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Donald Trump, match de catch et émasculation

Par 13 mai 2019Alertes

« Après lui se lève un homme à la langue infatigable, fort de son audace, […] qui triomphe dans le tumulte par l’aplomb de l’ignorance, et capable d’entraîner les citoyens dans de funestes résolutions. Car lorsqu’un orateur éloquent, mais animé d’un mauvais esprit, dirige la multitude, c’est un grand malheur pour l’Etat ».

– Euripide, Oreste

Chère Lectrice, cher Lecteur,

00:00 Votre correspondante sort d’un week-end « culture » assez intense, comptant entre autres choses une soirée à la Comédie-Française pour y voir Electre et Oreste, d’Euripide, mis en scène par Ivo van Hove.

Outre trois meurtres, des Erinyes, moult poings levés vers les dieux, une émasculation (ce pauvre Egisthe !) et pas mal de boue, on peut y voir aussi une belle leçon sur le respect des lois, l’importance de la démocratie et l’inutilité des vendettas.

gravure de Gustave Doré
Gravure de Gustave Doré pour la Divine Comédie de Dante, représentant les Erinyes
 

Peut-être faudrait-il en recommander à Donald Trump de se replonger dans les classiques… parce que pour l’instant, la scène internationale ressort plus de la barbarie pure que de la sagesse antique.

Il suffit de regarder la dernière tirade twittesque du président américain, cité dans Investir-Les Echos, pour voir à quel niveau l’on se situe :

« ‘Je crois que la Chine a senti qu’ils se faisaient rosser durant la récente négociation, au point qu’ils pourraient attendre la prochaine élection, en 2020, pour voir s’ils pourraient être chanceux et avoir une victoire démocrate – situation dans laquelle ils continueraient à voler les Etats-Unis à hauteur de 500 milliards de dollars par an‘, a tweeté Donald Trump, ‘le seul problème est qu’ils savent que je vais gagner […] et l’accord deviendra bien pire pour eux [à obtenir] s’il doit être négocié durant mon deuxième mandat ».

La Chine a – bien entendu – répliqué par ses propres mesures de représailles (60 Mds$ de biens américains surtaxés de 25%)… les marchés ont sombré dans le rouge… et à la rédaction des Publications Agora, on se prépare à un feuilleton plus riche en rebondissements que la dernière saison de Game of Thrones.

01:00 Eric Lewin, spécialiste des petites valeurs, comptait les points dans le dernier numéro de Mes Valeurs de Croissance :

« [Les] marchés actions, qui ont progressé presque en ligne droite pendant quatre mois, corrigent sévèrement, avec un CAC 40 qui a cédé plus de 3% la semaine dernière pour repasser en dessous des 5 400 points. De fait, l’indice de référence ne s’adjuge plus que 13% environ depuis le 1er janvier.

La défiance s’est également emparée de notre compartiment, avec un CAC Mid & Small et un CAC Small qui ont reculé de respectivement 3,7 et 3,4% sur la semaine, d’où des gains à compter du début de l’année ramenés à 12,3 et 11,6%.

S’agit-il d’un simple trou d’air ou assistons-nous au contraire aux prémices d’un mouvement correctif de grande ampleur ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais dans ce contexte, la plus grande prudence doit être de rigueur« .

Eric a d’ailleurs en portefeuille un placement parfaitement adapté à cette prudence – pour le découvrir, rejoignez ses lecteurs en cliquant ici.

01:45 Pour Philippe Béchade, foin des tragédies grecques et des tirades enflammées ; selon lui (il n’a d’ailleurs pas tort), la situation est plutôt à comparer à… un match de catch.

« Wall Street commence à trébucher, les désinvestissements des épargnants et des gérants d’OPCVM se poursuivent et cela commence à se voir… Sauf qu’à chaque fois que les indices américains s’engagent sur la mauvaise pente, un tweet ou une déclaration de Donald Trump ou de son entourage vient renverser une situation qui paraissait très compromise.

C’est un peu comme dans un match de catch (un sport qu’affectionne le président américain) durant lequel le favori du public, attaqué en traître à coups de chaise pliante par le ‘méchant’, s’effondre KO dans les cordes. L’arbitre se précipite alors pour le compter (sous les huées de la foule), mais juste au moment où il s’apprête à crier ‘out’, le quasi-vaincu se redresse d’un bond.

Le favori titube, fait mine de retomber puis assène une monumentale manchette à son infâme adversaire, lequel s’effondre ensuite de tout son long. Il lève les bras en signe de victoire, le public exulte, mais l’arbitre prend alors tout son temps pour attaquer le décompte (toujours sous les huées de la foule) et c’est là que retentit le coup de gong qui marque la fin du round. Moyennant quoi, le suspense reste entier pour le tableau suivant !

Cela fait désormais 14 mois qu’a débuté le match de catch commercial (avec sanctions et contre-sanctions douanières) entre les Etats-Unis et la Chine. Sur les marchés, cela a donné six mois de hausse, puis trois mois de baisse, puis quatre mois de hausse… et le public en redemande.

Les scénaristes, qui ont déjà régalé l’assistance avec ces 14 premiers rounds de folie (dont 11 de hausse), vont-ils se surpasser pour le 15 ? »

Philippe a son avis sur la question, qu’il nous dévoile dans la suite de son article.

Selon Philippe, par ailleurs, la guerre commerciale n’est pas le seul danger qui pèse sur les marchés actuellement… bien au contraire : il vous livre son analyse complète ici même.

02:45 Au-delà de « que va-t-il arriver ensuite », il convient de se poser quelques questions sur le bien-fondé de cette guerre, et d’examiner quels seront ses effets réels, au-delà de quelques annonces victorieuses des deux côtés du Pacifique.

Bill Bonner rappelle dans La Chronique Agora que celui qui se trouve en première ligne, dans ces conflits commerciaux (tout comme dans les conflits ouverts, d’ailleurs, quand on y réfléchit)… c’est vous, moi – bref, le citoyen lambda :

« Dans le cas des matières premières telles que l’acier et l’aluminium, l’entreprise importatrice américaine paie la taxe, augmentant le coût de ses matières premières. Ce coût est ensuite nécessairement transféré à l’acheteur au détail sous la forme de prix plus élevés.

En théorie, le libre-échange – sans que le gouvernement s’en mêle – fournira toujours la quantité maximum de biens et de services aux prix les plus bas. Toute tentative de s’en mêler fera augmenter les prix… et nuira autant, voire plus, à l’empêcheur de tourner en rond qu’à tous les autres.

Il y a d’autres preuves. Le principe des taxes douanières est d’augmenter les exportations américaines tout en baissant les importations, réduisant ainsi le déficit commercial.

Mais depuis que les premières salves de la guerre commerciale ont été tirées, les exportations américaines vers la Chine ont en fait chuté de 7%, passant de 130 Mds$ en 2017 à 120 Mds$ en 2018… tandis que les importations depuis la Chine ont grimpé, passant de 506 Mds$ en 2017 à 563 Mds$ en 2018 – une augmentation de 11%.

En d’autres termes, les Etats-Unis perdent la bataille. La question suivante est donc : comment se fait-il qu’une politique aussi visiblement et complètement puérile et imbécile soit aussi populaire ? »

Bill poursuit son analyse ici – cliquez pour la retrouver en intégralité. Et si vous voulez aller un peu plus loin encore dans le décortiquage du grand n’importe quoi politique et économique actuel, c’est par ici.

03:45 Enfin, il ne faut pas oublier que certaines entreprises seront plus affectées que d’autres dans ce conflit, qui a de multiples facettes – une chose que Ray Blanco explique très bien dans la dernière alerte e-mail de NewTech Insider :

« Comme je vous l’explique bien souvent, la guerre commerciale est aussi une guerre technologique, où les Etats-Unis cherchent à conserver leur avance. Logiquement, ce sont les actions tech qui en souffrent le plus. Les semi-conducteurs, par exemple, ont passé le début d’année à récupérer. Le rally a pris fin la semaine dernière.

C’est ce que nous pouvons voir en regardant le Philadelphia Semiconductor Index (SOX)« .

 

graphique SOX
04:30 Ray complète son analyse en s’intéressant à l’une des positions actuellement ouvertes dans le portefeuille NewTech Insider :

« L’impact sur notre pari 5G […] a été limité. Cette entreprise est essentiellement un REIT dédié aux infrastructures américaines. Quel que soit le pays qui gagnera la course technologique de la 5G, il faudra déployer des antennes et les équiper.

L’attitude de ses insiders suggère que les choses vont dans le bon sens. [L’un de ses dirigeants] vient juste d’acheter 18 350 parts de sa propre compagnie. C’est un investissement de plus de 2,25 M$.

On ne peut savoir la raison pour laquelle des dirigeants vendent. Il se peut qu’ils veuillent mettre une nouvelle voiture de sport dans leur garage ou qu’ils aient besoin de payer les études de leurs enfants. En revanche, la seule raison pour laquelle un dirigeant achète des actions de son entreprise est lorsqu’il pense qu’elle est sous-évaluée et que l’action doit grimper.

[La société] a dépassé les prévisions le mois dernier quand elle a présenté ses résultats pour le premier trimestre et l’action a gagné 17% depuis le début de l’année. Notre [pépite] est en route pour une belle croissance grâce à l’explosion de la 5G… et ça ne fait que commencer« .

Ray recommande donc de se positionner à l’achat sur la valeur… et conseille d’en vendre une autre, désormais mise en danger, verrouillant ainsi une plus-value de +53% alors même que le secteur est en pleine débâcle !

C’est là une raison supplémentaire de ne pas vous priver plus longtemps des recommandations de Ray (si vous ne les recevez pas encore) : cliquez ici pour vous abonner.

Restez vigilant donc… mais que cela ne vous empêche pas de passer une bonne soirée ! Nous nous retrouverons mercredi ; votre correspondante étant absente demain, il n’y aura pas de Marchés en 5 Minutes ce mardi.

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes

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