a riposté, en suggérant que le virus était peut-être une arme biologique américaine, ce que les Etats-Unis ont réfuté et qualifié de propagande.
La guerre des mots entre les Etats-Unis et la Chine opère une escalade alors que les tensions commerciales étaient déjà élevées, et que les deux économies traversent les plus grandes difficultés économiques depuis plus de 60 ans.
Cela se produit dans le contexte de ce qui est déjà une nouvelle guerre froide entre les Etats-Unis et la Chine.
Ce n’est qu’un exemple de plus illustrant à quel point il faut s’attendre à l’inattendu lorsque des systèmes complexes entrent en collision.«
Restez attentif, donc : si ces éléments inattendus sont – par définition – quasi-impossibles à prévoir, vous pouvez vous en protéger en restant extrêmement prudent et rigoureux dans votre stratégie d’investissement… en ne vous laissant pas tenter par les sirènes haussières à la moindre esquisse de rebond boursier… et en appliquant quelques mesures de précaution dès maintenant.
02:45 Puisqu’on en est aux conséquences de l’épidémie, faisons un petit détour du côté des GAFAM, dont Etienne Henri nous donne quelques nouvelles dans Opportunités Technos.
En quoi les géants incontestés des nouvelles technologies – et des marchés boursiers plus généralement – sont-ils affectés, et restent-ils un « bon pari » actuellement pour un investisseur ?
Voyons ce que pense Etienne des cas Google et Facebook :
« La situation est équivalente pour les vendeurs de publicité que sont Google (NASDAQ : GOOGL) et Facebook (NASDAQ : FB). A première vue, les investisseurs sont en droit de s’inquiéter : en période d’incertitude économique, les budgets publicitaires sont les premiers à faire les frais des mesures de rigueur des entreprises. Rien de plus simple, en effet, que de fermer le robinet des dépenses marketing pour soulager immédiatement la trésorerie !
Je m’attends, par conséquent, à ce que le résultat des deux entreprises ne soit pas reluisant sur la période du confinement. Peut-être même pourrait-il y avoir quelques surprises boursières si les analystes réalisent brutalement à quel point les flux publicitaires peuvent se tarir du jour au lendemain.
Pour autant, n’oubliez pas que la force de Google et Facebook réside dans leur immense base d’utilisateurs. Elle ne disparaîtra pas avec le confinement, bien au contraire…
Certaines entreprises feront faillite ? Certains annonceurs seront perdus ? Peu importe : d’autres prendront leur place à moyen terme et seront ravis de payer pour les espaces publicitaires fraichement libérés.
Google et Facebook ont les moyens d’attendre que l’économie revienne à la normale, et leur poule aux œufs d’or ne perdra pas en qualité d’ici là.«
Vous pouvez prendre des nouvelles d’Apple, Amazon et Microsoft dans la suite de l’article, en cliquant ici – et je rappelle au passage que vous pouvez aussi retrouver régulièrement les conseils d’Etienne dans NewTech Insider, où il se concentre sur les technos françaises et européennes. C’est par là !
03:45 Pour terminer l’édition d’aujourd’hui, une réflexion de fond concernant le nouvel arrivant sur la scène de l’épargne française, le PER – plan épargne-retraite.
En vaut-il vraiment la peine ? Sur quels points devriez-vous être vigilant ? Alexandre Lauzier fait un point d’ensemble dans De zéro à la liberté financière… et commence par une franche mise en garde :
« Les banquiers sont aux anges. La loi Pacte a mis un coup de balai bienvenu dans les dispositifs d’épargne-retraite et les a regroupés sous l’appellation PER. En ce début d’année, les conseillers déploient des efforts d’une rare intensité pour inciter les épargnants à placer leurs liquidités durement gagnées dans ces véhicules d’investissement.
Quitte à ce que vous me trouviez cynique, je vais être tout à fait transparent avec vous : quand mon banquier m’appelle avec un sourire qui se sent à travers le téléphone, je ne suis pas tranquille…
Malgré la qualité de notre relation (il m’a accompagné sur des projets immobiliers d’envergure), notre confiance mutuelle, et ses compétences, je sais qu’il ne prendra la peine de me démarcher que si cela peut lui rapporter gros.
Comme dit le proverbe de joueurs de poker : ‘si vous n’êtes pas capable d’identifier le pigeon à la table, c’est que c’est vous’.
Lors de l’ouverture d’un PER, trois acteurs sont assis autour de la table. L’Etat, la banque, et l’épargnant. A votre avis, qui joue le rôle du volatile qui se fera plumer ? »
Pour avoir la réponse à cette question d’un suspense insoutenable, lisez la suite de l’article d’Alexandre en cliquant ici. Et ensuite, pour vous assurer une retraite paisible et confortable… réfléchissez à des plans alternatifs !
Excellente soirée, à demain !
Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes
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