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Il suffit d’un souffle

Par 22 avril 2020Alertes

« Le rassurant de l’équilibre, c’est que rien ne bouge. Le vrai de l’équilibre, c’est qu’il suffit d’un souffle pour tout faire bouger. »

– Julien Gracq

 

Chère Lectrice, cher Lecteur,

00:00 Comme un acrobate perdant l’équilibre sur son fil, les marchés ont fait de gigantesques moulinets de bras hier… et semblent se rétablir aujourd’hui. Ils restent bien vacillants, cependant – et aucun câble de sécurité ne les rattrapera s’ils tombent.


Equilibriste
 

Le pétrole leur a asséné une bonne bourrade dans le dos hier – et même si Donald Trump tente de refaire grimper les cours à lui tout seul en rachetant des barils à tour de bras (une manœuvre plus retentissante qu’efficace)…

… L’or noir reste en embuscade, menaçant de faire un croche-pied aux équilibristes imprudents et trop confiants dans la fragile reprise actuelle des cours.

00:30 Peut-être vous demandez-vous, au passage, ce qui diable a bien pu arriver exactement au pétrole, et comment il est passé « en territoire négatif » ? Quel mécanisme a conduit à une telle anomalie ?

James Altucher explique tout cela d’excellente façon aujourd’hui dans une alerte e-mail de son service Top 1% :

« Les spéculateurs de brut qui achètent et vendent des contrats à terme ont rarement l’intention de se faire livrer les barils physiques en question. Ils spéculent simplement sur le futur cours du brut – tout comme les traders spéculent sur le futur cours du titre Apple ou de l’indice S&P 500.

Lundi, le marché du brut a connu ce que l’on peut décrire uniquement comme un long squeeze [NDR : situation dans laquelle les investisseurs qui détiennent des positions longues ressentent le besoin de vendre sur un marché en baisse pour réduire leurs pertes].« 

01:00 James décrit les conséquences de ce long squeeze inédit comme ceci :

« Au lieu que les vendeurs à découvert soient étranglés et contraints de racheter leurs positions courtes – ce qui fait grimper les cours – les traders détenant des contrats à long terme ont été forcés de liquider leurs positions au risque de devoir accepter une livraison physique du pétrole brut.

Et ces traders ayant sur les bras des contrats à long terme sur le pétrole brut étaient prêts à payer tous les prix imaginables pour se débarrasser de leurs positions toxiques.

Maintenant, vous devez bien comprendre que chaque contrat à terme de pétrole brut West Texas Intermediate représente 1 000 barils.

Par conséquent, si un trader avait acheté un contrat à terme et était disposé à ce qu’on lui livre ce pétrole brut, il lui aurait fallu conduire un camion-citerne jusqu’à Cushing, dans l’Oklahoma, récupérer ces 1 000 barils, puis les stocker dans une gigantesque cuve ou sur un cargo.

Inutile de préciser que presqu’aucun spéculateur individuel ne dispose de l’argent ou des moyens logistiques de transporter et de stocker 1 000 barils de pétrole – ou même beaucoup moins.

Voilà donc pourquoi, lundi, lorsque le cours des contrats à terme sur le pétrole à échéance en mai s’est effondré, les traders qui détenaient encore des contrats à long terme étaient disposés à verser des milliers de dollars à d’autres traders pour s’en débarrasser.« 

Des inconvénients du trading en matières premières (ayons une pensée émue pour les traders se spécialisant dans le bétail…) !

01:45 Pétrole, coronavirus, récession/dépression… Les dangers qui pèsent en ce moment sur l’économie ont déclenché une volée de plans de relance aux quatre coins du monde. Mais est-on bien certains de leur efficacité… et surtout, a-t-on bien mesuré leur véritable coût à long terme ?

Dan Amoss explique dans La Chronique Agora que loin de n’avoir « pas d’importance », et autres idées tout aussi dangereuses, la dette a de profondes implications, qui se feront encore très longtemps sentir :

« Les plans de relance des banques centrales ‘volent’ en réalité l’avenir de ceux qu’elles prétendent protéger, en les poussant à prendre de mauvaises décisions.

La nature même de l’accumulation de la dette est comme un voyage dans le temps, disions-nous hier : un transfert de ce qui aurait été l’activité économique dans l’avenir vers le présent.

C’est aussi l’essence de la manière dont les banques centrales stimulent (soi-disant) les économies. Il s’agit surtout, en réalité, de perturber les préférences temporelles de chacun et de voler notre avenir, ce qui mène à de mauvaises décisions. C’est une vision à très court-terme.

Le transfert de l’activité économique future vers le présent provoque aussi les problèmes que nous avons constatés pendant la bulle immobilière aux Etats-Unis : l’avenir que nous avons hypothéqué arrive, et apporte avec lui un effondrement de la demande pour les biens déjà achetés. »

Dan poursuit son analyse juste ici – je vous la recommande, pour mieux comprendre les enjeux qui sous-tendent les plans de relance actuels, et comment adapter votre épargne à ce tout nouveau contexte.

(Je signale au passage que Dan Amoss intervient aussi dans le service Crash Speculator, qui vous permet de profiter des baisses boursières grâce à une stratégie simple et efficace : plus de détails en cliquant ici.)

02:30 N’oublions pas non plus que les plans de sauvetage eux-mêmes ont leurs limites. La Fed, par exemple, a certes un arsenal et des moyens considérables à sa disposition, mais ses cartouches ne sont pas inépuisables, surtout après la succession de baisses de taux et d’injections monétaires que nous avons vécue depuis le début du XXIème siècle.

Le moment venu, qui viendra secourir les secouristes eux-mêmes ? Qui sera l’assureur de dernier recours ?

Jim Rickards se penche sur la question dans Intelligence Stratégique :

« Tout au long de mes 13 ans de carrière en tant que chroniqueur et auteur de best-sellers, j’ai souvent déclaré ce qui suit :

‘En 1998, Wall Street s’est uni pour sauver un hedge fund. En 2008, la Réserve fédérale est intervenue pour sauver Wall Street. Chaque crise s’est révélée pire que la précédente. Lors de la prochaine crise, qui sauvera la Fed ?’

Ce n’était pas de la rhétorique, mais la description clinique d’un schéma montrant que les crises s’aggravaient tous les dix ans et que les sauvetages étaient de plus en plus vastes.

A présent, la pire crise économique de l’histoire des Etats-Unis est bel et bien là, et la Fed elle-même va avoir besoin d’un sauvetage. Mais d’où viendra-t-il ? Nous connaissons une partie de la réponse.

Il y a quelques semaines, le Congrès américain a voté un plan de sauvetage de 2 000 Mds$, le ‘CARES [Coronavirus Aid, Relief, and Economic Security] Act’.

[…] Cette loi intégrait également un fonds de renflouement de 425 Mds$ pour que le Trésor américain recapitalise la Fed. Comme la Fed fonctionne comme une banque, elle va appliquer un levier sur ces 425 Mds$ pour les transformer en 4 250 Mds$ d’argent fraichement émis lui permettant de racheter des obligations d’entreprises, des obligations municipales, des crédits hypothécaires et autres actifs, afin de maintenir la liquidité au sein du système.

Pour autant, c’est également une solution temporaire, dans la mesure où beaucoup d’autres milliers de milliards de dollars d’argent frais seront nécessaires (le PIB américain va perdre 6 000 Mds$ annualisés, voire plus, au deuxième trimestre). »

03:30 Où va-t-on trouver cet argent, exactement ? (Un indice : pas sous les sabots d’un cheval).

Jim a une hypothèse, qu’il défend là encore depuis des années… et qui est en train de se réaliser :

« Personnellement, j’ai toujours suggéré que le FMI était la seule institution possédant un bilan correct, et qu’il serait la seule source de liquidité du monde, une fois que la Fed aurait les poches vides.

Cet article suggère que c’est le cas, et invite le FMI à ne pas ménager ses efforts pour sauver le monde.

Larry Summers, l’un des auteurs de cet article, n’a pas réussi à sauver l’économie en 2009 alors qu’il était le conseiller économique national d’Obama (vous souvenez-vous de son plan ‘à effet immédiat’ ou ‘shovel-ready’, en anglais ?).

L’autre auteur, Gordon Brown, a bradé la majeure partie de l’or britannique en 1999, à 250 $ l’once (aujourd’hui, le cours de l’or est aux alentours de 1 700 $ l’once).

Alors prenez cet article pour ce qu’il est…
En tout cas, il montre bien que le monde se tourne désormais vers le FMI, ce qui signifie que la monnaie mondiale, le DTS (droits de tirage spéciaux) va être imprimée.« 

Encore plus d’argent provenant de sources mystérieuses et ne reflétant pas la réalité de l’économie qui lui sert de sous-jacent : je ne sais pas quelles chances ont les DTS de sauver le monde…

… Mais une chose est sûre : la monnaie réelle, solide, tangible, est plus importante que jamais. Si vous n’êtes pas encore positionné, le moment est venu d’agir.

04:15 Nous terminerons par une autre prévision en train de se réaliser – mais dans un domaine on ne peut plus différent, puisque nous quittons l’or pour nous intéresser… à la réalité augmentée.

Ray Blanco avait fait un pari sur le sujet au début de l’année, et aujourd’hui, son postulat de départ se concrétise :

« Comme tous les ans, en fin d’année je vous ai fait part de mes principales prédictions pour l’année 2020 concernant le secteur des technologies (si vous ne les avez pas lues, vous pouvez les découvrir ici et ).

Bon nombre d’entre elles étaient audacieuses, et leur réalisation s’articulait autour d’un scénario idéal.

Or, voici deux semaines, mon premier scénario s’est vérifié…

Début 2020, j’ai déclaré qu’Apple (NASDAQ : AAPL) avait les meilleures chances de faire fonctionner la réalité augmentée (‘AR’, de l’anglais ‘augmented reality’).

La réalité augmentée fonctionne mieux sur les objets que l’on porte sur soi. Or, il se trouve qu’Apple surpasse la concurrence dans ce domaine en fusionnant technologie et design.

Et la société vient de me donner raison. »

Pourquoi, comment et pouvez-vous en tirer parti en tant qu’investisseur ? Ray explore cela plus en détails dans la suite de son article, juste ici. Une opportunité à explorer absolument pour 2020…

Je vous souhaite une très bonne soirée, à demain !

Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes

 


★★★  Le chiffre du jour  ★★★
 

1

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