Inquiétant mais lucide (et 122% de gains !)

« Le biologiste passe, la grenouille reste. »

Jean Rostand

Chère Lectrice, cher Lecteur,

00:00 Ça y est : devant la tristesse des marchés, la déprime des cours, le vague-à-l’âme des intervenants, la BCE passe à l’attaque. Mario Draghi a fait du Mario Draghi lors du sommet de la BCE à Sintra, au Portugal – rappelant son heure de gloire, le « quoi qu’il en coûte » prononcé en 2012 et qui aurait « sauvé » la Zone euro.

Vu la situation actuelle, des sauvetages de ce genre augurent mal de ce qui nous attend dans les mois, voire les années qui viennent…

00:30 Trêve de mauvais esprit : voyons plus précisément ce que le président de la Banque centrale européenne avait à dire cette semaine, et les répercussions à prévoir sur votre épargne. Philippe Béchade décortique son discours dans La Bourse au Quotidien :

« [M. Draghi] promet que la BCE apportera plus de stimulus monétaire si la croissance s’essouffle (ce qui est le cas) et si l’inflation ne se redresse pas… et si jamais elle revient, elle pourrait se situer au-delà de l’objectif des 2% pour ‘quelques temps’ (avant de prendre des mesures pour la contenir).

Le président de la banque centrale considère les taux négatifs (auxquels la BCE se refusait ces dernières années) comme un ‘instrument important’ de la panoplie de soutien à l’économie: ‘de nouvelles baisses de taux sont clairement envisagées’, a-t-il déclaré.

Il affirme que les programmes de rachat (QE de la BCE) peuvent être ‘considérablement étendus’ (autrement dit, un éventuel ‘QE’ à venir peut être théoriquement no limit).

Enfin, il assure que les forward guidance (les orientations de politique monétaire indiquées aux marchés) peuvent être améliorées… alors qu’elles viennent d’être allongées de six mois. »

01:15
Donc tout va bien, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, la BCE est là. Les marchés ont bu cela comme du petit lait… Tout de même, comme Philippe, la situation me semble légèrement – si légèrement – paradoxale :

« La BCE envisage-t-elle de promettre des taux zéro (ou négatifs) pour les 18 prochains mois, ou les 24 prochains… ou à perte de vue ?

À quel point nous dirigeons-nous vers une panade économique effroyable pour que la BCE sorte préventivement la grosse artillerie ?

À quel point les marchés sont-ils inconséquents de s’en réjouir alors que Mario Draghi brosse en creux le portrait d’une récession potentiellement pire que 2009 ? »

02:00 Tout cela est une parfaite illustration de l’analyse sans concession faite par Bruno Bertez – le « terrible engrenage » est enclenché, nous explique-t-il, et ses effets de long terme seront dévastateurs :

« Au fil du temps la balance entre les avantages et les inconvénients des actions des responsables se déséquilibre. Les remèdes sont de moins en moins efficaces – comme le monétaire, par exemple, et il faut à chaque fois franchir de nouvelles lignes, violer de nouvelles frontières.

Au fil du temps, ce sont les principes de nos sociétés qui sont détruits, bafoués, sans que personne n’ait voté pour cela. La destruction, la perversion se font en continu selon le fameux conte imagé de la grenouille dans une casserole d’eau bouillante. Cette malheureuse grenouille victime du gradualisme… À force de glisser sur la pente, on en arrive à des situations où le bien-fondé des actions entreprises finit par disparaître sans que l’on s’en aperçoive.

En 2008 et 2009, les banquiers centraux ont agi pour sauver l’ordre social en utilisant des remèdes monétaires exceptionnels afin de déboucher les canalisations financières colmatées.

Par la suite, ils n’ont pas osé supprimer ces remèdes, pas osé sevrer le système, de peur de rechute. Ils ont continué pendant plus de 10 ans au point que maintenant, les inégalités s’étant creusées, nos ordres sociaux sont en danger comme en 2009 ! »

La suite de cette analyse – inquiétante, je vous l’accorde, mais lucide et importante – est disponible ici même.

Et si vous voulez continuer l’exploration des actions de plus en plus risquées de nos banques centrales, c’est par là, avec Jean-Pierre Chevallier. En digne successeur de Simone Wapler, Jean-Pierre vous propose aussi des recommandations et orientations pour votre épargne.

03:00 Tout cela conforte le bien-fondé d’une stratégie boursière équilibrée : ayez en portefeuille des actifs sûrs et durables, même s’ils rapportent moins, pour leurs vertus protectrices en cas de crise…

… Mais ne vous privez pas de profiter des opportunités que les marchés continuent de vous offrir : il reste de bonnes entreprises et de belles opérations à faire !

Démonstration avec Ray Blanco, dont les lecteurs ont pu engranger aujourd’hui une magnifique plus-value de 122% dans le cadre du service NewTech Insider. Retour sur les détails de cette position :

« C’est avec un immense plaisir que je vous annonce que nous nous sommes fait rachetés par Pfizer ! L’annonce est tombée hier. Le géant pharmaceutique déboursera 10,64 Mds$ pour racheter l’ensemble des parts d’Array Biopharmaceuticals (NASDAQ : ARRY) que je vous ai recommandé voici quatre mois.

Pfizer les rachète à 48 $. Nous encaissons une plus-value de 122%.

Ce rachat vient prouver ce que je vous dis depuis le début de l’année. Les OPA se multiplient dans le secteur des biotechs et aujourd’hui, nous avons la chance d’en profiter.

Un mot en passant, il est très important de diversifier votre portefeuille et de ne pas choisir parmi les actions que nous recommandons celle dont l’histoire vous plaît le plus ou à laquelle vous croyez. La diversification est la clé pour vous protéger du risque, mais aussi pour maximiser vos gains. Pour en savoir plus, je vous conseille l’article de mon collègue Jonas Elmerraji à ce sujet.« 

Au passage, si vous voulez jouer d’autres belles opérations de rachat, vous pouvez intégrer notre OPA Business Club, dont la mission est de détecter les meilleures opportunités d’OPA, fusions, etc. Toutes les explications sont par ici.

04:00 Terminons avec un point de vue intéressant sur les corrections et la volatilité auxquelles nous avons assistés ces derniers temps. Il nous vient de Zach Scheidt, dans Investissements Personnels :

« Les professionnels de Wall Street ne sont pas inquiets du mouvement de correction et des fluctuations que nous avons pu observer au cours des deux dernières semaines. En fait, cette catégorie d’investisseurs est même généralement ravie de voir une augmentation de la volatilité telle que celle à laquelle nous assistons. Deux raisons permettent de l’expliquer :

1. Quand les actions fluctuent à la hausse et à la baisse, cela donne aux investisseurs actifs l’opportunité d’acheter davantage de leurs actions favorites à prix réduit, puis d’alléger leurs positions quand les cours remontent.

Et rappelez-vous que ces gars-là ne ferment pas nécessairement la totalité de leurs positions quand le marché remonte et n’achètent pas toutes les actions qu’ils détiennent lors des phases de correction. En revanche, ils aiment alléger leurs positions, par exemple d’un quart, d’un tiers, voire de la moitié des titres qu’ils détiennent lorsque le prix des actions retourne sur des niveaux plus élevés.

2. Les gestionnaires de fonds d’investissement adorent la compétition. […] Et lorsque le marché se contente de progresser lentement et régulièrement, la plupart d’entre eux obtiennent des résultats comparables. En revanche, lorsque le marché connaît de larges fluctuations, cela leur donne l’opportunité de voir qui a la capacité de tirer profit de la volatilité du marché pour réaliser des gains supérieurs aux autres.

Ce n’est pas seulement qu’une question d’ego. C’est également le moyen pour les meilleurs gestionnaires de fonds de battre leurs concurrents et ainsi de s’assurer que davantage de clients fortunés leur confient leur argent sous gestion.

[…] Avec la poursuite d’un niveau élevé de volatilité – et compte tenu du fait que nombre de nos actions favorites commencent à s’échanger à des niveaux de cours nettement sous-valorisés – je m’attends à ce que les gestionnaires de fonds profitent de cette opportunité pour ouvrir des positions importantes sur les entreprises cotées les plus solides. »

Mieux encore, explique Zach, vous pouvez parfaitement investir à leurs côtés… même si vous n’êtes pas millionnaire et client d’un prestigieux fonds : il vous indique même quelques-uns de ses secteurs préférés actuellement, pour que vous puissiez tirer le meilleur parti de la situation – tout est dans la suite de son article, lisible ici.

N’oubliez pas que le trading permet lui aussi de tirer de jolis gains d’un contexte volatil, à condition de bien « border » vos positions. Mathieu Lebrun est là pour vous aider, si vous ne souhaitez pas vous lancer seul – plus d’explications par ici.

C’est tout pour aujourd’hui, il me semble ! Rendez-vous demain pour voir ce que nous concoctent encore Mario, Jerome et les autres… et excellente soirée d’ici là.

Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes