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Alerte n°142 – Vers un plateau des émissions de CO2 ?

Par 23 octobre 2023CO2 Alertes

Cher lecteur de Zéro Carbone Millionnaire,

Ce n’est pas encore la baisse qui nous mènera vers le net zéro… mais c’est déjà une stabilisation bienvenue. Après une année 2022 noire sur le plan de la transition énergétique, durant laquelle le manque de gaz naturel avait conduit à solliciter les très polluantes centrales au charbon, les données du premier semestre 2023 sont encourageantes.

A l’échelle de la planète, le solaire et l’éolien ont généré plus de 14 % de l’électricité consommée dans le monde, en hausse de 1,5 point et +11,7 % sur un an. Sur les six premiers mois de l’année, la consommation mondiale d’électricité a augmenté de 0,4 % seulement, tandis que les émissions de CO2 afférentes n’ont progressé que de 0,2 %.

Il n’en faudrait pas bien plus pour que nous assistions enfin à un découplage de nos besoins en électricité et de notre consommation d’énergies fossiles. Celui-ci aurait même déjà eu lieu si la production d’énergie hydroélectrique n’avait pas connu un inquiétant trou d’air. Sur un an, les barrages de la planète ont vu leur production diminuer de 8,5 %.

Les pessimistes s’alarmeront de l’érosion de la contribution de cette source d’énergie décarbonée considérée comme la plus verte qui soit, et qui représente 6,5 % de notre consommation globale d’énergie et plus de 15 % de notre consommation d’électricité. La modification des précipitations constatées ces dernières années pourrait faire baisser inexorablement la production de nombreux barrages et retenues d’eau.

Les optimistes noteront que, si l’électricité hydraulique avait maintenu sa contribution, les émissions de CO2 dues à la production d’électricité auraient baissé de 2,9 % malgré une hausse de production de 0,4 %, ce qui confirmerait que le découplage tant attendu a enfin débuté.

Avec des stocks hydrauliques de surface qui remontent progressivement vers le niveau moyen des dernières années, les chiffres de l’année 2023 pourraient s’améliorer nettement sur le second semestre. Peut-être sommes nous, à l’écriture de ces lignes, en train de passer sans le savoir le point d’inflexion historique de décorrélation PIB/consommation de fossiles. 

Gaz : le tout ou rien des Etats

A plus court terme, les Etats continuent de faire le grand écart au sujet de leur stratégie par rapport au gaz naturel.

D’un côté, le géant pétrolier Aramco a annoncé une diversification inédite dans le gaz naturel. Malgré sa rente de situation et des réserves de pétrole exploitables qui pourraient être les plus importantes au monde, la compagnie saoudienne a signé un chèque de 500 M$ pour prendre une participation minoritaire dans MidOcean Energy, une société spécialisée dans le gaz naturel liquéfié (GNL). La compagnie nationale aurait également, selon certaines rumeurs, des options pour augmenter dans le futur sa participation.

MidOcean s’est récemment renforcée en Australie avec des investissements dépassant les 2 Mds$, et fait partie d’un consortium monté pour racheter Origin Energy (toujours en Australie) pour 10,2 Mds$.

Avec ce rapprochement, Aramco prévoit d’augmenter de +50 % sa production de gaz naturel entre 2021 et 2030, en acquérant des capacités de production à l’international et en valorisant la ressource présente dans ses champs pétrolifères saoudiens.

Curieusement, certains gouvernements font encore comme s’il était possible de se passer du gaz naturel. Alors que Riyad prend acte du rôle croissant du gaz naturel dans le mix énergétique mondial, Amsterdam suit un chemin totalement opposé.

Les Pays-Bas ont en effet décidé de fermer officiellement le méga-gisement gazier de Groningue. Bien loin d’être anecdotique, cette fermeture signe la fin d’une ère puisqu’il s’agit du plus grand gisement d’Europe. Exploité depuis plus d’un demi-siècle (il fut découvert en 1959 et les premiers mètres cubes en sortirent en 1963), Groningue a déjà offert au royaume plus de 2 300 milliards de mètres cubes de méthane.

Avant l’effondrement de sa production, qui a chuté de -94 % sur les cinq dernières années, il assurait à lui seul près de 20 % de la consommation européenne. Selon les dernières estimations, il disposait encore de près de 500 milliards de mètres cubes directement exploitables et jusqu’à 2 500 milliards de réserves estimées.

Autant dire que Groningue n’en était qu’à la moitié de sa vie potentielle… mais le gouvernement a décidé de hâter la fin de son exploitation pour des raisons principalement environnementales. La raison n’est pas seulement la lutte contre les émissions de CO2, mais surtout la lassitude des riverains face aux conséquences de son exploitation. L’extraction de gaz provoquait en effet un affaissement des sols qui déclenchait jusqu’à cinq séismes par an selon les relevés.

C’est pour répondre à l’inquiétude des populations que le premier ministre néerlandais Mark Rutte a annoncé début 2018 la fin progressive de l’exploitation. Le 30 septembre, les derniers mètres cubes sont sortis des tuyaux, et les installations ont été fermées.

La fin de la production néerlandaise ? Pas nécessairement. Car malgré ce signal fort pour la protection de l’environnement, les installations sont certes arrêtées, mais leur démantèlement est prévu « à une date ultérieure ». De quoi se ménager une porte de sortie si la pénurie énergétique devenait trop pressante…

Pendant ce temps, dans notre portefeuille

Kinder Morgan toujours rentable

Malgré une hausse des coûts de refinancement du fait de l’augmentation continue des taux d’intérêt, le spécialiste américain des infrastructures gazières Kinder Morgan (FRA : 2KD) a signé un solide troisième trimestre.

Le bénéfice net par action s’est établi à 24 centimes par action, en ligne avec les estimations de 25 centimes des analystes. Le résultat net ajusté reste sur un plateau haut à 562 M$ sur le trimestre, contre 575 M$ en 2022.

Malgré ces chiffres tout à fait satisfaisants, la direction les considère comme un « trou d’air passager », et voit déjà une nouvelle vague de hausse de l’activité se profiler dès le premier trimestre 2024. D’ici la fin de l’année, le désendettement continuera pour tomber à 4 fois l’EBITDA du groupe, contre une moyenne historique de 4,5 fois.

Signe de sa confiance dans l’avenir, la direction a même décidé de revaloriser le dividende à la hausse, en lui octroyant un coup de pouce de +2 % à 0,2825 $ par titre.

Le programme de rachat d’actions se poursuit également, avec 28 millions de titres retirés sur l’année (1,3 % du capital), pour un montant de plus de 470 M$. Cet effort relutif a pour double avantage de diminuer d’autant le poids du versement de dividendes pour les comptes de l’entreprise, et d’augmenter les ratios boursiers pour les actionnaires.

 

 

MON CONSEIL

Achetez Kinder Morgan (US49456B1017 – NYSE : KMI) sous les 20 $
ou à Francfort (FRA : 2KD) sous les 19 €
si vous n’en avez pas encore en portefeuille.

 

UV Germi : pari gagné !

Notre pari contrarien du printemps 2023, UV Germi (EPA : ALUVI) porte ses fruits : spécialiste du retraitement de l’eau UV Germi a vu, comme anticipé, son activité bondir cette année. Cet été, des mesures drastiques ont dû être prises pour pallier le manque d’eau potable dans les nappes phréatiques.

Décrets d’interdiction d’utilisation pour les usages non prioritaires, grands programmes de retraitement des eaux au niveau des collectivités, et désormais assouplissement législatif permettant la réutilisation des eaux à grande échelle : cesser d’utiliser l’eau des nappes pour les usages secondaires est désormais une priorité.

 

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Lorsque même l’industrie de l’eau manque d’eau,
il devient urgent de mieux gérer la ressource

Du fait de sa petite taille (elle vaut encore moins de 15 M€ en Bourse), notre pépite UV Germi profite à plein de l’arrivée du marché de la réutilisation (« réut » dans le jargon). Alors que les premiers sites de réutilisation sortent à peine de terre, son activité a déjà bondi sur le premier semestre, comme le confirment les chiffres publiés jeudi soir après la clôture.

Sur la période échue, le chiffre d’affaires engrangé signe un confortable +9 %, passant à 4,42 M€. Tous les segments du marché de l’eau (eau potable, eaux industrielles et piscines) sont en progression, et l’excédent brut d’exploitation (EBE) progresse pour sa part de +33 %.

Avec un taux de marge brute digne des meilleures valeurs du luxe à 63,6 %, la startup parvient non seulement à rester rentable en phase de croissance, mais encore à augmenter sa rentabilité. Le résultat net a d’ailleurs bondi de +83 % sur un an.

Les éléments financiers sont par ailleurs tout à fait sains, avec des fonds propres de 9,40 M€ (vs 8,83 M€ au 31/12/2022), une trésorerie de 3,56 M€ (4,41 M€ au 31/12/2022) et une dette financière de 0,25 M€ (0,82 M€ au 31/12/2022). La direction a confirmé son objectif d’une croissance à deux chiffres sur 2023 – qui semble déjà acquise – et « anticipe la poursuite de la tendance de progression de la rentabilité ».

Si vous n’aviez pas pu vous placer sur le dossier au vu de l’envolée du cours cet été, vous pouvez profiter du repli boursier actuel pour entrer en position.

 

MON CONSEIL

Achetez UV Germi (FR0011898584 – EPA : ALUVI)
sous les 6,5 € si vous n’en avez pas encore en portefeuille.

 

Cliquez ici pour consulter le portefeuille.

Bons investissements et excellente semaine,

Etienne Henri
Etienne Henri

Zéro Carbone Millionnaire

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