Cher lecteur,
C’est peu dire que la période est particulièrement compliquée pour les marchés actions. Très attendu, le discours qu’a prononcé Donald Trump hier concernant le coronavirus n’a pas convaincu les investisseurs, lesquels s’inquiètent de la prolifération des cas partout dans le monde.
De nombreux événements de dimension internationale ont été reportés, voire annulés, et les secteurs du tourisme et de l’aéronautique sont particulièrement touchés. Un nombre croissant d’entreprises ont également émis des avertissements sur leurs résultats, au premier rang desquels les géants américains Apple et Microsoft, tandis qu’à Paris SEB, très présent dans l’empire du Milieu, anticipe un recul d’au moins 250 M€ de son chiffre d’affaires.
Le CAC40 traverse une semaine noire et est revenu sur des niveaux de 5 550/5 600 points. Les « microcaps » n’échappent pas non plus à la défiance, comme en témoignent les reculs de respectivement 5,7 et 7,4% du CAC Mid & Small et du CAC Small.
Les marchés étaient de toute évidence mûrs pour une correction dont on ignore toutefois jusqu’où elle peut aller. Dans ce contexte, même si nos lignes sont dans le rouge, il faut savoir s’armer de patience, faire le dos rond et veiller à ne pas agir dans la précipitation. Certains dossiers restent en effet de qualité et c’est notamment le cas de MECELEC (FR0000061244 – ALMEC), spécialiste de la transformation des matériaux composites, que je viens de repasser au crible.
J’avais déjà analysé cette valeur en novembre 2018 et lui avait alors attribué la note globale de 12/20, ce qui, vous le savez, n’est pas suffisant pour intégrer notre portefeuille. Près d’un an et demi plus tard, toutefois, j’ai observé une amélioration des ratios économiques et boursiers suffisante pour que nous puissions nous placer à l’achat.
Etant donné le vif regain d’aversion au risque, nous allons cependant faire preuve de prudence et ne pas investir aux cours actuels. Je vous explique tout à la fin de cette alerte !
Une grande professionnelle aux manettes (MA NOTE : 6/8)
Il se trouve que je connais très bien la directrice générale, Bénédicte Durand, fille du principal actionnaire, avec laquelle j’entretiens d’excellentes relations.
Toujours très disponible, sans langue de bois, la femme forte du groupe m’avait expliqué à l’occasion de notre dernière rencontre que sa priorité était d’améliorer la situation financière de MECELEC, un objectif atteint en fin d’année dernière via une augmentation de capital de plus de 7 M€ à 1,90 € par action. Cette opération a été une véritable réussite, la clause d’extension ayant été intégralement exercée et le taux de souscription total ayant atteint 144%.
Par ailleurs, en termes d’activité, force est de reconnaître que la société se porte bien, comme en témoigne le bond de 26% de son chiffre d’affaires 2019 à 29,7 M€, une hausse conforme à mes prédictions.
Volontaire, Bénédicte Durand est aussi très précise dès lors qu’il s’agit de détailler sa stratégie. Bref, MECELEC est dirigée par une vraie « pro », pétrie de qualités qui sait où elle va et connaît son business.
Du mieux en termes de liquidité (MA NOTE : 2/4)
Ce n’est certes toujours pas le point fort du groupe, mais il y a du mieux sur ce front puisque que quelque 10 000 titres ont été échangés quotidiennement en moyenne sur un mois. « On trouve du papier », m’a par ailleurs indiqué un broker qui s’est voulu rassurant à ce sujet.
A noter en outre que la capitalisation boursière de MECELEC s’établit à environ 17 M€ et le flottant est de l’ordre de 40%.
On a connu mieux, mais il est globalement plus facile de rentrer et de sortir de ce dossier qu’il y a un an et demi, même si des séances avec à peine plus d’un millier d’actions échangées peuvent encore se produire.
Une marge brute élevée (MA NOTE : 3/4)
La marge brute de la société ressort à environ 55% et devrait grosso modo se maintenir sur ces niveaux assez élevés. Surtout, la rentabilité opérationnelle devrait atteindre 5% au titre de l’exercice clos, bien au-dessus des 2,4% enregistrés au titre de 2018 (et de ma prévision de 3% émise en novembre 2018), et encore progresser en 2020 pour dépasser les 6%.
Une augmentation significative en réalité mécanique car lorsque vous dépassez un certain niveau de revenus (voir ci-dessus), la rentabilité explose puisque vos charges fixes restent stables.
Comme évoqué, la situation financière s’est au surplus sensiblement améliorée : de plus de 200% en 2018, le gearing devrait être d’à peine 30% cette année. Chapeau !
Des ratios attractifs pour le secteur (MA NOTE : 3/4)
Après avoir touché un plus haut de 2,42 € sur un an, l’action s’est repliée sur des niveaux de 2,20 €, « aspirée » elle aussi par la baisse des marchés.
Il me semble qu’elle est vraiment attractive à ce niveau avec par exemple un PER de 9 ou encore une VE/ROC de 5.
Ce n’est pas cher du tout pour le secteur industriel et la donne a complètement changé sur ce plan depuis ma précédente analyse. J’estimais en effet à l’époque la VE/ROC trop élevée, ce qui n’avait pas peu contribué à mon conseil de ne pas acheter la valeur.
MA NOTE GLOBALE : 14/20
J’attribue à MECELEC (FR0000061244 – ALMEC) la note finale de 14/20, ce qui rend la société éligible à notre portefeuille. Très bien dirigé, présentant désormais une situation financière assainie et des ratios attractifs, le groupe, bien qu’encore en hausse d’environ 33% sur un an, en a sans doute encore sous le pied en Bourse.
Pour autant, nous allons donc être prudents et procéder ici en deux temps avec un premier achat autour de 2,10 € pour 2% du portefeuille. Renforcez la position en achetant 3% supplémentaires sous les 2 €, dans l’hypothèse (crédible) d’un marché qui continuerait à dévisser. Nous visons les 3 €.
Amicalement,
Eric Lewin