Madame, Monsieur, bien le bonjour !
Au cours des deux dernières semaines qui viennent de s’écouler, les rendements des bons à 10 ans des Trésors européens de référence ont évolué entièrement sous l’influence des Américains et non des Européens !
En effet, alors que ces rendements plongeaient violemment, les interventions de Jerome Powell et d’autres membres du FOMC les ont fait remonter brusquement, mais très brièvement, car ils sont repartis à la baisse très rapidement !
Plus précisément : au cours de ces séances en yo-yo, les rendements du Bund ont atteint un plus-bas record le 4 juillet à -0,407 % (cf. ma précédente alerte e-mail), puis ils sont remontés jusqu’à -0,210 % le 12 juillet pour redescendre à -0,354 % le 23 juillet !
Doc. 1 : Rendements de bons des Trésors européens
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Les explications de ces variations de taux sont les suivantes : d’abord, comme les titulaires de capitaux avaient peur de l’arrivée imminente d’un €-crash, ils les ont placés en bons du Trésor allemand, principalement sur le Bund pour bénéficier de créances en bons deutsche marks en cas d’€clatement, ce qui a fait baisser considérablement leurs rendements devenus… négatifs !
Ensuite, à partir du moment où les dirigeants de la Fed ont fait savoir qu’ils allaient baisser leur taux de base (du fait de la faible croissance américaine), ils en ont conclu que cette croissance américaine allait être stimulée, ce qui aurait entraîné à son tour une stimulation de la croissance en Europe.
Enfin, après réflexion… ces titulaires de capitaux qui manquent manifestement de culture économique et financière, se sont rendu compte que, si les membres du FOMC baissaient le taux de base de la Fed, cela signifiait que la croissance américaine allait faiblir, ce qui accentuerait alors la faiblesse de la croissance en Europe qui risquerait de ce fait de dégénérer en récession et, compte tenu des mauvais fondamentaux, en crise, donc avec un risque d’€-crash, d’où la baisse actuelle des rendements du Bund en particulier !
Doc. 2 : Rendements du Bund le 23 juillet
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Il est très important de bien observer les variations des rendements des bons des Trésors de référence car ce sont les marchés les plus importants, ceux qui sont à la base de tous les autres.
Paradoxalement, globalement, les cours des actions en Europe viennent de rebondir en atteignant souvent des plus-hauts record malgré ces analyses inquiétantes, surtout pour ce qui concerne les banques qui sont les entreprises qui risquent le plus de tomber en faillite.
Ces réactions a priori anormales s’expliquent par le fait que les dirigeants de ces grandes banques européennes interviennent pour soutenir les marchés par différents moyens…
D’abord, ils exercent une influence déterminante sur les médias qui occultent encore et toujours le grand plongeon des cours des big banks too big to fail depuis la fin de 2017 !
Ensuite, ces banksters interviennent vigoureusement en rachetant des actions, de leur propre banque, d’autres banques et d’autres entreprises pour en soutenir les cours en logeant ces titres dans des fonds qu’ils vendent à leurs clients qui, attirés par leurs hausses, se feront plumer lorsque les cours s’effondreront…
Comme je l’ai écrit précédemment, la situation actuelle est très… délicate car les manipulations de marchés sont importantes.
Tant que l’€-crash ne se produit pas, tout va bien.
Tout se passe comme pour les tsunamis : avant qu’ils n’arrivent sur la côte, la plage est belle, la mer est calme et la catastrophe arrive ! Les gens qui ne connaissent pas les conséquences d’un retrait de la mer (qui signifie l’arrivée proche d’un tsunami) ne peuvent alors plus rien faire pour y échapper.
Un autre indicateur particulièrement fiable prédisant l’arrivée possiblement proche d’un €-crash est ce graphique représentant l’évolution des rendements des Treasuries depuis 2008 qui montre clairement que la situation s’est brusquement aggravée depuis les midterms, à cause, non pas de la détérioration des conditions économiques américaines, mais de la mauvaise santé économique et financière de la vieille Europe continentale.
Doc. 3 : Rendements des Treasuries depuis 2008
Madame, Monsieur, plus que jamais, l’investisseur doit être très attentif aux variations des marchés qui peuvent plonger brusquement, ou rebondir temporairement.
C’est la raison pour laquelle, l’avenir étant par définition incertain, les bons investisseurs privilégient depuis quelque temps les marchés d’options, les futures, en investissant de préférence à découvert.
Une bonne culture monétariste alimente la spéculation gagnante…
JEAN-PIERRE CHEVALLIER
Données arrêtées au 24 juillet 2019.