Cher lecteur,
L’économie mondiale ralentit rapidement. Les marchés émergents, et la Chine en particulier, sont essentiellement responsables de ce ralentissement.
Le rapport financier trimestriel de FedEx offre des informations précises – et qui arrivent à point nommé – sur l’économie mondiale. Le 19 mars, FedEx a annoncé des résultats décevants pour le trimestre qui s’est achevé en février. La direction a indiqué des perspectives médiocres, en ce qui concerne le trimestre suivant, qui s’achèvera en mai.
« Les tendances à un ralentissement du contexte macroéconomique mondial et à une baisse du commerce mondial se poursuivent, comme nous l’avons constaté avec la baisse d’une année sur l’autre des revenus internationaux de FedEx Express », indique Alan Graf, directeur financier de FedEx.
« Nous avons lancé notre programme de départs volontaires, réduit les embauches, limité nos dépenses discrétionnaires, et nous étudions d’autres mesures visant à limiter les tendances à enregistrer un chiffre d’affaires inférieur aux objectifs. »
FedEx montre à quel point l’affaiblissement de l’économie mondiale peut se propager à l’économie et au marché de l’emploi américains.
Dans une analyse publiée le 15 mars, Capital Economics décrit en détail le ralentissement des exportations des marchés émergents (ME), qui s’est aggravé sur les premiers mois de l’année 2019.
L’accord commercial très attendu entre les États-Unis et la Chine devrait offrir à l’économie mondiale un petit répit temporaire. Toutefois, un ralentissement commercial motivé par des facteurs sans rapport avec les accords commerciaux est déjà bien ancré.
Comme l’indique ce graphique, la croissance des exportations a stoppé net, comparée à la tendance affichée sur l’essentiel de la période 2017-2018 :
Exportations globales des marchés émergents
En colonnes, en noir, les volumes (contraction, points de pourcentage) ; en bleu, les effets-prix (contraction, points de pourcentage). La courbe noire représente l’évolution de valeur d’une année sur l’autre.
Le graphique illustre l’impact des prix et des volumes sur la valeur totale des exportations. La contraction des exportations de 2015-2016 a surtout été provoquée par l’effondrement des cours du pétrole. Plusieurs mois après le rebond des cours du pétrole – à partir de leurs plus bas de début 2016 – l’effet-prix a boosté les exportations, les faisant passer d’une contraction à une expansion.
Il faut s’attendre à ce que le contexte du commerce mondial de début 2019 ressemble à celui de début 2015. Dans les deux cas, l’effet-prix résultant de la baisse des cours du pétrole d’une année sur l’autre est un facteur fortement négatif. Par ailleurs, le volume du commerce mondial est frappé par la baisse de la consommation au sein de plusieurs grandes économies.
La croissance de la demande en faveur du pétrole, en Chine, devrait ralentir. Dans le pays, les ventes de voitures ont nettement baissé, et le gouvernement central incite à l’achat de véhicules électriques produits localement. La Chine tente de gérer le dégonflement de sa bulle sans trop s’appuyer sur ses bonnes vieilles pratiques consistant à booster les prêts. Ce numéro d’équilibriste est délicat.
L’Italie et l’Allemagne sont proches de la récession. Les fabricants ont été frappés par le ralentissement des exportations vers la Chine et la baisse du secteur automobile mondial.
Même la croissance économique américaine semble marquer une pause, au premier trimestre. L’indicateur GDPNow de la Fed d’Atlanta prévoit que la croissance du PIB réel ne sera que de 0,4% au premier trimestre 2019, soit une baisse brutale par rapport aux 3,5% enregistrés au troisième trimestre 2018. L’indicateur GDPNow est très volatil mais, historiquement, ses prévisions en temps réel sont correctes, en ce qui concerne les ralentissements de croissance.
Voici un autre extrait de l’analyse de Capital Economics :
« Les exportations de la Corée du Sud opèrent un plongeon. Cette puissance industrielle et technologique fait partie des premiers pays qui publient leurs données commerciales. Pour le commerce mondial, elle fait figure de ʺcanari dans la mineʺ. Au cours des dix premiers jours de mars, les exportations de la Corée du Sud ont chuté de 19%, en taux annualisé. »
Exportations de la Corée du Sud (US$, % d’une année sur l’autre)
Courbe bleue : variation en % d’une année sur l’autre. Courbe noire : variation en % d’une année sur l’autre, moyenne sur 3 mois. En bas : dix premiers jours de mars.
C’est aussi mauvais qu’au plus fort de l’effondrement de 2015-2016. Et c’est un puissant indicateur signalant que les résultats vont baisser, dans le monde, en 2019.
Ce graphique de Merrill date de mi-2018. La croissance des exportations (en bleu) vient juste de devenir négative. En ce moment, les exportations coréennes baissent à un taux annuel de 20%.
La croissance des exportations de la Corée du Sud, puissant indicateur des BPA (bénéfices par action) mondiaux, est devenue négative
Courbe noire : variations des exportations de la Corée du Sud (d’une année sur l’autre en %, échelle de gauche). Courbe jaune : variations des BPA dans le monde (projetés à 1 an, en %, d’une année sur l’autre, échelle de droite).
Vous remarquerez que si l’on remonte jusqu’en 1993, les exportations de la Corée du Sud suivent de près les variations des bénéfices par actions [NDR : « EPS », dans le graphique]. Après une forte hausse de 2015 à 2018, les bénéfices par actions ont commencé à baisser, dans le monde.
C’est un obstacle considérable, pour le marché actions.
Lorsque les actions seront confrontées au prochain mouvement de vente massif, la confiance vis-à-vis des banques centrales sera, une fois encore, mise à l’épreuve. Et la réaction de ces dernières accélèrera le prochain rally des cours de l’or.
Notre toute dernière recommandation devrait bien se comporter si l’économie mondiale – et en particulier le commerce mondial et les bénéfices des entreprises sur le plan mondial – continue de ralentir. Nous confirmons notre recommandation d’achat sur les replis, si la position que vous avez déjà ouverte n’est pas trop importante.
Bien à vous,
Dan Amoss, CFA Analyste
Alerte Guerre des Devises