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Alerte n°133 – Hydrogène : vers un marché à 1 400 Mds$

Par 4 septembre 2023CO2 Alertes

Cher lecteur de Zéro Carbone Millionnaire,

Le cabinet Deloitte, que l’on ne peut pas accuser d’avoir pour habitude de ruer dans les brancards, a signé un rapport détonnant sur l’hydrogène.

Selon ses analystes, le marché total du H2 devrait atteindre les 1 400 Mds$ à horizon 2050. Pour y parvenir, ce sont pas moins de 9 000 Mds$ d’investissements qui seraient nécessaires, tant pour la fabrication du gaz que pour les chaînes logistiques de stockage et distribution.

Car, comme le cabinet l’a parfaitement compris, produire l’hydrogène n’est qu’une partie du problème. Certes, l’hydrogène vert créé à partir d’énergies renouvelables remplacera progressivement celui issu du gaz naturel. Si l’hydrogène renouvelable ne représente que 1 % de la consommation mondiale à ce jour, sa part de marché devrait dépasser les 85 % au milieu du siècle. Pour le produire, la recette est connue : des capacités renouvelables (solaire, éolien, nucléaire) et des électrolyseurs.

Moins connus sont les besoins logistiques qui naîtront de cette nouvelle industrie.

Les pays n’étant pas égaux face aux ressources renouvelables (vent, soleil), ni face aux coûts de main-d’œuvre, Deloitte anticipe la naissance d’un marché mondial de l’hydrogène vert similaire à celui du GNL.

Des pays à bas coûts de production deviendront des producteurs-exportateurs de gaz, tandis que les pays occidentaux industrialisés auront recours aux importations pour répondre à leur demande intérieure.

Déjà, la Chine a fait connaître son ambition de devenir « l’Arabie saoudite de l’hydrogène », en installant d’énormes capacités de production sur son sol et en finançant les futurs réseaux de distribution internationaux. Mais selon Deloitte, d’autres régions pourraient devenir exportatrices nettes.

Les zones à plus haut potentiel identifiées sont l’Amérique, l’Afrique du Nord, l’Afrique sub-saharienne et… le Moyen-Orient, qui trouverait un moyen de préparer son après-pétrole. Selon les prévisions, ces quatre régions pèseraient en 2050 pour 45 % de la production mondiale et 90 % des exportations.

La seule Afrique du Nord pourrait générer des ventes annuelles dépassant les 110 Mds$, et pourrait devenir notre premier partenaire commercial en la matière.

Capacités de production, de transport, de stockage : tous les acteurs de la chaîne de valeur vont avoir du pain sur la planche. Et, à l’instar de l’industrie du pétrole et du gaz, les entreprises gagnantes seront certainement celles capables de dialoguer efficacement avec les forces politiques en présence.

Si, comme l’anticipe Deloitte, le secteur de l’hydrogène vert se structure comme celui des hydrocarbures, il faudra faire preuve de finesse pour identifier les futurs gagnants. Car, pour remporter les marchés qui ne manqueront pas d’être régulés, la technicité ne fera pas tout : une dose de « savoir-faire » sera nécessaire.

Prêtez donc une oreille attentive aux remontées du terrain et aux bruits de couloir – les grandes décisions d’investissement ne se prendront pas en fonction des critères évoqués dans la presse mainstream mais sur des considérations bien plus politiques !

 

Pendant ce temps, Prysmian engrange des milliards

Nous évoquions, la semaine passée, la question cruciale de l’uniformité des tarifs des prix spot de l’électricité entre les différents pays européens. La péninsule ibérique est actuellement isolée du reste du continent, ce qui pose des problèmes de répartition de la charge du réseau.

Les gouvernements sont tout à fait conscients du problème, et une nouvelle interconnexion électrique entre la France et l’Espagne a été prévue. Gérée par le Réseau de transport d’électricité français (plus connu sous son acronyme RTE) et Red Electrica, et financée par la Commission européenne, elle a pour mission d’augmenter la capacité de transfert d’énergie intra-européenne.

Pour y parvenir, deux câbles de 400 000 volts seront installés entre la côte espagnole et le Médoc français, un chantier titanesque qui mobilisera l’expertise de Prysmian (BIT : PRY). Le câblier aura en effet pour mission de construire les éléments sous-marins dans ses usines de Finlande et d’Italie, les portions terrestres dans ses usines françaises et la fibre optique chargée de la surveillance en Allemagne et en Espagne, avant d’assurer la pose de l’ensemble. Ce mégaprojet européen, qui devrait être opérationnel en 2028, assurera au groupe plus de 800 M€ de chiffre d’affaires.

Les succès commerciaux de Prysmian ne se limitent pas à l’UE. Le Royaume-Uni continue, malgré le Brexit, de faire appel au câblier européen. Notre voisin, qui doit également renforcer son réseau électrique, a retenu Prysmian pour réaliser une interconnexion de 500 km entre l’Ecosse et le nord de l’Angleterre. Cette autoroute électrique permettra d’acheminer la production des futurs champs offshore de mer du Nord, dont la puissance devrait à terme dépasser les 50 GW. Ce projet devrait également apporter près de 800 M€ dans les caisses du groupe.

Que faire de tout cet argent frais ? Innover, bien sûr.

Prysmian vient de lancer une nouvelle gamme Ecoslim™, un système de fibre optique composé à 90 % de plastique recyclé d’une épaisseur 25 % inférieure aux standards du marché. Cette amélioration permet, outre l’impact carbone réduit, de limiter les besoins en transport, stockage et manutention lors des installations.

Et pour les projets de rénovation des réseaux de télécommunication, Prysmian a dévoilé mi-août, lors du salon Fiber Connect (Floride, USA), une nouvelle série de fibres optiques dédiées à l’amélioration des réseaux ruraux à coût de déploiement réduit et dont la résistance aux éléments est améliorée.

La nouvelle la plus exaltante est cependant le contrat signé le 22 août avec le gestionnaire de grille allemand Amprion (l’équivalent de notre RTE) dans le cadre des trois projets géants BalWin1, BalWin2 et DC34. Ils concernent le câblage qui reliera les futures fermes offshores situées en mer du Nord à l’Allemagne, qui devra être capable de faire transiter pas moins de 70 GW de puissance-crête. S’étalant jusqu’en 2030, ce contrat devrait représenter plus de 4,5 Mds€ de chiffre d’affaires.

En quelques semaines, Prysmian a ainsi engrangé pour plus de 37 % du chiffre d’affaires 2022.

 

 

MON CONSEIL

Achetez Prysmian (IT0004176001 – BIT : PRY)
sous les 40 € si vous n’en avez pas encore.

 

 

Sembcorp : le renouvelable devient corne d’abondance

 

Comme beaucoup d’énergéticiens, le Singapourien Sembcorp (FRA : SBOA) a vu ses facturations se contracter légèrement au cours du premier semestre 2023, à 3,7 MdsSGD (2,51 Mds€) contre 3,9 MdsSGD l’an passé.

Dans le même temps, la contribution des énergies renouvelables a bondi de 54 %, passant de 76 MSGD à 116 MSGD. Ces bons chiffres ont été portés par l’augmentation de capacité installée, qui est passée de 5,4 GW à fin juin 2022 à 8,6 GW à fin juin 2023 (+59 %).

Au total, le résultat net semestriel à périmètre constant s’établit 117 MSGD (79 M$), en hausse de +54 % par rapport à 2022, en ligne avec l’augmentation de l’EBITDA (+50 % à 1,1 MdSGD).

L’activité progresse régulièrement et le taux de marge s’améliore, comme anticipé, à mesure qu’une part croissante de la production d’énergie se fait à base de renouvelables. Nous remontons donc le cours d’achat maximal recommandé à 3 € (4,4 SGD) pour vous permettre d’acheter sur repli.

 

 

MON CONSEIL

Conservez Sembcorp (SG1R50925390 – FRA : SBOA),
ou achetez en repli sous les 3 € si vous n’en avez pas encore.

 

 

 

Vous nous écrivez…
La relation Pékin/Taïwan menace-t-elle nos positions ?

 

 

« Bonsoir Etienne,
Mr Blanco dans NTI conseille de vendre TSMC à cause du risque de guerre Chine Taiwan.
Je me demande quel est votre avis sur le sujet et si vous pensez qu’en ce moment il vaut mieux ou pas garder des valeurs chinoises ? (BYD LION ELECTRIC etc)
en vous remerciant de votre réponse, et avec mes meilleures salutations »
Emmanuelle Q. 

 

 

Bonjour Emmanuelle,

Je suis d’accord avec la recommandation de vendre de Ray… mais pour différentes raisons.

Au niveau sectoriel, nous nous dirigeons tout droit vers une surcapacité de production de semi-conducteurs. Pour le marché du bas/milieu de gamme, chaque bloc économique majeur tentant d’être auto-suffisant, le marché va être saturé de nouvelles usines. Pour le haut de gamme, fer de lance de TSMC, c’est plus la baisse de la consommation de produits électroniques de pointe qui guette. L’un dans l’autre, le paysage est plus compliqué qu’il y a un an de cela.

En revanche, je ne suis pas partisan de « jouer la rumeur » sur un conflit armé entre Chine et Taïwan. La géopolitique fait partie de ces éléments marquants mais aléatoires… (Les derniers événements en Afrique sont venus nous le rappeler.) Le risque doit donc être quantifié et « pricé », mais se tenir à l’écart d’un secteur porteur au nom du risque géopolitique est dommage. La situation étant ce qu’elle est depuis des années, cette ligne de conduite aurait en toute logique fait se tenir à l’écart de toutes les valeurs exposées à la Chine depuis 10 ans !

De même dans l’énergie, il faudrait nous abstenir toute prise de position sur des acteurs exposés à l’Asie, l’Afrique et certains pays d’Amérique du Sud… autant dire faire une croix sur les zones les plus dynamiques de la planète.

Pour notre portefeuille Zéro Carbone Millionnaire, nous prenons le risque politique chinois en compte. (Il dépasse d’ailleurs largement la question de Taïwan, les relations avec les Etats-Unis étant jusqu’ici prépondérantes.) C’est pour cette raison que nous n’entrons que des valeurs décotées par rapport à leurs pairs occidentaux comme JKS ou CNE… Le risque pris est alors compensé par un prix payé moindre.

 

Cliquez ici pour consulter le portefeuille.

Bons investissements et excellente semaine,

Etienne Henri
Etienne Henri

Zéro Carbone Millionnaire

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