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Alerte n°88 – Pourquoi l’évaluation de Live Nation relève d’une bulle

Par 6 août 2020Alertes

Dan Amoss

Cher lecteur,

Les investisseurs partent du principe que beaucoup d’entreprises vont rapidement revenir à la situation antérieure au coronavirus, y compris celles qui dépendent d’une demande en faveur de grands rassemblements de type événements sportifs et concerts.

Le cours de notre dernière recommandation, l’organisateur de concerts Live Nation Entertainment (NYSE : LYV), est très sensible à la future demande d’événements impliquant de grands rassemblements.

Et c’est un problème, pour les investisseurs qui détiennent des actions LYV dont l’évaluation est élevée, comme je vais l’expliquer dans un instant.

« Il n’y a plus de concerts à cause de la pandémie », indiquait Jim, le 29 juillet.

« Sans concerts : pas de ventes de tickets, pas de commissions, et pas de ventes de souvenirs. Avec les voyages, les hôtels et les complexes touristiques, il est difficile de songer à une catégorie d’activités plus durement frappée que celle du secteur du divertissement en général, et de Live Nation en particulier. »

En 2019, Live Nation a généré un chiffre d’affaires de 11,5 Mds$ et un résultat opérationnel de 325 M$ seulement. C’est donc une activité à très faible marge. La marge opérationnelle de l’entreprise varie de 0 à 2,8%, en moyenne, depuis 2013.

Le consensus des analystes de Wall Street estime que le chiffre d’affaires de 2020 va chuter à 4 Mds$. Après ce point bas, les prévisions tablent sur une reprise en « V » du chiffre d’affaires, qui atteindrait 10 Mds$ en 2021 puis 12 Mds$ en 2022.

Ces estimations de reprise du chiffre d’affaires sont bien trop élevées. Les investisseurs semblent oublier que les fermetures dues au coronavirus ne sont pas la seule chose qui frappe les salles de concert. Les taux de chômage et d’épargne élevés vont également freiner l’affluence dans les salles de concert, à l’avenir.

Les actions LYV sont décotées, en période de récession, comme on peut s’y attendre.

Lors de la dernière récession, le cours de LYV est descendu à un ratio valeur entreprise/chiffre d’affaires de 0,2. En moyenne, ce ratio se situe à 0,73, depuis l’entrée en Bourse de la société, en décembre 2005. En ce moment, il est de 1.

Voici une estimation raisonnable et prudente des proportions dans lesquelles l’action LYV pourrait baisser :

  • Si la valeur de LYV descend à un ratio valeur entreprise/chiffre d’affaires de 0,7, et le chiffre d’affaires annuel de la société opère une formidable reprise pour atteindre 10 Mds$, alors la valeur de l’entreprise chuterait de ses 11,3 Mds$ actuels à tout juste 7 Mds$.
  • Comme Live Nation va « brûler » de la trésorerie, cette année, son endettement net va augmenter. Cet endettement net va attribuer aux créanciers une part plus importante de la valeur de l’entreprise. En partant du principe que l’endettement net va grimper à 1,5 Mds$, la capitalisation boursière serait alors de 5,5 Mds$, selon le multiple que nous ciblons.
  • Une capitalisation boursière de 5,5 Mds$ se traduirait par un cours à 26 $, soit une chute de 45% par rapport à la cotation de LYV à la clôture, hier.

Pour rappel : nous partons du principe que le chiffre d’affaires remonte rapidement à 10 Mds$, en l’espèce, et supposons un multiple correspondant à la moyenne des dix dernières années (et non un multiple de type récession).

Si, par exemple, nous supposons que le chiffre d’affaires ne remonte qu’à 6 Mds$, et que le marché n’est prêt à payer qu’un multiple de 0,2 – niveau correspondant à une récession –  alors le cours ciblé deviendrait négatif (car la valeur de l’entreprise ne serait pas assez importante pour couvrir son endettement net).

Donc, par rapport à des projections réalistes de son futur chiffre d’affaires, les actions de Live Nation cotent à un niveau qui relève d’une bulle. Live Nation est loin de valoir une fois son chiffre d’affaires, en termes de valeur d’entreprise.

Le tout nouveau catalyseur, pour l’action de Live Nation, est la publication des résultats du deuxième trimestre, hier, après la fermeture des marchés.

En effet, l’entreprise a publié une perte par action de 2,67 $ pour le deuxième trimestre 2020, contre 2,10 $ attendus. Mais, pire que cela, elle a annoncé des recettes de 74,08 M$, soit 75,36% de moins qu’attendu par le consensus des analystes. Et 3,09 Mds$ de moins que sur la même période l’an dernier.

Il est probable que les investisseurs se rendent compte en analysant ces chiffres et en prêtant attention aux commentaires de la direction dès aujourd’hui que le résultat de Live Nation ne se redressera pas avant longtemps, et qu’ils mettent la pression sur le titre.

Gaël, notre analyste, vous indiquera comment gérer vos positions sur LYV.

Bien à vous,

Dan Amoss, CFA
Analyste

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