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AMC et rendement : deux extrêmes

Par 3 février 2021Alertes

« La nature a horreur des trop longs miracles. »

– Albert Camus

 

Chère Lectrice, cher Lecteur,

00:00 Encore GameStop ? Oui, encore. L’offensive de l’armée des « barbares » de Reddit, Robinhood & co. n’a pas fini de faire parler d’elle, et les répercussions de l’affaire sont loin d’être terminées…

… D’autant qu’elles ne sont pas toutes forcément négatives, quand bien même il est impératif de rester circonspect face aux retombées ; la dégringolade de GameStop ces derniers jours en est la meilleure illustration.

00:15 Une entreprise en tout cas semble avoir réussi à tirer son épingle du jeu dangereux que se livrent investisseurs particuliers et professionnels en ce moment : il s’agit d’AMC Entertainment Holdings, un exploitant de salles de cinéma américain.

Selon James Altucher, AMC, elle aussi ciblée par les « brigades » Reddit, a su tirer parti de la folie de ces derniers jours pour – peut-être – se sortir durablement d’une situation difficile.

James donne quelques explications dans la dernière alerte Revenus Secrets :

« [Contrairement] à GameStop, AMC a réussi à profiter de ce mouvement de marché totalement fou. Criblée de dettes, AMC avait besoin d’un miracle… qui s’est manifesté sous la forme d’acheteurs irrationnels.

La semaine dernière, le hedge fund Silver Lake a vendu 600 M$ d’obligations convertibles AMC en réalisant un profit important, grâce à l’envolée du cours d’AMC. Le fonds a échangé toutes ces dettes contre des actions qu’il a immédiatement revendues sur le marché.

Pour AMC, cela entraîne une réduction immédiate de sa dette à hauteur de 600 M$. En effet, Silver Lake ayant choisi de convertir les obligations en actions, AMC ne doit plus ces 600 M$.

De plus, la société a vendu 63,3 millions d’actions sur le marché, la semaine dernière, pour la somme de 304,8 M$. Ces deux transactions réunies ont amélioré le bilan d’AMC de près de 1 Md$ !

Mais il y a mieux. Entre le 14 décembre et le 25 janvier, la société a levé 506 M$ en actions et converti 100 M$ de plus en obligations. Tout cela vient s’ajouter au milliard de dollars levé entre avril et novembre 2020. »

01:00 Miracle de Noël ? Happy end et soleil couchant sur générique de fin ? Pas exactement, non – mais AMC s’est peut-être ainsi « acheté » un répit qui pourrait tout changer pour elle, continue James :

« AMC est-elle tirée d’affaire ? En aucun cas.

Mais avec ces mouvements financiers, elle devrait pouvoir être tranquille tout au long de l’année 2021.

Si les vaccinations continuent de progresser, les salles de cinéma pourront rouvrir à l’automne, ce qui offrirait à AMC le rebond d’activité dont elle a besoin pour continuer d’exercer en 2022 et au-delà. »

Tout cela démontre bien qu’en Bourse, il faut toujours prendre un pas de recul, et analyser froidement ce qu’il se passe.

Le cas AMC est différent de celui de GameStop, qui lui-même est différent de l’argent-métal… et ainsi de suite : c’est seulement en examinant soigneusement tous les tenants et aboutissants, sans se laisser emporter par la foule, qu’un investisseur ou un trader peut espérer prendre une longueur d’avance et mettre toutes les chances de son côté !

01:45 Visiblement, tout le monde ne fait pas cet effort… y compris parmi les « célébrités » du milieu financier. Jim Rickards nous donne un exemple édifiant dans Intelligence Stratégique :

« Dave Portnoy, célèbre analyste sportif et, dernièrement, gourou financier, s’est retrouvé au centre de la controverse entourant GameStop en fin de semaine dernière.

[…] Lorsque la pandémie de Covid a paralysé la plupart des événements sportifs, au printemps dernier, Portnoy s’est rapidement tourné vers les marchés actions pour prodiguer des conseils. Il l’a considéré comme une sorte de système de paris légaux (en réalité, c’est ce qu’il a toujours été) et de divertissement. Il s’est vite rendu compte que les options call offraient un levier, comparées à l’achat pur et simple d’actions.

Il a également découvert des applications de courtage faciles à utiliser, comme Robinhood, offrant de réaliser des transactions gratuitement : une combinaison idéale.

Portnoy recommandait une action, les Bros [les lecteurs et followers de Portnoy, NDLR] achetaient massivement des options call sur Robinhood, et hop, l’action grimpait et offrait des profits instantanés aux Bros. (Lorsqu’un expert ou un algorithme vend des options calls à de petits investisseurs, il achète l’action sous-jacente pour couvrir sa position. Lorsque le volume est énorme, l’action grimpe naturellement, sur le court terme).

Et là, Portnoy déclarait ‘Et voilà ! Facile !’, puis passait à une autre action. Le marché grimpait de toute façon, dans le contexte du rebond post-pandémie, et Portnoy et les Bros surfaient sur cette vague.

L’application mobile Robinhood était un courtier idéal, pour les Bros. Les choses ont atteint un paroxysme avec la frénésie entourant GameStop (décrite plus haut), qui a généré des profits spectaculaires pour les Bros, des milliards de dollars de pertes pour les hedge funds, et incité de nouveaux investisseurs à sortir du bois pour participer à la fête.« 

02:30 Là aussi, c’est parfait, tout le monde est content, soleil couchant, générique de fin et ainsi de suite ? Eh bien… non : c’est au contraire là que les choses se sont gâtées pour Portnoy et ses bros :

« Ce que Portnoy ignorait, c’est que Robinhood ne gagne pas de l’argent en facturant des commissions, mais en communiquant ses flux d’ordres à de méga hedge funds comme Citadel. Cela a permis à Citadel de court-circuiter les Bros avec sa technologie de trading haute fréquence. Mais Citadel a également des liens étroits avec les plus grands hedge funds qui perdaient des milliards avec leurs shorts sur Gameshop.

Business Insider estime que les hedge funds Point72 (dirigé par le légendaire Steve Cohen),Melvin Capital, Citron Research, D1 Capital et Maplelane Capital ont collectivement perdu plus de 5 Mds$. Les choses ont dégénéré au point que Citadel et Point72 ont dû injecter 3 Mds$ dans Melvin Capital pour le maintenir à flot.

Puis soudain, Robinhood a annoncé que ses clients ne pourraient plus acheter l’action GameStop. D’autres courtiers lui ont emboîté le pas. Les Bros ont effacé une grande partie de leurs gains, lorsque GameStop a plongé. Portnoy a déclaré la guerre.

Comme le décrit cet article, il a twitté que Robinhood était la ‘plus grande imposture de toutes’ et ‘qu’ils devraient tous aller en prison’.

Portnoy s’y connait peut-être énormément en sport, mais son savoir semble rudimentaire en ce qui concerne la façon dont fonctionne Wall Street en coulisse. Les grandes banques, courtiers et hedge funds savent comment faire bloc pour protéger leurs propres intérêts, le moment venu. Je l’ai vu depuis les premières loges, lorsque j’ai négocié le sauvetage de Long-Term Capital Management en 1998. Wall Street n’a pas sauvé un hedge fund, en 1998 mais ses acteurs se sont sauvés eux-mêmes, car ils étaient exposés au risque de contrepartie.

Quelque chose de semblable s’est produit en 1980, lorsque le COMEX a modifié ses règles au beau milieu d’une séance de marché afin d’anéantir les démarches entreprises par les frères Hunt en vue d’accaparer le marché de l’argent.

Pour l’instant, ce combat autour de GameStop a des airs de match nul. Les hedge funds ont perdu 5 Mds$, mais les Bros ont également perdu des milliards, quand GameStop a plongé (bien que le titre remonte parfois, en cours de séance, depuis).

C’est une bonne leçon pour tous les investisseurs des autres marchés.

Lorsque vous vous appuyez sur les places de marché et les contrats papiers pour réaliser des profits, les règles peuvent toujours être modifiées afin de mettre un terme à vos paris et vous voler vos futurs gains.« 

N’oubliez jamais cela : le système sait se protéger lui-même. Il est bien entendu possible d’y faire des profits et d’en exploiter les failles à votre avantage… mais conservez toujours une part de votre patrimoine dans des actifs tangibles, stockés dans un endroit sûr, à l’abri des folies et volte-face financières.

03:30 Ces mesures de couverture et de protection sont d’autant plus importantes que sous l’ébullition boursière actuelle, l’économie ne se porte pas très bien. Les dirigeants de la planète font de leur mieux pour entretenir l’illusion d’une reprise qui se porte bien… est ici même… va arriver… si si, on la voit à l’horizon, c’est sûr…

… Mais les signes ne trompent pas : les choses ne sont pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, surtout en Europe, où un déclin lent mais constant est en cours. Dans La Chronique Agora, Bruno Bertez nous donne un petit aperçu de ce qui nous attend si rien ne change : une « japonification » de notre économie.

Qu’est-ce donc que cela ?

« La japonification, c’est la déflation de longue durée, la croissance lente de longue durée, l’absence de perspectives, la morosité et bien sûr le vieillissement.

C’est aussi l’élargissement des inégalités provoqué par le recours constant aux politiques monétaires non conventionnelles et au crédit facile ; des riches toujours plus riches et des pauvres toujours plus pauvres ; un monde injuste, malthusien, soucieux uniquement de prolonger l’ordre établi.

C’est bien sûr aussi la répression financière, c’est-à-dire la confiscation de toute rémunération décente de l’épargne. La répression financière tue les classes moyennes en les rendant dépendantes, assistées, voire prolétarisées. »

Je sais que cela n’est pas facile à entendre, mais il faut être lucide et accepter de regarder la réalité en face… si l’on veut s’en protéger et mieux y réagir : voilà pourquoi la lecture de l’article de Bruno est très importante – aussi importante que le fait de mettre en place dès maintenant une stratégie de repli efficace.

04:15 L’or et les actifs tangibles doivent faire partie d’une telle stratégie, bien entendu. Un peu de Bitcoin/cryptomonnaie est envisageable également, à condition d’être prêt à affronter des montagnes russes parfois impressionnantes.

Et les emprunts d’Etat ? Après tout, les obligations de grands pays souverains sont souvent considérées comme sûres…

Eh bien, il y a sans doute mieux à faire en la matière, selon Zach Scheidt, qui explique dans Investissements Personnels que les bons du Trésor US ne sont plus ce qu’ils étaient, surtout si l’inflation se réveille :

« Dans l’environnement de marché actuel, les bons du Trésor ne vous procurent quasiment aucun rendement et comportent des risques considérables pour votre patrimoine.

Alors au lieu de placer une large part de votre capital dans des bons du Trésor, je vous encourage vivement à envisager d’investir dans des actions de bon père de famille qui reversent des dividendes et bénéficieront de l’inflation. Vous pourriez investir dans des actions d’entreprises qui possèdent des actifs tangibles dont la valeur s’appréciera si jamais l’inflation s’accélère.

Prenons l’exemple de Vulcan Materials (VMC), une entreprise de matériaux de construction qui possède des mines et des carrières à travers les Etats-Unis. Si l’inflation devait entraîner une hausse des prix des matériaux, Vulcan Materials en profiterait mécaniquement.

[…] De la même manière, les sociétés minières telles que Rio Tinto Group (RIO) ont une valeur potentielle considérable grâce aux ressources contenues dans les mines qu’elles détiennent à travers le monde.

En investissant dans des actions de Rio Tinto Group, vous obtiendrez un rendement supérieur à celui des bons du Trésor. Et vous serez également en position de réaliser des plus-values bien plus importantes étant donné que le cours de l’action devrait s’apprécier en période d’inflation.« 

Zach ajoute à cela d’autres recommandations tout aussi salutaires : vous pouvez les découvrir en cliquant ici.

Très bonne soirée,

Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes

PS : Décidément, ces PS sont devenus le rendez-vous des plus-values, depuis quelques temps ! Aujourd’hui, c’est au tour de l’OPA Business Club, mené par Zach Scheidt, de faire des étincelles, avec un gain de 474% encaissé sur une belle valeur de la santé US. Signalons aussi qu’un des lecteurs de l’OPA Business Club a réussi la prouesse d’engranger un gain record de 3 600% (!!!) grâce aux conseils de Zach… Si vous voulez en profiter à votre tour, c’est par ici.

 

 

★★★ Le chiffre du jour ★★★


2 499 900 $

 

C’est ce que vous auriez pu engranger en deux ans, en investissant 10 000 $ dans une seule valeur… mais pas n’importe laquelle !

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