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Gilets jaunes contre zézés

Par 20 mars 2019Alertes

« Peu importe combien désastreux s’avère être un programme politique, toute personne qui le critique peut s’attendre à se voir répliquer : ‘Mais par quoi est-ce que vous le remplaceriez ?’
Lorsque vous éteignez un incendie, par quoi est-ce que vous le remplacez ? »

Thomas Sowell

Chère Lectrice, cher Lecteur,

00:00 Commençons par un constat implacable – il nous vient de Simone Wapler, qui se penche ce matin dans La Chronique Agora sur le cas des gilets jaunes… dont les recommandations d’origine qui, pour certaines, étaient justes et légitimes, sont en train de se déliter entre violences, récupération et démagogie.

Désormais, le mot d’ordre semble être : « Tout est de la faute des riches, punissons-les. »

C’est se tromper de combat, explique Simone dans une analyse aussi claire que significative. Le problème, ce n’est pas tant les riches que les moyens de parvenir à la richesse, détournés et monopolisés par une élite mondiale qui ne joue pas le jeu selon les règles.

Pourtant, explique Simone :

« Il existe […] un moyen d’enrichissement personnel honnête et juste. Il s’agit d’appliquer une politique de liberté économique. Nous avons dans ce domaine des études chiffrées plus précises que le brutal constat que les Suisses sont plus zézés [« aisés » — tout est en début d’article !] que les Vénézuéliens, ou les Chinois plus zézés que les Nord-Coréens. Il ne s’agit pas de symboles mais de faits et de chiffres.

L’institut Fraser établit depuis des années un indice de liberté économique par pays.

Indice de liberté économique

Vous remarquerez avec intérêt que notre douce France est vert pomme et appartient à ce que les statisticiens nomment le deuxième quartile. Il ne règne donc pas vraiment dans notre pays un sauvage et débridé laisser-faire sur le plan économique. »

Eh oui, contrairement à ce qu’on pourrait croire, la France n’est pas entre les pattes griffues d’ultra-libéraux esclavagistes et assoiffés du sang des travailleurs – ou alors nous n’avons pas la même définition du libéralisme…

01:00 Heureusement, me diront certains ! Sinon, ce serait la catastrophe, la pauvreté, la veuve et l’orphelin jetés aux ours ! (Non pardon, je me trompe d’époque.)

Eh bien… pas vraiment, en fait. Simone nous donne en effet le revenu moyen par habitant en fonction de cet indice de liberté économique. Il est édifiant :

Revenus par habitant en fonction de la liberté économique

« Les habitants des pays les plus libres ont les revenus les plus élevés et ceux des pays les moins libres ont les revenus les moins élevés. Comme vous le constaterez, la différence est substantielle.

[…] Affreux, abominable : la liberté, ça marche pour enrichir et pour lutter contre la pauvreté…

Si la France décidait de rejoindre les pays économiquement libres, combien de politiciens, de zélés fonctionnaires, de gentils élus, de lobbyistes, de chasseurs de subventions et autres empêcheurs de tourner en rond seraient contraints de se trouver un travail honnête plutôt que de se livrer au trafic d’influence ?

Les gilets jaunes de la première heure, ceux qui s’interrogeaient sur la destination du ‘pognon’, qui réclamaient moins de taxes, qui revendiquaient ‘laissez-nous travailler’ avaient raison. »

Mais quelles chances ont-ils de se faire entendre ? Le débat est systématiquement accaparé et détourné par des politiciens de tous bords assoiffés de voix, par des médias assoiffés de clics… et par des « autorités » assoiffées de pouvoir et de prestige.

02:00 Or les dégâts commis par cette dernière catégorie de personnes sont considérables, dans l’économie actuelle, explique Jim Rickards dans la dernière revue de presse d’Intelligence Stratégique :

« La liste des ‘ratages’ commis par les économistes conventionnels, tant sur le plan des mesures que sur celui des prédictions, est plus longue que la liste de cadeaux de Noël d’un enfant de neuf ans.

Ils n’ont réussi à prévoir ni la bulle du crédit hypothécaire de 2007, ni la crise financière de 2008.

Ils ont acclamé les fameuses ‘pousses vertes[NDLR : promesses de reprise économique] en 2009, alors que c’était totalement illusoire.

Ils ont salué ‘l’été de la reprise’ en 2010, alors qu’il ne s’agissait que d’une croissance minable.

Ils ont passé six ans à mener un QE et sept ans avec des taux d’intérêt à zéro, sans autre résultat qu’un bilan de banque centrale surdimensionné, une inflation des actifs et 4 000 Mds$ de pertes de richesse enregistrées au gré d’une croissance évoluant en dessous de son taux tendanciel.

Dernier échec en date : une ‘croissance mondiale synchronisée’ en 2017, alors qu’il n’existe rien de tel. Les principales économies glissent désormais vers la récession.

Dans cet article, Mohamed El-Erian, éminent économiste, déclare qu’il est temps que les économistes tirent des leçons de l’échec et qu’ils améliorent leurs analyses sous peine d’être exclus des débats de politique.

Il déclare que les économistes devraient éviter l’instinct grégaire (le fait d’évoluer en troupeau consensuel, qu’ils aient tort ou raison) et se montrer plus critiques à l’égard des stratégies de communication de la Fed. »

Et c’est « ça » qui tient le volant de l’économie mondiale actuellement… Pas étonnant que le système soit de plus en plus faussé et que les inégalités se creusent. (Si vous voulez une excellente explication de ce lien de cause à effet, au passage, je vous conseille cet article de Bill Bonner : une analyse très parlante de la situation actuelle – et comment nous y sommes arrivés).

02:45 Hélas, pour l’instant, le système tient bon… et il faut bien faire avec. Gaël Deballe nous rappelle dans Alerte Guerre des Devises que la Fed, justement, va s’exprimer aujourd’hui, et que vous devriez surveiller ses propos :

« […] le marché doit encore s’adapter à des conditions sans assouplissement quantitatif et sans taux d’intérêt nuls.

Nous sommes encore à plusieurs mois (au moins) du prochain cycle d’assouplissement de la Fed. Et les mots doux de la banque centrale ne suffiront pas à garder les investisseurs sereins plus longtemps. Elle devra agir à un moment donné.

Nous obtiendrons d’autres indices sur la date de ce prochain cycle lors de la conférence de presse de son président de la Fed, Jerome Powell, ce mercredi 20 mars. »

En d’autres termes, Jerome Powell a intérêt à bien surveiller ses paroles – la hausse incandescente des marchés ces derniers jours ne tient qu’à un fil… et c’est lui qui a la bobine en main !

03:15 Non, remarquez – un autre facteur pourrait faire vaciller la belle humeur des intervenants : la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. L’heure tourne en effet… et pour l’instant, malgré les effets d’annonce, aucun accord concret n’est réellement en place, comme le rappelle Philippe Béchade dans La Bourse au Quotidien :

« Nous assistons depuis trois mois à un feuilleton qui pourrait être rebaptisé ‘douche écossaise’, fait ‘d’avancées extraordinaires’ (selon les dires de Trump) et de blocages successifs de la part des négociateurs chinois sur divers sujets techniques.

Il semble cependant acquis que les sanctions douanières seront intégralement levées (une exigence chinoise) si un accord commercial – même si celui-ci n’est pas 100% satisfaisant – est conclu à l’issue des négociations qui vont s’accélérer avec le déplacement à Pékin des ‘plus hauts responsables américains’ la semaine prochaine.

Mais alors que les marchés anticipaient une signature mi-avril, voilà que ‘le stade final’ évoqué hier s’allonge singulièrement puisqu’un accord est espéré d’ici… la fin avril. »

On se croirait en Grande-Bretagne avec les négociations sur le Brexit…

Quelle que soit l’issue des débats, les marchés réagiront – à la hausse ou à la baisse : cela fera naître des opportunités à coup sûr, et si vous voulez être prêt à en profiter, vous pouvez suivre les conseils de Philippe. C’est par ici !

04:00 Terminons par une sage leçon d’investissement de la part de James Altucher, qui vous aidera j’espère à prendre un peu de recul vis-à-vis du « bruit » quotidien autour des actions, de l’investissement, de l’épargne, des marchés, de…

… Bref, un principe utile et simple, à garder en tête lorsque vous prenez une décision d’achat, quelle qu’elle soit :

« Le prix est déterminé par la situation.

Admettons que vous vouliez acheter une maison. Vous trouvez deux maisons exactement pareilles dans le même quartier. On pourrait croire qu’elles sont au même prix.

Eh bien, non.

Admettons que le propriétaire de l’une des deux propriétés vient de décéder. Aucun de ses trois enfants ne veut garder la maison.

Au contraire, ils veulent la vendre rapidement pour pouvoir se partager l’argent. Le prix est donc meilleur marché que celui de la maison d’à côté où habite une famille stable avec deux enfants et un chien.

Si vous voulez gagner de l’argent, étudiez les situations plutôt que l’offre et la demande. »

La suite de la leçon d’investissement de James est disponible ici : il se propose de vous révéler « tout ce qu’il faut savoir sur l’économie »… une lecture indispensable, donc (attention, sa conclusion va probablement vous surprendre !).

04:45 C’est tout pour aujourd’hui – et même pour cette semaine : votre correspondante s’absente pendant deux jours pour cause de déménagement, et les cartons nuisent à l’écriture (sans parler du fait que ma connexion Internet sera… disons… hasardeuse).

Nous nous retrouverons dès lundi 25 mars, ceci dit – et je vous souhaite une excellente fin de semaine d’ici là.

Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes

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29 mars 2019

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