Cher lecteur de NewTech Insider,
Un mouvement commence à s’accélérer, dans l’univers de la fabrication de produits technologiques en ce moment. Face à tous les problèmes que posent les relations commerciales avec la Chine, aujourd’hui, les grandes entreprises technologiques commencent à déplacer leurs sites de production.
Ce sera long, mais le processus s’est amorcé…
Qu’il s’agisse de détournements de propriété intellectuelle, de goulets d’étranglement au sein de la chaîne d’approvisionnement, de conflits géopolitiques croissants ou des récents confinements liés à la politique du « zéro-Covid », faire des affaires avec la Chine devient plus risqué que jamais.
En fait, cela commence à pénaliser les résultats des entreprises. Et lorsque l’argent est remis en question, il est temps de partir.
Regardez ce qui s’est passé pour Apple (NASDAQ : AAPL), récemment.
Des ouvriers fuient le site de production phare de l’iPhone, à Zhengzhou, en Chine.
Source : The Guardian
Il y a un peu plus d’une semaine, de violentes manifestations ont éclaté entre le personnel de sécurité et les employés, dans cette usine appartenant à Foxconn, en raison de retards de paiement et de conditions de vie médiocres. Beaucoup d’employés craignent de ne pas percevoir les primes qui leur ont été promises pour intégrer cette usine, à moins de rester jusqu’au mois de mars.
Les nouveaux salariés avaient été recrutés sur la promesse d’augmentations de salaire et du versement de primes, à la suite de l’exode en octobre de centaines d’ouvriers ayant eu peur de se retrouver piégés à cause de la dernière vague de restrictions liées au Covid.
A présent, les analystes déclarent qu’Apple pourrait perdre des milliards de dollars, à cause de ce qu’il se passe dans cette usine.
La production de son usine phare a été considérablement affectée par les manifestations jusqu’à présent, et selon les estimations initiales, la production de l’iPhone 14 devait être réduite de 6 millions d’unités environ. Mais la situation s’aggravant, les analystes déclarent désormais que ce chiffre pourrait se situer entre 15 et 20 millions d’unités.
Les ventes d’iPhone rencontrant déjà des difficultés, Apple sait que tout cela va exercer une pression sur ses résultats du 4e trimestre. Face à cette conjonction de confinements et de manifestations ouvrières sur son site de production phare, la société a déjà fait une préannonce négative, en novembre, concernant ses prévisions de chiffre d’affaires.
Si tant d’entreprises se retrouvent enracinées dans l’économie chinoise, c’est parce que la Chine a pu réunir énormément de travailleurs très qualifiés, et développer les capacités de production exigées par l’énorme demande en appareils électroniques dernier cri, et ce à un coût relativement faible.
Mais à présent, la domination de la Chine commence à s’émousser, dans un contexte où Apple et d’autres grandes entreprises technologiques telles qu’Amazon.com Inc. (NASDAQ : AMZN) et Alphabet Inc. (NASDAQ : GOOG) parient sur l’Inde. Les grands acteurs technologiques envisagent de puiser dans le vaste potentiel industriel et commercial de ce pays, tout en réduisant leur dépendance vis-à-vis de la Chine en tant que centre manufacturier et marché.
De nouveaux horizons en Inde
Cette tendance à s’éloigner de la Chine n’est pas une nouveauté.
En fait, Apple a commencé à assembler certains de ses appareils en Inde et au Vietnam il y a quelques années, réduisant ainsi lentement sa dépendance vis-à-vis de la Chine. Mais il ne s’agit que d’une modeste partie de sa production totale.
A présent, Apple – ainsi que d’autres grands acteurs technologiques – envisage un déplacement plus conséquent vers l’Inde. Dans un rapport publié par JP Morgan, les analystes déclarent qu’Apple va transférer en Inde environ 5% de sa production totale d’iPhone 14, d’ici la fin de cette année.
Ensuite, Apple continuera à élargir ses capacités de production en Inde en vue d’y produire environ 25% de tous ses iPhone d’ici 2025.
De nouvelles usines sont en chantier également. Il paraît qu’une nouvelle usine appartenant à l’entreprise taïwanaise Foxconn serait en cours de construction dans le sud de l’Inde. Alors, même s’il semble peu probable qu’Apple rompe les liens avec son partenaire de fabrication, le duo prend le chemin de nouveaux sites de production.
Et il n’y a pas que la production qui s’installe en Inde d’ailleurs.
Google et Amazon envisagent également d’investir dans ce pays, dans un contexte où leurs projets en Chine n’ont pas donné ce que les deux entreprises espéraient.
Du côté d’Amazon, le géant du commerce en ligne a renoncé en 2019 à déployer des efforts en Chine au bout de nombreuses années où ses activités n’ont pas décollé. Et bien avant cela, Google a mis un terme à ses développements en Chine – vers 2010 – dans la mesure où les lois chinoises bloquent tous les moteurs de recherche étrangers.
Même s’il peut être relativement rentable de faire des affaires en Chine, le chemin peut également être semé d’embûches et de pièges à éviter.
Alors en 2020, la société mère de Google, Alphabet, a soutenu un fonds de 10 Mds$ appelé India Digitalization Fund, afin de soutenir les entreprises technologiques en Inde.
Près de la moitié de ces 10 Mds$ sont allés chez le géant indien des télécoms, Jio Platforms, afin de produire des smartphones abordables pour la population du pays dont les revenus sont faibles, historiquement.
Cet investissement a porté ses fruits, puisqu’Alphabet et Jio ont dévoilé le premier produit issu de leur joint-venture : un téléphone 4G appelé JioPhone Next.
Avant cela, Amazon et Walmart se sont disputé une prise de participation majoritaire dans Flipkart, la plus grande entreprise de commerce en ligne d’Inde. Même si Amazon a perdu, la société n’a pas renoncé à l’Inde, dans la mesure où Jeff Bezos – alors P-DG – s’est engagé à investir 1 Md$ pour soutenir les petites entreprises de commerce en ligne locales.
C’est une stratégie qui imite celle d’Alphabet.
Dans un contexte où quelques autres géants technologiques ont investi en Inde, énormément de capitaux – plus de 20 Mds$ – ont afflué sur le secteur technologique indien, en provenance essentiellement des Etats-Unis. Selon la façon dont les choses se présentent, l’Inde pourrait devenir la prochaine puissance manufacturière du secteur des technologies, au cours des années à venir.
Toutefois, pour l’instant, Apple reste profondément enraciné dans l’économie chinoise. L’an dernier, plus de 95% des capacités de production totales d’Apple se situaient en Chine, l’Inde ne représentant qu’environ 3%. Cette année, les analystes estiment que la part indienne de la production a progressé de quelque 5 à 7%.
A mesure qu’un nombre croissant d’entreprises se rendra compte que la Chine est un partenaire volatil et peu digne de confiance, elles se tourneront de plus en plus vers l’Inde, en quête d’un nouveau partenaire prometteur.
Et l’économie indienne devrait très bien s’en sortir dans un proche avenir selon les prévisions, surtout si on la compare à celles des autres pays en voie de développement.
En fait, l’économie indienne a enregistré une excellente croissance, en 2021 :
4 façons d’observer la croissance du PIB : en 2021, le PIB de l’Inde a progressé selon les taux suivants, en fonction de l’indicateur choisi :
8,9% de croissance du PIB à prix constants
19,4% de croissance du PIB à prix courants (en roupie indienne)
19,1% de croissance du PIB à prix courants (en dollar)
13,5% de croissance du PIB à prix courants (Parité de Pouvoir d’Achat)
Il convient de noter la différence entre le taux de croissance « à prix constants » et le taux de croissance « à prix courants en dollars ». Le premier est un bon indicateur de la performance absolue de l’Inde et le second est un bon indicateur de croissance relative.
Source : Times of India
Et c’est une bonne nouvelle pour tous ceux qui s’inquiètent de l’influence de la Chine sur la scène mondiale.
Vu la croissance de l’Inde et la méfiance grandissante à l’égard de la Chine, je pense qu’un nombre croissant d’entreprises technologiques et de puissances manufacturières vont se tourner vers de nouveaux horizons.
C’est tout pour aujourd’hui !
Retrouvez nos portefeuilles actualisés en continu ici et notre dernier tour d’horizon (22 avril 2022) ici.
A un avenir radieux !
Ray Blanco
