« Le champagne donne l’impression que c’est dimanche et que les jours meilleurs sont à nos portes. »
Marlene Dietrich
Chère Lectrice, cher Lecteur,
00:00 Et vous, votre banque, comment va-t-elle ?
A-t-elle besoin de passer sur le divan ? Quelques anxiolytiques, peut-être ?
Nicolas Perrin s’est penché sur le système bancaire européen dans La Chronique Agora… et les conclusions ont de quoi rendre légèrement schizophrène, comme il est indiqué en tête d’article :
« Les derniers stress tests menés sur le secteur bancaire européen ont été jugés satisfaisants par l’Autorité bancaire européenne et la BCE, et pourtant la BCE prolonge son soutien.«
En d’autres termes, tout va bien… donc on continue à vous aider comme si tout allait mal. Nicolas explique :
« Les résultats annoncés le 2 novembre 2018 ont amenés les deux institutions à conclure que les mesures imposées aux banques par les régulateurs en vue de les forcer à améliorer le niveau de leurs fonds propres ont été un succès. Elles leur ont permis de ‘renforcer leur capacité à résister à des chocs importants’, selon les mots de l’ABE. »
00:45 Dans ce cas, pourquoi ces nouvelles inquiétantes :
« Pourtant, le cours des banques européennes s’est effondré en 2018, la BCE a annoncé le 7 mars 2019 un nouveau round de TLTRO et les Allemands semblent assez pressés de mener à bien une fusion entre Deutsche Bank et Commerzbank.«
Décidément, nos banques ne tiennent pas une forme olympique – et des soucis pourraient être à prévoir pour la suite de 2019, comme l’explique Nicolas dans la suite de son article. Quelques précautions s’imposent avant que la situation ne vire à l’aigre, d’autant que, comme l’explique encore Nicolas, les enjeux sont de taille :
« [Le] secteur bancaire représente plus de 400% du PIB en France et un peu moins de 350% du PIB en Allemagne, il ne se monte qu’autour de 180% du PIB au Japon et à un peu plus de 100% du PIB aux États-Unis. »
01:30 Qu’en est-il côté américain ? Tout comme en Europe, les banques et le secteur financier peuvent compter sur l’appui d’une banque centrale acquise à leur cause… avec une dimension supplémentaire, analyse Jim Rickards dans Intelligence Stratégique :
« En 2017, nous avons averti nos lecteurs que Trump ‘avait la main’ sur la Réserve fédérale.
Ce n’était pas une exagération, mais un simple calcul mathématique. Le conseil des gouverneurs de la Fed compte sept sièges : ceux du président et du vice-président, ainsi que cinq sièges occupés par d’autres gouverneurs, dont deux vacants lors de l’élection de Trump.
Peu de temps après son investiture, trois gouverneurs (Janet Yellen, Stan Fischer et Dan Tarullo) ont démissionné, ce qui a porté à cinq le nombre de sièges vacants. Cinq des sept sièges devant faire l’objet d’une nomination par Trump, et Jerome Powell étant déjà président du conseil, Lael Brainard demeurait la seule représentante du social-libéralisme à bord.
Depuis 2017, Trump a pourvu trois de ces cinq sièges vacants en nommant Randal Quarles, Richard Clarida et Michele Bowman. Il devait encore pourvoir les deux sièges restés vacants, et il a choisi deux de ses fidèles économistes : Herman Cain et Steve Moore.
À part Trump, aucun président n’a jamais eu un tel contrôle sur le conseil des gouverneurs depuis la création de la Réserve fédérale, en 1913.«
02:15 Cela met la Fed en bien mauvaise posture, continue Jim ; les impératifs politiques contrarient en effet son programme économique. Ce qui fait l’affaire de Donald Trump candidat (un marché qui s’envole pile à temps pour sa réélection en 2020) pourrait bien venir hanter Donald Trump président (lorsque la récession frappera et qu’il se retrouvera à court de « munitions » monétaires pour la contrer).
Jim explique :
« Selon cet article, le fait que les fidèles de Trump dominent le conseil de la Fed est un casse-tête pour Jerome Powell, président de l’institution.
D’un côté, Powell souhaite relever les taux d’intérêt afin de se préparer à la prochaine récession. D’un autre côté, il sait qu’il ne peut les relever trop rapidement au risque de provoquer une récession ou un effondrement de marché. Powell a résolu ce dilemme en décidant de ‘marquer une pause’ sur la voie du relèvement, pour l’instant, et de mettre fin à la normalisation du bilan de la Fed d’ici le mois de septembre.
Mais ce ne sera peut-être pas suffisant pour Cain et Moore, si leur nomination est confirmée. Ils réclament un abaissement des taux d’intérêt afin de maintenir l’économie sur une voie de croissance, et de faire s’envoler le marché actions tout le temps que Trump mènera sa campagne pour se faire réélire en 2020. »
Il y a une bonne nouvelle pour vous, au milieu de ces manoeuvres et manipulations, conclut Jim :
« […] Ce que nous savons, c’est que si les gouverneurs nommés par Trump obtiennent un assouplissement de la politique monétaire, l’or sera le grand gagnant. »
Jim vous explique d’ailleurs comment vous positionner pour profiter de ce cas de figure : il vous révèle tout ici.
03:00 La Fed n’est pas la seule victime du président américain ces derniers temps. Après s’être occupé du cas de ses voisins du nord et du sud… puis de la Chine… Trump semble désormais vouloir tourner les canons de sa guerre commerciale vers les rives du Vieux Continent.
Au programme : des taxes douanières sur le roquefort et le champagne (entre autres)… et surtout, des représailles sur le front de l’aviation.
Les autorités des deux côtés de l’Atlantique s’accusent mutuellement de concurrence déloyale – et, pendant ce temps, Boeing souffre tandis qu’Airbus triomphe. Eric Lewin fait un point sur la situation de l’avionneur européen dans La Bourse au Quotidien :
« L’action est, de loin, la plus forte progression du CAC 40 depuis le début de l’année (+41% environ) et la valorisation boursière de la société atteint désormais près de 92 Mds€, soit la cinquième plus grosse ‘capi’ française, tout près de Sanofi (97 Mds€).
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Pour ma part, je me dois de souligner qu’elle commence à être chère avec un PER de 21, ce qui est nettement supérieur au PER de 15 de l’ensemble du CAC 40.
Un ami analyste, spécialiste du secteur et qui officie dans une grande banque londonienne, a toutefois balayé cet argument. ‘Tu poses mal le problème ! Nous sommes face à un duopole entre Boeing et Airbus, et surtout dans un marché de croissance perpétuelle. Tu peux tabler sur une augmentation annuelle de l’ordre de 3,5% du trafic passagers sur les deux prochaines décennies. Et je vais même te dire qu’Airbus peut maintenant être considéré comme une valeur défensive, au même titre que les spécialistes des maisons de retraite.' »
04:00 De quoi faire voler en éclats les doutes d’Eric, qui confirme cet optimisme avec la recommandation suivante :
« L’IATA prévoit par exemple un total de 8,2 milliards de passagers en 2037, soit un doublement par rapport aux 4,1 milliards recensés l’an passé. Sur le plan géographique, la Chine deviendra par ailleurs le premier marché aérien mondial devant les États-Unis, l’Inde et l’Indonésie.
De quoi permettre à Airbus Group d’engranger encore de nombreuses commandes, même si je persiste à penser qu’après sa chevauchée fantastique, le titre doit consolider, du moins à court terme. En revanche, il ne me paraît pas judicieux d’être vendeur à découvert sur la valeur. »
04:30 Terminons par un petit coup de projecteur sur les principales IPO de 2019. Celle de Lyft vient de se concrétiser… Trois autres attendent les investisseurs cette année, nous dit Etienne Henri dans Opportunités Technos. La première, vous la connaissez sans doute :
« Uber est bien sûr attendu au tournant suite à l’IPO réussie de Lyft. Le leader du marché des VTC devrait, lui aussi, battre le consensus qui valorisait l’entreprise 120 Mds$ (excusez du peu) en décembre dernier. Les dernières rumeurs font état d’une valorisation pré-IPO de 130 Mds$ – soit la valorisation des plus grands titres du CAC 40. Comme je vous le disais en décembre, à un tel niveau de valorisation, l’appétit et la solvabilité des investisseurs seront mis à rude épreuve.
[…] Le bon déroulement de l’IPO d’Uber sera un excellent baromètre de l’appétence pour le risque et la disponibilité de liquidités chez les intervenants. Tout report ou valorisation revue à la baisse devraient être vus comme un signe de tension à venir sur les marchés actions – et pas uniquement sur le compartiment technologique. »
Vous pouvez découvrir les autres IPO qu’Etienne surveille en cliquant ici. Au-delà de l’aspect purement « boursier » de chacune de ces opérations, explique Etienne, elles valent la peine que vous vous y intéressiez à cause de l’orientation qu’elles peuvent donner à vos investissements :
« […] À défaut de représenter de réelles opportunités pour les investisseurs particuliers (l’action Lyft a déjà perdu, à l’écriture de ces lignes, -16 % par rapport à ses plus-hauts d’il y a seulement quatre jours), ces IPO et leur déroulement pratique seront de précieux indicateurs de l’optimisme des grosses mains qui font, à court terme, la pluie et le beau temps sur les marchés ! »
Pas forcément à investir, donc… mais à surveiller de près !
Excellente soirée,
Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes
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