Cher abonné,
Ceux qui me lisent depuis longtemps et me connaissent le savent : je ne suis pas féru des introductions en Bourse. Comme je l’ai écrit dans mon livre Ce qu’on ne vous dira jamais sur les marchés financiers, les mariées sont souvent trop belles pour être « vraies ». En fait, chacun a intérêt à ce que l’opération réussisse et il est fréquent d’alpaguer le chaland avec force chiffres et objectifs alléchants, mais qui ne reflètent qu’imparfaitement la réalité pour les premiers et sont inaccessibles pour les seconds.
Dès lors, déconvenues et autres sorties de route sont monnaie courante, et pour ce qui me concerne, je préfère attendre plusieurs semaines de cotation avant de m’intéresser à un dossier. Un principe de précaution que j’ai également appliqué à PAULIC MEUNERIE (FR0013479730 -ALPAU), groupe familial morbihannais qui a effectué ses premiers pas en Bourse mi-février et exploite actuellement trois moulins.
Depuis quatre générations, il fournit à des clients comme les boulangeries, les crêperies ou les industriels de l’agroalimentaire des produits d’exception, notamment des farines de froment et de sarrasin purifiées à destination des pains hauts de gamme. Il est par ailleurs présent sur le marché du bio ainsi que dans les gammes labellisées, le tout en utilisant des blés 100% français pour ses farines de froment et de sarrasin.
Mais ce n’est pas tout : PAULIC MEUNERIE est aussi un acteur de l’alimentation des insectes d’élevage, au coeur d’un marché de l’entomoculture aujourd’hui très fragmenté. Des insectes qui peuvent de surcroît être utilisés comme sources de protéines pour l’acquaculture ou pour nourrir certains animaux domestiques.
Un duo de choc (MA NOTE : 6/8)
J’ai beaucoup apprécié le PDG du groupe, Jean Paulin, bien décidé à perpétuer la tradition familiale. Victime d’un accident, il se déplace depuis quelques années en fauteuil roulant, mais je lui ai trouvé une formidable envie de vivre et une belle rage de vaincre.
Jean Paulin, avec qui j’ai passé deux bonnes heures lors d’un déjeuner, apporte à la cote parisienne quelque chose de peu commun et d’appréciable : le bon sens et l’humilité du terroir, avec un sens de l’humour qui ne gâte rien.
Enthousiaste et affable, il n’est probablement pas un grand expert des chiffres, mais connaît bien son business et est bien aidé par son directeur financier François-Alexis Bancel, un ancien de Deloitte et de BNP Paris.
Fort d’une jolie complémentarité, le tandem marche bien et me paraît promis à une belle réussite.
Pas de problème majeur de liquidité (MA NOTE : 2/4)
Il s’échange en moyenne 8 300 titres par jour. L’action PAULIC MEUNERIE ne brille donc pas par sa liquidité, mais il demeure tout à fait possible de passer des ordres à cours limité.
Rentrer ou sortir de ce dossier n’est pas un problème, et c’est finalement tout ce qu’on demande à cette société qui pèse environ 21 M€ en Bourse.
De solides indicateurs financiers (MA NOTE : 3/4)
En dépit de la pandémie de coronavirus, PAULIC MEUNERIE est sur une trajectoire ascendante.
La société devrait en effet générer environ 10 M€ de chiffre d’affaires cette année, contre 8,5 M€ en 2019 (NDLR : à noter que ce dernier chiffre, évoqué par la direction, n’est pas encore officiel), et dégager une marge d’Ebitda de l’ordre de 6%.
La montée en puissance du traitement du blé à l’ozone via le procédé Oxygreen constitue un beau levier pour le groupe en termes de rentabilité, sachant que la marge brute dans cette activité s’établit actuellement à 80%, alors que celle des autres farines gravite autour des 37%.
Cerise sur le gâteau : le gearing, qui dépassait les 400% avant l’IPO, n’est plus aujourd’hui que de 32%.
Bref, entre une activité de plus en plus dynamique, une profitabilité vouée à disparaître et une situation financière assainie, PAULIC MEUNERIE coche toutes les cases.
Une attractivité boursière grandissante (MA NOTE : 3/4)
La rentabilité du groupe augmentera l’an prochain. Pour l’heure, il est encore déficitaire, mais avec une marge nette comprise entre 5 et 6% en 2021, on arrivera sur un PER de 13.
Mieux : si le business plan est correctement suivi et que PAULIC MEUNERIE parvient à se conformer à ses objectifs, le titre sera bradé en 2022 avec cette fois un PER de… 5, ce qui équivaut à une marge nette supérieure à 10%, une prévision tout à fait réaliste à ce stade.
Je vous l’accorde : il reste encore bien des étapes à franchir pour une telle rentabilité, mais autant anticiper et se positionner dès maintenant…
MA NOTE GENERALE : 14/20
J’attribue donc à PAULIC MEUNERIE (FR0013479730 -ALPAU) la note globale de 14/20, ce qui rend la société éligible à notre portefeuille. Dirigé par un duo de grande qualité, positionné sur des marchés peu exposés au coronavirus et dans une bonne dynamique sur le plan des résultats, le groupe, introduit il y a trois mois à 6,32 €, a vu son action perdre 20% depuis.
Une sanction boursière qui me semble exagérée et qui justifie aussi mon conseil d’acheter PAULIC MEUNERIE (FR0013479730 -ALPAU) aux cours actuels, soit autour de 5/5,25 €, et pour 2% du portefeuille. Notre objectif de cours s’établit à 6,50 €.
Update du portefeuille
Concernant nos positions, nous avons cédé la moitié de PRODWARE (FR0010313486-ALPRO) à 5,45 € vendredi, d’où une prise de bénéfices partielle (PBP) de près de 15%. Conservez précieusement le solde.
Amicalement,
Eric Lewin