Profitons du boom pétrolier américain
Cher lecteur,
Je me tourne cette semaine vers un secteur qui devrait nous permettre de dormir tranquille (contrairement à Uniti Group qui nous a récemment déçu, mais le risque en valait la peine) : celui des infrastructures pétrolières. N’en déplaise à de nombreuses personnes (moi le premier), le secteur du pétrole et du gaz a encore de beaux jours devant lui.
Rappel sur le concept de MLP
Ce que les investisseurs apprécient chez les REITs, c’est que les baux à long terme que la plupart des REITs signent se traduisent par des flux de trésorerie très stables et récurrents qui leur permettent de verser des dividendes généreux, sûrs et (en général) croissants.
Les actions MLPs (Master Limited Partnerships, comme Enterprise Products Partners dont j’ai déjà parlé), sont essentiellement des entreprises d’infrastructure du secteur de l’énergie, qui ont tendance à utiliser des contrats à très long terme (de 10 à 25 ans) pour profiter du boom de production énergétique de l’Amérique du Nord, mais sans la volatilité gênante que procure un producteur de pétrole ou de gaz.
Il s’agit principalement d’un business model à péage, dans lequel la majeure partie du flux de trésorerie n’est pas seulement sous contrat à long terme, mais souvent sous la forme de contrats « take-or-pay », dans lesquels les clients réservent à l’avance de la capacité sur des pipelines et le MLP est payé indépendamment du fait que des hydrocarbures y transitent réellement ou pas.
En d’autres termes, bien qu’il s’agisse d’actions du secteur de l’énergie, leurs flux de trésorerie sont très peu exposés aux prix des matières premières énergétiques.
Par exemple, le MLP que je vous présente aujourd’hui, Enbridge Inc. (ENB) a seulement 2% de ses flux de trésorerie exposés aux prix des hydrocarbures et 93% de ses contreparties sont de première qualité (notamment des services publics réglementés).
Comme le montre le graphique ci-dessous tiré de la présentation aux investisseurs, cela implique une croissance régulière de l’EBITDA de la compagnie quelque soient les prix du pétrole WTI.
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Cela explique pourquoi ce futur « dividend aristocrat » (fin 2019 si tout va bien, pour rappel, un dividend aristocrat a augmenté son dividende sans faute chaque année depuis 25 ans) a été en mesure de générer des flux de trésorerie stables ou en hausse (et une croissance à deux chiffres du dividende) non seulement pendant la récession de 2008, mais aussi pendant le deuxième pire krach pétrolier de tous les temps (2014 à 2016).
Différence de distribution des bénéfices REIT / MLP
Les REITs doivent, en vertu de la loi, verser au moins 90% de leur bénéfice net imposable (qui est différent du BPA ou de l’AFFO selon les règles comptables générales) sous forme de dividendes.
Les MLPs n’ont pas d’exigence particulière en matière de versement de liquidités (leur traitement fiscal préférentiel est plutôt fondé sur les actifs qu’elles possèdent).
Toutefois, traditionnellement, la plupart des MLPs distribuent la majorité de leur flux de trésorerie distribuable (ou DCF, l’équivalent sectoriel des flux de trésorerie disponibles pour des entreprises classiques et de l’AFFO pour les REITs) comme dividendes.
En vertu de la loi fiscale, tout comme les REITs, 20% des distributions aux actionnaires des MLPs sont exonérées d’impôt pour la compagnie.
Perspective de l’activité pétrolière en Amérique du Nord
Comme je le disais en introduction, l’ère du pétrole et du gaz ne va pas se terminer de sitôt. L’Energy Information Administration (EIA) des États-Unis et l’Agence Internationale de l’Energie (ainsi que la plupart des économistes et analystes de l’énergie) s’attendent à ce que la demande de pétrole et de gaz continue d’augmenter lentement mais régulièrement pendant des décennies (au moins jusqu’en 2040).
Ceci grâce à la croissance rapide de la population mondiale et aux économies émergentes comme la Chine, l’Inde et l’Amérique latine, où l’expansion rapide des classes moyennes génère une croissance énorme de la demande en énergie de toutes sortes.
Et l’Amérique du Nord est très bien positionnée pour combler la demande mondiale croissante, comme le montre l’augmentation prévue de sa production (supply) ci-dessous.
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La production américaine de schistes, qui a dépassé toutes les attentes de l’industrie depuis son véritable décollage vers 2005, comblera en partie cet incroyable besoin d’énergie. En 2005, les États-Unis ont produit 5 millions de barils de pétrole par jour, toutes sources confondues. En 2018, les schistes américains en ont produit 8 millions, le pays au total 11 millions, et l’OPEP (qui n’est guère fan des schistes américains) estime que la production américaine de schistes pourrait atteindre 16 millions de barils par jour d’ici 2029.
Alors que certains pourraient considérer un marché baissier ou morose de plusieurs années comme une raison d’éviter toutes les actions du secteur énergétique, en tant qu’investisseur de style value, je considère que le timing est excellent pour acheter des MLPs de première qualité dans ce secteur en pleine croissance, profondément sous-évalué et à haut rendement.
Passons maintenant à une présentation financière plus spécifique d’Enbridge (ENB) :
– Dividende annuel : 2,24$ / action
– Croissance du dividende attendue à long terme : 5% à 7%
– Rendement : 6, 23% au cours actuel
– DCF payout ratio (équivalent sectoriel du FFO payout ratio pour les REITs) : 61%.
– Dette/EBITDA : 4,7 (5 ou moins est très bon)
– Coût moyen des emprunts : 4,9%.
Enbridge a été fondée en 1949, ce qui en fait le plus ancien (et le plus important) exploitant d’infrastructures pétrolières intermédiaires en Amérique du Nord. La réputation de la société repose sur sa très faible sensibilité au prix des matières premières, ainsi que sur la longue période consécutive de croissance des dividendes (ENB deviendra un dividend aristocrat à la fin de 2019).
Enbridge a fait de grands progrès en matière de désendettement au fil des ans, ce que l’ensemble de l’industrie a fait (le secteur des infrastructures pétrolières intermédiaires a actuellement le bilan le plus solide de son histoire, tout comme les REITs).
Grâce à la morosité du cours de ses actions pendant les cinq dernières années malgré la forte croissance de son DCF (Cash Flow Distribuable) et de ses dividendes, Enbridge est aujourd’hui le MLP de taille importante le plus sous-évalué que vous puissiez acheter. Son dividende très sûr de 6,23%, combiné à une croissance attendue des flux de trésorerie à long terme d’environ 7%, devrait faire surperformer l’action dans sa catégorie et dans le secteur des actions à haut rendement au sens large.
Comme à notre habitude, nous allons tenter d’acheter ENB moins cher que le prix actuel grâce à la vente de puts ci-dessous.
Suivez attentivement mes instructions ci-dessous.
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MON CONSEIL : nous vendons le put suivant sur Enbridge Inc. (ENB) :
ENB JUL2019 32,5 P (Put d’expiration 19 juillet 2019 et de strike 32,50$). La prime de ce put est actuellement aux alentours de 0,70$ (bid à 0,65$ et ask à 0,75$), mais nous allons viser un prix de 0,75$ (voir ci-dessous)
Lorsque vous vendez des puts ENB JUL2019 32,5 P, vous acceptez d’acheter des actions ENB à 32,5$ l’action – mais seulement si ENB se négocie au-dessous de ce niveau lorsque les contrats expireront en juillet. Nous souhaitons de toute façon posséder à terme ces actions pour toucher les dividendes (2,24$ par action par an, ce qui nous ferait un rendement annuel de 6,9% avec un prix de revient de 32,5$).
Le prix d’exercice (32,5$) est bien inférieur au cours de l’action d’aujourd’hui, à 35,93$, ce qui laisse plus de 9,5% de marge à la baisse.
Nous allons vendre 5 contrats puts dans le portefeuille type. Cela représente un revenu de 375$ (0,75$ x 500).
N’oubliez pas de mettre de côté 3 250$ par contrat. Avec 5 contrats dans notre cas, cela fait 16 250$.
Combien de contrats devez-vous vendre en fonction de la taille de votre portefeuille ?
Nous recommandons ici de vendre 5 contrats. Ceci est valable pour un portefeuille d’environ 100 000$.
Si vous avez une taille de portefeuille différente, appliquez simplement une règle de 3 pour connaître le nombre adéquat de contrats à partir de cette référence.
Ainsi, si votre portefeuille est de 50 000$ environ, vous allez vendre 2 ou 3 contrats.
Action à mettre en œuvre via la plateforme de votre courtier :
- Identifiez les puts ENB JUL2019 32,5 P
Le symbole est ENB190719P00032500 , mais vous pouvez aussi passer par la chaîne d’options tel qu’expliqué dans nos guides (clic droit sur la ligne ENB, « option trader », puis choix du bon put dans la chaîne d’options)
- Assurez-vous de choisir la bonne échéance (19 juillet 2019)
- Choisissez le prix d’exercice de 32,5$.
- Sélectionnez options « PUT » (options de vente)
- Sélectionnez le nombre de contrats à vendre (Pour le PF LGS nous vendons 5 contrats)
- Une fois que vous avez le bon contrat, cliquez sur « vendre »
- Sélectionnez « ordre à cours limité ». Ceci détermine le prix de la transaction. Ajustez le cours limite à 0,75$.
- Réglez la validité de l’ordre sur GTC (Good Till Cancelled)
- Cliquez sur « vendre » pour transmettre l’ordre.
Si la valeur du put n’atteint pas 0,75$ d’ici juillet, notre ordre sera retiré du marché et nous n’aurons pas vendu les puts. Ce n’est pas grave, l’opportunité de vendre cher ne se sera tout simplement pas présentée. Ne pas s’exposer inutilement et garder de la réserve de cash pour saisir de futures opportunités est aussi une bonne stratégie.
Dans le portefeuille Loyers Garantis, nous ferons rentrer les puts en portefeuille uniquement si les 0,75$ sont atteints par la prime du put.
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Voici ce qui peut arriver, les différents scénarios possibles :
Lorsque vous vendez ces puts sur ENB, vous recevez 75$ pour chaque contrat que vous vendez – moins les commissions et les frais. Cet argent sera déposé directement sur votre compte. Les puts expirent le 19 juillet 2019.
1 – Si ENB se négocie à moins de 32,5$ lorsque les options de vente expirent le 19 juillet, l’action vous sera « vendue ». Vous devrez acheter 100 actions ENB pour chaque contrat put que vous avez vendu.
Si cela se produit, c’est une excellente nouvelle, vous pourrez percevoir encore plus de revenus grâce aux dividendes versés par ENB (6,9% de rendement annuel pour un prix de revient de 32,5$) et en vendant des options d’achat (calls) sur ENB. C’est ainsi que notre stratégie fonctionne. Nous continuons à accumuler des revenus mois après mois.
2 – Si ENB se négocie au-dessus de 32,5$ le 19 juillet (ce qui est très probable), vos options de vente expireront sans valeur et c’est aussi une excellente nouvelle ! Cela signifie que vous n’aurez pas à acheter les actions. Vous conserverez bien entendu la prime en totalité (si la vente a été effectuée).
C’est tout pour aujourd’hui.
Je reviendrai vers vous dans quelques jours.
Rendement vôtre,
Gaël Deballe
Divulgation légale : Je suis personnellement long sur les actions suivantes : APLE, CIO, CXW, DEA, EPD, GOV, OPI, UNIT, STAG, WPC et court put sur les actions suivantes : OHI.