C’est la curée pour les épargnants

« Il faut des monuments aux cités de l’homme, autrement où serait la différence entre la ville et la fourmilière ? »

– Victor Hugo

Chère Lectrice, cher Lecteur,

00:00 Il fallait s’y attendre : tout comme un hypocondriaque effarouché à l’idée de franchir sa porte dans ce nouveau monde un peu étrange…

… Les marchés renâclent à l’idée du déconfinement. Les intervenants réalisent qu’il y aura sans doute une deuxième, voire une troisième vague de contamination… et cela ne leur plaît pas.

On dirait presque que l’OMS et la quasi-totalité des autorités sanitaires de la planète ne l’ont PAS répété sur tous les tons : oui, le déconfinement aura lieu MAIS le risque n’a pas disparu et de loin, de nouveaux foyers vont apparaître, l’épidémie n’est pas maîtrisée, tant qu’on n’a pas de vaccin on ne peut jurer de rien, etc.

Vous et moi savons depuis quelques semaines maintenant que le virus, il va falloir s’habituer à « vivre avec »… mais visiblement, les marchés étaient passés à côté de l’information – ou en tout cas ne l’avaient pas évaluée à sa juste valeur.

Ils sont donc en baisse aujourd’hui.

00:45 A leur décharge, il leur faut aussi compter avec une conjoncture qui n’est pas franchement-franchement guillerette, comme l’explique Eric Lewin dans La Lettre PEA :

« Parus vendredi, les chiffres mensuels de l’emploi aux Etats-Unis ont […] révélé la destruction de 20,5 millions d’emplois en avril, du jamais vu depuis la création de cette statistique en 1939.

Le président américain de l’époque s’appelait Franklin D. Roosevelt et il avait à l’évidence davantage de vision que celui d’aujourd’hui, candidat à sa réélection, mais désormais en difficulté dans les sondages et qui est en train d’être malmené sur son terrain de prédilection : l’économie. Avec un taux de chômage qui atteint aujourd’hui 14,7%, Donald Trump aura du mal à conserver la confiance et le soutien des cols bleus, la base de son électorat. »

01:15 Le pétrole a repris un peu de terrain, continue Eric, mais cela ne suffira pas à compenser les résultats catastrophiques des entreprises US – de bien mauvais augure pour la suite des événements :

« [Les résultats] ont ainsi baissé de 13% au premier trimestre comparativement aux trois premiers mois de 2019. Et encore, le pire est à venir sachant que les analystes prévoient une chute de 40% au titre du trimestre en cours !

Wall Street est devenu relativement cher car si le Dow Jones déplore un recul de l’ordre de 15% depuis le 1er janvier, les profits des entreprises n’ont plus rien à voir avec ce qui était anticipé en début d’année. On estime ainsi que le PER moyen des valeurs américaines dépasse les 20, ce qui plaide pour une baisse d’au moins 15% des indices (Dow Jones, Nasdaq Composite et S&P 500).

J’ai également observé la prudence des discours des chefs d’entreprise, qui s’explique évidemment par les multiples incertitudes liées à la pandémie de Covid-19, en particulier la tournure que prendrait une sortie de crise. Verrons-nous une trajectoire en ‘L’, avec une croissance toujours à plat, une reprise en ‘U’, une reprise en ‘V’ ? Il est trop tôt pour le dire et, par voie de conséquence, bien difficile de pricer les choses.

En tout état de cause, mieux vaut être prudent et disposer d’une couverture, d’autant que Donald Trump semble fourbir ses armes en vue d’une relance du conflit commercial sino-américain de nature à déstabiliser encore davantage la planète.« 

Une couverture, quelle couverture ? Eh bien, il y a l’or, évidemment – mais Eric propose aussi à ses lecteurs un instrument financier bien précis, qui vous aidera à vous protéger contre un retournement boursier… pour le transformer en gains ! Tout est expliqué dans La Lettre PEA, que vous pouvez recevoir en cliquant ici.

02:00 Les stratégies de prudence vont rester d’actualité pendant encore un bon bout de temps, ceci dit – car il y a certes les marchés… mais il y a aussi « l’économie réelle », des entreprises qui ne sont pas forcément cotées mais qui constituent le cœur même du tissu économique, comme l’explique Jim Rickards dans le dernier numéro de sa lettre, Intelligence Stratégique :

« Les graphiques suivants (ci-dessous) révèlent l’importance des petites et moyennes entreprises (PME) au sein de l’économie américaine. Beaucoup de ces entreprises sont celles que nous fréquentons chaque jour. Il s’agit notamment des restaurants, bars, pizzerias, pressings, salons de coiffure, boutiques de cadeaux et bien d’autres.

Au sein d’une économie focalisée sur de grandes entreprises cotées et le marché actions, on ne se rend pas compte, bien souvent, que les PME contribuent à l’économie, alors même que ce sont des lieux bien pratiques où l’on achète quelque chose chaque jour. C’est une erreur. Les PME représentent 44% du PIB américain et 47% de tous les emplois. Bref, les PME représentent près de la moitié de l’économie américaine. »

Cliquez sur l’image pour l’afficher en grand.

03:00 Or, explique Jim, ce sont précisément ces entreprises-là qui ont été frappées le plus durement par la crise :

« [C’est] là que se situent de nombreuses pertes d’emploi, fermetures et pertes de revenus. C’est également le secteur économique qui devait bénéficier des prêts accordés au titre du Payroll Protection Plan (‘PPP’ : plan de soutien de l’emploi) faisant partie du plan de sauvetage économique de 2 200 Mds$ voté par le Congrès et ratifié par le président Trump.« 

Considérant le « succès » dudit plan… les PME américaines ont encore bien du souci à se faire… et, par extension, l’économie mondiale aussi : Jim prévoit des temps difficiles dans les mois qui viennent – mais vous explique aussi comment sortir gagnant – c’est par ici.

03:30 Notez bien que côté européen, les choses ne vont pas beaucoup mieux. La Cour constitutionnelle de Karlsruhe a donné un bon coup de pied dans la fourmilière – et cela a des conséquences profondes pour la France aussi, comme l’explique Eric Verhaeghe, nouveau venu dans La Chronique Agora :

« [La] garantie allemande pour les dettes françaises est désormais fortement compromise. Si la BCE n’arrive pas à prouver qu’elle respecte scrupuleusement son mandat limité à la ‘maintenance’ de l’inflation – et elle aura du mal à le faire –, la BCE perdra donc la signature allemande. Et sans doute quelques autres, comme celle des Pays-Bas.

Cette décision préfigure une implosion de la Zone euro… et, d’ici là, une hausse des taux d’intérêt pour la dette française.

Il faudra plusieurs mois avant que l’opinion française (ou une majorité d’entre elle) comprenne qu’on ne peut éternellement vivre au-dessus de ses moyens sans s’appauvrir.

C’est particulièrement vrai lorsque les dépenses somptuaires servent à faire vivre un Etat hypertrophié et hyper-incompétent, comme on le constate dans la désastreuse gestion de la pandémie. »

04:15 En tant qu’épargnant,

« pendant cette période d’atterrissage qui sera probablement chaotique, il faut s’attendre au pire. Les sirènes de la dépense publique assimileront toute cure d’amaigrissement de l’Etat à une action diabolique, et un scénario à la Maduro sera défendu bec et ongles par des gens comme Mélenchon et consorts.

Le recours à l’impôt pour financer les énormes déficits sera majoritairement soutenu dans le pays, surtout par ceux qui comptent profiter de l’effort sans y participer. Pour les épargnants, ces quelques mois, ou quelques dizaines de mois, devraient constituer une véritable curée… »

Nous serons là pour vous aider à diversifier et protéger votre patrimoine pendant cette période difficile – Eric Verhaeghe vous donne quelques pistes dans la suite de son article, ici même…

… Et par ailleurs, notre analyste Olivier Delamarche vous donne sa propre stratégie en cliquant ici.

Ne paniquez pas… attachez votre ceinture… restez à l’écoute… et passez une bonne soirée quand même !

Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes