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Jerome Powell, l’ogre et le sirop pour la toux

Par 16 juillet 2019Alertes

« Si de boire le soir te fait mal, rebois le matin et tu seras guéri. »

– Proverbe latin

Chère Lectrice, cher Lecteur,

00:00 Je suis généralement assez convaincue par la sagesse de la Rome antique, mais j’avoue quelques doutes sur le bon sens du proverbe ci-dessus. Peut-être parce que je n’avais pas assez bu le matin pour être guérie ?

Hmm… le fils de Zach Scheidt aurait peut-être son mot à dire, comme nous le verrons dans quelques lignes…

00:30 En tout cas, il se peut que certains intervenants aient besoin de boire (et reboire) dans les semaines et les mois qui viennent – pour oublier leur peine… et faire passer quelques amères pilules.

La « saison des publications » vient de commencer pour le deuxième trimestre, et les résultats annoncés risquent de n’être pas tout à fait à la hauteur des attentes des analystes et investisseurs.

Jim Rickards apporte quelques précisions sur le sujet dans sa dernière alerte Intelligence Stratégique :

« Nous suivons de nombreuses sociétés, dans différents secteurs, et nous identifions partout des signes d’affaiblissement de certaines tendances portant sur les chiffres d’affaires, et de baisse des marges bénéficiaires. Le mini-boom des dépenses d’investissement qui a eu lieu dans le monde, entre 2016 et début 2018, semble diminuer chaque mois en 2019. Les dépenses d’investissement ont tendance à aboutir à des embauches et à un sentiment de confiance chez les consommateurs. Et la baisse des rendements obligataires et des taux d’emprunt n’a pas fourni beaucoup de ‘stimulus’.

Les analystes de Wall Street commencent tout juste à intégrer une baisse des marges bénéficiaires dans leurs estimations pour 2019 et 2020. Les indicateurs avancés, telles que les enquêtes de l’indice PMI, le volume du fret et les embauches dans le secteur des petites entreprises, indiquent tous un risque significatif pour les futurs rendements de l’indice S&P 500.

Un boom de dix ans a abouti à des capacités excédentaires dans de nombreux secteurs de l’économie. Une capacité excédentaire signifie qu’après les bons retours sur investissement enregistrés les premières années du cycle d’expansion, les entreprises font face à une pression tarifaire de la part de leurs concurrents, et à une concurrence sur une main-d’œuvre qualifiée qui se fait rare. »

En deux mots, on « surfait sur la vague » depuis un an ou plus ; maintenant… il va falloir ramer. Jim vous propose d’ailleurs quelques solutions qui vous éviteront de rejoindre les rangs des galériens si les choses se gâtent effectivement – c’est par ici.

01:30 Mais, comme toujours, la Fed se tient prête. Pour éviter une chute des marchés, elle utilisera tous les moyens à sa disposition… qu’ils soient efficaces/bénéfiques/utiles ou non.

Bruno Bertez ne se fait guère d’illusions en la matière : pour lui, c’est le « ou non » qui l’emporte, comme il le démontre dans La Chronique Agora :

« Sans annoncer directement une réduction imminente, [Jerome Powell] s’est essentiellement engagé à réduire les taux lors de la réunion du 31 juillet.

Le niveau record des prix des actions ne compte pas. Le crédit aux entreprises en plein boom n’est pas un problème. La forte augmentation de la masse salariale en juin et un taux de chômage de 3,7% ne font pas partie des éléments de la prise de décision.

Vendredi après-midi, Bloomberg titrait : ‘Le marché boursier meurt d’envie de savoir ce que Powell sait sur l’économie’.

On le sait maintenant : Powell est inquiet.

Nous avons toujours dit que les banquiers centraux se trompaient et nous trompaient quand ils prétendaient pourvoir resserrer quand ils le voulaient. Nous avons fait valoir qu’il ne manquerait pas de circonstances où le resserrement allait être impossible même s’il était nécessaire.

Nous sommes dans un de ces cas.

Les paramètres normaux disent qu’en fait il faut plutôt resserrer que desserrer… mais d’autres paramètres qui sont au rouge disent que l’on ne peut absolument pas prendre ce risque : il faut que l’ogre ait sa nourriture, sa ration. »

S’il n’est pas nourri en temps et en heure, l’ogre peut faire de terribles colères… et tout balayer sur son passage, faisant de nombreuses victimes parmi les actionnaires et épargnants individuels.

02:30 Zach Scheidt explique cela avec une image extrêmement claire – et une anecdote – dans Investissements Personnels

« ‘Mais je ne VEUX pas déjà aller mieux !’

C’est ce que m’a déclaré mon fils l’autre jour après avoir réussi à guérir d’une mauvaise grippe.

Au départ, je n’arrivais pas à comprendre. Il avait l’air tellement épuisé au cours des derniers jours, j’étais réellement heureux de le voir se rétablir.

Mais Caleb n’était aussi enthousiaste. Il m’affirma qu’il aurait préféré rester malade un peu plus longtemps.

C’est alors que l’explication m’est apparue comme une évidence !

Il adorait le goût aux fruits rouges de son sirop pour la toux. Et il préférait se sentir malade si cela lui permettait de continuer à prendre ce médicament auquel il était devenu accro.« 

Eh bien, tout comme Caleb, les marchés sont devenus accros au remède de la Fed – aux assouplissements quantitatifs, aux taux négatifs et autres mesures en -ifs : des choses qui ne guérissent en rien leurs maux intrinsèques (fragilité des fondamentaux, entreprises en difficulté, guerre commerciale… et j’en passe) mais qui sont si délicieuses à consommer.

03:15 Zach poursuit son analyse :

« La panique généralisée qui a envahi le marché au cours du mois de mai semble avoir touché la corde sensible des membres du conseil des gouverneurs de la Fed. Au cours des dernières semaines, ils se sont en effet livrés à une véritable pirouette, en annonçant publiquement que la Fed était à présent prête à venir en aide à l’économie pour faire en sorte que les choses continuent d’évoluer dans la bonne direction.

En d’autres termes, malgré le fait que l’économie soit toujours en pleine forme, la Fed est prête à redonner au patient une bonne dose de sirop goût fruits rouges. Les investisseurs, tels des enfants gâtés, vont avoir exactement ce pour quoi ils ont tant pleurniché.

[…] Ce n’est probablement pas la décision la plus saine à long terme, mais dans l’instant présent, cela rend sans aucun doute les choses beaucoup plus faciles ! »

Les marchés ont remonté immédiatement suite à l’annonce de la Fed… mais semblent un peu plus hésitants à l’heure où j’écris ces lignes. Les incertitudes, cette plaie de l’investisseur, semblent être de retour.

Le moment est sans doute bienvenu de vous poser un peu… de respirer un bon coup… et de réfléchir avant d’agir.

04:00 Zach reprend :

« Comme vous le savez, dans Investissements Personnels, nous adoptons toujours une approche calme et raisonnée vis-à-vis des marchés. Cela signifie que nous ne recommandons pas d’acheter et de revendre frénétiquement les actions. De plus, vous devriez toujours détenir un patrimoine diversifié, composé de différentes classes d’actifs, tels que les actions à haut rendement du dividende, les actions d’entreprises en forte croissance, les obligations, les métaux précieux et même l’immobilier.

Mais durant certaines périodes, il est logique sur surpondérer certaines classes d’actifs par rapport aux autres dans le cadre d’un portefeuille d’investissement diversifié, afin de tirer profit des grands changements de tendance sur le marché.

Et dans la situation actuelle, il existe deux investissements clés sur lesquels vous devriez être surpondéré.« 

Lesquels ? Zach vous en dit plus dans la suite de son article, que je vous recommande vraiment de lire – tout est ici.

04:45 Terminons cette édition par un point sur un autre facteur d’instabilité – nous vous en avons déjà parlé à plusieurs reprises, d’ailleurs, ici et ici : le sort de Deutsche Bank reste très incertain… et c’est ainsi un risque énorme qui pèse sur les marchés.

Explications avec Eric Lewin dans La Bourse au Quotidien :

« Pour l’heure, l’augmentation de capital tant redoutée par les investisseurs, une opération qui aurait à l’évidence conduit à une forte dilution, n’a pas eu lieu, mais rien n’est encore réglé, loin de là, pour ‘DB’. D’autant que l’activité de financement des grandes entreprises allemandes, objet de son recentrage et voué à devenir son cœur de métier, est très concurrentielle, avec au surplus des conditions de marché loin d’être optimales pour le secteur.

Comment gagner de l’argent avec un taux à dix ans à -0,25% comme c’est le cas actuellement ? Comment réussir à dégager des marges avec des rendements négatifs ? Vous conviendrez, l’équation est loin d’être simple.

Et puis l’Allemagne n’est plus ce moteur traditionnel de l’Europe, avec un modèle économique qui commence sérieusement à tirer la langue, comme en témoigne le flux quasi-continu d’indicateurs décevants depuis de longs mois.

‘C’est la fin d’un monde. L’Allemagne tourne avec des industries vieillissantes comme la chimie, l’automobile et le secteur bancaire’, m’expliquait la semaine dernière un ami banquier, travaillant pour la BNP à Francfort. Les chiffres lui donnent raison puisqu’il ne faudra vraisemblablement pas espérer plus de 0,5% de croissance outre-Rhin cette année, alors que le PIB devrait augmenter de 1,3% dans l’Hexagone.

Quant à la Deutsche Bank, après avoir échoué à devenir le Goldman Sachs européen, elle pourrait devenir le Lehman Brothers du Vieux Continent, surtout si le plan du nouvel homme fort de la banque, Christian Sewing, échoue…« 

Or les chances de succès ne sont pas franchement majoritaires, explique Eric dans son article : gare à la bombe !

Très bonne soirée et à demain,

Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes


★★★  Le chiffre du jour  ★★★
140 milliards de dollars

C’est ce que vaudra ce marché dans les années qui viennent, selon la Banque d’investissement Bryan, Garnier & Co.

Cette hausse engendrera des gains spectaculaires pour une poignée d’investisseurs bien informés. Comment vous assurer d’en faire partie ?

Tout est expliqué ici

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