Madame, Monsieur, bien le bonjour !
J’ai écrit la semaine dernière qu’une certaine incohérence régnait en ce moment sur les marchés bien qu’il y ait aussi certaines cohérences et il en est toujours de même au 8 octobre…
Aux États-Unis, la situation de quelques banques est même devenue inquiétante car la Fed a été obligée de leur apporter 37,5 milliards de dollars ce 8 octobre pour la nuit suivante et 38,85 milliards pour neuf jours.
Doc. 1 : Prêts Repo de la Fed à des banques au 8 octobre
(Cliquez pour agrandir)
Certaines banques opérant aux Etats-Unis sont donc en grandes difficultés car elles manquent de liquidités, ce qui signifie qu’elles sont au bord du gouffre, c’est-à-dire qu’elles sont proches de la faillite.
La Fed n’identifie pas ces banques et aucune information fiable n’est actuellement disponible pour savoir quelles sont ces banques en difficultés.
Cette situation est d’autant plus étonnante que les grandes banques américaines respectent les règles prudentielles d’endettement et elles sont de ce fait à l’abri de tels manques de liquidités.
Cependant, les dirigeants de certaines d’entre elles peuvent avoir pris trop de risques en fin de trimestre en utilisant imprudemment au maximum leurs disponibilités, ce qui les a amenées à en manquer pour effectuer des opérations à très court terme.
Dans ce cas, le marché interbancaire aurait dû fonctionner normalement et leur apporter les liquidités nécessaires, d’autant plus que globalement les banques ont déposé… 1 487 milliards de dollars auprès de la Fed.
Ce sont là des liquidités non utilisées par des banques qui ont une position créditrice par rapport à la Fed, ce qui apparaît à la rubrique Other deposits… du passif au 2 octobre, derniers chiffres publiés.
Doc. 2 : Passif de la Fed au 2 octobre
Cette situation est encore plus étonnante quand on sait que les sommes engagées journellement sur les marchés américains sont de l’ordre de… 1 000 milliards de dollars !
Conclusion : de fortes turbulences sur les marchés financiers aux Etats-Unis sont possibles (mais pas certaines) dans un avenir proche.
Les décisions et les déclarations à ce sujet de membres du FOMC, dont celles de Jerome Powell, manquent de cohérence, de clarté et de vraisemblance, ce qui n’est pas rassurant…
Il faudra attendre encore un peu pour en savoir davantage.
Dans la vieille Europe continentale, la situation des banques continue à se détériorer, surtout à cause des taux négatifs.
En effet, les banques (traditionnelles) ont beaucoup de difficultés pour dégager des marges bénéficiaires en pareilles circonstances, d’autant plus qu’elles sont concurrencées par les banques en ligne… qui sont généralement déficitaires !
Pour rappel, le système bancaire européen est tout à fait différent de son homologue des Etats-Unis car la BCE est obligée de prêter… 700 milliards d’euros à des banques de la zone euro pour qu’elles puissent survivre (rubriques 5 et 6 de l’actif), ce qui est loin des 75 milliards de dollars apportés par la Fed au jour le jour !
Doc. 3 : Actif de la BCE au 27 septembre (derniers chiffres publiés)
(Cliquez pour agrandir)
Par ailleurs, la BCE a racheté pour… 2 800 milliards d’euros de titres (rubrique 7 de l’actif)… sans avoir les moyens de les payer, par pure création monétaire comme l’a rappelé récemment… le bureau de Francfort de l’AFP !
Conclusion : tout investisseur doit prendre en considération ces données car les turbulences à venir peuvent être hors normes !
L’avenir est par définition incertain, mais une bonne culture monétariste alimente la spéculation gagnante…
JEAN-PIERRE CHEVALLIER