Madame, Monsieur, bien le bonjour !
La BCE a publié à la fin de la semaine dernière les données des agrégats monétaires de la zone euro arrêtées à la fin du mois d’octobre qui font apparaître que la masse monétaire globale, totale, M3 continue inexorablement à augmenter [pour retrouver la définition des différents agrégats monétaires, reportez-vous au premier numéro de ma Stratégie].
Doc. 1 : Masse monétaire M1 de la zone euro
(Cliquez pour agrandir)
La masse monétaire M3 se montait à 12 960 Mds€ fin octobre. Elle est largement supérieure au PIB annuel courant de la zone euro qui était de 11 863 Mds€ au deuxième trimestre 2019 alors qu’elle ne devrait pas dépasser 80 % de ce PIB !
Cette hypertrophie monétaire provient d’une création monétaire indue considérable qui se trouve principalement dans l’agrégat M1.
Doc. 2 : Agrégat monétaire M1 de la zone euro
(Cliquez pour agrandir)
Pour rappel, l’agrégat monétaire M1 comprend l’argent immédiatement disponible des ménages qu’ils ont sur leurs comptes courants et dans leurs portefeuilles sous la forme de billets… de la BCE qui sont les seuls à avoir cours légal.
Cependant, ces données de la BCE ne sont pas fiables car ces chiffres de M1, proches de 9 000 Mds€, incorporent les encours sur les comptes courants de tous les clients des banques de la zone euro alors que cet agrégat ne devrait comptabiliser que les encours des seuls ménages.
En reconstituant les bons chiffres de cet agrégat M1, les conclusions sont les mêmes : une bulle monétaire gigantesque s’est développée dans la zone euro et elle continue à grossir.
Normalement, la principale fonction des autorités monétaires est de surveiller l’évolution de la masse monétaire qui est de son ressort, ce que fait très bien la Fed, la banque centrale des Etats-Unis.
Ainsi, cet agrégat monétaire M1 se montait à 3 934 Mds$ le 29 novembre, ce qui est largement inférieur au PIB annuel courant des Etats-Unis qui était de 21 542 Mds$ au troisième trimestre 2019.
Doc. 3 : Agrégat monétaire M1 des Etats-Unis
(Cliquez pour agrandir)
Là encore, ces chiffres publiés par la Fed ne donnent pas une image fidèle de la réalité du montant des billets réellement en circulation aux Etats-Unis car plus de la moitié de ces billets (surtout pour les grosses coupures de 100 dollars) circule hors des Etats-Unis en des mains qui ne sont pas toujours très propres comme en a pu témoigner un certain Saddam Hussein entre autres…
Des dysfonctionnements majeurs se produisent toujours lorsqu’une bulle monétaire s’est installée dans un pays (ou une zone monétaire) et ils ont des conséquences particulièrement graves comme ce fut le cas par exemple dans l’Allemagne de l’après Première Guerre mondiale, comme le montre très bien Pierre Jovanovic dans son livre Hitler ou la revanche de la planche à billets.
Les Allemands ont énormément souffert de la planche à billets qui imprimait des quantités phénoménales de billets sans rapport avec la création de richesse.
L’hypertrophie qui sévit dans la zone euro ne produit pas de tels dommages mais une crise larvée qui peut dégénérer en euro-crash à tout moment, d’autant plus facilement que les banksters ne respectent plus les règles prudentielles d’endettement.
C’est la raison pour laquelle les banquiers des Etats-Unis refusent de prêter des dollars aux établissements américains des banksters européens. La Fed a même refusé de leur prêter ce lundi 2 décembre tous les milliards qu’ils demandaient à l’échéance du 13 janvier prochain.
Doc. 4 : Repo du 2 décembre 2019
(Cliquez pour agrandir)
Les banksters européens vont encore avoir de grosses difficultés à boucler leurs bilans de cette fin d’année !
L’avenir est par définition incertain, mais une bonne culture monétariste alimente la spéculation gagnante…
JEAN-PIERRE CHEVALLIER