Cher lecteur,
Alors qu’aux Etats-Unis, la saison des vacances bat son plein depuis plusieurs semaines, il devient clair que la plupart des vacanciers ont choisi de partir en voiture vers des destinations plus proches de chez eux qu’habituellement.
Les compagnies aériennes ont légèrement renforcé leurs capacités de vol, par rapport aux plus bas du printemps, afin de transporter un nombre un peu plus important de vacanciers. Toutefois, ce n’est qu’une légère augmentation.
De plus, la plupart des professionnels effectuant des voyages d’affaire n’ont pas repris l’avion. Ils rencontrent leurs clients sur Zoom ou Skype, plutôt qu’en personne, ce qui impliquerait de prendre l’avion et de séjourner dans des hôtels.
Bref, les hôtels vont être confrontés pendant plusieurs années à un tarissement de la demande, du pouvoir de fixation des prix et de leurs revenus.
Notre dernière recommandation, Hilton Worldwide Holdings (NYSE : HLT), est fortement exposée à ces tendances.
Cette société est fortement exposée à la demande en faveur de prestations hôtelières en centre-ville, de voyages d’affaires et de congrès.
Dans notre alerte du 15 juillet, Jim explique que la pandémie et la dépression ont frappé Hilton d’un triple coup de malchance.
- Les gens évitent tous les sites très fréquentés. Il s’agit notamment des hôtels, des complexes, des parcs à thème, des concerts et des évènements sportifs.
- La limitation drastique des moyens de transports et les quarantaines infligées localement compliquent les déplacements ou les rendent impossibles.
- La dépression économique a réduit les voyages professionnels, même si ce type de déplacement est possible et que les hôtels sont ouverts. Les chômeurs n’envisagent pas de prendre des vacances. Les entreprises fermées n’effectuent aucun déplacement professionnel.
La forte reprise de la demande en faveur de l’hôtellerie, enregistrée des mois d’avril à juin, a considérablement ralenti ces dernières semaines.
Michael Bellisario, de Baird Research, a publié une note concernant cette tendance, le 17 juillet :
« Si l’on compare les semaines s’achevant le 27 juin et le 11 juillet (pour exclure l’effet du week-end férié du 4 juillet et le décalage du calendrier d’une année sur l’autre), sur les 21 principales zones statistiques métropolitaines que nous avons observées, 10 ont enregistré un ralentissement de croissance la semaine s’achevant le 11 juillet.
Sur ces 10 marchés « négatifs », 7 sont situés dans des Etats à risque [NDLR : foyers de coronavirus] (Arizona, Californie, Floride et Texas). Le tourisme reste le principal moteur de la reprise de la demande, et nous surveillons de près les perspectives d’une reprise des voyages d’affaires après le Labor Day [NDLR : le 1er lundi de septembre], laquelle parait de plus en plus improbable à ce stade, selon nous. »
Baird publie depuis longtemps d’excellentes analyses sur les valeurs du secteur hôtelier.
Par exemple, observez ces graphiques révélateurs. Ils reprennent des données relatives à l’offre et la demande hôtelière, émanant de STR, un fournisseur de données de ce secteur.
Graphique du haut : Croissance de l’offre et de la demande hôtelière, de janvier 2007 à ce jour : offre / demande
Graphique du bas : Chambres d’hôtel en cours de construction aux Etats-Unis, de janvier 2006 à ce jour
De toute évidence, la demande est très déséquilibrée par rapport à l’offre. Avant la pandémie, 200 000 nouvelles chambres d’hôtel étaient en cours de construction, soit une hausse spectaculaire, par rapport aux 50 000 de 2011.
Si l’offre est excédentaire, cela signifie une altération du pouvoir de fixation des prix car le levier d’exploitation est élevé, dans le secteur de l’hôtellerie. Si les hôtels restent ouverts – consomment de l’électricité et de l’eau, payent les salaires du personnel, remboursent leurs dettes et payent des taxes – il leur faut un taux d’occupation minimum pour être rentables.
Par conséquent, pour remplir des chambres vides, ils vont rapidement baisser les tarifs des nuitées.
La fidélité des voyageurs vis-à-vis d’une marque d’hôtel particulière n’est pas très élevée. Ils peuvent réserver instantanément sur une quantité d’applications pour smartphones. Avec un tel choix d’hôtels (en plus de la concurrence des particuliers via AirBnb), Hilton va avoir beaucoup de mal à augmenter les tarifs de ses nuitées, à l’avenir.
Avant la pandémie, le consensus de Wall Street prévoyait un bénéfice par action de 1,15 $ au 2e trimestre s’achevant fin juin 2020, pour Hilton.
Depuis, il a chuté en territoire négatif, et une perte de 0,29 $ par action est désormais anticipée. Les analystes prévoient un retour à la rentabilité en 2021, et ciblent un bénéfice de 2,59 $ par action. Cela situerait l’action HLT à 31 fois (ce qui est optimiste) ses bénéfices de 2021.
Nous avons étudié les attentes du consensus, et ce que le cours de 80 $ d’HLT intégrait, en termes d’attentes des investisseurs. Et il est clair que le cours de l’action est évalué dans la perspective d’une reprise en « V » des bénéfices.
Le prochain catalyseur, pour l’action d’Hilton, sera la publication de ses résultats relatifs au 2e trimestre, le 6 août prochain.
La direction va probablement rappeler aux investisseurs qu’une reprise en « V » des bénéfices d’Hilton ne se profile pas du tout à l’horizon, et déclencher une correction du cours.
Gaël, notre analyste, vous indiquera comment gérer vos positions sur HLT.
Bien à vous,
Dan Amoss, CFA
Analyste