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La peau des fesses

Par 19 juin 2019Alertes

« Les repas de famille ne consistent pas à se manger entre parents ».
– Jules Jouy

Chère Lectrice, cher Lecteur,

00:00 L’édition d’aujourd’hui peut ressembler à un sinistre catalogue de catastrophe.

Ou bien vous pouvez choisir d’envisager cela comme… disons… un panneau de signalisation : de ceux qui vous disent « danger à venir » et vous permettent de ralentir à temps pour vous éviter l’accident.

Sans oublier qu’au-delà des bonnes décisions à prendre pour vos investissements, il est toujours intéressant de savoir ce qu’il se passe en coulisses et de mieux comprendre les vrais enjeux d’une situation.

(Et puis pensez à vos repas de famille ! Comment clouer le bec à votre beau-frère mélenchoniste si vous n’avez pas les chroniques de Nicolas Perrin… ou aider votre petite-nièce à acheter son premier appartement sans les conseils avisés de Louis ?)

00:45 Alors commençons par un rappel des bases : une petite explication très claire de la raison pour laquelle la situation actuelle est intenable. Le passage ci-dessous, signé Bill Bonner dans La Chronique Agora, concerne les Etats-Unis mais pourrait aussi bien s’appliquer à la France et/ou à la Zone euro :

« Les économies sont des choses vivantes. Les civilisations aussi. Elles inspirent et expirent. Elles apprennent de leurs erreurs et avancent. Ensuite, elles oublient… et coulent.

Le Wall Street Journal de jeudi dernier explique la dernière amnésie en date :

‘Le soutien politique au contrôle de la dette fédérale a disparu ; les Etats-Unis testent désormais la quantité d’argent qu’ils peuvent emprunter.

Selon les projections de Moody’s, d’ici une décennie, le paiement des intérêts consommera plus de 20% des revenus fédéraux, un montant bien supérieur à la plupart des pays développés et dépassant les niveaux américains dans les années 1980 et 1990, lorsque les inquiétudes de dette consumaient Wall Street et Washington’.

Le Wall Street Journal a fait appel à un vétéran – l’ancien sénateur Alan Simpson, né en 1931 et désormais retraité dans les montagnes du Wyoming – pour se rafraîchir la mémoire :

‘Dépenser plus que l’on gagne, ça coûte la peau des fesses’.

Un processus qui peut prendre du temps. Et comme nous l’avons souligné hier, il se produit d’abord lentement… si lentement que peu de gens le remarquent ».

Les Etats – et donc, in fine, les contribuables – doivent donc s’attendre à avoir le postérieur passablement épluché dans les années qui viennent, comme l’explique encore Bill dans la suite de son article, disponible ici.

(Je vous recommande au passage l’article de Bruno Bertez sur le même thème, très éclairant lui aussi et lisible ici).

01:45 Comme dit il y a quelques lignes, ne vous attendez pas à ce que les Etats-Unis soient les seuls à souffrir. Non seulement les répercussions d’une crise du crédit US se feraient sentir jusqu’à nos rivages… mais la France elle-même n’est pas en excellente posture, explique Eric Lewin dans La Bourse au Quotidien :

« Suite aux déclarations de Mario Draghi au Portugal autour d’une relance possible du QE, le dix ans français est passé en territoire négatif avant de remonter à 0,02%. Cela veut dire que le coût pour l’Etat français de s’endetter à dix ans est pratiquement nul.

Voilà qui ne va pas arranger l’état de nos banques françaises qui, déjà fortement contrariées sur leur division de banque d’investissement, voient leurs marges en banque de détail souffrir de ces taux ridiculement bas. Même chose pour AXA avec des contrats d’assurance-vie qui ne rapportent strictement plus rien« .

Les banques sont en piètre état, donc, en France et dans le reste de la Zone euro – au point même qu’une crise majeure pourrait se développer dans le secteur avant la fin juin, explique Jean-Pierre Chevallier : plus d’informations en cliquant ici.

Prenez quelques précautions, donc… et passez peut-être en mode « prudent » dans les semaines qui viennent – sauf si le trading vous tente : dans ce cas, de belles opportunités vous attendent si la volatilité se réveille !

02:30 N’oublions pas non plus la guerre commerciale, toujours en cours, entre les Etats-Unis et la Chine (entre autres…). Les déclarations fracassantes s’espacent légèrement de part et d’autre, mais ce n’est pas pour autant que le conflit a cessé.

En sous-main, explique Jim Rickards dans Intelligence Stratégique, la Chine cherche des moyens de riposter aux sanctions américaines. Elle peut par exemple se débarrasser massivement de ses bons du Trésor US… aller à la concurrence pour les produits qu’elle importait autrefois des Etats-Unis… ou encore – on en parle beaucoup en ce moment – fermer le robinet des terres rares, dont elle possède le quasi-monopole de production.

Sur ce point, Jim a un point de vue assez tranché :

« [Selon] moi, la Chine [n’interrompra] pas ses exportations de terres rares vers les Etats-Unis dans le cadre de la guerre commerciale.

Pour rappel, les terres rares sont des éléments utilisés à l’état pur ou associés à d’autres, afin de produire des composants essentiels dans les secteurs de l’électronique et de l’automobile. Elles ne sont pas ‘rares’, mais on les trouve en très faible concentration. Leur production en grande quantité est donc difficile et coûteuse. La plupart des terres rares utilisées dans le monde, à l’heure actuelle, proviennent de Chine.


La Chine ne va pas interdire les exportations de terres rares, notamment parce que d’autres productions sont facilement disponibles dans d’autres pays. Et la riposte des Etats-Unis serait rapide et féroce.

Une fois que la Chine aura perdu le marché des exportations de terres rares, elle ne pourra plus le récupérer. Et elle le sait. Cela dit, la Chine réitère cette menace et on ne peut exclure qu’elle décrète une interdiction de les exporter
« .

03:15 Les Etats-Unis ne restent pas les bras croisés, cependant – mais il faut se méfier des escalades possibles :

« Selon cet article, le Pentagone prendrait déjà des mesures afin de prévoir d’autres sources d’approvisionnement. L’armée américaine pourrait même passer certaines commandes de terres rares à d’autres pays que la Chine, uniquement pour tester d’autres solutions et parer d’ores et déjà aux menaces proférées.

Il est peut-être difficile de savoir si la Chine cessera – ou non – d’exporter des terres rares. Mais il n’est pas difficile de savoir où tout cela va mener. Les guerres commerciales dégénèrent rapidement de manière imprévisible.

Espérons que ce conflit restera confiné aux questions commerciales, qu’il ne se propagera pas au système et marchés financiers, ou qu’il ne se transformera pas en conflit armé.

Mais l’Histoire n’est guère rassurante à cet égard ».

Espérons que Donald Trump et Xi Jinping n’en arriveront pas aux solutions extrêmes.

03:15 Pour terminer, je change complètement de sujet – avec un avertissement qu’il me semblait toutefois intéressant de vous transmettre. Il nous vient de Florian Darras, spécialiste des cryptos ; si vous investissez sur ce marché, voici un principe à garder absolument en tête pour votre stratégie :

« Utiliser de forts effets leviers sur un marché aussi volatil que celui des cryptomonnaies, c’est comme jouer à la roulette russe… Hui Yi, un trader chinois, en a fait la triste expérience.

En début de mois, l’homme a shorté le bitcoin, c’est-à-dire parié sur la baisse du cours, avec un effet de levier considérable… de x100 ! Pour permettre un tel levier, le broker avance la somme substantielle (qui est loin d’être négligeable ici, puisque cent fois supérieure à la mise !).

Hui Yi a investi 2 000 BTC dans ce trade, soit environ 14,5 M$ au moment des faits, rapporte 8btc.

Inutile de préciser que la marge pour réussir un tel trade est tout simplement infime. Il suffit que le prix augmente de seulement 1% (cela dépend des conditions posées par le broker), pour que le contrat soit liquidé !

L’investisseur prévoyait un retour rapide du bitcoin vers les 7 000 $. Mais le cours est remonté peu de temps après que son ordre ne soit enregistré, lui faisant perdre l’intégralité de sa mise. »

L’histoire a une fin tragique, comme vous l’explique la suite de l’article ; je ne peux donc que répéter une fois encore que le marché des cryptos présente certes de magnifiques opportunités… mais lorsque vous y investissez, agissez avec prudence et sagesse… gardez la tête froide… et n’hésitez pas à faire appel à des spécialistes pour vous conseiller.

Je vous souhaite quant à moi une bonne soirée, à demain !

Françoise Garteiser
Les Marchés en 5 Minutes


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