« Une seule fissure non colmatée peut détruire le plus gros des barrages. »
– Daniel Desbiens
Chère Lectrice, cher Lecteur,
00:00 Je vous disais hier que le plan des autorités pour une hausse boursière éternelle semblait fonctionner.
Aujourd’hui, nous nous intéressons un peu à l’envers du décor… et aux multiples fissures qui ont non seulement apparu mais sont en train de s’élargir – remettant en question l’idyllique tableau qui semble acquis un peu partout.
00:30 Les marchés ont battu record sur record ces derniers jours, mais cette exubérance même fait naître un signal au nom digne d’un film d’angoisse hollywoodien : le présage d’Hindenburg.
Explications avec Mathieu Lebrun dans La Bourse au Quotidien :
« [Le] présage d’Hindenburg, auquel certains spécialistes reprochent parfois de trop nombreuses occurrences, ne fait pas l’unanimité, et pour ce qui me concerne, je vois en lui un signal nécessaire, mais pas forcément suffisant pour valider certaines hypothèses baissières. C’est d’ailleurs pour cette raison que je le recoupe avec d’autres filtres personnels.
Cette méthodologie permet de lisser ce que l’on appelle les bruits et une fois ceux-ci ‘passés au tamis’, les dernières apparitions concrètes du présage susmentionné sont survenues mi-juillet 2019 et en septembre 2018. Or, dans les deux cas, nous en fûmes quittes pour des sell-off assez marqués sur les indices.
Le CAC 40 avait ainsi fondu de 400 points en l’espace d’une semaine en août dernier et il se trouve qu’en cette seconde moitié de novembre, mes voyants commencent à rougir…«
Car – aussi paradoxal que cela puisse sembler – « haussier » n’est pas synonyme de « sain » sur les marchés.
01:15 Mathieu continue ses explications :
« Pour faire simple, quand vous avez simultanément un nombre substantiel de valeurs qui inscrivent des plus hauts et des plus bas annuels, vous pouvez nourrir de sérieux doutes quant à l’homogénéité d’un mouvement. Dans un marché sain, la proportion de titres qui inscrivent des sommets de 52 semaines doit suivre l’orientation générale du marché (à la hausse donc actuellement), mais ce n’est pas le cas ici.
Afin de mieux illustrer mon propos, nous avions par exemple Walmart qui évoluait sur des plus hauts de 52 semaines et même sur des sommets historiques au-delà des 120 $ la semaine dernière à la suite du relèvement de ses objectifs annuels (cf. le cercle noir ci-dessous).
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Parallèlement, un autre poids lourd, Cisco, trébuchait pour sa part sur ses plus bas annuels (cf. cercle noir ci-dessous).«
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Bref, les bonnes nouvelles sont désormais largement dans les cours – et, de l’avis de pas mal de nos rédacteurs, ils n’attendent plus qu’une bonne excuse pour se retourner. Mathieu conclut pour sa part qu’il est « davantage enclin à vendre qu’à acheter aux niveaux actuels de marchés ».
Considérant que son sens du timing a permis aux lecteurs de Mathieu d’engranger 25% de plus-values en seulement deux trades – et moins de 24 heures… je vous conseille 1) de lire l’intégralité de son analyse, juste ici, et 2) de vous abonner à ses conseils quotidiens, disponibles ici quant à eux.
02:30 Autre facteur qui sape discrètement mais continuellement les bases sur lesquelles s’appuie la hausse boursière : le mauvais état des finances américaines. Plus personne n’en parle ou presque… mais c’est, selon Bill Bonner, la plus grande calamité du XXIème siècle – et il se pourrait qu’elle soit en train de rattraper ses auteurs.
Bill en dit plus dans La Chronique Agora :
« L’exercice fiscal du gouvernement fédéral a pris fin il y a quelques jours. Personne ou presque n’y a fait attention – mais il s’est mal terminé. De l’Associated Press :
‘Le gouvernement fédéral, qui a terminé l’exercice fiscal 2019 sur son plus profond déficit en sept ans, a commencé le nouvel exercice fiscal avec un déficit qui, en octobre, était 33,8% supérieur à celui de l’an dernier, les dépenses atteignant un record.’
Sous cet aspect, l’élection de Donald J. Trump aura peut-être été une étape cruciale du déclin ; c’était peut-être la dernière chance de faire demi-tour.
L’aile défense/industrie/surveillance du Deep State n’avait pas été vraiment remise en question depuis plus d’un demi-siècle. Aucun président, depuis John F. Kennedy, n’avait osé s’y opposer. L’aile santé/retraite/éducation gagne quant à elle régulièrement en puissance, 10 000 baby-boomers prenant leur retraite tous les jours.Durant la décennie qui s’annonce, ces boomers videront le Trésor US. Ils voudront plus d’argent pour financer leurs prothèses de hanches et leurs transplantations cardiaques. Ils auront aussi le poids électoral pour s’assurer de l’obtenir.
Mais d’où viendront les dollars ?«
Bonne question… et bon courage pour trouver la réponse (les finances françaises ne sont pas en meilleur état que les finances US, au passage – et il est probablement temps de trouver vos propres solutions de revenus pour compléter votre pension…).
03:15 Bah, me direz-vous, les marchés sont obnubilés par la guerre commerciale – et les gouvernements américains et chinois sont en train de se mettre d’accord pour y mettre fin. Dans quelques jours à peine, ce sera réglé et les cours repartiront de plus belle à la hausse.
Oui… sauf que la situation à Hong Kong pourrait venir mettre de solides bâtons dans les roues de ce véhicule déjà bien branlant.
Le Sénat US s’est engagé hier à « protéger les droits humains à Hong Kong », ce qui n’a pas été du goût du gouvernement chinois, qui se prépare désormais au « scénario du pire, une guerre commerciale prolongée », selon Hu Xujin, rédacteur en chef du quotidien chinois Global Times.
Par ailleurs, si l’on élargit encore un peu l’angle – comme le fait Jim Rickards dans sa dernière alerte Intelligence Stratégique –, Hong Kong pourrait être l’équivalent d’une étincelle dans la poudrière sociale mondiale, chargée à bloc :
« La ‘contagion’ est l’un des termes les plus fréquemment utilisés en gestion des risques.
Ce terme est emprunté à l’épidémiologie et fait référence au processus selon lequel une contamination se propage d’une victime à une autre jusqu’à ce qu’elle devienne une épidémie (au niveau local) puis une pandémie (au niveau régional et international). La contagion arrive à son terme lorsque les victimes ont guéri ou bien péri.
Appliquée à l’analyse des risques de marché, la contagion décrit le même processus de propagation des tensions financières – ou d’une crise – d’une banque à une autre, et d’une institution à une autre, jusqu’à ce que tout le système financier soit menacé.
[…] Les investisseurs ne doivent pas sous-estimer la possibilité que ces manifestations de Hong Kong – protestant contre les atteintes aux droits civiques auxquelles se livre la Chine – provoquent également une contagion mondiale.
Cet article décrit cet incident, à Londres, où la secrétaire d’Etat à la justice de Hong Kong a été confrontée à une foule de manifestants, à plus de 9 500 km de Hong Kong. Il a été fait usage de la force et la secrétaire a été légèrement blessée.
Ce qu’il faut retenir, c’est que les manifestations violentes du type de celles de Hong Kong, ne vont pas forcément se cantonner à ce territoire.
Il existe un fort potentiel qu’elles se propagent à certaines villes de Chine continentale, ainsi que dans des centres internationaux (Londres, Paris, New York), et dans de très grandes villes possédant une vaste population chinoise (Singapour et Sydney).
Ce qui se produit à Hong Kong ne vas pas forcément y rester. Et cela veut dire que les troubles sociaux qui en résulteraient en Chine pourrait affecter les investisseurs de manières inattendues.
Ce facteur d’incertitude plaide en faveur d’un renforcement de votre compartiment liquidités, afin de réduire la volatilité de votre portefeuille, et de pouvoir résister face à des chocs de marché.«
Jim vous dévoile d’ailleurs toute sa stratégie de protection ici même, si vous avez besoin de conseils pour préparer votre épargne à un choc potentiel.
04:15 Allez, ne restons pas sur ces prévisions sombres et inquiétantes – ou plutôt si, gardons-les bien présentes à l’esprit… mais sachons prendre nos distances, comme l’affirme James Altucher dans Investissements Personnels :
« J’ai grandi en m’apercevant des dangers de l’excès d’optimisme et de pessimisme.
Tout ne va pas mal tourner (maman), mais certaines choses vont mal se passer.
Je ne peux pas exiger un salaire d’un million de dollars à 23 ans (papa), mais je peux toujours chercher de nouvelles opportunités.
L’économie est peut-être dans une mauvaise passe actuellement (maman), mais il y a mille façons d’améliorer la situation (papa).
En fin de compte, je donne l’avantage à mon père. Il y a toujours des occasions de faire de l’argent. Il y a toujours des tendances à la hausse dont on peut profiter.«
Une lecture salutaire – disponible juste ici !
Excellente soirée,
Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes
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