« C’est l’eau qui fait le cygne. Qui veut faire le cygne sans l’eau fait l’oie. »
– Gilbert Cesbron
Chère Lectrice, cher Lecteur,
00:00 A l’heure où je vous écris, la nouvelle vient tout juste de tomber – un autre vaccin, le Moderna, serait encore plus efficace que celui de Pfizer.
Une fois encore, les marchés s’emballent : +2,21% pour le CAC 40, +1,37% pour le Dow Jones…
… Et une fois encore, les intervenants ne semblent pas se donner la peine de prendre le moindre recul vis-à-vis de la nouvelle. En ces temps difficiles, nous sommes tous assoiffés de bonnes nouvelles, certes… mais tout de même, il faudrait quand même faire preuve d’un minimum de bon sens, vérifier où en sont les essais, si la mise à l’échelle est possible, dans quelles conditions, etc.
« Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras », dit le proverbe – très clairement, pas en Bourse : deux tu l’auras » valent mille « tiens ».
00:30 Philippe Béchade revenait sur ce phénomène dans un e-mail de son service, Béchade Confidentiel, donnant quelques explications supplémentaires sur ce genre de configuration :
« Il existe une nombreuse littérature sur les ‘cygnes noirs’, les krachs boursiers venant brusquement sanctionner une bulle de valorisation ou une vague d’exubérance irrationnelle. Mais il n’y a quasiment aucun essai décrivant un ‘krach à la hausse’, survenant alors que les multiples battent des records historiques, et encore moins lorsque la capitalisation de Wall Street se situe au-delà de 140% du PIB américain (bulle des dot-com de l’an 2000) – à plus forte raison lorsque ce ratio dépasse les 160% du PIB (ce qui était le cas fin octobre).
[…] Le 9 novembre, Pfizer publie un communiqué de presse à 6h45 pour se targuer de la mise au point d’un vaccin efficace à 90%.Comme nous l’avons déjà souligné ailleurs, aucune vedette du Dow Jones ou du S&P 500 n’a jamais publié un communiqué de premier ordre à 6H45 un lundi, et aucun vaccin ‘expérimental’ n’a jamais affiché 90% de taux de couverture immunitaire. Une telle assertion aurait donc dû soulever une vague de scepticisme plutôt qu’engendrer un tsunami d’achats paniques.
Mais l’annonce de Pfizer est tombée un peu moins de trois heures avant la réouverture des échanges, tandis que les places européennes flambaient déjà de 7% à 8% en moyenne. Un effet de sidération total et une réponse algorithmique tonitruante.«
01:15 La réponse à cette situation à peu près sans précédent a été une véritable panique… haussière. Philippe reprend :
« Au cours des heures qui ont suivi, l’unique obsession d’un grand nombre de gérants de hedge funds était de se dépêtrer du piège des positions vendeuses sur des titres explosant de 20%, 30% et même 40% à l’ouverture.
Impossible de perdre un précieux temps pour questionner la crédibilité et le timing si singulier de l’annonce de Pfizer. Il fallait passer des coups de fil de toute urgence pour emprunter des titres ou trouver des lignes d’options call avant l’ouverture, sous peine de se faire ‘éparpiller façon puzzle’ à l’ouverture, aucun stop de protection ne pouvant fonctionner dans ces circonstances.
C’était le piège parfait… une sorte de ‘cygne écarlate’ (alerte rouge à la hausse), cousin – encore plus rare – du ‘cygne noir’.«
Les marchés se sont peut-être un peu « habitués » – si l’on peut dire – à ce genre de coup ; il se peut qu’à l’annonce de Moderna, les intervenants ressemblent un peu moins à des poules (ou des cygnes) à qui l’on vient de couper la tête… et plus à des professionnels de la finance sachant le bon grain de l’ivraie. (Beaucoup de métaphores de basse-cour dans cette édition, décidément…)
02:00 De votre côté, rien ne vous oblige à suivre la foule et ses folies. Vous pourriez tout à fait tourner le dos, littéralement, à l’attroupement autour des valeurs qui flambent… pour leur préférer celles qui baissent, comme l’ont fait Procter&Gamble, Walmart ou Home Depot, par exemple, en pleine folie Pfizer.
Paradoxal ? Absolument pas, comme l’explique Zach Scheidt dans Investissements Personnels. Il y au contraire de très belles affaires à faire – à condition de se concentrer sur les bons critères avant d’investir.
Je cède la parole à Zach :
« Il faut un peu creuser pour trouver ce qui a fait baisser les cours de ces titres.
Après tout, le vaccin contre le Covid-19 n’empêchera pas les gens d’acheter du dentifrice de Procter & Gamble, de réaliser des travaux d’aménagement d’intérieur qui profiteront à Home Depot ou de faire leurs courses chez Walmart.
C’est même l’inverse : le redressement de l’économie devrait doper l’activité de ces entreprises.
Mais le marché a tendance à réagir avec excès aux grandes nouvelles. Et dans ce cas, les investisseurs ont décidé de se ruer sur les valeurs des secteurs des voyages et des loisirs !
Ces investisseurs ont dû trouver de l’argent quelque part pour financer leurs prises de positions sur les compagnies aériennes, les groupes hôteliers et les autres valeurs vouées à profiter de la reprise. Et c’est tout naturellement que les investisseurs ont dénoué leurs positions sur des valeurs stables comme PG, HD et WMT pour pouvoir se positionner sur d’autres segments du marché.«
02:45 Derrière cette baisse temporaire, cependant, se trouvent des sociétés solides, avec de bonnes performances ; il ne tient qu’à vous de profiter de ces « soldes » – qui ne dureront pas – pour remplir votre portefeuille d’actions profitables. Zach reprend :
« Pendant ce temps, ces entreprises continueront à accroître leurs bénéfices, à verser des dividendes aux actionnaires et il y a fort à parier que les cours de ces titres rebondiront rapidement.
Paradoxalement, cette correction temporaire est l’occasion idéale d’investir dans ces entreprises en achetant des actions avec une décote.
Par conséquent, si vous avez de l’argent sur votre compte, je vous recommande d’ouvrir des positions ou de consolider vos positions sur ces entreprises solides.
Mais avec le temps, ces entreprises stables continueront à croître et à vous verser des dividendes. Et plus vous les achèterez à bas prix, plus vous gagnerez d’argent sur chaque dollar investi.«
Bon sens et recul – voilà deux caractéristiques qui ne vous desserviront jamais en matière d’investissement : assortissez-les d’une bonne sélection d’actions… et vous voilà solidement armé pour construire une richesse sûre et durable.
03:30 Bill Bonner ajoute à cette « recette » un troisième ingrédient : l’ignorance. Il explique les raisons de ce choix surprenant dans La Chronique Agora :
« [Notre stratégie] dépend de deux des phénomènes les plus fiables du monde de l’argent – l’ignorance et l’oscillation.
En ce qui concerne l’ignorance, pas franchement besoin d’en dire plus. Nous vivons avec. Elle est universelle. Elle est omniprésente et permanente, partout et toujours.
La plus grosse erreur qu’un investisseur puisse commettre, c’est penser qu’il sait ce qui va arriver. Il fait alors un ‘investissement’ basé sur une illusion, une connaissance qui n’existe pas.
Cela le pousse à acheter des choses surévaluées (il sait qu’elles montent) et à conserver ses positions longtemps après qu’il aurait dû s’en débarrasser (après tout, elles devraient grimper !).
Les autorités ont dépensé des millions de dollars à employer des milliers d’économistes, de statisticiens, de mathématiciens et d’analystes. Cependant, pas un seul d’entre eux ne peut vous dire ce que le prix du pétrole sera demain.
L’avenir est un livre fermé. Nous ne le connaissons pas… et ne pouvons le découvrir qu’une page à la fois.
L’investisseur intelligent admet qu’il ne sait pas ce qui l’attend… et fonde ses décisions financières sur le roc dur et inflexible de l’ignorance.«
La suite se trouve par ici – une lecture rafraîchissante par les temps qui courent… où Bill fait aussi un point sur ses deux précédentes « Transactions de la Décennie » (2000-2010 puis 2010-2020), en attendant d’aborder celle qui s’annonce (et qui ne sera sans doute pas facile…).
04:15 Il nous reste tout juste le temps de jeter un coup d’œil au Nasdaq avec Gilles Leclerc – l’indice, riche en valeurs pharma, pourrait connaître des temps assez agités dans les jours qui viennent… et il est donc important de surveiller les seuils indiqués par Gilles :
« Le voici à nouveau tout proche d’une zone de résistance majeure qui se situe dans la région des 12 000 points.
L’indice a en outre donné tout récemment un signe de faiblesse relative, achevant la semaine sur un repli de 0,5% quand, dans le même temps, le CAC 40 bondissait de 8,45% en base hebdomadaire.
En fait, l’enjeu est peu ou prou le même que le 14 octobre dernier, date de mon ultime analyse du Nasdaq Composite, lequel venait de tester la zone de résistance susmentionnée, qui correspond au point ‘B’ sur le graphique ci-après :
Cliquez sur l’image pour l’afficher en grand.
Quant au potentiel de l’impulsion à venir, il correspondait au report d’amplitude algorithmique matérialisé par la double flèche verticale verte, c’est-à-dire + ou -10%.
Par ailleurs, le déclencheur que je vous invitais à suivre le mois dernier pour gérer le mouvement était le signal que l’indicateur de tendance MACD était susceptible de délivrer et qui est ici représenté par la première pastille orange en partie basse du graphique, pastille qui correspond au point ‘B’ que je viens d’évoquer.
Depuis lors, le Nasdaq Composite a reflué, tiens donc, de 10% (10,06% très précisément) pour revenir sur le support des 10 800 points, que nous avions identifié comme ‘un premier objectif de baisse en cas de validation d’un signal négatif’ de la MACD.«
La plupart des indicateurs sont cependant haussiers, comme l’explique Gilles dans la suite de son article – et l’annonce de Moderna viendra sans doute donner un bon coup de fouet à tout ce petit monde : il y aura sans doute de très belles choses à faire en termes de trading court terme dans les semaines qui viennent…
Nous y reviendrons bien entendu – et en attendant, je vous souhaite une excellente soirée !
Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes
PS : Pour terminer, un petit coup de chapeau à Ray Blanco et à ses lecteurs, qui viennent d’engranger un gain de 48% dans NewTech Insider. Ray surveille de près tout ce qui est vaccins et traitements contre le coronavirus, au passage… et son portefeuille compte en ce moment-même des plus-values latentes de l’ordre de 150%, 122%, 138% et j’en passe. Je ne peux donc que vous conseiller de le rejoindre en cliquant ici…
PPS : Vous êtes nombreux à vous inquiéter de l’inaccessibilité de notre espace clients ces derniers jours, suite à un problème technique – nos équipes informatiques travaillent d’arrache-pied à résoudre la situation, nous espérons que ce sera rapide. En attendant, veuillez accepter toutes nos excuses pour ce désagrément…
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