« Dans la vie, nous combinons un plan ; mais celui-ci reste subordonné à ce qu’il plaira de faire au sort. »
Arthur Schopenhauer
Chère Lectrice, cher Lecteur,
00:00 Eh bien, il n’aura pas fallu longtemps avant que « Le Donald » ne déclare une nouvelle guerre commerciale – et cette fois-ci, ça y est : l’Europe est dans son collimateur. Environ quatre milliards de dollars de produits pourraient faire l’objet de taxes douanières dans les mois qui viennent, si les États-Unis vont au bout de leur plan.
Peut-être pourrait-on leur recommander d’éteindre entièrement un front avant d’en ouvrir un nouveau… parce que le dossier Chine n’est pas exactement clos, quoi qu’en aient dit les médias au sortir du sommet du G20 le week-end dernier.
Philippe Béchade nous explique dans La Bourse au Quotidien pourquoi l’Empire du Milieu pourrait encore donner du fil à retordre à l’Oncle Sam. Car si une trêve a été établie et les pourparlers ont repris… l’horizon n’est pour autant pas dégagé :
« La réalité est […] un peu moins reluisante, car Xi Jinping avait bien fait comprendre qu’il ne négocierait pas sous la menace, aussi ne s’est-il engagé sur rien qui ne figurait pas déjà dans des projets de rééquilibrage des échanges bilatéraux datant de mars 2018 (et non mars 2019), comme des achats de produits agricoles ou de GNL américains. »
00:45 Sans oublier que le dirigeant chinois doit aussi faire face à une situation dégradée dans son propre pays. Philippe reprend :
« [L’]Empire du Milieu va probablement devoir prendre des mesures de soutien à son économie avant la BCE et la Fed, alors que selon les dernières données du Bureau national de la statistique chinoise, l’indice PMI manufacturier chinois est resté en zone de contraction le mois dernier à 49,4.
Les commandes à l’exportation ont au surplus poursuivi leur recul à 46,3, après 46,5 en mai, tandis que le PMI du secteur des services (lequel représente désormais plus de la moitié du PIB chinois) est passé de 54,3 en mai à 54,2 en juin.
Enfin, le composite (services + industrie) se dégrade plus que ses composantes, à 53 contre 53,3 le mois précédent. Le ralentissement semble se généraliser… »
Pas franchement le contexte idéal pour absorber les retombées d’une guerre commerciale prolongée (sans parler du fait de perdre la face devant un dirigeant américain qui ne s’est pas rendu populaire parmi la population chinoise).
Pour autant, les marchés sont-ils en train de paniquer ? Pas du tout – comme l’explique Philippe dans le reste de son article, les risques sont actuellement « perçus comme des opportunités ».
Les intervenants partent en effet du principe que chaque mauvaise nouvelle augmente la probabilité que les banques centrales rouvrent les vannes du crédit… venant ainsi inonder les marchés d’argent quasiment gratuit.
01:30
Cet argent gratuit, les entreprises savent exactement comment l’utiliser – et cela vient nourrir plus encore la hausse artificielle des cours.
Explications circonstanciées de Bill Bonner dans La Chronique Agora :
« [Imaginons] un PDG de New York [ayant] dans son contrat une clause indiquant qu’il touche une prime si le cours de l’action atteint une cible donnée.
Il sait qu’il peut construire une nouvelle usine, acheter plus d’équipement, former de nouveaux employés et lancer une nouvelle ligne de produits. Si tout va bien, dans cinq ans, les profits grimperont.
Il sait aussi qu’il peut emprunter à court terme pour 3% seulement. Il est également bien au courant du fait que le marché boursier valorise son entreprise de telle sorte que chaque dollar de profit augmente le prix de l’action de 20 $.
« Hé… c’est tout simple », se dit-il. Oublions la construction de long terme : il peut simplement racheter 20 millions de dollars une entreprise de Cleveland enregistrant un million de profits.
En empruntant à 3%, cela coûte à son entreprise 600 000 $ d’intérêts… mais cela ajoute 8 millions de dollars (20 millions moins le paiement des intérêts capitalisés de 12 millions de dollars) à la valeur de marché de l’entreprise.
Il n’a pas ajouté un sou à la richesse réelle de la planète ni embauché un seul nouvel employé. Mais la valeur grimpe. Il touche sa prime. Les actionnaires sont contents. De quoi se plaint-on ? »
02:15 Ben oui, tiens : pourquoi râler ? Tout le monde s’en sort avec profit, non ?
Eh bien… pas tout à fait. Bill reprend :
« L’un des ‘engins’ les plus populaires depuis la crise de 2008-2009 a été le rachat d’actions. C’est aussi complètement cinglé, dans la mesure où une entreprise qui ne voit rien de mieux à faire avec son argent que racheter ses propres actions est un zombie.
Que vaudrait le pétrole si les entreprises pétrolières devaient racheter la moitié de leur production simplement pour empêcher le cours de s’effondrer ?
Que vaudrait une maison si les promoteurs en achetaient une sur deux… pour tenter de faire grimper les prix ?
Et à quelle sorte de capitalisme a-t-on affaire lorsque les capitalistes dépensent leur précieux argent pour faire grimper le cours de leurs actions plutôt que de produire des biens et services qu’ils peuvent vendre avec profit ? »
Oui, décidément, il y a quelque chose de pourri au royaume du capitalisme américain.
Évidemment, tous les rachats ne se valent pas – certains participent d’une stratégie saine et profitable de développement… et ouvrent de très belles opportunités aux investisseurs. Tout de même, cela ne semble pas la base d’un développement économique durable et solide.
03:00 D’autant que tout cet argent facile injecté sur les marchés a une conséquence directe et immédiate, explique Zach Scheidt dans Investissements Personnels :
« Avec des taux d’intérêt qui commencent déjà à baisser, le dollar américain s’affaiblit.
C’est un changement majeur après une longue période de hausse du dollar américain. Mais dans un contexte de baisse des taux, les investisseurs ont de moins en moins intérêt à détenir des dollars sur un compte épargne rémunéré ou tout autre fonds monétaires de placement. Par conséquent, les institutions financières retirent leurs liquidités de ces comptes et les réinvestissent dans des actifs offrant une meilleure protection pour leur capital. »
03:30 Mais comme vous le savez désormais – vous commencez à nous connaître –, toute baisse fait généralement naître une opportunité. Celle que Zach a identifiée ne vous surprendra pas :
« Avec un dollar américain en baisse, la demande d’or augmente !
Nous pouvons observer ce phénomène à chaque fois que le dollar s’affaiblit. Pour simplifier, lorsque le dollar est ‘faible’, il en faut davantage pour acheter une once d’or. Donc un affaiblissement du dollar entraîne une hausse du prix de l’or.
Nous avons observé une montée en flèche du prix de l’or. Et au fur et à mesure que de plus en plus d’investisseurs vont prendre conscience du lien entre la guerre commerciale, la santé de l’économie américaine, la politique de la Fed et la faiblesse du dollar, nous allons assister à une hausse encore plus importante du prix de l’or !
Le prix de l’or atteint aujourd’hui près de 1 380 $ l’once. En quelques semaines, l’or a connu un très net rebond. En effet, depuis début juin, on estime qu’il a gagné 10%. Il a dépassé les 1 400 $, ce qui est devenu son plus-haut en l’espace de six ans.
Mais si vous avez suivi les évolutions des cours de l’or durant les dernières années, vous savez que nous sommes encore largement en dessous des plus-hauts atteints il y a quelques années. »
Selon Zach, l’or pourrait rapidement renouer avec ses sommets historiques (2 000 $ l’once environ), comme il l’explique dans la suite de son article.
Je signale au passage que si la situation est intéressante pour l’or mesuré en dollar… elle l’est aussi lorsqu’on l’évalue en euro, comme le démontrait Nicolas Perrin dans La Chronique Agora il y a quelques jours.
Bref, si vous n’avez pas encore d’or ou de minières en portefeuille (pourquoi ???), vous pouvez encore vous positionner à des prix raisonnables. Réfléchissez-y…
04:15 Terminons par un petit passage en revue du paysage crypto, qui pourrait lui aussi bénéficier de la tendance baissière du billet vert. Attention cependant : si le bitcoin a connu une hausse superbe ces dernières semaines, il n’en va pas de même pour toutes les cryptos, et la vigilance reste de mise.
Analyse de Florian Darras dans Opportunités Technos :
« L’heure des altcoins n’a pas encore sonné. Si la tendance haussière leur profite tout de même par ricochet ; l’indice de dominance du marché (la part de la capitalisation de chaque crypto dans la capitalisation totale du secteur) est toujours largement en faveur du bitcoin, et atteignait même mercredi son plus haut depuis début 2018, à 62,8%.
La présence de forces acheteuses bien supérieures à celles des vendeurs explique ce dynamisme.
Sans doute aussi, le Libra de Facebook a pu contribuer à mettre le feu aux poudres… Si le réseau Libra ne présente pas les caractéristiques d’une blockchain ouverte comme celle du Bitcoin, le mot de ‘cryptomonnaie’ a été remis sur le devant de la scène, touchant de fait un large public.
[…] La hausse récente n’est-elle qu’un avant-goût de la reprise du marché des cryptos ? Le BTC testera-t-il son plus haut historique de 20 000 $ dans les semaines à venir ?
Si l’optimisme des investisseurs a bien fait son retour, ne négligez pas les prises de bénéfices qui font fluctuer les cours à l’issue de telles envolées. Les contrats futures qui arrivent à expiration impriment eux aussi leur marque et le tempo de ce marché volatil. »
Pour résumer : les opportunités réapparaissent sur le marché… mais mieux vaut être bien accompagné pour en profiter !
Je vous souhaite une très bonne soirée, à demain.
Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes
★★★ Le Chiffre du jour ★★★ |
500 C’est le nombre de pages contenues dans le livre d’un visionnaire sans égal à notre époque ; dans ces 500 pages, il faisait 12 prédictions ultra-profitables : 11 se sont déjà concrétisées… et la 12e est en passe de se réaliser, faisant naître par la même occasion des opportunités de gains spectaculaires.Si vous voulez en profiter vous aussi, c’est par ici.
|