« Le cynisme consiste à voir les choses telles qu’elles sont et non telles qu’elles devraient être ».
– Oscar Wilde
Chère Lectrice, cher Lecteur,
00:00 C’est la panique ! Un peu partout, des gens contemplent leur téléphone portable d’un air hagard… remettent en question leurs décisions les plus intimes… et, blêmes, tremblants, s’inquiètent profondément pour leur avenir.
Pensez donc : Google a privé Huawei de licence Android – si l’on en juge par les chiffres, cela fait 52 millions d’appareils concernés dans le monde.
Est-ce la fin de tout ? Qu’en est-il de la prochaine mise à jour de votre portable (si toutefois vous avez un Huawei ou un Honor) ? Faut-il préférer Apple ou Samsung ?
La réponse à la première question est : non, probablement pas. Pour les deux autres, en revanche… il va falloir vous adresser ailleurs, votre correspondante n’étant pas des plus fortiches en matière de technologies portables.
00:45 Concentrons-nous plutôt sur ce que nous savons faire – c’est-à-dire vous indiquer quelles conclusions tirer de tout cela en tant qu’investisseur.
Philippe Béchade nous livre un récapitulatif tout à fait clair dans La Bourse au Quotidien :
« Pour l’heure, l’Empire du Milieu vit mal la mise au ban de Huawei en tant que fournisseur aux Etats-Unis. Google a frappé un énorme coup ce week-end en suspendant l’attribution de la licence Android au fabricant chinois de smartphones, diminuant de facto sensiblement sa coopération technique avec ce dernier. De nombreuses entreprises américaines de premier plan devraient suivre cet exemple, dont, excusez du peu, la totalité des opérateurs télécoms implantés aux Etats Unis.
Bref, la 5G se fera sans Huawei, et c’est une situation jugée suffisamment grave par Pékin pour que les autorités chinoises ne s’abstiennent de réfléchir de leur côté pour savoir de quels fournisseurs américains l’Empire du Milieu pourrait se passer. Et si ce n’est pas encore envisageable, lesquels pourraient être taxés sans que cela pénalise trop son activité locale.
Wall Street a déjà commencé à dresser sa liste des probables victimes d’une riposte jugée imminente, comme en témoignent les actions les plus chahutées hier soir, à savoir Broadcom, Qualcomm (-6% chacun), Applied Materials (-5,5%), Micron (-4%), Xilinx (-3,6%), Apple, Nvidia (-3,1%), AMD ou encore Intel (-3%)… Rien que ça !
Le plongeon de 8% de Baidu, pendant chinois de Google, n’est toutefois pas anodin non plus et on peut légitimement envisager que la prochaine étape de l’affrontement sino-américain sera la censure des GAFA chinois, en représailles à la limitation de plus en plus drastique de l’accès aux contenus provenant de l’étranger« .
(Au passage, si vous voulez recevoir l’intégralité des analyses et conseils de Philippe Béchade, c’est par ici).
On dirait, pour l’instant, que le match tourne à l’avantage des Américains – sinon pour la guerre commerciale dans son ensemble, au moins pour ce qui est de la domination de la 5G.
01:30 Eh bien… pas tout à fait. Comme l’explique Etienne Henri dans la suite de son article d’hier, malgré sa pugnacité et son opiniâtreté, Donald Trump s’est « pris les pieds dans la physique », sur la 5G.
Etienne fait un constat simple :
« Pour comprendre pourquoi la 5G déployée à la hâte par Donald Trump n’est pas celle qu’il faut pour les Américains, il faut revenir aux fondamentaux de la physique. Derrière l’appellation unique de 5G se cache en fait l’usage de différentes fréquences d’ondes électromagnétiques.
Certaines, comme les bandes autour des 2,5 GHz, sont bien connues puisqu’elles sont utilisées par le Wi-Fi, la 2G, la 3G et la 4G. D’autres, comme les bandes intermédiaires, sont utilisées par les militaires et les communications satellites.
Les différentes bandes utilisées par la 5G (en orange). Certaines sont partagées avec d’anciennes technologies. Infographie : Ericsson.
Le partage des bandes est un problème vieux comme l’histoires des communications sans fil, et la 5G exacerbe ce problème car sa promesse de bande passante améliorée se traduit par une gourmandise en fréquences jamais vue auparavant ».
02:45 Pour résoudre ce problème, les Etats-Unis ont eu recours à une solution simple et idéale sur le papier… mais qui présentera à l’avenir des difficultés considérables :
« Pour ne pas devoir attendre la libération lente et fastidieuse des bandes occupées par les 2G, 3G et 4G, et s’éviter de difficiles négociations avec les militaires et les opérateurs de satellites pour libérer les bandes intermédiaires, l’administration a décidé de mettre aux enchères des bandes de haute fréquence : les mmWaves dont je vous parlais l’année dernière.
Sur le papier, ce choix est le plus indiqué pour permettre un déploiement rapide de la 5G. Cerise sur le gâteau, il favorise deux entreprises américaines, Qualcomm (US7475251036-QCOM) et Apple (US0378331005-AAPL), qui possèdent de nombreux brevets sur l’usage des mmWaves et leur intégration dans les smartphones. Ce choix coupe donc l’herbe sous le pied des constructeurs chinois – au niveau des ventes d’infrastructures comme de terminaux mobiles.
Seul petit souci : ces mmWaves ne sont pas adaptées aux zones rurales…
Les ondes de haute fréquence sont idéales pour véhiculer rapidement de grandes quantités d’informations. Elles permettront, en théorie, de connecter des appareils électroniques à Internet avec une latence quasi-indétectable, et avec des débits comparables à ceux de la fibre optique.
Revers de la médaille, ces ondes millimétriques se déplacent avec beaucoup de difficulté. Le béton et les briques les atténuent et les réfléchissent, ce qui rend leur usage dans les bâtiments impossible sans relais. A ces longueurs d’onde, même un trajet dans l’air s’avère compliqué. Les antennes ne pourront couvrir au mieux qu’un cercle d’un kilomètre de rayon… en cas de beau temps seulement ! Car la moindre pluie, qui atténue déjà sensiblement les communications en 4G, fera s’écrouler débit et portée en 5G mmWaves« .
Un réseau internet ultra-rapide, performant et moderne qui ne résiste pas à un orage d’été… voilà qui pourrait faire mauvaise impression !
Pour investir dans de vrais gisement de croissance 5G (et accessoirement, profiter des recommandations d’Etienne), passez plutôt par ici.
03:45 Une âme un peu cynique pourrait dire qu’avec Donald Trump, il en va de la 5G comme de la croissance : beaucoup d’effet d’annonce… et peu de résultats derrière.
Ou, comme dirait plus prosaïquement mon neveu : « que de la gu*** ».
Jim Rickards est – Dieu merci – un tantinet plus précis dans ses arguments, qu’il nous livre dans sa dernière alerte Intelligence Stratégique :
« Les radios et les chaînes de télévision politiques [américaines] retentissent d’autocongratulations concernant le taux de croissance annualisé de 3,2% enregistré au premier trimestre 2019.
Les responsables du gouvernement Trump affirment que c’est la ‘preuve’ que les baisses d’impôt de 2018 ont fonctionné et que l’Amérique est désormais revenue au bon vieux temps d’une croissance soutenue de 3%.
N’en croyez rien.
Au cours du premier mandat de Trump (2017), la croissance a été identique à celle des huit ans de mandat d’Obama, soit 2,3%. Elle s’est légèrement améliorée en 2018, mais il semblerait que ce soit un sursaut temporaire (le ‘Trump bump’) dû aux baisses d’impôt.
C’est très bien, mais ce n’est pas soutenable« .
04:30 Jim continue en expliquant les raisons pour lesquelles le rebond est temporaire – et ce qui nous attend pour le reste de l’année :
« Les chiffres du premier trimestre 2019 ont été portés par une quantité de facteurs temporaires, notamment l’accumulation de stocks, les dépenses publiques consacrées aux autoroutes, et l’amélioration des chiffres du commerce. Or ces accumulations de stocks et l’amélioration des chiffres du commerce sont liées aux guerres commerciales et s’inscrivent dans une démarche visant à prendre de vitesse l’application des tarifs douaniers.
Maintenant que cette phase est passée, quelles sont les perspectives pour le reste de l’année 2019 ?
A ce jour, la meilleure prévision de croissance établie par la Fed d’Atlanta, en ce qui concerne le deuxième trimestre 2019, est de 1,2% seulement. Si ce chiffre se maintient, la croissance annualisée du premier semestre 2019 serait de 2,15% : le niveau qu’elle affiche depuis ces 10 dernières années. Autrement dit, il n’y a pas de miracle de la croissance, seulement une continuité.
Etant donné les conditions démographiques défavorables, une désinflation persistante et une productivité stagnante, pourquoi l’Amérique affiche-t-elle tout de même de la croissance ?
Cet article nous offre une réponse toute simple : grâce à la dette. Jeffrey Gundlach, le nouveau ‘roi de l’obligataire’, déclare que ‘la croissance du PIB nominal, au cours des cinq dernières années, aurait été négative si la dette publique américaine n’avait pas augmenté’.
Si la croissance n’est pas soutenable sans endettement, alors jusqu’à quel point la dette est-elle soutenable ? Réponse : si la dette progresse plus vite que le revenu, cela finit par provoquer des défauts via l’inflation, la restructuration ou le non-paiement. Si le timing est incertain, l’issue, elle, ne l’est pas« .
A l’heure où les marchés boursiers donnent des signes inquiétants du point de vue de l’analyse technique… il est sans doute temps d’appliquer la stratégie de Jim et d’augmenter vos positions en or et en liquidités.
Le genre de précautions qu’il vaut mieux mettre en place avant la crise !
Sur ces sages paroles, je vous souhaite de passer une excellente soirée, à demain…
Françoise Garteiser
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