Cher lecteur d’Altucher Crypto Trader,
Cette semaine, j’ai reçu deux SMS :
« Je ne crois à RIEN de ce que vous dites, James. Vous êtes très hostile envers moi. […] Désolé mais je dois me protéger, moi et ma famille, autant que je le peux. Je vais me désabonner de votre lettre. »
***
« LA GRANDE VENGEANCE
J’AI L’INTENTION DE VOUS TUER JAMES. »
Je ne devrais probablement pas indiquer aussi souvent mon numéro de portable dans les articles que j’écris…
Je suppose que, comme une bonne partie de la colère dirigée contre moi ces dernières années, sa menace est directement liée à ce service.
Il se désabonne. (Peut-être même que ce « il », c’est vous ?)
En janvier 2018, il y avait une telle quantité de gens qui se disputaient sur Twitter au sujet du Bitcoin (et mon nom apparaissait souvent dans les échanges) que j’ai tweeté mon numéro de téléphone en disant : « Si quelqu’un a un problème avec moi, qu’il m’appelle tout de suite. »
Il était environ 2h du matin, un samedi. Je n’avais rien à faire sur Twitter. Mais je n’avais pas les idées claires, et je commençais à m’énerver en voyant ce que des gens anonymes (qui n’avaient aucune influence réelle sur le cours de ma vie), partout dans le monde, disaient de moi.
De 2h du matin jusqu’à midi environ le lendemain, des gens m’ont appelé – et je leur répondais.
Ils étaient surpris que je réponde.
Chaque fois, je gardais une voix aussi monocorde que possible. J’étais fâché. J’étais même assez déprimé, en fait. Jusqu’alors, en 16 ans d’écriture, je n’avais jamais vraiment provoqué la colère des gens qui me lisaient. J’étais fier d’avoir bonne réputation parmi mes lecteurs.
Les gens étaient contrariés par mes publicités. « Ce génie des cryptos excentrique ! », etc. Encore hier, quelqu’un m’a demandé si je les regrettais. Je crois que oui, je les regrette un peu, parce que je n’aime pas la manière dont elles m’ont affecté.
Mon ami m’a aussi demandé pourquoi je devais faire payer mon service. « Pourquoi ne pas écrire ça gratuitement sur ton blog, comme d’habitude ? »
C’était une bonne question. Je veux être transparent, de sorte que je lui ai dit exactement ce qui m’avait motivé à créer ce service – et je vais vous l’expliquer maintenant.
Ensuite, nous aborderons des nouvelles récentes qui affectent le Bitcoin.
Deux raisons pour lesquelles j’ai créé cette lettre
1. Pour aider les gens à éviter les arnaques
Au départ, je ne m’étais pas donné la peine d’écrire sur le Bitcoin.
Début 2013, j’ai même tweeté que je pensais que le Bitcoin était une arnaque.
Mais arrivé à la mi-2013, j’étais convaincu. J’avais fait beaucoup de recherches sur le Bitcoin, et j’avais même monté une boutique acceptant uniquement le Bitcoin (j’y ai vendu mon livre, Choisissez-Vous, environ un mois avant de le sortir sur Amazon). C’était peut-être même la première boutique Internet en Bitcoin uniquement.
J’avais alors contacté Coinbase, le principal échange à l’époque (et encore aujourd’hui) pour le Bitcoin, en leur demandant de l’aide. Ils n’ont pas pu me renseigner. J’avais le sentiment qu’ils ne savaient pas comment faire.
J’ai même écrit à l’un de leurs capital-risqueurs en disant que Coinbase ne pouvait pas m’aider – à quoi il avait répondu, par écrit : « C’est préoccupant, dans la mesure où une partie de leur objectif est de faciliter les transactions en Bitcoin de manière à ce qu’il puisse être utilisé par le grand public. »
À présent, plus de six ans plus tard, le Bitcoin est beaucoup plus utilisé par le public, et il n’est pas très difficile de monter une boutique acceptant les Bitcoins. Les choses prennent du temps. Le premier e-mail a été envoyé en 1971. Mais la plupart de mes amis n’ont pas eu d’adresse mail avant 1995.
Le Bitcoin progresse bien plus rapidement : 200 Mds$ y ont été investis, des transactions en Bitcoin ont lieu dans tous les pays du monde.
Cependant, 200 Mds$ ne représentent qu’1/1 000e de la quantité de monnaie dans le monde (200 000 Mds$). Je répète, les choses prennent du temps.
Durant l’été 2017, j’ai vu que beaucoup de lecteurs parmi ma communauté parlaient du Bitcoin – mais ils étaient également enthousiastes au sujet de diverses autres crypto-monnaies.
J’ai examiné ces autres crypto-monnaies et constaté que la plupart d’entre elles étaient très probablement des escroqueries.
Comment est-ce que je le savais ?
Depuis le milieu des années 1980, je suis programmeur. J’ai obtenu mon diplôme d’informatique, j’ai fait des études d’informatique à l’université, et mes quatre premiers postes étaient dans la programmation – suite à quoi les trois premières entreprises que j’ai lancées (un succès, un échec, un point mort) exigeaient beaucoup de programmation.
Le code des crypto-monnaies est généralement visible de tous. Chaque coin est, en réalité, une série de codes.
J’ai donc regardé les codes concernés.
L’une des choses que j’ai remarquées dans environ 90% des cas, c’est que les fondateurs de la crypto pouvaient émettre plus de coins, de telle manière que cela générerait potentiellement beaucoup d’inflation (ce qui signifie que la valeur du coin passerait à zéro), ou bien cela bénéficierait au créateur de la monnaie (il pouvait émettre des coins pour lui-même), ou bien encore cela ressemblait à un système de Ponzi (plus de coins émis pour rémunérer les premiers arrivés).
Le code du Bitcoin, lui, était sécurisé – de sorte que l’on ne pouvait rien faire de tout ça. Il y a une limite, 21 millions de coins, et rien ne peut changer cela.
Je suis passé sur CNBC en septembre 2017 : j’y ai expliqué que 95% des crypto-monnaies étaient probablement des arnaques, mais que quelques-unes survivraient et prospéreraient.
Depuis, le Bitcoin a grimpé de plus de 100% et environ 80% des crypto-monnaies « alternatives » ont fait faillite.
Notre équipe a travaillé très dur pour identifier les escroqueries et les coins essentiels à l’écosystème du Bitcoin – c’est-à-dire des monnaies qui résolvent des problèmes ou améliorent les capacités du Bitcoin.
L’une des raisons pour lesquelles j’ai lancé ce service est donc d’aider les gens à éviter les escroqueries.
2. Une vraie conviction quant au potentiel des cryptos
Les crypto-monnaies sont parties pour durer. Je le dis depuis des années.
Mais je ne voulais pas consacrer mon blog aux crypto-monnaies parce j’aime vraiment écrire au sujet d’autres parties de ma vie, sans me limiter à un seul domaine. J’avais passé 10 ans à écrire pour des sites financiers (Wall Street Journal, Financial Times, Yahoo! Finance, etc.), je ne voulais pas y revenir.
Par ailleurs, tandis que j’étudiais le Bitcoin, je lisais aussi Sapiens, de Yuval Harari, et The Evolution of Everything, de Matt Ridley. Deux excellents ouvrages.
En réfléchissant aux idées de ces deux livres et en lisant les textes de gens que j’admirais dans le secteur des cryptos, j’ai réalisé que ces deux livres étaient tout à fait applicables au Bitcoin ; ils prédisaient même son avenir.
J’en ai déjà parlé dans d’autres articles mais, en deux mots, le Bitcoin (et ses descendants) représente un bond dans l’évolution par rapport aux précédentes devises. C’est lié aux idées de The Evolution of Everything, qui explique que chaque secteur est soumis à des évolutions naturelles.
Le Bitcoin est une étape naturelle que les humains franchissent dans tous les secteurs, passant du théisme (« In God We Trust » – « nous croyons en Dieu », la devise figurant sur tous les billets de banque américains) à l’humanisme (George Washington) puis au dataïsme ( » Nous croyons aux cryptos »).
Cela a réveillé mon enthousiasme. Depuis 2013, j’avais le sentiment que le Bitcoin réussirait, mais je me demandais quel pourcentage de devise fiduciaire il remplacerait.
À présent, je pense qu’une forme de monnaie numérique remplacera toutes les monnaies fiduciaires à long terme, et le Bitcoin en sera probablement le fer de lance – un peu comme le dollar US, qui est actuellement le chef de toutes les monnaies fiduciaires – tandis que d’autres crypto-monnaies pourraient se développer au-delà des « frontières d’utilisation » (par opposition aux frontières géographiques).
Par exemple, Zcash et Monero ont un cas d’utilisation qui leur est propre : une confidentialité accrue. C’est un cas d’utilisation précieux dans l’écosystème du Bitcoin, c’est pour cela que ces deux monnaies continuent de survivre et prospérer. D’autres cas d’utilisation (créons une crypto qui permet aux gens de parier au casino !) ne sont pas utiles pour l’écosystème, de sorte qu’ils disparaissent.
Cela m’intéressait assez pour écrire une lettre d’information à ce sujet.
Oui, le Bitcoin est plus haut qu’il n’était lorsque j’ai commencé. Oui, le Bitcoin a baissé par rapport à son sommet. Oui, le Bitcoin est la classe d’actifs aux meilleures performances en 2019.
Va-t-il grimper dans l’avenir, selon moi ? Bien sûr. Mon opinion à ce sujet n’a pas du tout changé.
L’Ethereum va-t-il grimper dans l’avenir, selon moi ? Absolument. Il va main dans la main avec le Bitcoin. Avec l’Ethereum, on peut facilement utiliser des idées cryptos pour créer une large gamme d’applications.
Est-ce que cela prendra du temps ? Je ne sais pas. Mais cela va arriver.
Et je suis certain que, lorsque ce sera le cas, il y aura encore des gens pour m’envoyer des menaces et tweeter des choses à mon sujet. C’est énervant et honnêtement cela ne me plaît guère, mais je devrais mieux résister à tout cela – c’est le cas la plupart du temps.
Je diversifie les domaines qui m’intéressent, de sorte que je peux combiner mes intérêts, ne pas être lié exclusivement au succès d’une seule idée, et ne pas être trop perturbé lorsque des choses se produisent qui pourraient me rendre malheureux.
De même, la bonne stratégie d’investissement est d’agir comme un hedge fund multi-stratégies – c’est-à-dire investir dans plusieurs stratégies totalement indépendantes, qui sont également décorrélées de l’économie et des marchés.
« Mais si le Bitcoin grimpe de 100 000% ? »
Eh bien, dans ce cas, tout le monde gagnera beaucoup d’argent et peu importera que vous soyez vous aussi positionné dans quelques stratégies non corrélées aux marchés.
« Mais devrions-nous être positionnés sur toutes les autres crypto-monnaies qui vont prospérer ? »
Peut-être. Nous en avons recommandé quelques-unes. Si elles grimpent, cela signifie aussi que le Bitcoin va grimper. Peut-être moins. Peut-être plus. Mais le Bitcoin va certainement grimper. Tout comme l’Ethereum.
Très bien. Ceci posé, voyons les deux grandes nouvelles affectant le Bitcoin.
Iran et ordinateur quantique
Comme je l’ai dit le 9 janvier, l’Iran a créé assez d’incertitudes pour que le Bitcoin grimpe. Il a connu un pic à plus de 8 000 $ quelques jours après le début du conflit.
Le dimanche qui a suivi l’attaque, j’ai appelé un ancien haut fonctionnaire du renseignement canadien, Tom Quiggin. Mes enfants me demandaient s’il y aurait une Troisième guerre mondiale – ou pire.
Je n’apprécie pas que les médias fassent peur aux gens de manière irrationnelle. Cet homme m’a expliqué pourquoi il ne faut pas avoir peur, et il m’a appris beaucoup de choses sur ce qui se passait – hors de tout parti pris politique.
Ce qu’il m’a dit durant cette discussion s’est plus ou moins concrétisé lors de la semaine suivante.
Je pense que cette tendance va se poursuivre – la situation avec l’Iran sera moins incertaine et cela pourrait même mener à une issue positive (de nouveaux dirigeants en Iran sur l’année qui vient).
Le Bitcoin reste supérieur à son cours des premiers jours de janvier.
Ceci dit, je ne regarde pas le prix du Bitcoin tous les jours. Je ne fais pas de trading, et la thèse à long terme reste intacte. Mais je pense qu’il y aura d’autres périodes d’incertitudes dans de nombreux pays différents, et à chaque fois, il y aura une ruée vers le Bitcoin.
Mécaniquement, l’offre se réduira face à la demande de la part des investisseurs, ce qui finira par mener une explosion à la hausse du prix.
Passons à l’ordinateur quantique…
Sans trop entrer dans les détails, un ordinateur quantique peut cracker la cryptographie sur laquelle s’appuie le Bitcoin.
Mais avant que cela ne se produise, le Bitcoin mettra en place un fork vers une autre version de lui-même. Elle sera identique au Bitcoin, avec une cryptographie capable de résister à un ordinateur quantique.
Je n’y accorde pas trop d’attention. C’est simplement les médias Bitcoin « grand public » qui essaient d’effrayer les gens. Comme tous les autres médias.
En tout cas, c’est tout ce que j’ai pour vous cette semaine.
Il faut que j’aille déclarer le numéro de téléphone du SMS ci-dessus à la police, maintenant. C’est une vraie corvée, que je n’ai cessé de repousser.
Bien à vous,
James Altucher
Rédacteur en chef
Altucher Crypto Trader
