« L’inflation [ou la création monétaire] est comme l’alcoolisme. Lorsqu’un homme se livre à une beuverie, le soir même cela lui fait du bien. Ce n’est que le lendemain qu’il se sent mal. »
– Milton Friedman
Chère Lectrice, cher Lecteur,
00:00 Eh bien, il y a du progrès par rapport à hier : internet est de retour, avec une connexion stable… mais c’est désormais accompagnée d’un concert de meuleuse et de coups de marteau que votre correspondante rédige l’édition du jour, ce qui a tendance à nuire à la concentration.
Mais armée de mon fidèle casque audio… ou, au pire, des boules Quiès généreusement proposées par ma collègue… je vais tenter de vous livrer quelque chose d’à peu près cohérent.
00:30 En fait, cette édition sera sur le thème du dynamitage des idées reçues. Prenons quelques clichés à rebrousse-poil – et voyons s’il n’y a pas moyen d’en tirer quelques enseignements/idées d’investissement pour les semaines qui viennent.
Commençons par l’idée la plus reçue… le cliché le plus énorme de ces dernières années – à l’origine de pas mal des maux qui affligent l’économie et les marchés en ce moment… j’ai nommé :
« Les politiques des banques centrales marchent. »
01:15 J’appelle Jim Rickards à la barre, avec des arguments tout à fait convaincants :
« Les échecs enregistrés par la politique monétaire à la suite de la crise financière mondiale de 2008 sont manifestes. La Réserve fédérale a abaissé les taux d’intérêt à zéro en 2008, puis les a maintenus à ce niveau pendant six ans avant de les relever légèrement ces dernières années.
La Fed a également élargi son bilan en imprimant de l’argent, le portant ainsi de 800 Mds$ à 4 500 Mds$ entre 2008 et 2014. Ce bilan n’a été que légèrement réduit. D’autres banques centrales, dont la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque du Japon, ont appliqué des taux d’intérêt négatifs et fait gonfler leurs bilans encore plus que la Fed. Ces taux négatifs et bilans surdimensionnés sont toujours en place.
Ces formes extrêmes d’assouplissement quantitatif étaient censées stimuler l’économie pour qu’elle renoue avec une croissance tendancielle soutenable. Ce n’est pas arrivé. L’économie a progressé, mais en affichant la relance économique la plus faible de l’Histoire. L’Europe et le Japon ont subi des récessions et périodes de déflation à répétition, alors que les Etats-Unis subissaient une croissance évoluant au-dessous de son taux tendanciel, ainsi qu’une déflation.
Aucune des politiques menées par les banques centrales n’a produit le résultat escompté, et aucune banque centrale n’a démontré sa capacité à sortir de cette faiblesse des taux ni de l’émission monétaire qu’elles ont créées elles-mêmes. »
En gros, plus on en fait, moins cela marche… mais qu’à cela ne tienne : on continue !
02:00 Jim poursuit sa démonstration :
« Depuis 2008, nous vivons une colossale expérimentation monétaire qui apparaît désormais comme un énorme échec. Au lieu d’admettre leurs erreurs, les élites internationales tentent de rejeter la faute sur les législateurs et responsables politiques en leur reprochant de ne pas avoir réussi à stimuler un peu plus l’économie via la politique budgétaire.
Cet article décrit à quel point les responsables de banques centrales sont déçus, face à l’incapacité des autorités budgétaires à augmenter les déficits pour stimuler l’économie.
A présent, ils ont peur que des solutions progressistes radicales destinées à traiter cette faiblesse économique – y compris la Théorie monétaire moderne – apparaissent pour jeter le discrédit aussi bien sur la politique budgétaire que sur les banques centrales. C’est clair, il s’agit de désigner un coupable. Les autorités budgétaires ont créé des déficits de plusieurs milliards de dollars sans programmes de relance spécifiques. Les ratios dette/PIB n’ont jamais été aussi élevés depuis la Deuxième Guerre mondiale, et le sont suffisamment pour ralentir la croissance, indépendamment de la politique monétaire.
Les expérimentations monétaires extrêmes des banques centrales n’auraient jamais dû être tentées, avec ou sans politique budgétaire. Désormais, nous devons vivre avec leurs conséquences, et notamment de l’incertitude et un ralentissement de croissance.
Pire encore, les banques centrales ne seront pas armées pour gérer la prochaine crise, dans la mesure où elles n’ont jamais ‘fait le ménage’ après la précédente.«
Bon, il est à noter que contrairement aux banques centrales, vous pourriez être tout à fait armé pour gérer la prochaine crise – Jim vous montre comment exactement ici même.
03:00 Cela m’amène à la prochaine idée reçue – qui peut paraître antinomique avec la démonstration de Jim ci-dessus –, qui veut qu’il faille immédiatement sortir tout votre argent des marchés.
Zach Scheidt n’est pas de cet avis – et prône un peu plus de modération dans Investissements Personnels :
« Lorsque la Fed cherche à pousser l’économie dans une certaine direction, il est plus judicieux pour les investisseurs d’aller dans le même sens.
Cette idée est particulièrement importante dans le contexte actuel étant donné que la Fed a récemment amorcé un revirement majeur de sa politique monétaire. Et ce revirement devrait permettre à l’économie de poursuivre sur sa trajectoire de croissance et de pousser le marché boursier américain vers de nouveaux plus hauts.
A la fin du mois de juillet, le président de la Fed Jerome Powell s’est adressé devant une armée de journalistes pour leur annoncer une réduction des taux d’intérêt appliqués par la banque centrale. En fait, Powell a même été clair sur le fait qu’il était envisageable que la Fed mette en œuvre plusieurs réductions des taux d’intérêt au cours des prochains mois afin de soutenir la croissance économique.
Une réduction des taux d’intérêt peut avoir un impact particulièrement positif pour les ménages et les entreprises.
Des taux d’intérêt plus bas facilitent en effet le remboursement des dettes. Cela permet également de faciliter le refinancement des prêts immobiliers, la mise en place d’un prêt pour l’acquisition d’une nouvelle voiture ou d’équipements pour la maison, ainsi que les dépenses de consommation à crédit. »
03:45 Attention, nuance Zach, il s’agit de pragmatisme avant tout :
Je ne suis pas nécessairement en train de défendre une telle décision. Mais cela semble raisonnable d’affirmer qu’une baisse des taux d’intérêt permettra aux Américains de dépenser davantage d’argent, ce qui stimulera la croissance économique.
Dans le même, la baisse des taux d’intérêt aidera les entreprises à emprunter pour financer de nouvelles opportunités de croissance. Des taux d’intérêt plus bas permettent aux entreprises d’emprunter à moindre coût pour acheter des stocks, ouvrir de nouveaux points de vente, ou encore recruter plus de personnel et ainsi vendre davantage de produits et services.
C’est la raison pour laquelle les investisseurs de Wall Street savent depuis longtemps qu’il n’est pas raisonnable de parier contre le marché boursier lorsque la Fed réduit ses taux d’intérêt. Et c’est ce qui explique que les indices boursiers aient atteint de nouveaux plus hauts lorsque Powell a clairement expliqué que la Fed était sur le point de s’engager dans une série de baisses des taux d’intérêt.
[De votre côté,] continuez de suivre une stratégie d’investissement équilibrée et prudente, diversifiez votre patrimoine entre différentes catégories d’actifs tels que les actions à fort dividende, les actions d’entreprise en croissance rapide lorsque des opportunités se présentent, les métaux précieux et même les obligations.Ne laissez pas la peur ou les hyperboles utilisées par les médias vous pousser à manquer des opportunités d’investir et de faire croître votre patrimoine.«
Si vous avez déjà quelques actifs refuge – or, etc. – et une stratégie de protection en place « en sous-main », il serait dommage de vous priver des nouvelles opportunités qui continuent de se présenter !
04:15 Pour terminer, changeons de domaine… et voyons un autre cliché qui a la vie dure : la propriété immobilière.
Est-elle aussi solide, profitable et indispensable qu’on le dit ?
La réponse d’Alexandre Lauzier dans De Zéro à la liberté financière pourrait en surprendre plus d’un :
« Prenons une hypothèse classique. En province, il est facile de trouver des appartements pour primo-accédants à 200 000 €.
Si vous êtes en CDI et que votre foyer gagne plus de 2 500 € par mois, vous pouvez facilement emprunter cette somme et rembourser 865 € par mois sur 25 ans. Votre investissement personnel peut être limité aux frais de notaire et aux menus travaux d’emménagement, disons 20 000 €.
Si vous vous lancez à la recherche d’un tel bien à la rentrée prochaine et concluez la vente en 2020. Félicitations ! Vous serez réellement propriétaire de votre résidence principale en 2045.
Quel plaisir, pendant tout ce temps, de vous dire que vous n’engraissez pas votre propriétaire, que vous épargnez de manière quasi-indolore et que vous pouvez (mal)traiter le bien comme bon vous semble !
Au niveau patrimonial, cependant, la réalité est un peu différente.
En tant que propriétaire, vous aurez à payer la taxe foncière, les charges de copropriété ainsi que les travaux.
Comptez, en moyenne, 3 000 € par an d’impôts fonciers, 2 000 € par an de charges de copropriété et 2 000 € par an de travaux. Ce dernier chiffre vous semble élevé ? N’oubliez pas que parties communes, façades, et toitures se rénovent tous les 15 à 25 ans, et que les dépenses se chiffrent à cette occasion en dizaines de milliers d’euros par copropriétaire !
Votre effort financier sera donc de 20 000 € lors de l’achat, puis 17 380 € par an, le tout durant 25 ans. Votre bel appartement vous aura, au bout du compte, coûté la bagatelle de 454 500 € !
Et si vous restiez locataire ? En partant de l’hypothèse d’un loyer à 600 € par mois, et d’une revalorisation du loyer de 2 % par an (hypothèse pessimiste), vous dépenseriez sur la même période 230 618 € de loyer. »
Faut-il pour autant abandonner toute idée de posséder votre propre domicile un jour ? La propriété immobilière doit-elle être abandonnée ? Comment faire en sorte que vos investissements immobiliers vous rapportent, au lieu de vous coûter ?
Les réponses se trouvent ici !
Et je vous souhaite une très bonne soirée, en attendant de vous retrouver demain…
Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes
★★★ Le chiffre du jour ★★★ |
4 540 $
C’est ce que vous auriez pu remporter en un seul trade grâce à cette stratégie d’investissement : elle fonctionne quand les marchés sont en hausse… et quand ils sont à la baisse… … Sans toucher à une seule action ! Comment faire ? Tout est expliqué ici. |