« Un trésor de belles maximes est préférable à un amas de richesses. »
Socrate
Chère Lectrice, cher Lecteur,
00:00 Aujourd’hui, prenons des nouvelles des ors – le noir et le jaune –, car ils peuvent en dire long sur l’état de l’économie dans son ensemble.
Commençons par nous pencher sur le cas du pétrole – qui me paraît une parfaite illustration du « refus de réalité » auquel les marchés semblent s’accrocher en ce moment.
00:30 Philippe Béchade confirme cela dans La Bourse au Quotidien :
« Le pétrole est en passe de devenir un phénomène puisque son ascension semble parfaitement imperturbable et déconnectée aussi bien des fondamentaux (le FMI a révisé à la baisse ses prévisions de croissance mondiale à 3,3% en 2019) que des données très factuelles sur la production et les stocks.
L’EIA (Agence américaine d’information sur l’énergie) révèle ainsi que les stocks de brut hebdomadaires ont encore augmenté de sept millions de barils (à 456,55 millions, un record depuis novembre 2017) à l’issue de la première semaine d’avril, alors que les économistes et analystes s’attendaient à une hausse trois fois moins forte !
Le baril de WTI ne bronche pas (toujours au zénith à 64,2 $ tandis que le Brent culmine à 71 $) car les stocks d’essence se sont contractés symétriquement de -7,7 millions de barils (à 229,1 millions), leur plus forte baisse depuis septembre 2017 (le consensus tablait sur une baisse de deux millions de barils). »
Un peu comme le reste des marchés, donc, le pétrole grimpe sans se soucier du reste – ralentissement économique, surabondance de stocks, perspectives peu encourageantes…
… Tant qu’il y a des gains à empocher, on grimpe !
(Au passage, Philippe approfondit son analyse dans sa lettre, Béchade Confidentiel : pour en savoir plus – notamment ce que Philippe recommande de faire dans la situation actuelle –, cliquez ici.)
01:15 Venons-en maintenant au métal jaune, le « vrai » or, pour qui les choses sont en train de bouger de manière autrement plus fondamentale que pour le pétrole – notamment du côté européen.
Yannick Colleu faisait un point sur la situation dans La Stratégie de Simone Wapler :
« Le journaliste italien Francesco Canepa, correspondant de Reuters à Francfort, rapporte les propos ci-dessous tenus par le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, à l’endroit de deux membres du Parlement européen de nationalité italienne :
‘La Banque centrale européenne doit approuver à la fois les opérations sur les réserves de change [nota : devises étrangères sous diverses formes, droits de tirage spéciaux du FMI ou DTS, apports dans les réserves du FMI et or monétaire] détenues par les banques centrales nationales… et les opérations courantes en devises des États membres supérieures à un certain seuil. Cette compétence a pour objectif d’assurer la cohérence entre le taux de change et la politique monétaire de l’Union.’
Mario Draghi a lâché cette petite bombe à l’intention principalement du gouvernement italien mais c’est aussi une petite musique destinée à tous les gouvernements des pays de la Zone euro qui pourraient être tentés de négocier leurs avoirs en or sur le marché pour atténuer le fardeau de leur endettement ou de leur déficit. »
En d’autres termes… « N’imaginez pas pouvoir refourguer votre or pour vous sortir du pétrin financier dans lequel vous vous êtes mis. »
Plutôt ironique quand on considère le rôle joué par la BCE, qui a sciemment aidé et favorisé les gouvernements à s’enfoncer dans ledit pétrin à grands coups d’assouplissement quantitatif et de crédit facile… mais passons.
02:00 Yannick Colleu en profite pour rappeler que la Zone euro couve un joli « petit » trésor, en matière de métal jaune ; la tentation des pays à y puiser est compréhensible si l’on considère les chiffres – un peu comme ma petite nièce devant un plat de mousse au chocolat : « J’en prends juste une cuillerée, ça ne se verra pas… »
Yannick nous donne une idée de la taille de ce saladier fort appétissant :
« Chaque pays de la Zone euro a apporté en rejoignant ce club restreint une part de ses réserves en or dans la corbeille de mariée de la BCE. Cette corbeille pèse aujourd’hui 504,77 tonnes d’or, ce qui représente à peine 19 Mds€. Néanmoins l’ensemble des avoirs détenus par les banques centrales nationales représente un magot beaucoup plus important valorisé à 402,362 milliards fin février 2019 dans le bilan de la BCE.
Historique de la valorisation des réserves d’or de l’Eurozone (Mds€)
Source : BCE
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Les plus importantes contributions viennent de l’Allemagne, de l’Italie et de la France. Ces trois pays représentent en effet à eux seuls plus de 76% des réserves en or des pays de l’Eurozone.
La Zone euro est donc la première zone monétaire en termes de réserves d’or ; les États-Unis avec 8 133 tonnes venant juste derrière. »
Pas touche ! répète cependant la BCE : la stabilité de l’euro repose – entre autres choses – sur ce coussin doré. Hors de question de le réduire et donc d’augmenter les difficultés d’une monnaie déjà bien chahutée en ce moment.
« Mario Draghi a déjà affirmé par le passé le rôle important joué par ces réserves dans l’affirmation de la souveraineté monétaire. Avec ces nouveaux propos il réaffirme ce rôle et entend ne pas laisser les gouvernements qui seraient tentés de céder à la facilité en bradant leur métal jaune pour ajuster leur budget. »
03:00 Cela vient renforcer encore les arguments prouvant un retour certain de l’or sur le devant de la scène. Simone Wapler nous en disait plus ce matin dans La Chronique Agora :
« […] Signe supplémentaire du retour de l’or, Bâle 3 permet aux banques commerciales de ne plus immobiliser de fonds propres si elles se constituent une réserve d’or. »
Peut-on imaginer qu’il s’agit là des frémissements du début d’entame d’un commencement de retour à l’étalon-or pour soutenir le système financier mondial ? Simone se hâte de nous détromper sur ce point, mais identifie d’autres facteurs (considérables) de hausse pour l’or :
« Ne rêvons pas, le retour à l’étalon-or est totalement incompatible avec le laxisme de la social-démocratie, des États-providence et des politiciens professionnels désireux d’acheter leurs électeurs avec des promesses intenables. Ce retour sera férocement combattu en Zone euro ou dollar.
Mais le retour de l’étalon-or – une monnaie physique sans nationalité – tente les pays qui se sentent sous le joug du dollar et ne veulent plus payer ce tribut (regardez vers l’est).
[…] Lorsque vous contemplez ce graphique à long terme du cours de l’or en euro, avez-vous vraiment l’impression que tout baigne dans le beurre en matière monétaire et financière et que la crise de 2008 est effacée ?
Source : Or.fr
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Si les colombes se font déchirer par les faucons de l’est et si les peuples ‘votent mal’ aux élections européennes, il est probable que l’or retrouve son niveau de 2012.«
04:00 Le niveau de 2012, en l’occurrence, se situait autour des 1 800 $ lors de ses plus haut – soit 500 $ de plus que son niveau actuel.
Sachant que Jim Rickards voit, quant à lui, l’or multiplié par sept ou plus en cas de crise monétaire grave (un cas de figure dont les probabilités sont plus élevées qu’on pourrait le penser, comme le démontre Jim ici)…
… Je dirais que le métal jaune a toute sa place dans votre portefeuille.
04:30 Pour terminer, un conseil de fond pour améliorer votre approche de l’investissement et de l’indépendance financière. Il a retenu mon attention ce matin parce qu’il peut sembler parfaitement illogique… alors qu’il est en fait essentiel pour avancer. Robert Kiyosaki nous dit tout dans Investissements Personnels :
« Pour être riche, vous devez être auto-discipliné et vous payer en premier. Par là, je fais simplement référence au fait d’utiliser votre revenu pour investir dans des actifs à flux de trésorerie avant de payer vos factures ou d’acheter quoi que ce soit d’amusant. Cela créera alors davantage de revenus, que vous pourrez utiliser et investir dans plus d’actifs à flux de trésorerie. En agissant ainsi, vous aurez tant d’argent que vous ne saurez pas quoi en faire.
Il n’est pas facile de se servir en premier. En fait, cela peut faire peur, surtout quand les factures s’accumulent. Mais vous devez développer l’auto-discipline nécessaire pour y arriver.
Quand nous étions jeunes et que nous essayions de créer notre entreprise, Kim et moi avons réussi à le faire avec beaucoup d’efficacité. Pour nous aider à rester responsables, nous avons engagé une comptable nommée Betty. Nous lui avons demandé de mettre de côté, de façon mensuelle, une partie de notre revenu à des fins d’investissement.
Chaque mois, Betty protestait avec véhémence car cette façon de faire ne nous laissait pas assez d’argent pour payer nos factures. Mais, chaque mois, on lui disait de continuer. Au lieu de nous faire du souci et de nous demander si nous pourrions payer toutes nos factures à temps, Kim et moi passions du temps à renégocier avec nos créanciers, à repousser un paiement ici et là. Pour nous, il était capital de nous payer d’abord, même si Betty et les autres pensaient que nous étions fous.
Kim et moi utilisions l’argent qui nous servait à nous payer en premier pour investir à la fois dans notre entreprise et dans nos actifs à flux de trésorerie. Aujourd’hui, cette discipline nous permet d’être financièrement libres. »
Robert explique aussi comment appliquer ce principe à votre temps – qui est, somme toute, votre actif le plus précieux, au-delà de l’argent ! Vous pouvez lire l’intégralité de son article (je vous le recommande en tout cas) en cliquant ici.
Je vais pour ma part vous faire gagner cinq minutes supplémentaires demain : étant absente, il n’y aura pas de Marchés en 5 Minutes ce vendredi.
Nous nous retrouvons dès lundi, cependant, et je vous souhaite un excellent week-end d’ici là.
Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes
★★★ Le chiffre du jour ★★★ |
300 € C’est ce que pourrait vous rapporter le prochain SMS tombant sur votre smartphone ! Comment cela ? C’est très simple – et tout est expliqué ici… |