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Alerte n°124 – Les actions misant sur les déconfinements sont évaluées à la perfection

Par 19 mars 2021Alertes

Dan Amoss

Cher lecteur,

Il est facile d’inventer des histoires selon lesquelles les changements de circonstances d’entreprises spécifiques, au jour le jour, devraient influencer le cours des actions.

C’est ce que font les médias financiers conventionnels, mais ce n’est pas ce que nous faisons, à la rédaction de Crash Speculator. Nous nous efforçons de fournir un contexte aux mouvements des actions que nous couvrons.

Le contexte est un élément clé, en matière d’investissement.

Sans contexte – comme, par exemple, le fait de savoir que la croissance des arbres est limitée – on pourrait croire que les arbres peuvent pousser à l’infini. Après tout, les jeunes arbres peuvent pousser considérablement, d’une année sur l’autre.

De même, si un investisseur manque de contexte concernant la santé d’une entreprise, il peut penser que les changements de circonstances la concernant sont la seule chose qui détermine le cours de son action.

Les valeurs pariant sur les déconfinements représentent une thématique populaire. Après un an de confinements et de restrictions de déplacement ordonnés par les gouvernements, les gens sont exaltés à l’idée de reprendre leurs bons vieux déplacements.

Qui pourrait le leur reprocher ?

Mais fonder des décisions d’investissement ou de trade sur un choix populaire de valeurs misant sur cette réouverture – sur la simple perception que « la réouverture signifie une hausse des actions » – c’est de la folie. Les cours de la plupart de ces titres intègrent déjà une énorme reprise.

Notre dernière recommandation, American Airlines Group (NASDAQ : AAL), est une de ces valeurs populaires misant sur la réouverture.

Ceux qui se sont allègrement précipités sur le marché pour acheter des actions AAL ne doivent pas être conscients des fardeaux financiers de l’entreprise, ou bien ont choisi de les ignorer.

Pour American Airlines, ce fardeau comprend des dettes colossales, ses locations d’avion et des frais fixes élevés. Des frais fixes élevés, dans un secteur très concurrentiel, cela veut dire que les pertes et les dettes s’accumulent au fil du temps.

American Airlines est entrée dans la crise aérienne due au Covid-19 avec des dettes excessives nécessitant une restructuration. Ensuite, elle a dû s’endetter encore plus pour financer les frais d’exploitation tout au long de la crise.

Comme le conseil d’administration d’American Airlines, à un certain stade au printemps dernier, a décidé qu’une déclaration de faillite ne constituait pas une bonne manière de préserver la valeur de l’entreprise, ni son avenir, des milliards de dollars de nouvelles créances AAL (actions, obligations et prêts) doivent désormais être détenues par quelqu’un.

La quantité de capitaux qu’American a dû lever pour éviter la faillite est stupéfiante, par rapport aux perspectives de bénéfices de l’entreprise.

Voici un peu de contexte concernant le trou financier d’où les actionnaires d’AAL tentent de s’extirper…

Ce graphique émanant de Koyfin indique que le chiffre d’affaires trimestriel s’est effondré de 11,3 Mds$ à 4 Mds$ au cours des douze derniers mois.

La dette nette a augmenté de plus de 4 Mds$ pour atteindre 34 Mds$.

Chiffres AAL
Cliquez sur l’image pour l’afficher en grand.

blablabla. Enfin, les barres vertes montrent que, de 2014 à 2019 – années d’expansion pour les compagnies aériennes (lors desquelles le conseil d’administration d’AAL a autorisé des rachats d’actions au lieu de se préparer à la prochaine récession en remboursant les dettes) – le nombre d’actions d’AAL a considérablement diminué. L’année dernière, ces actions ont été revendues sur le marché pour lever des fonds. Le bond de 45% du nombre d’actions AAL, l’an dernier, va peser considérablement sur l’action, en 2021 et au-delà.

Le 10 mars, le jour de notre recommandation, American a annoncé qu’elle allait lever un total de 10 Mds$ en instruments de dette – à un taux d’intérêt moyen pondéré de 5,575% – comprenant des obligations et un prêt à terme. Ces dettes seront garanties par le programme de fidélité de la compagnie aérienne.

Avec ces fonds, American va rembourser les prêts accordés par le département du Trésor américain.

Le mystère demeure, sur la question de savoir pourquoi la direction et le conseil d’administration d’American choisissent de fonctionner avec un fardeau de dettes aussi gargantuesque, malgré une baisse structurelle de la rentabilité du secteur aérien.

Alors la compagnie pourrait bien décider de continuer à brader ses actions dans le cadre de nouvelles émissions, tant que l’environnement de trading entourant les actions AAL demeurera aussi euphorique que ces dernières semaines.

Beaucoup de voyageurs de la très rentable classe affaire ne remonteront pas dans les avions, même si beaucoup de touristes le feront, au cours des mois à venir. Les entreprises se sont adaptées pour boucler des accords et organiser des réunions en vidéoconférence, alors les budgets de déplacement vont probablement baisser, structurellement, à l’avenir.

On espère énormément que tout le secteur aérien brulera moins de trésorerie, d’ici le deuxième trimestre.

Mais entre les prix élevés du pétrole, une concurrence féroce et un socle de chiffre d’affaires plus faible pour honorer le service de la dette, les actionnaires des compagnies aériennes sont dans le pétrin. Et ceux d’AAL détiennent la compagnie aérienne financièrement la plus faible.

Nous pensons que le potentiel de hausse d’AAL, à partir de maintenant, sera très limité, mais que son potentiel de baisse, en revanche, est considérable.

Gaël, notre analyste, vous indiquera comment gérer vos positions sur AAL.

Bien à vous,

Dan Amoss, CFA
Analyste

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