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e-SJP #6 – Tout va bien ! (Presque) tout le monde est en vacances !

Par 10 juillet 2019Alertes

Madame, Monsieur, bien le bonjour,

Quoi de nouveau cette semaine sur la planète financière ?

D’abord au sujet de la zone euro, un complément s’impose au sujet de la fin de ce mois de juin, c’est-à-dire de la fin du deuxième trimestre pour les sociétés cotées : les banksters de la zone ont eu besoin de récupérer 152 milliards d’euros (préalablement déposés à la BCE) pour boucler leurs bilans, ce qui est considérable.

En effet, depuis que la zone euro existe, ces banksters n’ont été obligés de récupérer qu’une fois plus de 152 milliards d’euros (parce qu’ils étaient en manque de liquidités) : à la fin du deuxième trimestre 2010 et le montant était de 196 milliards, c’est-à-dire avant la grande crise de la zone euro qui ne s’est manifestée spectaculairement qu’un an plus tard avec la crise en Grèce et à Chypre !

Doc. 1 : Mouvements des dépôts (Liabilities) des banques de la zone euro de 1999 à 2019


Graphe
(Cliquez pour agrandir)
C’est la raison pour laquelle Mario Draghi a surpris tout le monde en annonçant en mai que la BCE allait être obligée de reprendre sa politique monétaire dite du QE avec en particulier un prêt géant en préparation (un TLTRO III), de l’ordre de 200 milliards d’euros vraisemblablement, c’est-à-dire d’un montant de ces 152 milliards plus quelques dizaines de milliards supplémentaires par sécurité.

Pour ma part, je ne m’étais pas trompé en prédisant une fin de trimestre délicate à passer car sans les 45 milliards supplémentaires apportés par les non-résidents, des banques de la zone auraient été obligées de se déclarer en faillite !

Si vous regardez le graphe ci-dessus attentivement, vous verrez un autre pic de manque de liquidités. La baisse de 175 milliards d’euros début 2008 s’explique par le fait que les banksters de la zone, ayant bénéficié de l’apport de centaines de milliards avant la fin 2007 pour ne pas faire faillite, les ont restitués début janvier 2008 (cette baisse des dépôts est donc tout à fait différente de celle de fin juin 2019).

***

Ensuite, la nomination annoncée de Christine Lagarde à la tête de la BCE est pour le moins étonnante…

En effet, elle est totalement incompétente en matière de gestion d’une banque centrale comme l’ont relevé la plupart des professionnels qui suivent habituellement ces problèmes, y compris le journaliste de l’AFP qui a écrit dans une dépêche : « Ni banquière centrale ni même économiste de formation, Christine Lagarde plonge les spécialistes de politique monétaire dans l’inconnu. »

Plonger dans l’inconnu pour la BCE alors que l’euro-système est dans une situation plus que critique, c’est-à-dire au bord de la faillite, c’est rajouter des problèmes là où ils dépassent déjà les limites pour les spécialistes en la matière.

C’est là le résultat des marchandages habituels des apparatchiks de la nomenklatura euro-zonarde !

Si Donald Trump avait décidé de lui-même de nommer une femme parce qu’elle est… une femme, de New-York parce qu’il en est originaire lui aussi, sans aucune expérience en la matière, même ses plus fidèles partisans ne l’auraient pas admis et il aurait été tourné en ridicule par absolument tout le monde !

Mario Draghi et ses acolytes ont fait et font encore de très graves erreurs, mais au moins, ils savent ce qu’ils font parce qu’ils connaissent la situation réelle !

Christine Lagarde fera comme précédemment, au gouvernement français et au FMI : elle fera semblant de comprendre ce qui se passe et elle se fera manipuler par ceux qui auront su être présents et influents à ses côtés.

Réactions des marchés : sitôt après l’annonce de cette nomination, les rendements des bons à 10 ans de référence de la vieille Europe continentale ont plongé à des plus-bas record !

Doc. 2 : Rendements de bons à 10 ans de Trésors européens de référence


Graphe
(Cliquez pour agrandir)

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Enfin Deutsche Bank est une fois de plus la grande vedette des pires banksters de la zone euro !

Ses dirigeants ont attendu sagement la fermeture des Bourses à la fin du deuxième trimestre pour annoncer un plan de sauvetage portant en particulier sur la suppression de 18 000 postes qui a commencé à devenir effectif dès le lundi 8 juillet un peu partout dans le monde après 6 000 suppressions d’emplois en 2018.

Le leverage de Deutsche Bank est parmi les pires en Europe mais il ne permet pas de voir tous les cadavres qui sont planqués dans des placards…

Doc. 3 : Leverage de Deutsche Bank


Graphe
Pour une explication de chaque ligne, reportez-vous
au rapport spécial sur les banques.
La colonne Real 2019 Q1 est la situation actuelle de la banque.

La colonne 19Q1 standard correspond à ce que devraient être le total de ses dettes et de ses actifs en respectant la règle prudentielle d’un leverage de 10 pour les capitaux propres tangibles réels.

Deutsche Bank aurait dû se délester de 1 000 milliards d’euros d’actifs pour redevenir une banque normale !

Par ailleurs, les engagements notionnels sur les produits dérivés de Deutsche Bank se montent à… 43 000 milliards d’euros dont une bonne partie, pour les échéances longues, est considérée comme anormalement perdante d’après ses dirigeants eux-mêmes !

Pour rappel, Deutsche Bank survit grâce à des augmentations successives de capital qui se sont montées à un total cumulé de… 30 milliards d’euros au cours de ces dernières années.

C’est une machine à faire perdre de l’argent pour tout investisseur potentiel !

Une fois de plus, les banques de la vieille Europe continentale sont en grandes difficultés.

À tout moment un tsunami bancaire peut se produire… début août par exemple quand tout le monde sera en vacances !

L’avenir est par définition incertain, mais une bonne culture monétariste alimente la spéculation gagnante…

JEAN-PIERRE CHEVALLIER

signature

Données arrêtées au 10 juillet 2019.

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