Cher lecteur d’Alerte Guerre des Devises,
Quand on établit des prévisions de taux de change, il faut avoir trois règles à l’esprit, outre tous les facteurs techniques et fondamentaux qui entrent en jeu. Ces règles sont simples et intuitives. Pourtant – et c’est surprenant – elles sont souvent omises, même par les acteurs de marché les plus aguerris.
Règle n°1 : deux monnaies ne peuvent se dévaluer l’une par rapport à l’autre en même temps.
Mathématiquement, c’est impossible. Par exemple, si l’on prend le cours croisé euro/dollar (EUR/USD), il est possible que l’euro chute de 1,11$ à 1,10$, mais il n’est pas possible que le dollar chute face à l’euro en même temps.
Cela paraît évident (et ça l’est), mais il est surprenant de constater à quel point cette logique est facilement ignorée. De 2010 à 2011, le dollar américain a chuté à un plus bas historique, face à l’euro et à d’autres monnaies. Cela a marqué le début de la nouvelle guerre des devises qui persiste encore.
Dans le même temps, la crise de la dette souveraine européenne avait commencé et des prix Nobel d’économie tels que Paul Krugman et Joe Stiglitz clamaient que l’euro s’effondrait, que la Grèce et l’Espagne seraient bientôt « éjectées » de la zone euro, et que l’Allemagne allait subir des pertes interbancaires colossales.
Ces deux hypothèses auraient pu être justes, mais ce qui compte, c’est qu’elles n’auraient pu l’être simultanément. Si le dollar baissait en raison de la guerre des devises, l’euro devait forcément augmenter face au dollar. Il n’aurait pu en être autrement. Et même un prix Nobel ne peut lutter contre des mathématiques de base.
A l’époque, mon opinion était la suivante : les Etats-Unis étaient sérieux, lorsqu’ils envisageaient de faire baisser le dollar pour stimuler l’économie (cela s’est décidé au sommet du G20 de septembre 2009, à Pittsburg) ; quant à l’euro, il demeurerait intact et augmenterait.
Et c’est exactement ce qu’il s’est produit. L’euro a atteint un plus-haut intermédiaire de 1,48$ le 29 avril 2011 (par rapport à un plus bas intermédiaire de 1,20$ le 4 juin 2010), à peu près au moment même où le dollar atteignait un plus bas historique.
Cette prévision n’avait rien de sorcier. Un dollar bas = un euro élevé, un point c’est tout. Il fallait simplement conserver à l’esprit cette règle n°1 et laisser de côté la rhétorique et l’idéologie à l’origine du scénario d’effondrement de l’euro.
Règle n°2 : il n’existe pas un seul et unique taux de change. Il en existe un grand nombre.
L’idée d’un seul et unique taux de change est un vestige de l’époque de l’étalon-or, avant 1971.
Selon ce système, le dollar était indexé sur l’or, à un cours de 35$ l’once. Les autres devises étaient « arrimées » au dollar. Selon une simple relation transitive, cela voulait dire que les autres monnaies étaient arrimées à l’or (via le dollar) et que toutes les monnaies étaient arrimées les unes aux autres.
De temps en temps, certains pays en difficulté dévaluaient leurs monnaies face au dollar (et à l’or) sous la supervision du FMI. Cela s’est produit avec la livre sterling en 1964, et à nouveau en 1967. Mais une fois la dévaluation passée, la devise a réintégré un taux de change fixe mondial.
Aujourd’hui, nous évoluons dans un univers de taux de change flottants, de pegs « souples », de pegs « rigides », de « pegs mouvants » (ou « dirty floats »), et de manipulations monétaires caractérisées. Cela signifie qu’il existe des cours croisés correspondant à des centaines de paires de devises s’échangeant à grande échelle. Il n’y a ni point d’ancrage ni étalon universel. Les taux de change fixes – là où ils existent – sont motivés par des raisons pratiques, et ils peuvent être modifiés ou abandonnés du jour au lendemain.
La conséquence de cette absence de point d’ancrage au sein du système est la suivante : une seule devise ne peut baisser ou augmenter en même temps face à deux autres devises. Le dollar ne peut pas baisser et augmenter face à l’euro en même temps, mais il peut baisser face à l’euro en même temps qu’il augmente face au yen. Des étalons différents produisent des résultats différents. Ainsi, dans cet exemple, le yen chute encore plus vite face à l’euro que face au dollar.
Règle n°3 : les devises s’échangent au sein d’une fourchette.
Contrairement aux actions et obligations de sociétés surévaluées ou en faillite, les devises ne s’envolent pas vers des sommets, et elles ne retombent pas à zéro. Elles fluctuent les unes par rapport aux autres au sein d’une large fourchette.
Le cours croisé EUR/USD l’illustre bien. Depuis le lancement de l’euro, en 1999, ce cours croisé a évolué au sein d’une fourchette variant de 0,80$ à 1,60$, mais il n’est jamais tombé à 0,50$ et il ne s’est jamais envolé à 2$. Une fois que l’on observe une fourchette, le mouvement en direction d’un extrême ou de l’autre est un puissant indicateur de retournement de tendance imminent.
Pour résumer nos trois règles en matière de prévision des taux de change :
1. Deux devises ne peuvent se dévaluer simultanément l’une par rapport l’autre.
2. Une devise peut augmenter et baisser simultanément face à deux autres devises.
3. Les devises s’échangent au sein d’une fourchette. Un mouvement en direction d’un extrême signale un retournement.
Comment ces règles s’appliquent-elles au plus proche voisin des Etats-Unis, le Canada ?
Le dollar américain (USD) a été extrêmement fort, ces deux dernières années, selon différents indices du dollar.
Conformément à la règle n°1, cela signifie généralement que d’autres devises appartenant à des partenaires commerciaux majeurs ont chuté face au dollar. Et cela se vérifie dans le cas du dollar canadien (« CAD », également surnommé le « loonie ») : il a chuté de 1,06$ en avril 2011 à 0,74$ aujourd’hui.
Toutefois, cela ne se vérifie pas dans tous les cas. En fait, le dollar a baissé face au yen, récemment, même s’il s’est renforcé face à l’EUR et au CAD conformément à la règle n°2.
Enfin, le CAD a évolué au sein d’une fourchette large – variant de 0,63$ à 1,06$ – au cours de ces 20 dernières années, conformément à la règle n°3.
Le dollar canadien évoluant au-dessous du niveau intermédiaire de cette fourchette (0,85$), et ayant fortement baissé au cours des 16 derniers mois, les règles indiquent au moins que le dollar canadien pourrait fortement augmenter à court terme.
Moi-même avec Chrystia Freeland, parlementaire canadienne, ex-ministre du Commerce extérieur,
et actuelle ministre des Affaires étrangères. Mme Freeland est une mondialiste convaincue et partisane
du libre-échange qui n’encourage pas la manipulation du dollar canadien.
Si l’on prend en compte nos trois règles de base ainsi que les fondamentaux économiques, quels sont les perspectives de la paire USD/CAD au cours des prochains mois ?
En ce moment, nos analyses indiquent que le loonie devrait rebondir face au dollar américain. Cette conclusion est fondée à la fois sur les facteurs techniques évoqués plus haut, et sur les facteurs fondamentaux et politiques découlant de la relation Etats-Unis/Canada.
Comme l’indique le graphique ci-dessous, le dollar canadien baisse depuis un moment face au dollar américain. La paire USD/CAD a atteint 1,21 CAD pour 1 USD le 11 septembre 2017. Mais depuis, elle a chuté à 1,32 CAD pour 1 USD (exprimé en USD, le dollar canadien a chuté de 0,83$ à 0,76$, soit une baisse de 8%). Cette trajectoire a été jalonnée de volatilité et de plusieurs rallies de la paire USD/CAD en faveur du loonie, mais la tendance baissière est devenue plus prononcée depuis le 1er février 2019.
Les Etats-Unis et le Canada sont en pleine guerre commerciale. Elle n’est pas aussi intense que celle qui oppose la Chine et les Etats-Unis, mais elle est tout de même conflictuelle. Lorsque Trump a appliqué des tarifs douaniers sur les panneaux solaires, en janvier 2018, et déclenché la phase actuelle de la guerre commerciale, il visait principalement la Chine. Mais le Canada a été pénalisé car c’est également un grand exportateur de panneaux solaires vers les Etats-Unis. Cette salve est venue s’ajouter aux conflits commerciaux déjà existants entre les Etats-Unis et le Canada, notamment à propos des produits laitiers et du bois de construction.
Trump a également annoncé la fin de l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain), accord commercial majeur entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, qui devrait être remplacé par un nouvel ACEUM (Accord Canada–États-Unis–Mexique). Toutefois, l’ACEUM n’a pas encore été ratifié par le Congrès américain et ne le sera peut-être pas en raison de l’opposition de la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi.
Si l’ACEUM n’est pas ratifié, cela pourrait signifier l’annulation de l’ALENA. Et, dans ce cas, les Etats-Unis et le Canada se retrouveraient sans aucun accord commercial global et avec une augmentation des tarifs douaniers sur tous les échanges transfrontaliers. Enfin, Trump a menacé d’appliquer des tarifs douaniers spécifiques sur les importations d’acier provenant du Canada.
Etant donné cette longue liste de conflits commerciaux – existants et potentiels – avec le Canada, les Canadiens veulent atténuer d’autres problèmes susceptibles de provoquer de nouvelles mesures ou ripostes de la part de Trump.
Pour y parvenir, l’un des moyens consiste à renforcer le dollar canadien face au dollar américain afin de donner un coup de pouce aux exportations américaines destinées au Canada, et d’éviter de se faire accuser de manipulation monétaire.
Cette conjonction de schémas commerciaux à long terme et de considérations politiques à court terme devrait provoquer un renforcement du dollar canadien au cours des mois à venir.
Notre analyste, Gaël, a identifié l’une des meilleures façons de profiter du rally imminent du dollar canadien.
Lisez la suite pour découvrir sa recommandation et son analyse détaillée.
Bien à vous,
Jim Rickards,
Rédacteur, Alerte Guerre des Devises
Le rebond du dollar canadien pourrait nous rapporter 200% de plus-value
Cher lecteur,
Jim a décrit le signal d’achat que notre indicateur vient de donner sur le dollar canadien.
Pour profiter de ce mouvement, la transaction la plus simple à mettre en œuvre consiste à acheter des options d’achat sur l’ETF Invesco CurrencyShares Canadian Dollar (NYSE : FXC).
FXC est un ETF qui détient des dollars canadiens en dépôt dans une banque. Sa valeur augmente lorsque le dollar canadien se raffermit par rapport au dollar américain.
Si le taux de change de l’USD/CAD revient à 1,27, le cours de FXC passerait à environ 77,60$. C’était le niveau de l’ETF début 2018. Un rebond de FXC à ce niveau d’ici septembre 2018 se traduirait par une performance de 200% pour notre trade.
Même si notre cible n’est pas atteinte, il pourrait y avoir de multiples occasions de tirer profit d’un rally plus modeste de FXC. Un rally rapide à 75,50$, par exemple, entraînerait un gain de 50 % sur ce trade.
NOTRE CONSEIL :
Achetez des calls FXC SEP2019 74 C (calls de strike 74$ et d’échéance le 20 septembre 2019) jusqu’à 1,50$.
Le contrat cote actuellement environ 1,00$ (bid à 0,95$ et ask à 1,05$).
Un gain de 50 à 200% sur ce trade est tout à fait réaliste, car cela nécessite seulement que le dollar canadien rebondisse de 2 à 4% face au dollar américain.
Note sur le risque : Les trades sur options peuvent être volatiles et comportent tous beaucoup de risques. Bien que cette recommandation soit bien documentée par Jim, rien n’est garanti. Ne pariez pas de l’argent dont vous avez besoin ici. Et n’oubliez pas que c’est à vous de décider combien vous aimeriez mettre dans chaque trade. Assurez-vous de diversifier vos risques et de ne pas mettre tout votre argent dans un seul trade.
Bons trades,
Gaël Deballe