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Quel cauchemar !

Par 10 juin 2020Alertes

« Il ne faut pas tenter de couler le capital : il est insubmersible ; il faut l’arraisonner. »

– Gilbert Cesbron

Chère Lectrice, cher Lecteur,

00:00 Eh bien, on ne peut pas accuser votre correspondante de ne pas prendre son travail au sérieux : je vais jusqu’à en rêver !

Je me suis réveillée ce matin des suites d’un cauchemar où je m’adressais directement à vous, dans Les Marchés en 5 Minutes, pour me tirer d’une obscure prise d’otages en Suisse (!).


peinture Le Cauchemar
Le Cauchemar, Johann Heinrich Füssli
(Je l’admets, je n’ai pas autant le sens du dramatique dans ma vie de tous les jours)
00:30 Je suis bel et bien à mon bureau, cependant, et pas de ravisseurs à signaler (enfin, pour l’instant !).

Peut-être n’était-ce qu’une manière, pour mon inconscient, de traduire mon ressenti face à la situation économique et monétaire actuelle : une économie réelle et des banques centrales prises en otage par les marchés… forcées d’alimenter une hausse de plus en plus irrationnelle à mesure que la crise du coronavirus s’installe… si bien que les investisseurs et épargnants n’auront plus d’autre choix que de mettre leur argent à l’abri en Suisse ?

Hm…

01:00 Quoi qu’il en soit, les marchés semblent désormais vouloir renouer un peu avec la réalité de la situation sous-jacente. La correction entamée depuis le début de cette semaine semble plus légitime que la hausse vertigineuse de la semaine dernière.

Comme l’explique en effet Eric Lewin dans La Lettre PEA, les ennuis ne font commencer…

« [Le] repli observé hier et avant-hier semble tout ce qu’il y a de plus logique. Les prévisions économiques sont en effet franchement alarmantes, avec une récession mondiale inédite depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale ou encore, en France, un recul de plus de 11% du PIB. 2020 sera une annus horribilis et 2021 devrait être une année de transition d’où, comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises dans mes vidéos quotidiennes, une reprise qui prendra très probablement la forme d’un ‘U’, et non celle du ‘V’ acheté par les gérants. »

01:30 La tendance des marchés à mettre la charrue avant les boeufs – et à prendre leurs désirs pour des réalités – pourrait donner lieu à de rudes chocs dans les mois qui viennent. Autant vous y préparer, en tenant compte des faits avec lucidité pour mieux vous adapter…

Eric reprend :

« Tel est également l’avis d’Olivier Garnier, directeur général de la Banque de France, qui intervenait souvent dans mes émissions lorsque j’étais en charge de la macroéconomie sur BFM. Sérieux et posé, cet expert n’a jusqu’à présent jamais péché par excès de pessimisme et estime qu’il faudra attendre mi-2022 pour retrouver un niveau d’activité comparable à celui de la fin de l’année 2019.

La donne devrait être peu ou prou la même dans de nombreux pays. Les ratios de valorisation ont de surcroît atteint des niveaux élevés, un peu trop à mon goût, même si les taux d’intérêt demeurent très faibles. Le S&P 500, l’indice élargi américain, vaut ainsi 21 fois ses estimations de bénéfices au titre de 2021 et 17 fois celles au titre de 2022, tandis que l’EuroStoxx se paie sur des multiples de respectivement 16 et 14.

Les marchés n’ont donc absolument pas le droit à l’erreur et l’investisseur particulier a tout intérêt à se prémunir via une ‘couverture’. »

Voilà qui remet un peu les pendules à l’heure… de manière salutaire : mieux vaut connaître les faits avant de vous engager sur les marchés – vous pourrez ainsi investir en toute connaissance de cause, et ajuster votre stratégie de façon à sortir gagnant, plutôt que d’être victime !

02:15 Autre remontage d’horloge avec Jim Rickards, cette fois-ci. Il examine dans une alerte Intelligence Stratégique ce que cachent les statistiques de l’emploi US – celles-là même qui ont motivé la remontée boursière de la semaine dernière.

Là encore, une bonne dose de réalité s’impose… et ça fait mal. Jim commence par quelques explications générales :

« De toutes les statistiques majeures, les chiffres de l’emploi – publiés chaque mois par l’U.S. Bureau of Labor Statistics (BLS) – comptent parmi ceux qui sont les plus regardés, mais également les moins bien compris.

[…] Les chiffres de l’emploi sont généralement publiés le premier vendredi du mois, et concernent le mois précédent. Les seules données plus actuelles sont les inscriptions hebdomadaires au chômage, qui sont publiées chaque jeudi matin. Mais les chiffres mensuels de l’emploi ne sont pas bien compris en raison du nombre de définitions du ‘chômage’ dont se sert le BLS.

Il possède des séries de données variant selon qu’il s’agit d’emplois à temps complet, à temps partiel, de salariés à temps partiel désirant un temps complet, de chômeurs en recherche d’emploi, de chômeurs qui ne sont pas en recherche (et qui, techniquement, ne sont pas considérés comme ‘chômeurs’, allez imaginer pourquoi).

Et enfin, il y a le taux de participation à la main-d’œuvre, qui mesure simplement les titulaires d’un emploi en pourcentage des travailleurs potentiels, indépendamment qu’ils soient ou non à la recherche d’un emploi. »

03:00 Vous pensez qu’il s’agit là de « coupage de cheveux en quatre » et de distinctions administratives sans importance ? Détrompez-vous…

Jim continue :

« La plupart des investisseurs ignorent ces distinctions et regardent juste ‘le chiffre de base’, c’est-à-dire le taux de chômage, et il est de 13,3% en ce moment.

Mais selon cet article, étant donné les nombreuses définitions utilisées par le BLS, les chiffres publiés récemment pourraient être relativement trompeurs.

Il semblerait que 4,9 millions de personnes qui ont été absentes de leur lieu de travail sont techniquement au chômage, mais qu’elles ne sont pas répertoriées comme telles. Et on a considéré que 6,3 millions d’autres personnes étaient ‘sorties’ de la main-d’œuvre (et non au chômage). Mais ce chiffre est une estimation et semble élevé, par rapport à la norme habituelle.

Les auteurs suggèrent que le taux de chômage réel serait de 17,1%, et non de 13,3%. S’ils ont raison, cette différence apparaîtra dans les futurs chiffres, ce qui devrait faire grimper le ‘taux de base’ bien plus haut que ne le pensent les marchés.

[…] En comprenant [ces] distinctions […], vous pouvez vous éviter un choc néfaste le premier vendredi du mois de juillet prochain. »

Mieux comprendre pour mieux anticiper… et mieux investir : cela peut faire toute la différence dans les périodes de crises comme celle que nous traversons. Jim vous propose d’ailleurs une stratégie simple, basée sur ses analyses, que vous pouvez découvrir ici même.

03:45 Je vous propose désormais de passer à une analyse du « pourquoi » : pourquoi les marchés sont-ils aussi déconnectés de la réalité ? Pourquoi les banques centrales s’échinent-elles à tenter de soutenir les cours ? Et pourquoi est-ce en réalité nocif pour l’économie réelle ?

Bruno Bertez explique tout cela dans La Chronique Agora – notamment le rôle du capital dans le système actuel :

« Je croirais plus volontiers que faire monter les cours de la Bourse, c’est ‘plomber’ l’économie – puisque cela fait monter la valeur du capital et que cela accroît à la fois le besoin de réaliser des profits et de distribuer des dividendes.

Augmenter la valeur monétaire du capital, c’est l’inciter à demander encore plus, à exiger une part encore plus grande de la valeur ajoutée. C’est augmenter ses exigences – et c’est donc entretenir la déflation.

Quand dans un système vous augmentez la contrainte de profit, vous éliminez tous les investissements, toutes les embauches qui ne permettent pas de réaliser ce taux de profit. Si vous voulez lutter contre la déflation et l’anémie d’une économie, il ne faut pas gonfler la valeur du capital ancien et le maintenir en vie…

Non, il faut au contraire lui serrer la gorge, de telle façon qu’il s’adapte ou disparaisse, laissant ainsi la valeur ajoutée, le surproduit, disponible pour d’autres activités et d’autres capitaux plus productifs socialement. »

La suite se trouve juste ici – une lecture un peu dense, mais importante pour mieux comprendre où nous en sommes… et où cela nous mène !

04:30 Alors… faut-il désespérer de pouvoir investir « sainement » un jour ? Les marchés boursiers sont-ils désormais entièrement dévoyés et réservés à une élite qui sait manipuler le système ?

Non, pas du tout, parce que vous pouvez tout à fait appliquer les mêmes méthodes que les initiés, pour commencer…

… Mais aussi parce que – bonne nouvelle ! – l’investissement dans l’économie réelle ne passe pas forcément par les places boursières traditionnelles. D’autres voies sont possibles, et sont même de plus en plus intéressantes, comme l’analyse James Altucher dans Investissements Personnels :

« Pendant des années, le financement participatif a dû lutter contre des préjugés élitistes, qui prétendaient qu’il était réservé aux start-ups à bout de ressources. Les capital-risqueurs n’ont pas tardé à affirmer que toute start-up inscrite sur une plateforme de crowdfunding était désespérée ou incapable de lever des fonds auprès d’investisseurs professionnels.

Jusqu’à récemment, c’était peut-être en partie vrai.

A l’époque de l’argent facile, cette dernière décennie, les capitaux d’investissements étaient accessibles aux start-ups les plus prometteuses. Le succès apparent des licornes les plus célèbres signifiait que les sociétés de VC avaient plus d’argent que jamais – elles pouvaient courtiser les start-ups les plus prometteuses avec les meilleurs termes possibles.

Cependant, avec l’évolution du paysage économique causée par la pandémie, le financement participatif semble atteindre enfin l’âge de raison.

Des grands noms sont désormais contraints d’envisager cette solution.

Il n’est donc pas surprenant que des plateformes de crowdfunding comme SeedInvest et StartEngine annoncent une activité record suite à la pandémie.

Qui plus est, les start-ups commencent elles aussi à reconnaître les avantages spécifiques des levées de fonds participatives… »

Le crowdfunding – dont nous parlons depuis longtemps déjà – semble mûr pour la prochaine phase de son développement : à surveiller de près, en commençant par la suite de l’article de James, juste ici.

Je vous souhaite une excellente soirée… et de beaux rêves… en attendant de vous retrouver demain.

Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes

 

★★★  Le chiffre du jour  ★★★


50 €

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