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e-SJP #9 – Les courbes des taux se sont inversées depuis longtemps !

Par 21 août 2019Alertes

Madame, Monsieur, bien le bonjour !

L’€-crash ne s’est pas produit au début du mois d’août mais la situation économique, financière et monétaire de la vieille Europe continentale s’est considérablement détériorée au cours de ces deux dernières semaines (comme je l’avais prédit et écrit) au point que tout le monde (de l’économie et de la finance) anticipe maintenant une récession… mondialisée mais sans en donner les causes réelles…

Pour l’essentiel, ce pessimisme (ou ce réalisme !) s’est manifesté par la baisse monumentale et même historique des bons des Trésors de référence de la vieille Europe continentale.

Ces bons à 10 ans ont plongé encore davantage en territoire négatif, et aux Etats-Unis les Treasuries (les bons du Trésor des Etats-Unis) ont atteint des plus-bas de ce cycle car les titulaires de capitaux libres les placent préférentiellement sur ces refuges classiques en délaissant les actions qu’ils considèrent être sur une tendance baissière dans un avenir proche.

« Des taux négatifs, ça n’existe pas, c’est impensable, inimaginable, inconcevable », a dit Jean-Claude Le Tricheur, ancien patron de la Banque de France du temps de la quasi-faillite du Crédit Lyonnais puis de la BCE jusqu’en 2011 c’est-à-dire qu’il a présidé à la mise en place de la crise de l’euro-système lorsque la Grèce a été en perdition. C’est donc un expert fiable… en coups tordus !

Pour comprendre la raison pour laquelle les taux sont devenus négatifs, il faut rappeler que c’est essentiellement à cause des gérants de trésoreries d’entreprises (et de personnes fortunées) qui investissent tellement leurs disponibilités en Bund (entre autres) pour avoir des créances sur l’Etat allemand, donc payées à leur échéance en bons deutsche marks après la fin anticipée de l’euro-système (ou en bons du Trésor suisse toujours aussi fiables).

En conséquence, la demande de ces titres augmente, ainsi que les prix de ces contrats, ce qui entraîne mécaniquement une baisse des rendements car les intérêts versés sont constants.

Ainsi, les rendements des bons à 10 ans du Trésor suisse ont tellement baissé qu’ils sont tombés le… vendredi 16 août (!) à… -1,132 % donc très largement en territoire négatif et ceux du Bund à -0,725 % entraînant ceux du 10 ans français (qui lui est arrimé) à -0,446 % !

Doc. 1 : Rendements des bons à 10 ans de Trésors européens de référence depuis les midterms


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Dans l’anticipation de l’€-crash, les Américains gérant des capitaux disponibles les placent eux aussi préférentiellement sur les Treasuries dont les rendements plongent à des plus-bas de ce cycle (mais pas à des minima historiques) car cet €-crash aura des répercussions négatives aux Etats-Unis..

Doc. 2 : Rendements des Treasuries depuis fin 2018


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Ces investisseurs placent leurs capitaux sur les bons les plus liquides, c’est-à-dire sur les Notes de 2 à 10 ans (et même à 30 ans) ce qui fait que leurs rendements baissent davantage que les rendements des Bills à 1 mois et à 3 mois qui restent plus ou moins arrimés au taux de base de la Fed.

En conséquence, la courbe des taux est inversée depuis très précisément le jour… du printemps, le 20 mars, cette baisse des Treasuries ayant débuté juste après les midterms(les élections américaines de mi-mandat).

En effet, ce que j’appelle la Donald Company, c’est-à-dire les Américains proches de Donald Trump et qui dirigent des institutions financières importantes (banques, fonds divers), est intervenue pour que les rendements des Treasuries ne baissent pas avant ces élections importantes de façon à ce que les Républicains gagnent deux sièges au Sénat garantissant ainsi au Président une marge de manœuvre pour mener sa politique car elle est systématiquement contrée par les Démocrates.

Ces élections passées, la Donald Company a laissé faire les marchés et les rendements des Treasuries ont donc baissé librement et spontanément sur une tendance lourde et longue bien établie à cause des risques d’€-crash.

La courbe des taux la plus significative est représentée par l’écart entre les rendements des Notes à 2 ans (correspondant maintenant aux taux longs) et ceux des Bills à 3 mois qui sont la référence des taux courts. C’est les spread 2y-3m.

Doc. 3 : Spread 2y-3m

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Dans ces conditions, les marchés (c’est-à-dire la plupart des investisseurs) attendent les décisions des dirigeants des grandes banques centrales (la Fed et la BCE) car ils espèrent qu’ils prendront les bonnes décisions pour éviter une récession mondialisée, ce qui est loin d’être le cas comme nous le verrons lors de ma Lettre mensuelle la semaine prochaine.

L’avenir est par définition incertain, mais une bonne culture monétariste alimente la spéculation gagnante

 

JEAN-PIERRE CHEVALLIER

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Données arrêtées au 21 août 2019.

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