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L’économie, toujours plus malade

Par 5 octobre 2020Alertes

« Moins un homme sent son mal, plus il est malade. »

– Pierre Corneille

 

Chère Lectrice, cher Lecteur,

00:00 Malade, pas malade, sorti de l’hôpital, pas sorti de l’hôpital… les marchés – contrairement aux médias grand public, qui s’en donnent à cœur joie – ne semblent pas accorder beaucoup d’importance à l’état de santé de Donald Trump… sans doute parce qu’il a l’air de ne pas aller si mal. A l’heure où je vous écris, le vert est mis sur une bonne partie des grandes places boursières.

Les marchés comme les médias, en revanche, semblent avoir choisi de fermer les yeux sur un petit fait relativement contrariant : contrairement au président américain, qui pourrait sortir de l’hôpital dès ce lundi, l’économie est encore alitée, sous perfusion… et paraît chaque jour plus pâlotte.

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Jeune femme sur son lit de mort, tableau flamand de peintre inconnu, 1621

Côté européen, cette petite forme s’illustre par les indices d’activité PMI IHS Markit – en baisse le mois dernier dans la Zone euro aussi bien pour les services (à 48 points) que pour l’indice composite (industrie + services), à 50,4 points. N’oublions pas que sous les 50 points, on entre dans une contraction de l’activité…

00:45 Côté américain, c’est l’emploi qui illustre le mieux le mauvais état général de l’économie : le chômage a explosé à la fin du premier trimestre, suite à l’arrivée du coronavirus. L’emploi s’est remis, cahin-caha, durant l’été… mais, tout comme le Covid-19, le chômage recommence à montrer les dents depuis l’automne – Bill Bonner nous en donne d’ailleurs de nouvelles preuves aujourd’hui dans La Chronique Agora.

Ce n’est pas tout ! En plus d’être mauvais, comme l’explique Philippe Béchade dans La Bourse au Quotidien, les chiffres donnés sont… faux :

« Les marchés continuent de se fier aveuglément aux rapports sur l’emploi (‘NFP’) américain publiés chaque mois par le BLS (Bureau of Labor Statistics), alors que les chiffres rendus publics sont de plus en plus fictionnels.

Ah, si seulement Donald Trump n’avait pas été testé positif au Covid-19 et mis à l’isolement à l’hôpital militaire Walter Reed, il aurait peut-être pourfendu ces chiffres rageusement en les qualifiant de fake news, son accusation favorite !

C’est du reste ce qu’il fit tout au long de la campagne présidentielle de 2016, accusant Barack Obama et son administration de falsifier les données du chômage en ‘oubliant’ des millions d’Américains désespérés de retrouver un job et sortis des listes officielles des demandeurs d’emplois. Le futur président américain se faisait alors fort de leur redonner du travail et de mettre fin à cette mascarade statistique du NFP.

Toutefois, une fois au pouvoir, Donald Trump a probablement dû gérer d’autres priorités puisque les modes de calcul du département du Travail n’ont pas été modifiés au cours de son mandat… Les critères d’admissibilité au statut de chômeur ont même été durcis cet été, rayant d’un trait de plume – ou plutôt d’un clic de souris – des centaines de milliers de chômeurs (supposés pouvoir être réembauchés, mais qui ne l’étaient pas) au mois d’août. »

01:45 Notez bien qu’une bourde du même genre avait déjà été commise en mai-juin, comme l’avaient relevé nos spécialistes à l’époque (ici et )… Des erreurs bien pratiques, surtout quand on peut compter sur la courte mémoire des marchés !

C’est exactement le même schéma qui est en train de se reproduire, continue Philippe :

« Cette ‘erreur’ a bien été reconnue peu après la publication des chiffres début septembre, mais Wall Street s’était empressé de l’oublier… Les investisseurs considèrent en effet comme une réalité la contraction du taux de chômage de 14,7% en avril à 10,2% en juillet et à un peu moins de 8% en septembre, avec un surprenant -0,5% d’un mois sur l’autre alors que les embauches ont été divisées par plus de deux, de 1,37 million à seulement 661 000, soit près de 200 000 de moins qu’anticipé par les économistes.

Comment un tel prodige est-il possible ? Eh bien, comme lors des mois suivant la crise issue de la retentissante faillite de Lehman Brothers, des centaines de milliers de chômeurs découragés (700 000 le mois dernier) jettent l’éponge et cessent de rechercher un emploi. Quoique toujours chômeurs, ils ont disparu des listes faute de s’inscrire comme tels.

A ces sans-emploi dépités s’ajoutent plusieurs dizaines de milliers d’Américains, voire plus, dont les dossiers d’inscription sont mal renseignés ou jugés incomplets et qui se retrouvent eux aussi exclus de la liste des demandeurs d’emploi.

Ces réalités ne sont pas neuves, mais contribuent indéniablement à minorer le taux de chômage. »

Mais tant que les marchés montent, n’est-ce pas, pourquoi se soucier de vérité ? Les manipulations en tous genres ne manquent pas ; celle des chiffres de l’emploi semblerait presque innocente, à côté… si elle ne concernait pas un aspect aussi important de l’économie !

Philippe continue son analyse ici même – une lecture importante pour prendre vos décisions d’investissement et d’épargne sur une base vraiment lucide.

02:15 Puisqu’on en est à décortiquer les chiffres et tout ce qu’on peut leur faire dire, faisons un petit « point didactique » avec Jim Rickards. Il revient dans son service Crash Speculator sur une donnée clé, très souvent prise en compte dans l’analyse fondamentale d’une entreprise… et qui peut parfois induire un investisseur en erreur – j’ai nommé l’EBITDA.

Derrière ce nom imprononçable se cache une notion bien concrète, explique Jim – à comprendre dans toutes ses nuances si vous voulez juger du véritable état d’une société :

« L’EBITDA est une approximation du flux de trésorerie. Cela veut dire ‘bénéfices avant intérêts, taxes, dépréciations et amortissements’. Comme vous pouvez l’imaginer, cela ne mesure pas le volume de trésorerie qui va directement aux actionnaires car cela ne tient pas compte des dépenses réelles, et souvent considérables, symbolisées par la partie ‘ITDA’ [NDLR : intérêts, taxes, dépréciations, amortissements].

La dépréciation a le plus d’importance car, même s’il s’agit de charges non financières (‘non-cash expenses’), elle représente le fait que les actifs physiques d’une entreprise se déprécient (s’usent) chaque année et qu’ils doivent donc être remplacé tous les cinq ou dix ans (en fonction de l’actif). Il est trompeur de réintégrer constamment des dépréciations en partant du principe qu’une entreprise vorace en actifs ne devra jamais remplacer ses actifs usés.

En général, il est moins trompeur de se servir de l’EBITDA comme indicateur de flux de trésorerie dans des entreprises ayant peu d’actifs, où les marges bénéficiaires sont élevées et les actifs physiques minimes.

Autrement dit, c’est très bien d’utiliser l’EBITDA dans des entreprises qui génèrent régulièrement plus de trésorerie qu’elles n’en consomment (Microsoft ou Visa, par exemple). Il est trompeur de se servir de l’EBITDA comme indicateur dans une entreprise qui consomme régulièrement plus de trésorerie qu’elle n’en génère (la plupart des exploitants de pétrole de schiste, par exemple).« 

A méditer la prochaine fois que vous regardez les comptes d’une entreprise que vous souhaitez mettre en portefeuille… Et si cela vous semble bien compliqué, ne vous inquiétez pas : nos spécialistes sont là pour faire le travail à votre place !

Jim le démontre parfaitement en appliquant les principes énoncés ci-dessus dans sa nouvelle alerte Crash Speculator : une entreprise tente d’« embrouiller » ses investisseurs en utilisant l’EBITDA à mauvais escient… mais Jim a vu clair dans son jeu, et recommande à ses lecteurs de se positionner de manière à profiter de la chute de la valeur, lorsque le reste des investisseurs réalisera que la réalité est bien loin d’être aussi rose que les chiffres semblent le montrer. Si vous voulez en savoir plus, c’est par ici.

03:00 Reprenons un peu de recul, maintenant, pour en revenir à la macro-économie… en Europe, cette fois-ci. Dans La Chronique Agora, Nicolas Perrin nous emmène prendre des nouvelles de la politique monétaire choisie par Christine Lagarde depuis l’arrivée du Covid-19 :

« De nombreux événements se sont déroulés sur le plan de la politique monétaire de la BCE depuis le dernier focus que je vous ai proposé en mars 2019.

Comme il me sera impossible de les couvrir tous, je vous propose de nous concentrer sur la tournure que prend la situation depuis ce qu’il est convenu d’appeler la ‘crise économique liée à la pandémie de Covid-19’, qu’on doit en réalité à la décision qu’ont prise la plupart des gouvernements européens de confiner leur populations respectives.

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Source : Frederik Ducrozet (@fwred)

Vous pouvez y ajouter le TLTRO-III intervenu au mois de juillet… mais pour l’instant, commençons par nous replonger dans la rupture globale intervenue au cours du premier trimestre.

Le mois de mars restera sans doute dans les livres d’Histoire économique comme celui qui aura vu retentir le plus grand nombre de coups de bazookas budgétaires et monétaires dans le ciel des autorités publiques. Le mois où gouvernements comme banques centrales ont à peu près tous mis officiellement le doigt dans l’engrenage du no limit.« 

Car oui, la BCE n’est pas la seule à avoir ouvert toutes les vannes depuis le printemps, explique Nicolas dans la suite de son article… et les mêmes causes ont les mêmes effets – généralement désastreux pour les épargnants : mieux vaudrait vous préparer dès maintenant…

04:20 … A commencer par votre retraite qui, comme l’explique Zach Scheidt dans Investissements Personnels, mérite d’être particulièrement soignée en ces temps agités :

« Il y a quelques années, une société de conseil en gestion de patrimoine s’est fait connaître avec une astuce marketing consistant à montrer des gens se baladant à travers la ville avec un chiffre au-dessus de leur tête. Ce chiffre était supposé indiquer le montant dont chacune de ces personnes aura besoin pour prendre sa retraite confortablement.

Je déteste cette façon de concevoir la retraite. C’est beaucoup trop simpliste et un chiffre ne peut pas, de façon réaliste, résumer à lui seul ce dont vous aurez besoin pour votre retraite.

Il est impossible de savoir combien d’années vous allez vivre, de combien vous aurez besoin exactement pour couvrir vos dépenses ou de connaître l’ensemble des variables à prendre en compte dans votre situation spécifique.

Mais bien que je ne pense pas qu’il existe un montant précis que vous devriez épargner pour votre retraite, il existe un autre chiffre qui, d’après moi, peut être important lorsque vous préparez vos années dorées.

Ce chiffre, c’est le niveau de vos revenus – et ils peuvent provenir de nombreuses sources différentes.

En tant que retraité, vous aurez probablement droit à une pension.

Vous pourriez également percevoir des versements réguliers de la part d’un ancien employeur ou d’un fonds de pension.

Et si vous avez mis de l’argent de côté, vous pouvez utiliser cette épargne pour générer des revenus supplémentaires.

Dans le climat politique et économique actuel, ces revenus supplémentaires ont plus d’importance que jamais ! »

Zach continue son analyse par ici – démontrant notamment qu’il est essentiel de di-ver-si-fier vos sources de revenus : vous pouvez mettre en place des stratégies efficaces dès maintenant, avec son aide, en cliquant ici.

Nous nous retrouverons quant à nous dès demain… et d’ici là, je vous souhaite de passer une très bonne soirée.

Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes

PS : Ailleurs dans les bureaux… Gilles Leclerc s’intéresse – graphiques à l’appui – à un fleuron de l’industrie française dans La Bourse au Quotidien… Arthur Toce se penche sur l’intéressant parcours d’une « licorne » dans Opportunités Technos… et Olivier Delamarche vous invite à son prochain « Sommet de Crise », le 9 octobre 2020 – au programme, tout ce qui est décrit ici (et l’inscription est gratuite) !

 

★★★ Le chiffre du jour ★★★


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Transformer 500 € en 100 000 € – c’est ce que vous auriez pu faire à 3 reprises en 2019, grâce à un type bien précis d’événements boursiers.

Les mois qui viennent s’annonce encore plus spectaculaires… et pourraient même faire de vous un millionnaire : pourquoi – et surtout comment : tout est expliqué ici.

 

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