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BCE, énergies renouvelables et cannabis

Par 8 décembre 2020Alertes

« Prêtez votre argent à une ville, mais non à un homme. »

– Proverbe japonais

 

Chère Lectrice, cher Lecteur,

00:00 Débat de fond aujourd’hui à la rédaction – pas sur l’issue des discussions entre Londres et Bruxelles autour du Brexit… ni sur le résultat de l’élection présidentielle US, qui entre dans une semaine cruciale (c’est aujourd’hui le dernier délai pour résoudre les controverses entourant le vote de novembre… et le vote des grands électeurs eux-mêmes aura lieu le 14/12).

Non, l’affrontement concerne les mots : dit-on « japonisation » ou « japonification » ?

Dans les deux cas, nos équipes s’effarent du lent naufrage de l’économie, qui s’enfonce dans un marasme d’impression monétaire galopante et de croissance limaçonnesque…

00:30 … Mais du côté de l’équipe du Delamarche Trading Club, on préfère utiliser « japonisation », avec l’explication suivante :

« La japonisation de l’économie mondiale ne fait que s’accélérer grâce à la Fed (Réserve fédérale américaine), mais pourquoi donc ?

La Fed a récemment indiqué qu’elle se laisserait aller à une politique monétaire accommodante jusqu’en 2024 : les taux vont donc rester très bas pendant au moins trois ans si nous considérons que nous sommes déjà en 2021. 

La Réserve fédérale laisse également la porte ouverte à de nouvelles injections de liquidités pour soutenir l’économie (suite notamment à la publication des chiffres de l’emploi aux Etats-Unis qui étaient particulièrement mauvais). 

La Banque centrale européenne (BCE) est, de son côté, prête à faire de même et la récente hausse de l’euro face au dollar américain ne plaît pas du tout aux officiels de l’institution européenne.  

Le conseil des gouverneurs de la BCE doit se réunir ce jeudi et pourrait d’ores et déjà annoncer une augmentation des injections de liquidités de 500 milliards pour soutenir l’économie face à la crise du Covid-19. 

Vous l’aurez donc compris, à chaque fois que les marchés tomberont malades, les banques centrales réinjecteront de l’argent, venant ainsi diluer sans cesse la valeur de la monnaie. C’est ce qu’il s’est passé au Japon dans les années 1990 et nous vivons actuellement le même phénomène en Europe et aux Etats-Unis.« 

Une économie quasiment gérée par les autorités financières, avec de constants recours aux béquilles monétaires, sans se soucier des effets de long terme sur la devises… voilà qui est alléchant, pas vrai ? De quoi vraiment donner confiance dans les marchés, les perspectives et la sortie de crise…

01:20 Nicolas Perrin se situe pour sa part dans le camp de la « japonification » – et fait le même inquiétant constat dans La Chronique Agora, en se concentrant sur l’Union européenne plus spécifiquement.

Il se demande même si la BCE n’est pas tout simplement en train d’abdiquer, citant l’analyse de Natixis en la matière :

« ‘Abdiquer, pour la BCE, voudrait dire :

monétiser les déficits publics structurels après le retour de l’économie à la normale, pas seulement les déficits publics cycliques ;
éviter définitivement toute tension sur les taux d’intérêt à long terme, sur les spreads de taux d’intérêt des pays périphériques.’

Autrement dit, la BCE a-t-elle vocation à suivre la voie japonaise en ne distinguant plus entre déficit cyclique et déficit structurel, et en passant d’un contrôle implicite de la courbe des taux à un contrôle explicite de celle-ci ?

Les conséquences en seraient sans doute les suivantes :
– la poursuite d’une forte création monétaire ;
– le gonflement des bulles d’actifs (du fait de taux d’intérêt réels à long terme négatifs et de la forte croissance de la liquidité) ;
– l’inscription dans le marbre de l’aléa moral qu’auraient les Etats cigales à continuer de creuser leur déficit budgétaire et leur dette publique respectifs, après que la BCE aurait donc officiellement ‘transform[é] les taux d’intérêt à long terme de la Zone euro en prix administrés’, pour reprendre l’expression de Natixis.« 

Oui vraiment, un alléchant programme…

02:15 Nous n’y sommes pas encore tout à fait, cela dit – mais nous sommes déjà plus avancés, sur cette voie de nipponisation (moi aussi je peux inventer des mots, après tout !), que la Banque d’Angleterre, par exemple. Nicolas reprend :

« Notez qu’il y aurait encore du chemin à faire puisqu’à début septembre, le bilan de la BCE se montait à 6 458,9 Mds€, soit 61% du PIB de son économie, contre 35,5% ‘seulement’ pour la Banque d’Angleterre, 36% pour la Fed et 135% pour la Banque du Japon.

Le graphique ci-dessous (le plus récent que j’ai trouvé), qui confronte les bilans des cinq plus grosses banques centrales, date quant à lui du 4 août :

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Quelques jours plus tard, la Banque du Japon avait d’ailleurs dépassé la Banque nationale suisse. Mais un jour peut-être, si elle continue de s’en donner les moyens, la BCE aura-t-elle le privilège de dérober son récent leadership à la Banque du Japon…« 

La suite de l’analyse de Nicolas se trouve ici – et devant cette volonté affirmée, de la part des autorités monétaires mondiales, de détruire leurs devises respectives, je ne peux que vous conseiller un repli de précaution vers la « vraie monnaie », celle qui ne dépend d’aucune banque centrale… mais conservera sa valeur quoi que fassent nos dirigeants : toutes les explications sont par ici.

03:15 Autre débat lexical aujourd’hui, entourant la « vague verte ». D’aucuns soutiennent qu’il s’agit des énergies renouvelables, qui ont le vent en poupe en ce moment (et c’est un euphémisme, comme auront pu le constater ceux qui assistent à notre Sommet Au-delà du Pétrole, qui se déroule toute cette semaine).

C’est en tout cas l’avis de Mathieu Lebrun, qui explique ceci dans La Bourse au Quotidien :

« Ces dernières semaines ont été marquées par un retour en forme et en force des small caps, mais aussi par une rotation sectorielle à l’avantage des valeurs dites value. Ce dernier phénomène touche notamment les sociétés liées aux énergies renouvelables (solaire, éolien).

Or, nombre d’entre elles sont, aux Etats-Unis, logées dans l’indice Russell 2000, lequel grimpe en flèche depuis octobre, comme le montre le graphique ci-après :

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Cliquez sur l’image pour l’agrandir

D’une manière plus générale, à l’image d’un Tesla dont l’action tutoie désormais les 600 $, les valeurs environnementales largo sensu sont en train d’exploser en Bourse. Un graphique valant souvent mieux qu’un long discours, je vous invite à cliquer sur ce lien pour vous en rendre compte par vous-même.

Aux Etats-Unis, la perspective de l’arrivée au pouvoir de Joe Biden valide cet engouement boursier. Contrairement à Donald Trump, le futur locataire de la Maison Blanche est en effet un fervent partisan de la transition écologique. Le gigantesque plan d’investissement de 2 000 Mds$ sur quatre ans qu’il entend mettre en œuvre et dans lequel il vise rien de moins que 100% d’énergies vertes à horizon 2025 en témoigne, tout comme la promesse d’un retour de son pays dans le giron de l’accord de Paris contre le dérèglement climatique dès son entrée en fonction. »

Oui, décidément, la tendance vaut largement qu’on s’y intéresse – et Mathieu complète son analyse en ce sens par ici. Les lecteurs d’Alerte Innovations ont en portefeuille des valeurs étroitement liées au secteur des énergies renouvelables – si vous voulez les rejoindre, c’est par ici.

04:15 C’est d’ailleurs dans Alerte Innovations aussi qu’on parle d’une autre vague verte – celle du cannabis, cette fois-ci. Là aussi, les choses bougent rapidement, notamment avec l’arrivée prochaine du nouveau gouvernement américain. Ray Blanco nous en dit plus :

« La vice-présidente Kamala Harris a renouvelé son intention d’agir en faveur d’une légalisation du cannabis au niveau fédéral. Au cours de son mandat de sénatrice, elle a fait partie des principaux défenseurs de la loi ‘Marijuana Opportunity, Reinvestment and Expungement (MORE) Act’, et elle a l’intention de faire figure de leader national, dans le cadre de ses fonctions de vice-présidente.

Cette loi MORE va être mise à l’épreuve, mais c’est une première, la Chambre des représentants a voté vendredi dernier pour cette loi et elle est passée… par 228 contre 164 voix.  Elle doit [cependant] désormais passer devant le Sénat, où elle sera sûrement retoquée.

Si jamais elle était adoptée, elle rayerait le cannabis de la liste des substances interdites, imposerait une TVA à 5% sur les ventes, effacerait les condamnations antérieures liées au cannabis, autoriserait les PME [du secteur] à avoir accès à des prêts, et investirait dans des programmes de subvention destinés aux entrepreneurs du secteur situés dans des localités mal desservies.

Le problème, c’est le Sénat, dont le contrôle pourrait changer de main en fonction d’un second tour devant se dérouler en début de mois prochain [NDR : deux sièges en jeu en Géorgie, le 5 janvier].

En attendant, c’est une évidence : nous nous rapprochons de plus en plus d’une légalisation fédérale, et les entreprises du cannabis s’empressent de se positionner.« 

Là encore, les lecteurs de Ray sont déjà en train de capitaliser sur la tendance – avec plusieurs valeurs en portefeuille. Vous pouvez commencer en douceur dans NewTech Insider, déjà positionné sur trois actions qui restent à des niveaux abordables si vous voulez vous positionner – c’est par là.

C’est tout pour aujourd’hui : rendez-vous demain, bonne soirée d’ici là !

Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes

PS : Un article intéressant de la part de Robert Kiyosaki sur les cryptomonnaies, au passage – puisqu’on parlait de la faiblesse des monnaies fiduciaires et des moyens de s’en protéger. L’Ethereum peut être intéressant, en complément du Bitcoin, selon Robert : il vous en dit plus dans Investissements Personnels, juste ici.

 

★★★ Le chiffre du jour ★★★


4
C’est le nombre de spécialistes qui interviendront dans notre Conférence Finances 2021. Elle se tiendra le 16 décembre 2020, entièrement en ligne et en direct… avec pour objectif de répondre à cette question cruciale : 2021 sera-t-elle pire que 2020 ?

Pour avoir plus de détails et vous inscrire, c’est par ici.

C’est vraiment LE rendez-vous à ne pas manquer en cette fin d’année !

 

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