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Alerte spéciale Nomi Prins – Pariez sur la baisse des dépenses de consommation

Par 14 novembre 2019Alertes

Cher lecteur d’Intelligence Stratégique,

Nous sommes ravis de vous adresser une alerte spéciale cette semaine, qui vient s’ajouter à notre programme habituel. En effet, nous vous présentons une nouvelle contributrice à cette lettre : Nomi Prins !

Au sein des Publications Agora, Nomi Prins n’est pas vraiment une figure nouvelle, puisque nos lecteurs américains la connaissent depuis quelques années déjà. En outre, elle travaille en étroite collaboration avec Jim Rickards depuis ce temps… C’est par contre la toute première fois que nous adaptons son contenu pour nos lecteurs francophones (hormis une rare intervention dans La Chronique Agora en mai dernier).

Journaliste et auteure de nombreux ouvrages (non disponibles en français), Nomi a un curriculum vitae bien fourni. Elle a eu notamment des postes stratégiques chez Goldman Sachs (directrice générale pendant 2 ans), chez Bear Stearns (directrice générale senior pendant 7 ans), chez Lehman Brothers, à la Chase Manhattan Bank, et siégea encore au conseil de réforme de la Réserve fédérale

BBC, CNNRadio, CNBC, MSNBC, CSPAN, Democracy Now, Fox, PBS… On ne compte plus ses nombreuses apparitions télévisées ou à la radio. Ses articles sont parus dans le New York Times, Forbes, Fortune, The Guardian et de nombreuses autres publications.

Ainsi, vous retrouverez Nomi Prins à l’avenir, dans le cadre de votre abonnement et aux côtés de Jim Rickards et Dan Amoss, pour un contenu encore plus complet et de nouvelles occasion de vous positionner sur des valeurs boursières.

Sans plus attendre, nous vous laissons découvrir votre toute première recommandation d’achat sous l’égide de Nomi Prins.

Bonne lecture et bons investissements,

La rédaction d’Intelligence Stratégique

 

Réalisez un gain de 30% sur la baisse des dépenses de consommation

Jim Rickards

Cher lecteur,

Pour une raison ou une autre, lorsque je songe à toute la pression qui s’exerce sur les consommateurs américains, dernièrement, c’est Super-Souris – le super héros de dessin animé – qui me vient à l’esprit.

Tous les Américains se remémorent aussitôt le générique culte “Here I come to save the day » suivi du refrain “That means that Mighty Mouse is on his way” [NDLR : littéralement, « Je viens sauver la situation » et « Cela veut dire que Super-Souris est en route »].  Ce personnage aux super pouvoirs a été créé par la 20th Century Fox en 1942. Et il a accompli une belle « carrière » des années 1950 jusqu’aux années 1980.

Ses supers pouvoirs sont notamment les suivants : une super force physique, la possibilité de voler et une vision à rayon-X, comme son confrère Superman. Et comme Superman avec la kryptonite, Super-Souris a aussi son talon d’Achille : un fromage, le Limbourg.

Alors, qu’est-ce qui me fait penser à Super-Souris ? Le fait qu’à l’heure actuelle on demande aux consommateurs américains de maintenir toute l’économie américaine à flot. Les dépenses de consommation sont considérées par tous les médias financiers – entre autres plateformes – comme « l’épine dorsale de notre économie ».

Selon le magazine Fortune, « si l’économie américaine a un héros, en 2019, c’est bien le consommateur américain ». Ce magazine qui existe depuis 90 ans souligne que c’est parce que « de solides dépenses de consommation » sont la seule tendance susceptible de « soutenir encore la croissance économique » dans un contexte de ralentissement économique mondial et d’une éventuelle récession aux Etats-Unis.

Le mois dernier, lorsque j’ai participé à l’émission Squawk Box, sur CNBC International, à Londres, on m’a demandé si je pensais que le consommateur américain pourrait continuer à porter à bout de bras non seulement l’économie américaine mais, par extension, l’économie mondiale. J’ai répondu quelque chose du genre : « C’est une énorme attente, étant donné le ralentissement général de l’économie mondiale, et le colossal niveau d’endettement pesant sur les consommateurs américains. »

Les consommateurs américains sont-ils des super héros ?

D’un côté, les chiffres brossent un tableau fascinant. Aux Etats-Unis, les dépenses de consommation ont totalisé 14 500 Mds$ en rythme annualisé, au 2e trimestre 2019, pour un PIB de 21 300 Mds$.

Cela signifie que les dépenses de consommation représentent plus des deux tiers du PIB américain. Au cours du 2e trimestre 2019, le PIB américain, dans son ensemble, a progressé de 2% ce qui est inférieur aux prévisions. Toutefois, la composante « dépenses de consommation » a progressé de 3%.

C’est cette vigueur de la consommation américaine qui a certainement contribué à compenser la baisse enregistrée aussi bien au niveau des dépenses des entreprises qu’au niveau des exportations nettes, et qui est largement attribuée à la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Partout, les entreprises comptent sur le fait que cette vigueur va persister.

L’ennemi suprême des super-héros

Bref, l’équivalent du talon d’Achille du consommateur américain – ou son Limbourg – c’est la dette. Cela signifie que les consommateurs américains – pour la plupart – ne dépensent pas de l’argent réel pour réaliser un grand nombre de ces achats, mais qu’ils achètent des biens et services avec de l’argent emprunté.

Le montant total des prêts en cours, aux Etats-Unis, s’élève à 4 030 Mds$, et 41,2% des ménages américains sont endettés via leur carte de crédit. Selon les derniers rapports de la Fed à ce sujet, la dette liée aux cartes de crédit a atteint un plus haut historique, aux Etats-Unis. En moyenne, les ménages américains sont endettés de 9 333 $ sur leur carte de crédit.

Les ménages américains les moins aisés sont endettés de 10 308 $, en moyenne, sur leurs cartes de crédit. Pourtant, ce sont les générations des « baby-boomers » (population née entre 1946 et 1965) et des « X » (population née entre 1966 et 1976) qui sont les plus endettées.

Si les consommateurs américains décident de réduire leurs dépenses, et que l’économie ralentit encore, cette conjonction pourrait réellement faire chuter les chiffres du PIB américain. La définition d’une récession correspond à deux trimestres d’affilée de croissance économique négative. Si les consommateurs américains cessent d’acheter autant, nous ne serons pas loin d’une récession.

Les dépenses s’altèrent

Les données les plus récentes signalent qu’un ralentissement est en train de se produire dans les schémas de consommation des ménages américains.

Aux Etats-Unis, les ventes au détail ont enregistré une baisse inattendue de 0,3% au mois de septembre, par rapport au mois antérieur, selon le département du Commerce américain. Ce chiffre est à comparer au taux de croissance de 0,6% enregistré au mois d’août et aux 0,7% enregistrés au mois de juillet.

Les économistes avaient prévu une croissance de 0,3% en septembre, et non une baisse.

La baisse la plus forte, en ce qui concerne les dépenses du mois de septembre, a été enregistrée dans le secteur automobile, mais des baisses ont également été enregistrées dans d’autres secteurs. Les ventes en lignes et les matériaux de construction ont également baissé. Les achats de biens de consommation électroniques et de meubles ont stagné en septembre, par rapport aux chiffres du mois d’août.

Mais cette baisse de 0,3% pourrait être une aberration. La Fed a abaissé les taux à deux reprises, cette année, et un autre abaissement au moins, est prévu en fin d’année. Et au mois de décembre 2018, les ventes au détail ont chuté de 1,2% après une baisse sur trois mois du marché actions et la crainte que la Fed s’acharne à ne pas abaisser les taux.

Nous savons désormais que cela n’a pas été le cas.

La Fed a fait marche arrière, et elle est passée du resserrement à l’assouplissement. Les banques centrales, partout dans le monde, lui ont emboîté le pas, espérant stimuler leurs économies avec un nouveau déluge d’argent pas cher.

La probabilité qu’un nouvel abaissement des taux intervienne, dans la foulée de la réunion du FOMC [NDLR : comité de politique monétaire de la Fed] du 30 octobre, était de 67% avant la publication du chiffre des ventes au détail de septembre. Cette probabilité a grimpé à 89% depuis.

Toutefois, nous sommes confrontés à des vents contraires différents, en ce moment. Les données allant dans le sens d’un ralentissement économique s’accumulent dans le monde entier. Le dernier rapport semestriel du Fonds monétaire international (FMI) mentionne qu’une grande partie de ce ralentissement peut être attribuée aux guerres commerciales. Et, par conséquent, il révise les perspectives économiques à la baisse.

Et pourtant, le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine n’est pas prêt d’être résolu une bonne fois pour toutes. Cette situation, qui s’accompagne d’une incertitude et de gros-titres anxiogènes, pourrait inciter les consommateurs à resserrer les cordons de leur bourse.

Les consommateurs peuvent-ils maintenir ce rythme ?

Au mois de septembre, l’indice de confiance des consommateurs a chuté, lorsqu’il est apparu que les tarifs douaniers pourraient augmenter le coût de différents produits. La confiance a été plus faible qu’au cours des neuf mois précédents, et bien plus que prévu.

La composante « attentes » de l’indice de confiance indique que, par rapport au mois antérieur, les perspectives à court terme des consommateurs ont chuté de plus de 10% concernant les revenus des entreprises et la situation de l’emploi. Ce chiffre global de la confiance des consommateurs a grimpé une fois que les tensions de la guerre commerciale ont diminué quelque peu, mais cet effet de yo-yo demeure très réel et présent.

De plus, l’indice de confiance des consommateurs est toujours en baisse de 2,6% par rapport à l’an dernier à la même époque.

Un autre problème a été révélé dans la dernière enquête de la Fed concernant les entreprises (le « Beige Book »), la semaine dernière. Dans tout le pays, les entreprises s’inquiètent de l’impact de la guerre commerciale sur les ventes et les prix. La Fed remarque que dans les principales régions de la côte est des Etats-Unis, notamment Boston et New York, on constate des signes de ralentissement ou d’anémie de la croissance.

De plus, les spécialistes de la vente au détail ont publié des chiffres de vente variant d’une baisse de 6% à une hausse de 2%, par rapport à l’an dernier, et qui s’accompagnent de perspectives moins optimistes. Selon l’enquête de la Fed, « L’un des détaillants remarque que même si la saison de Noël qui approche peut fournir une impulsion, il prévoit que la progression des ventes sera relativement faible en 2019 et au début de 2020 ».

Ces facteurs pèsent inévitablement sur la psychologie du consommateur américain, si ce n’est sur son porte-monnaie. Mais il suffit de peu de choses pour que le porte-monnaie suive l’angoisse des consommateurs, si elle s’installe.  En outre, il est un peu injuste de supposer que les consommateurs américains puissent éternellement soutenir le monde entier, à l’image de Super-Souris.

Franchement, dans un contexte où l’incertitude s’accroit au sein de l’économie et des marchés, il est peut-être plus sage que les consommateurs réduisent leur endettement au lieu de dépenser plus que ne le permet leur budget.

En nous appuyant sur ces perspectives de consommation vulnérables, nous suggérons un trade qui prend en compte cette nouvelle voie sur laquelle les consommateurs pourraient s’engager.

Un trade offrant un potentiel de hausse de 30% dans le contexte d’un retour à de maigres dépenses de consommation

Notre recommandation intègre le concept d’un resserrement des dépenses de consommation. Nous pensons que c’est une estimation raisonnable de ce que pourrait être le comportement des consommateurs à l’avenir.

Dollar Tree Inc. (NASDAQ : DLTR) est la plus grande chaîne de magasins « discount » des Etats-Unis. Elle vend toutes sortes d’articles à bas prix dans plus de 15 100 magasins répartis dans tout le pays et au Canada, sous les enseignes Dollar Tree, Family Dollar et Dollar Tree Canada.

La société comporte deux segments :

1. Dollar Tree est leader, dans le secteur des « variety store » [NDLR : magasins proposant tous les articles au même prix], et propose des articles au prix fixe de 1 $. Environ la moitié des articles sont discrétionnaires ou saisonniers, et l’autre moitié correspond à des produits de consommation de base. Ce modèle comporte un risque lié à l‘éventuelle entrée en vigueur – en décembre – des tarifs douaniers américains applicables sur les produits importés de Chine. Mais ce risque est plus que compensé par le modèle économique de chaque magasin Dollar Tree. Chaque magasin affiche des marges bénéficiaires, une rotation des stocks et un retour sur les capitaux investis tous très élevés. De plus, la direction est transparente, en ce qui concerne les risques posés par les tarifs appliqués aux produits chinois, et elle a un plan permettant d’en atténuer l’impact s’ils entrent en vigueur.

2. Family Dollar est une chaine de magasins « discount » généralistes offrant aux consommateurs une sélection de produits low-cost dans des magasins de proximité. Family Dollar ressemble plus à son concurrent Dollar General, dans la mesure où 75% de son chiffre d’affaires provient de produits de consommation de base qui résistent, en quelque sorte, aux récessions.

Dollar Tree a racheté Family Dollar pour la somme de 8,5 Mds$ en 2015, réglée essentiellement au comptant. Pour financer cette acquisition, Dollar Tree a augmenté son endettement.

Depuis, la société a remboursé une grande partie de sa dette. Son passif à long terme a chuté de 8,4 Mds$ au moment de l’acquisition à 3,5 Mds$ aujourd’hui. Cela représente une valeur d’environ 1 Md$ par an, en plus, pour les actionnaires, qui peuvent désormais prétendre aux futurs bénéfices de l’entreprise, auparavant réservés aux créanciers.

Maintenant que le bilan de la société s’est substantiellement amélioré, les actionnaires de DLTR commencent à bénéficier des programmes de rachat d’actions de la société. La société a racheté 881 626 actions, sur le trimestre en cours au mois d’août, pour la somme de 88,4 M$, et elle a encore le droit d’en racheter à hauteur de 812 M$.

Même si la société a déjà remboursé une grande partie du prix d’acquisition, les résultats des ventes enregistrés par les magasins rachetés ont été assez décevants. C’est un processus qui avance lentement, mais la direction – très talentueuse – de Dollar Tree dispose d’un solide plan de redressement visant à doper les ventes et les marges de Family Dollar. Ce plan comprend notamment des projets de rénovation des magasins, et l’objectif de doubler, quasiment, les marges d’exploitation de ce segment en quelques années à peine.

Les revenus de DLTR peuvent progresser de deux manières.

Premièrement, l’entreprise peut ouvrir ou acquérir de nouveaux magasins.

Deuxièmement, les ventes réalisées par chaque magasin déjà existant pourraient augmenter. Les ventes à périmètre comparable (c’est-à-dire en excluant les magasins récemment ouverts et acquis) ont tendance à progresser plus vite dans un contexte de ralentissement économique et de hausse du chômage. Dans le cas de Dollar Tree, elles ont progressé de 5 à 7% en 2011-2012, de 3 à 5% en 2014-2015 et de seulement 2,4% au trimestre s’achevant en août 2019.

L’une des raisons majeures expliquant ce ralentissement est la faiblesse du taux de chômage, contexte dans lequel beaucoup de clients passent à une catégorie de magasin supérieure, au détriment des magasins « discount ». Un ralentissement économique s’accompagnant d’une hausse du chômage et d’une baisse des dépenses de consommation devrait déclencher une ré-accélération des ventes de DLTR. Si la croissance de ses ventes ré-accélère, ses marges bénéficiaires pourraient considérablement augmenter, et faire grimper l’action de 30% au cours de l’année à venir.

Comme Jim l’a indiqué dans le numéro d’Intelligence Stratégique de novembre, le pire ennemi des marchés, c’est l’incertitude. Dans un contexte de ralentissement économique et d’un mois de novembre périlleux pour les marchés, attendez-vous à ce que les consommateurs freinent leurs dépenses et renouent avec un comportement économe.

Cela pourrait bien « sauver la situation », comme dit Super-Souris.

Mon conseil : Achetez Dollar Tree Inc. (NASDAQ : DLTR) au prix maximum de 125 $.

Bien à vous,

Nomi Prins

Tableau du portefeuille

Portefeuille Intelligence stratégique

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