Une certaine incohérence règne en ce moment sur les marchés bien qu’il y ait aussi certaines cohérences…
Alors que la croissance est au point mort dans la zone euro (dont beaucoup de pays membres sont même plus ou moins en récession), la situation du secteur bancaire donne l’apparence de s’améliorer comme le montre le dernier bilan de la BCE arrêté au vendredi 17 septembre et publié mardi 1er octobre.
En effet, les banksters qui avaient emprunté précédemment plus de 700 milliards d’euros à la BCE pour pouvoir survivre, n’ont pas renouvelé leurs emprunts arrivés à échéance au cours de la semaine dernière, ce qui a fait baisser leurs encours de 27,745 milliards à 666,583 milliards (rubrique 5 de l’actif).
Doc. 1 : Actif de la BCE au 27 septembre 2019
(Cliquez pour agrandir)
En même temps, ces banksters ont retiré 30,842 milliards d’euros qu’ils avaient précédemment déposés à la BCE (rubrique 2 du passif).
Doc. 2 : Passif de la BCE au 27 septembre 2019
Ces mouvements sont cohérents : comme les banksters n’ont plus besoin d’emprunter autant qu’auparavant, ils déposent moins d’argent à la BCE, mais ce n’est pas en concordance avec la crise larvée qui sévit dans la zone euro ni avec la politique monétaire (réactivant le QE) décidée par Draghila pour tenter de relancer l’activité économique dans la zone euro.
Par ailleurs, les taux négatifs dans la zone euro sont en contradiction avec cette apparente bonne santé des banques de la zone euro.
En conclusion, le plus grand désordre continue à sévir dans la vieille Europe continentale, ce qui risque d’être accentué par le Brexit, s’il se produit enfin !
***
Aux Etats-Unis, le marché interbancaire donne l’impression de fonctionner à nouveau d’une façon rassurante : des banques n’ont eu besoin d’emprunter que 54,850 milliards de dollars (à 1 jour) le 1er octobre alors que la Fed était disposée à leur en fournir 75 milliards.
Doc. 3 : Prêts Repo à 1 jour de la Fed aux banques au 1er octobre
(Cliquez pour agrandir)
Si la situation des banques américaines aux Etats-Unis est bonne, il n’en est pas tout à fait de même pour les autres entreprises qui subissent un certain ralentissement, surtout pour ce qui concerne l’industrie manufacturière, ce qui est un mauvais signe en concordance, avec une récession prédite par l’inversion de la courbe des taux.
Là encore, une autre incohérence s’observe aux Etats-Unis : le ralentissement de l’activité économique s’accompagne d’une reprise de l’inflation !
En effet, les indices de prix, portant sur tous les produits et sur les seuls produits non volatils (le PCEPI et le PCE:PILFE) calculés sur les six derniers mois en taux annualisé est de 2,0 %, ce qui est la limite supérieure normale.
Comme ils sont en forte progression sur ces derniers mois, les tendances inflationnistes se renforcent au moment où les dirigeants de la Fed baissent leur taux de base, ce qui est contradictoire.
Les bons fondamentaux américains font remonter logiquement le dollar des Etats-Unis (USD) surtout par rapport à l’euro, dans une tendance lourde, longue et baissière.
Doc. 4 : Parité USD / €
(Cliquez pour agrandir)
Et là encore, nouvelle incohérence ou contradiction : un dollar fort affaiblit les entreprises œuvrant aux Etats-Unis, ce qui déclenche au plus haut point la colère de Donald Trump…
Des deux côtés de l’Atlantique, la fin de ce troisième trimestre est problématique et pleine d’interrogations.
L’avenir est par définition incertain, mais une bonne culture monétariste alimente la spéculation gagnante…
Cependant, la situation actuelle doit se décanter un peu pour que les épargnants puissent investir sereinement et avec profit, ce qui ne saurait tarder.